Un groupe de « sauvetage » israélien entaché de scandales alimente les histoires inventées du 7 octobre

Un groupe de « sauvetage »
israélien entaché de scandales
alimente
les histoires inventées du 7 octobre

Par Max Blumenthal

Une publication The Grayzone


Propagande Médias Corruption Terrorisme Droits de l’homme
Palestine Israël États-Unis Occident
Article

Traduit de l’anglais par EDB () • Langue originale : anglais


Fondé par un violeur en série connu comme le « Jeffrey Epstein haredi », le groupe de sauvetage ultra-orthodoxe israélien ZAKA est responsable de certaines des histoires inventées d’atrocités les plus obscènes après le 7 octobre — des bébés décapités aux « viols de masse », en passant par un fœtus découpé du ventre de sa mère.

Le secrétaire d’État Antony Blinken et le président Joseph Biden se sont tous deux fait l’écho de témoignages de ZAKA, manifestement faux, sur des atrocités qui auraient été commises par le Hamas.

Entaché par des allégations de fraude financière, ZAKA profite de la publicité du 7 octobre pour collecter des sommes d’argent sans précédent.

Sa rivale, l’organisation United Hatzalah, a raconté elle aussi de fausses histoires, celles de bébés cuits dans des fours, alors qu’elle se rapproche d’un objectif de collecte de fonds de 50 millions de dollars.

*

Le 31 octobre, lors d’une audition au Sénat sur la guerre d’Israël à Gaza, le secrétaire d’État Antony Blinken a justifié son refus d’un cessez-le-feu. Faisant appel à toute l’émotion qu’un agent du Parti démocrate pourrait éprouver, il a évoqué une scène horrible destinée à illustrer la barbarie du Hamas et l’impossibilité de négocier avec une telle organisation : « Un jeune garçon et une jeune fille, âgés de 6 et 8 ans, et leurs parents autour de la table du petit-déjeuner », a-t-il entonné. « Le père s’est fait arracher un œil devant ses enfants. Le sein de la mère coupé, le pied de la fille amputé, les doigts du garçon coupés avant d’être exécutés. »

Blinken a conclu : « C’est à cela que la société [israélienne] est confrontée. »

Bien que le secrétaire d’État n’ait pas précisé la source de cette affirmation choquante — et qu’aucun sénateur ne l’ait invité à le faire —, celle-ci correspond au témoignage de Yossi Landau, chef des opérations pour la région sud d’Israël d’une organisation religieuse d’« identification des victimes de catastrophes », appelée ZAKA. En effet, depuis le 12 octobre, Landau a répété sous diverses formes l’histoire à laquelle Blinken a fait référence, décrivant comment des militants du Hamas ont vicieusement mutilé et tué des enfants de 6 et 8 ans et leurs parents dans le kibboutz de Be’eri, tout cela avant de dîner dans la maison.

Malgré la présence de nombreux témoins potentiels à l’intérieur de Be’eri avant que ZAKA n’arrive pour ramasser les cadavres, aucun témoignage indépendant corroborant les affirmations de Landau n’a encore fait surface. De plus, aucun décès de frères et sœurs âgés de 6 à 8 ans n’a été enregistré dans ce kibboutz le 7 octobre. De même, il n’existe aucune trace d’un jeune enfant tué comme cela a été dépeint, pas plus que de photos de la famille assassinée telle que décrite. En fait, les seuls frères et sœurs de cette tranche d’âge qui sont morts dans la communauté ce jour-là, les jumeaux Liel et Yanai Hetrzroni, âgés de 12 ans, ont été tués par des tirs de chars israéliens.

L’histoire de Landau — et par extension, le témoignage de Blinken devant le Sénat — semble donc avoir été inventée de toutes pièces : une fabrication cynique destinée à dramatiser la sauvagerie supposée du Hamas afin d’élargir l’espace politique au déchaînement d’Israël dans la bande de Gaza. Comme cette enquête va le démontrer, la fable de Landau n’est qu’une des nombreuses histoires à dormir debout concoctées par un petit cercle de personnages douteux qui ont réussi à façonner le récit officiel du 7 octobre dans les médias occidentaux.

Alors que les représentants israéliens ont joué un rôle central dans la campagne de désinformation menée par Tel-Aviv autour des événements du 7 octobre — affirmant à tort, par exemple, que les corps de bébés juifs morts avaient été retrouvés suspendus à une corde à linge dans un kibboutz —, les allégations les plus incendiaires ont été formulées par un ensemble d’organisations bénévoles ultra-orthodoxes telles que ZAKA. Bien que ce groupe se spécialise « dans la collecte et le traitement des corps », il ne dispose des compétences d’aucun coroner, son personnel n’étant composé que d’une multitude de bénévoles mal formés.

