Les médias occidentaux concoctent des « preuves » que le rapport de l’ONU sur les crimes sexuels du 7 octobre n’a pas pu fournir

Les médias occidentaux
concoctent des « preuves »
que le rapport de l’ONU
sur les crimes sexuels du 7 octobre
n’a pas pu fournir

Par Wyatt Reed

Une publication The Grayzone


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Palestine Israël Occident
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Traduit de l’anglais par EDB () • Langue originale : anglais


Les médias occidentaux ont présenté un rapport de l’ONU comme la preuve que le Hamas avait agressé sexuellement des Israéliennes. Pourtant, les auteurs du document ont admis qu’ils n’avaient pas pu localiser une seule victime, ont suggéré que les responsables israéliens avaient mis en scène un viol et ont dénoncé des « interprétations médico-légales inexactes ».

*

Le 4 mars, les Nations Unies ont publié un rapport sur les violences sexuelles qui auraient eu lieu pendant la guerre israélienne contre Gaza. Ce rapport a immédiatement été célébré dans les médias grand public comme la preuve de ce que des dizaines de lobbyistes israéliens et de journalistes sous leur emprise ont affirmé pendant des mois (en dépit des multiples preuves du contraire) : les forces du Hamas se seraient livrées à une campagne systématique de viols lors de leur attaque contre Israël le 7 octobre.

Il n’y a qu’un seul problème. Les auteurs du rapport ont catégoriquement contredit l’idée qu’il existait des preuves d’une campagne de viols par le Hamas.

De nombreux médias traditionnels ont occulté ce fait gênant en modifiant habilement le langage. L’Associated Press, par exemple, a présenté les allégations de viol au kibboutz de Be’eri — que le rapport de l’ONU qualifie d’« infondées » — comme des « allégations de viol qui n’ont pas encore pu être vérifiées ».

L’AP n’a pas été le seul média à se livrer à ce genre de rédaction créative. Le 5 mars, le New York Times titrait que le rapport de l’ONU avait découvert les « preuves d’agressions sexuelles dans l’attaque menée par le Hamas contre Israël ».

Mais, à la suite d’un message publié sur les réseaux sociaux par le rédacteur en chef de The Grayzone, Max Blumenthal, le Times a discrètement modifié son titre, qui se lit désormais comme suit : « L’équipe de l’ONU trouve des raisons de soutenir les rapports de violence sexuelle dans l’attaque du Hamas ».

Max Blumenthal : « Le NY Times a discrètement modifié son titre, revenant sur son affirmation selon laquelle Patten avait rassemblé des “preuves” d’agressions sexuelles commises par le Hamas le 7/10.
Il s’agit maintenant de “motifs pour étayer les rapports de violence sexuelle”. »
Max Blumenthal : « Ce titre du NY Times est une désinformation.
La représentante de l’ONU, Pramila Patten, a explicitement déclaré qu’elle n’avait recueilli aucune preuve lors de son voyage en Israël et qu’elle n’avait trouvé que des “motifs raisonnables” de croire aux affirmations d’Israël.
@farnazfassihi n’a pas non plus cité la conférence de presse révélatrice de Pramila Patten. »

Les commentaires de la chef d’équipe de l’ONU ont clairement montré que la mission en Israël était le produit d’une campagne de relations publiques israélienne. De l’aveu même de la représentante spéciale des Nations unies pour les violences sexuelles dans les conflits, Pramila Patten, l’équipe n’a été envoyée qu’à la suite de « pressions » exercées par des groupes de lobbying liés au gouvernement israélien. Son emploi du temps personnel révèle ses priorités : 15 jours en Israël et seulement deux dans le Territoire palestinien occupé.

Le rapport indique que l’équipe des Nations unies a spécifiquement refusé d’inclure « les comptes rendus recueillis par les services de renseignement israéliens, y compris ceux liés aux interrogatoires des auteurs présumés, malgré le fait que certains aient été proposés ». Les auteurs concèdent ensuite que « l’équipe de la mission a bénéficié de la pleine coopération du gouvernement d’Israël », tout en soulignant que les enquêteurs de l’ONU n’ont été en mesure de visiter les sites des attaques du 7 octobre — sur la base militaire de Nahal Oz, le kibboutz de Be’eri, le site du festival de musique Nova et la route 232 — qu’« avec l’assistance des autorités israéliennes ».

De plus, l’équipe admet ouvertement qu’elle a « tenu plusieurs séries de réunions pour examiner les informations » de l’armée israélienne, du service de sécurité israélien Shin Bet et de l’unité Lahav 433 de la police nationale israélienne qui enquête sur le 7 octobre. D