Qu’il s’agisse de « confirmer » l’histoire frauduleuse de bébés décapités trouvés dans un kibboutz ou d’en inventer ouvertement d’autres sur des combattants découpant des fœtus dans le corps de femmes enceintes, coupant le bras d’une petite fille et faisant cuire un bébé dans un four, ZAKA et des groupes rivaux ont fait preuve d’un talent remarquable pour alimenter les médias en récits pervers sur la brutalité présumée du Hamas. Ce faisant, ils ont armé des leaders occidentaux comme Tony Blinken et le président Joe Biden avec un narratif qui peut être utilisé pour bloquer des propositions de cessez-le-feu et réarmer une force militaire qui a déjà tué plus de 15 000 civils à Gaza, en moins de deux mois.

ZAKA est désormais au centre de la campagne menée par Tel-Aviv pour convaincre le monde que le Hamas a non seulement violé des femmes israéliennes le 7 octobre, mais qu’il continue depuis à maltraiter les femmes prises en otage. En effet, la « Commission civile sur les crimes commis le 7 octobre par le Hamas à l’encontre des femmes et des enfants », récemment dévoilée par Israël et dont les faits sont contestés, dépend fortement des affirmations au caractère choquant et de seconde main fournies par ZAKA. Pourtant, cette commission n’a pas été en mesure de produire un seul témoignage de première main ni une seule vidéo prouvant les accusations de viols de masse.

Les médias traditionnels ont depuis repris les allégations douteuses de ZAKA, avec le Sunday Times britannique, par exemple, qui a cité consciencieusement un responsable du groupe : « Il était clair qu’ils essayaient de répandre autant d’horreur que possible : tuer, brûler vif, violer. »

La présence de ZAKA au cœur d’une enquête de haut niveau sur un viol est toutefois empreinte d’ironie. Jusqu’à récemment, la couverture médiatique israélienne portant sur l’organisation se concentrait essentiellement sur les crimes sexuels horribles commis par son fondateur, Yehuda Meshi-Zahav, un gros bonnet de l’ultra-orthodoxie. Meshi-Zahav était connu au sein de la communauté orthodoxe de Jérusalem comme le « Jeffrey Epstein haredi » en raison de son penchant bien documenté pour le viol de jeunes gens des deux sexes ; le déchaînement d’abus sexuels du personnage pendant des décennies était donc sans aucun doute connu du personnel de ZAKA ; il n’a pris fin qu’après son suicide.

En plus d’être un violeur en série, le dirigeant de longue date de ZAKA était un escroc prodigue, finançant un somptueux style de vie avec des millions de dollars illégalement empochés par son organisation. Brad Pearce, un chercheur indépendant qui a publié un profil détaillé de la corruption de ZAKA en octobre 2023, a décrit le groupe comme « l’organisation non gouvernementale la plus opaque et la plus suspecte sur laquelle j’ai jamais enquêté ».

Depuis que ses bénévoles ont fait leur apparition dans les rues d’Israël sur leurs motos de marque dans les années 1990, ZAKA s’est engagé dans une guerre publicitaire avec des groupes de sauvetage ultra-orthodoxes rivaux, tels que United Hatzalah, dans le but d’obtenir des millions de la part de riches donateurs juifs à l’étranger. La concurrence entre ces organisations semble être à l’origine du flot de fausses histoires d’atrocités qui affluent des deux groupes de bénévoles. Plus les médias et les dirigeants occidentaux font la promotion de chaque organisation, plus elles ont de chances de dépasser leurs propres objectifs de collecte de fonds.

Le choc du 7 octobre s’est en effet révélé être une manne pour ces organisations religieuses notoirement sans scrupules, leur permettant de transformer le gouvernement israélien, les médias occidentaux tels que CNN et l’administration Biden en agents publicitaires gratuits.

Scène du concert de collecte de fonds organisé par ZAKA, le 19 novembre 2023 à New York, et qui a permis de récolter plus d’un million de dollars

Yossi Landau de ZAKA, le maître conteur qui a dupé Biden et Blinken

Après que, le 7 octobre, les militants du Hamas ont envahi les bases du sud d’Israël — bases qui imposaient le siège de la bande de Gaza et des communautés voisines —, la société juive israélienne a sombré dans un état de traumatisme sans précédent. Le sentiment d’insécurité généralisé s’est rapidement transformé en une soif de vengeance pratiquement insatiable : le vaste appareil de propagande de Tel-Aviv s’est mobilisé pour justifier le massacre des civils de Gaza, population que les dirigeants israéliens ont tenu pour collectivement responsable des événements du 7 octobre. En effet, même après que l’armée israélienne a détruit la majorité des structures résidentielles dans le nord de Gaza, seulement 1,8 % des Israéliens juifs ont déclaré dans un sondage en décembre qu’ils pensaient que l’armée de leur pays utilisait trop de puissance de feu.

Le nombre de morts à Gaza augmentant chaque semaine par milliers, les maîtres de la manipulation du gouvernement israélien ont cherché les témoignages les plus horribles du 7 octobre pour expliquer pourquoi leur campagne de punition collective est non seulement nécessaire d’un point de vue militaire, mais constitue également une réponse moralement saine. Avec l’aide de médias internationaux dévoués, le complexe de propagande d’Israël a constaté que Washington n’était que trop désireux de faire écho et de promouvoir ses histoires de bébés décapités et de familles sauvagement mutilées par le Hamas.

Et comme nous allons le voir, certaines des fabrications les plus obscènes diffusées par le gouvernement israélien et reprises par Washington proviennent d’un homme à l’imagination particulièrement débordante : Yossi Landau de ZAKA.

Selon lui, quiconque remet en question sa version des faits « devrait être tué ».

Yossi Landau, de ZAKA, sur Republic TV en Inde

L’histoire des militants du Hamas profitant d’un agréable repas matinal après avoir découpé une famille entière en morceaux n’est pas la seule contribution de Yossi Landau au blitz médiatique. Il a également été personnellement responsable de la « confirmation » de l’histoire bidon du Hamas décapitant des bébés dans le kibboutz Kfar Aza — une invention dont le président Joseph Biden a fait la promotion contre l’avis de ses collaborateurs. Comme l’a rapporté CBS News le 11 octobre, Landau a déclaré avoir « vu de ses propres yeux des enfants et des bébés qui avaient été décapités ».

Un porte-parole de l’armée israélienne a repris cette affirmation et l’a relayée en déclarant qu’un « haut responsable du service israélien des coroners » avait confirmé l’allégation de bébés décapités. En fait, ZAKA est un service religieux qui ne dispose pas de la compétence de coroners.

L’affirmation a ensuite été diffusée par CNN, qui a consacré près d’une heure entière d’une émission de grande écoute à l’atrocité inventée, ceci sur la base d’une « confirmation » du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. Le président des États-Unis, Joe Biden, s’est fait l’écho à son tour de cette allégation, proclamant en dormant lors d’une conférence de presse qu’il avait vu « des images de terroristes décapitant des enfants ». Il a ainsi ignoré le bilan des décès confirmés du 7 octobre qui établissait qu’un seul bébé, Mila Cohen âgée de 10 mois, avait été tué.

FJ : « BRÈVE :
Le président Biden confirme avoir vu des photos d’enfants israéliens décapités. »
Hillary Vaughn : « Le président Biden a déclaré aujourd’hui avoir vu des photos d’enfants décapités par le Hamas : “Il est important que les Américains voient ce qui se passe. Je veux dire que je fais cela depuis longtemps. Je n’ai jamais vraiment pensé que je verrais — que j’aurais la confirmation d’images de terroristes décapitant des enfants”. »
FJ : « BIDEN : “Je n’ai jamais vraiment pensé que je verrais… confirmé des images de terroristes décapitant des enfants” »

Très vite, Sara Sidner de CNN et la Maison-Blanche ont été contraintes de revenir sur leurs affirmations concernant les bébés décapités. « Le président a fondé ses commentaires, à propos des atrocités présumées, sur les affirmations du porte-parole de Netanyahou et sur les reportages des médias d’Israël », a clarifié la Maison-Blanche.

Netanyahou et les médias israéliens, quant à eux, avaient entièrement fondé leurs affirmations sur les déclarations de Landau de ZAKA. Peut-être fasciné par sa capacité à galvaniser l’arsenal de propagande d’Israël et à manipuler les dirigeants de son propre pays et la superpuissance mondiale qui le parraine, l’activiste nationaliste religieux n’a pas tardé à multiplier les fabrications les plus élaborées sur les événements du 7 octobre.

Dans une interview accordée le 12 octobre à la chaîne i24, financée par le ministère israélien des Affaires étrangères, Landau a affirmé qu’en entrant dans une maison du kibboutz de Be’eri, « nous avons vu une femme enceinte allongée sur le sol, puis nous l’avons retournée et nous avons vu que son estomac était ouvert, grand ouvert. Le bébé à naître, encore relié au cordon ombilical, a été poignardé avec un couteau. Et la mère a reçu une balle dans la tête. Et utilisez votre imagination pour essayer de comprendre ce qui est arrivé en premier ».

Landau semble avoir confectionné ce témoignage sur la base d’une rumeur qu’une source militaire anonyme avait diffusée en ligne deux jours auparavant. Selon cette source, la victime supposée enceinte avait 30 ans. Ce seul fait discrédite l’affirmation de Landau, car les seules victimes féminines enregistrées à Be’eri ou dans ses environs étaient Rinat Segev Even, 44 ans, et Tair Bira, 22 ans — et aucune n’était enceinte. En fait, aucune femme enceinte n’a été enregistrée parmi les personnes tuées le 7 octobre.

Le kibboutz de Be’eri a tacitement nié les affirmations de Landau, dans une déclaration du 3 décembre au journal israélien Haaretz : « L’histoire de la femme enceinte rapportée par ZAKA n’est pas pertinente pour Be’eri. » Comme l’a expliqué au journal une source impliquée dans l’examen des corps, « les volontaires ne sont pas des experts en pathologie et ne disposent d’aucun outil professionnel pour identifier la personne assassinée et son âge, ou pour déclarer la manière dont elle a été massacrée ». De son côté, la police israélienne a déclaré n’avoir aucune trace de l’incident.

La fable de Landau, au contenu choquant et aux limites de l’absurdité, a néanmoins été amplifiée sur les réseaux sociaux par le compte officiel de l’armée israélienne, laquelle a affirmé posséder des photos du crime qu’elle ne pouvait pas publier par crainte de violer les conditions d’utilisation de Twitter/X. Malgré l’empressement d’Israël à exposer les atrocités du 7 octobre, aussi macabres soient-elles, les photos ne semblent s’être matérialisées dans aucun forum.

Dans une tentative désespérée de valider les affirmations douteuses de Landau, un utilisateur israélien de réseaux sociaux a créé une vidéo combinant le témoignage du volontaire de ZAKA avec les images d’un cartel de la drogue mexicain torturant un prisonnier à mort. La fake video est rapidement devenue virale sur les réseaux sociaux hébreux, attirant même l’attention de l’épouse du président israélien Isaac Herzog. Dans une tribune publiée dans Newsweek le 22 novembre, la première dame israélienne Michal Herzog a affirmé qu’« une vidéo du Hamas provenant d’un kibboutz montre des terroristes en train de torturer une femme enceinte et de lui retirer son fœtus ».

Bien entendu, cette vidéo n’existe pas. La seule source était Landau, le maître conteur de ZAKA.

Entre-temps, Landau a insisté sur le fait qu’il avait « vu 20 enfants abattus, brûlés et empilés en deux piles ». Il a ajouté que ces enfants avaient eu les mains liées avant d’être soi-disant brûlés par des militants du Hamas. Il s’agit pourtant d’une impossibilité absolue, puisque 13 enfants au total ont été tués lors de l’attaque du 7 octobre, et que le plus grand nombre d’enfants trouvés dans un même lieu est de 3. Et comme The Grayzone l’a révélé précédemment, la plus grande pile de corps israéliens brûlés dans le kibboutz de Be’eri l’a été après que l’armée israélienne a décidé de bombarder délibérément une maison remplie de 13 captifs israéliens.

Landau a ensuite déclaré à i24 qu’il était entré dans une maison voisine et qu’il avait été témoin d’une autre atrocité déchirante : « Dans le salon, nous voyons deux parents, la mère et le père, les mains attachées dans le dos. À leurs côtés, se trouvent deux jeunes enfants, les mains également attachées dans le dos. Ils ont tous été brûlés à mort. Les terroristes étaient assis à table et mangeaient pendant qu’ils les brûlaient à mort. »

Ce faux témoignage s’est rapidement répercuté au Capitole de Washington ; il a été répété presque mot pour mot par le secrétaire d’État Blinken lors d’une audition au Sénat le 31 octobre. Comme nous l’avons expliqué plus haut, il n’existe tout simplement aucune trace d’enfants tués de la manière décrite par Landau, ni de morts correspondant aux âges de 6 et 7 ans comme il l’a affirmé (Blinken a déclaré qu’ils avaient 6 et 8 ans). Parmi tous les enfants tués le 7 octobre, ceux qui correspondent le mieux sont Eitan et Alin Kapshitter, qui avaient respectivement 5 et 8 ans. Ils n’ont cependant pas été tués dans une maison, mais dans une voiture lorsque leurs parents ont, par erreur et tragiquement, roulé au milieu de tirs croisés des forces israéliennes et du Hamas.

Alors que les histoires macabres de Landau faisaient la une des journaux internationaux, son collègue de ZAKA, Simcha Dizingoff, a raconté quelques histoires de sa propre composition et destinées à la consommation des médias étrangers. Décrivant une visite effectuée le 11 octobre à Kfar Aza, il a déclaré au Guardian qu’il avait vu « une femme, nue jusqu’à la taille, [qui] avait été penchée sur un lit et avait reçu une balle à l’arrière de la tête. Lorsque l’équipe a tenté de la déplacer, une grenade active a roulé en s’échappant de sa main crispée ».

Étant donné que l’armée israélienne avait déjà évacué le kibboutz le 11 octobre, son récit soulève de sérieuses questions. Comment les démineurs de l’armée ont-ils pu manquer une grenade active dans la main d’une femme nue étalée sur un lit ? Et pourquoi la toute nouvelle « Commission civile sur les crimes commis le 7 octobre par le Hamas contre les femmes et les enfants », qui recherche frénétiquement la moindre preuve impliquant le Hamas dans des viols collectifs, n’a-t-elle jusqu’à présent pas mentionné cet incident choquant ?

Pourtant, l’imagination fébrile de Dizingoff n’a cessé de s’emballer, puisqu’il a affirmé avoir vu « un enfant, âgé d’environ six ans, tué par un couteau planté dans son crâne ».

Le registre officiel des décès de Kfar Aza montre qu’aucun enfant de moins de 14 ans n’a été tué dans le kibboutz, ce qui rend cette version des événements pratiquement impossible. Comme pour les fables au contenu choquant racontées par Landau, Dizengoff n’a fourni aucune documentation pour étayer ses affirmations — aucune photo de téléphone portable, aucune preuve médico-légale, ni même aucun témoignage corroborant ses dires.

Aussi cyniques que puissent paraître les fabrications de ZAKA, elles étaient tout à fait conformes à l’éthique de l’organisation et de son fondateur : un abuseur sexuel en série qui a détourné les millions de ses donateurs pour les consacrer à ses propres activités décadentes.

Extrait d’un article du journal israélien YNet sur le fondateur de ZAKA, Yehuda Meshi-Zahav :
« “Yehuda Meshi-Zahav était le Jeffrey Esptein haredi”
Les habitants du quartier de Mea Shearim à Jérusalem, le lieu de naissance de Meshi-Zahav, affirment qu’ils n’ont pas été surpris d’apprendre ses méfaits présumés, que les nouvelles accusations ne sont que “la partie émergée de l’iceberg” et que les dirigeants de la communauté ont même envisagé de le castrer une fois. »

Fondée par « le Jeffrey Epstein haredi », ZAKA, entachée de corruption, amasse une fortune grâce à la fabulation du 7 octobre

ZAKA a été officiellement créé en 1995 dans le but de permettre aux Juifs ultra-orthodoxes qui ne servent pas dans l’armée israélienne de participer aux opérations de sécurité en recueillant les corps et les parties du corps des personnes tuées lors d’accidents ou de conflits, en lavant leur sang et en organisant leur traitement religieux approprié. Selon le site web de ZAKA, le groupe « travaille en étroite collaboration avec le ministère israélien des Affaires étrangères, l’IDF1 et d’autres organismes gouvernementaux ».

Le fondateur du groupe, Yehuda Meshi-Zahav, un gros bonnet ultra-orthodoxe issue d’une famille de rabbins vivant à Jérusalem depuis 11 générations, a dirigé ZAKA jusqu’en mars 2021. Ce mois-là, après avoir remporté le prestigieux prix Israël « pour ses contributions à la société » — prix qui lui a été décerné par l’actuel ministre de la Défense, Yoav Gallant —, Meshi-Zahav a été assailli par une vague d’allégations d’abus sexuels et de viols de la part de personnes des deux sexes, y compris d’enfants.

L’actuel ministre israélien des Finances, avant d’accorder le prix Israël au violeur en série et fondateur de ZAKA, Yehuda Meshi-Zahav

Dans le quartier ultra-orthodoxe de Mea Shearim, les transgressions sexuelles de Meshi-Zahav étaient si largement connues qu’elles lui ont valu un surnom mémorable : « le Jeffrey Epstein haredi2 », en référence au célèbre financier et prolifique trafiquant de sexe, Jeffrey Epstein, qui se serait également suicidé alors qu’il attendait son procès en 2019. (Meshi-Zahav a passé plus d’un an dans le coma à la suite de sa tentative de suicide et est décédé en juin 2022.)

Les allégations d’abus sexuels concernant Yehuda Meshi-Zahav et sa famille sont apparues pour la première fois en 2003, lorsque le journal israélien YNet a rapporté que le frère, Moshe Meshi-Zahav, avait été arrêté, soupçonné d’avoir commis des actes indécents avec des mineurs et d’avoir incité financièrement de jeunes filles à avoir des relations sexuelles. Ayant rejoint ZAKA dès sa fondation, il est pratiquement impossible que Landau n’ait pas eu connaissance de la réputation de son patron. De même, il est difficile d’imaginer que la myriade des partisans laïques de ZAKA au sein des dirigeants israéliens — lesquels dépendent de cette organisation comme d’une passerelle rare vers la communauté ultra-orthodoxe d’Israël —, ait pu ignorer le passé scandaleux de Yehuda Meshi-Zahav.

En mars 2021, les sites d’information israéliens étaient inondés d’articles détaillés d’abus sexuels présumés commis par Meshi-Zahav, récits émanant de victimes, hommes et femmes confondus. Une accusatrice a déclaré à Haaretz que Meshi-Zahav l’avait prévenue : « Si tu dis quoi que ce soit à qui que ce soit, une camionnette de ZAKA te roulera dessus. »

Une autre source de la communauté orthodoxe a déclaré à YNet que les antécédents de viols du fondateur de ZAKA n’étaient « pas un secret. Nous parlons d’un grand nombre de personnes. Pour lui, tout est permis — les femmes, les enfants, les garçons et les filles, et si les animaux pouvaient parler et raconter leur histoire, je ne doute pas que nous aurions découvert qu’il s’amusait aussi avec eux. Tout ce qui bouge, en somme ».

« Je me souviens d’une histoire où il s’est rendu dans une boulangerie de matza et a préparé les jeunes garçons qui y travaillaient avant la Pâque afin qu’ils aient des rapports sexuels pour son plaisir. Il était vraiment le Jeffrey Epstein haredi. »

Le comportement illicite de Meshi-Zahav s’est étendu aux opérations financières de ZAKA. Un article publié en 2013 par l’agence israélienne Mako a révélé que le PDG avait réussi à détourner des millions de dons destinés à l’organisation pour financer son mode de vie opulent, notamment une villa de luxe. Lorsque les allégations de viol ont émergé huit ans plus tard, les médias israéliens ont révélé que ZAKA utilisait des organisations fantômes gérées par la famille de Meshi-Zahav pour renvoyer l’argent sur les comptes privés de ses dirigeants.

En 2022, une enquête de Haaretz a établi que ZAKA avait augmenté sa part de financement public en mentant au gouvernement israélien et en gonflant de 2 000 le nombre de ses bénévoles. Landau est apparu impliqué dans l’escroquerie, affirmant en 2019 que son groupe supervisait 3 000 volontaires alors qu’en réalité, seuls 1 000 d’entre eux étaient actifs.

De début octobre à la publication du présent article, ZAKA a récolté 3,3 millions de dollars sur un objectif de collecte de fonds qui a récemment été actualisé de 3 à 4,5 millions de dollars. Les donateurs qui versent plus de 1 000 dollars se voient promettre une médaille décorative commémorant « Glaive de fer », l’assaut militaire israélien sur Gaza.

Comme l’expliquait une enquête de Haaretz en 2016, ZAKA s’est engagé dans une bataille intense pour la publicité — et l’argent qui en découle — avec des équipes de sauvetage auxiliaires orthodoxes similaires. Parmi ses principaux rivaux figure un groupe appelé United Hatzalah, qui profite également du 7 octobre et de la campagne israélienne de nettoyage ethnique à Gaza pour collecter des quantités d’argent pour ses opérations.

Pour attirer l’attention, le directeur de United Hatzalah a concocté l’atrocité la plus absurde à ce jour.

Gros mensonge à Las Vegas

« Nous avons vu un petit bébé dans un four. Ces salauds ont mis ces bébés dans un four et l’ont allumé. Nous avons retrouvé l’enfant quelques heures plus tard », a déclaré le 30 octobre Eli Beer, directeur de United Hatzalah, en évoquant l’opération de sauvetage menée par son organisation dans le sud d’Israël au début du mois.

Vêtu du gilet de sécurité orange qui est devenu la marque de fabrique des volontaires de United Hatzalah, Beer s’est exprimé devant un public de sionistes fortunés réunis à Las Vegas, dans le Nevada, pour le sommet annuel de la Coalition juive républicaine (Republican Jewish Coalition / RJC). La conférence s’est tenue dans son lieu traditionnel, le Venetian Resort, créé par son principal bailleur de fonds, feu l’oligarque likoudnik3 Sheldon Adelson. Tout en versant des centaines de millions de dollars à des médias favorables à Netanyahou, Adelson et son épouse, Miriam, ont réussi à se classer parmi les principaux donateurs individuels de la campagne présidentielle de Donald Trump en 2016.

En réveillant de sombres souvenirs du gazage des Juifs par l’Allemagne nazie pendant l’Holocauste, l’histoire choquante de Beer est devenue le point fort de la conférence de la RJC, faisant la une des tabloïds et plongeant les experts pro-israéliens dans une frénésie d’indignation.

Howard Mortman : « “Nous avons vu un petit bébé dans le four.”
— @EliBeerUH à @RJC »

Caroline Glick, rédactrice en chef du Jewish News Syndicate, a tenté de valider l’affirmation de Beer : « Ils ONT FAIT CUIRE UN BÉBÉ JUIF VIVANT dans un four », s’est-elle écriée sur Twitter/X. « Ils ont assassiné son père. Ils ont commis des viols collectifs sur sa mère, encore et encore, et ont ri pendant tout ce temps. Pendant qu’ils ont fait cuire son bébé vivant dans le four. Les Palestiniens soutiennent le Hamas. Ils AIMENT le Hamas. AUCUN RÉAPPROVISIONNEMENT. PAS DE CONCESSIONS. AUCUNE PITIÉ. »

John Podhoretz, rédacteur en chef de Commentary, un magazine néoconservateur autrefois influent, s’est fait l’écho de Glick : « ILS ONT FAIT CUIRE UN BÉBÉ DANS UN FOUR. Dites encore une fois “cessez-le-feu”, bande de putains de goules tueuses de bébés », a-t-il fulminé sur Twitter/X. Les messages de Glick et de Podhoretz ont été retweetés plus de 22 000 fois.

Chaim Levinson, reporter israélien pour le journal progressiste Haaretz, s’est montré plus sceptique à l’égard de la performance de Beer. « Comme tout bon juif qui voit le riche, [Beer] a pensé à l’argent et a raconté une histoire qui n’existait pas […] à propos d’un bébé dans un four », a tweeté Levinson.

En effet, l’histoire de Beer était une nouvelle fraude débunkée par un simple fait : comme nous l’avons vu, le seul bébé tué le 7 octobre était Mila Cohen, âgée de 10 mois et qui a tragiquement succombée à une blessure par balle. Un porte-parole de United Hatzalah a reconnu publiquement la supercherie de Beer le 3 décembre en blâmant « un volontaire qui pensait avoir vu un tel cas ».

Ce volontaire était probablement Asher Moskowitz, un agent de United Hatzalah qui prétendait avoir vu le cadavre brûlé du bébé inexistant. Alors qu’il se trouvait à Camp Shura, la base militaire israélienne transformée en centre d’identification des victimes du 7 octobre, Moskowitz a déclaré avoir vu le corps gravement carbonisé d’un bébé arriver de Kfar Aza, un kibboutz où aucune victime en bas âge n’avait été recensée. « Ils ont pris le bébé et l’ont mis, littéralement, dans un four de cuisine », a-t-il affirmé dans un témoignage vidéo.

Selon la Jewish Telegraphic Agency, qui a cité Moskowitz, le bébé « est arrivé dans un petit sac dont le contenu racontait une histoire sinistre : un corps minuscule, brûlé et gonflé, avec les marques révélatrices d’avoir été pressé contre un élément chauffant ».

« Le corps a durci et, malheureusement, semble avoir également gonflé », a ajouté le volontaire. « Et, en réalité, l’élément chauffant du four était sur le corps lui-même. »

Ainsi, l’affirmation selon laquelle le bébé a été découvert dans un four n’est que pure spéculation, fondée uniquement sur l’état du cadavre supposé ou des parties du corps que Moskowitz aurait pu voir. Pour de nombreux consommateurs crédules de médias pro-Israël, l’histoire s’arrête là.

Mais, l’existence de corps carbonisés et de parties de corps comme ceux que Moskowitz a prétendu avoir vus suggère un autre scénario qui n’est pas moins choquant: comme l’a rapporté The Grayzone, de nombreux Israéliens et infiltrés palestiniens ont été complètement brûlés dans leurs véhicules par des missiles Hellfire tirés par des hélicoptères israéliens le 7 octobre — un fait troublant confirmé par une enquête de police et par un citoyen israélien récemment libéré de sa captivité dans la bande de Gaza.

Alors que les affirmations de Beer et de Moskowitz concernant le « bébé cuit » ont été débunkées de façon irréfutable, le personnel de United Hatzalah a persévéré pour trouver de nouvelles occasions très médiatisées afin de continuer à raconter ses histoires à dormir debout sur le 7 octobre.

Linor Attias de Hatzalah sanglote en racontant des histoires d’atrocités manifestement fausses à Jake Tapper de CNN

Une dirigeante de United Hatzalah invente la mutilation et le meurtre d’un enfant pour Jake Tapper de CNN

Lors d’une interview accordée le 1er novembre à Jake Tapper, animateur de CNN farouchement pro-israélien, Linor Attias, directrice adjointe de United Hatzalah pour les opérations d’urgence internationales, s’est souvenue les larmes aux yeux avoir découvert une famille entière dans le kibboutz de Be’eri — deux parents, un garçon de 6 ans et une fille de 11 ans — qui avait été ligotée et abattue de la même manière que les autres.

Cependant, aucun garçon de 6 ans n’a été enregistré parmi les morts de Be’eri. En outre, seules deux filles de près de 11 ans sont mortes dans la petite communauté le 7 octobre : Liel Hetzroni, 12 ans, dont il est confirmé qu’elle a été tuée par un obus de char israélien avec son frère jumeau, et Yahel Sharabi, 13 ans, qui a été tuée dans une maison avec sa famille d’une manière étrangement similaire à celle de Hetzroni (le corps de Hetzroni a été si gravement brûlé qu’il a fallu 30 jours pour l’identifier). Il est donc évident qu’Attias a imaginé le récit qu’elle a fourni à un Tapper entièrement acquis à sa cause.

Mais, elle n’en a pas fini avec ses fables. Elle a poursuivi en déclarant qu’elle avait découvert « une petite fille d’environ 8 ou 9 ans, et qu’ils lui [avaient] coupé la main ici », sanglotant ouvertement et mimant le geste au niveau de son avant-bras.

« Ils l’ont simplement coupée. Plus de main. » Elle a indiqué qu’elle avait tenté de faire un garrot, mais que l’enfant avait soudainement cessé de respirer et était morte.

« Quel âge avait-elle ? », a demandé Tapper.

Après avoir décrit, une minute avant, la fillette comme ayant « 8 ou 9 ans », Attias a répondu qu’elle avait « environ 10 ans. 10 ou 12 ans. Je ne sais pas ».

Mais, comme expliqué plus haut, seules deux filles ont été enregistrées parmi les morts de Be’eri dans la tranche d’âge spécifiée par Attias. Et aucune des deux filles n’est morte seule comme celle décrite dans le récit d’Attias, ou dans des circonstances à peine similaires.

Deux semaines avant son apparition devant la caméra de Tapper sur CNN, Attias a accordé une interview à Jay Ruderman, un riche philanthrope sioniste, ancien directeur adjoint de l’AIPAC et qui préside la Ruderman Family Foundation. Pendant 20 minutes, elle a parlé calmement, sans larmes, livrant des détails cliniques sur ce qu’elle a vu le 7 octobre. Ceux-ci comprenaient « une chose émouvante » à laquelle elle a dit avoir été confrontée lors d’une visite au kibboutz de Be’eri, mais, étrangement, aucune mention n’a été faite de la fillette mutilée qui est censée être morte dans ses bras.

Alors pourquoi a-t-il fallu trois semaines à la directrice adjointe de United Hatzalah pour divulguer la mort horrible dont elle aurait été témoin ? Pourquoi la preuve photographique de la jeune fille mutilée par le Hamas ne s’est-elle pas matérialisée ? Et pourquoi a-t-elle été la seule personne à mentionner cette mort horrible ?

Les réponses indiquent toutes qu’il s’agit d’une autre invention très fantaisiste de la part d’un membre du personnel d’une organisation qui a récemment annoncé un objectif de collecte de fonds de 49,6 millions de dollars pour soutenir 7 000 volontaires censés opérer sous sa direction.

Landau de ZAKA : celui qui me remet en question « devrait être tué »

Jusqu’à présent, seul un nombre infime d’organismes de presse qui avaient amplifié les nombreuses tromperies, distorsions et demi-vérités de ZAKA et de United Hatzalah ont publié des corrections. Pour sa part, Yossi Landau, de ZAKA, a proclamé dans une interview du 3 décembre que quiconque remettait en question ses histoires « serait avec les terroristes du Hamas, et il devrait être tué ».

Marlon Solomon : « J’ai déjà répondu à toutes vos affreuses accusations infondées contre Landau, c’est plus que désespérant maintenant. »
Steve Powers : « Assez juste
Yossi Landau prie pour que toute personne remettant en cause le récit des bébés décapités soit “avec les terroristes du Hamas et tuée”
Cela inclurait vous, moi et la BBC👇 »

Alors que Yossi Landau souhaite la mort à ses détracteurs, ZAKA et ses rivaux de United Hatzalah continuent d’engranger des sommes énormes en provenance de la diaspora juive.

« Ces choses coûtent de l’argent », a déclaré Yerach Tucker, conseiller médiatique du cofondateur de United Hatzalah, à propos des activités de son organisation. « Il y a des coûts et il faut des dons. C’est là que l’opinion publique et le besoin de publicité entrent en jeu. »

Opération « Déluge d’Al-Aqsa » (7 octobre 2023)

Sources :


  1. Les Forces de défense d’Israël (צְבָא הַהֲגָנָה לְיִשְׂרָאֵל / Tsva ha-Haganah le-Israël — Israel Defense Forces / IDF) sont couramment désignées par l’acronyme Tsahal (צה"ל). Il s’agit de l’armée de l’État d’Israël. (NdT) 

  2. Les haredim ou “craignant-Dieu” (en hébreu : חרדים), souvent appelés juifs ultra-orthodoxes ou simplement ultra-orthodoxes, sont des juifs orthodoxes ayant une pratique religieuse particulièrement forte. Les différentes communautés haredi respectent les mêmes principes, chacune y apportant ses quelques variantes. (NdT)

    [Source : article de Wikipédia, version du 4 novembre 2023 à 17 h 31] 

  3. Membre ou sympathisant du Likoud, soutien inconditionnel d’Israël (NdT) 

 

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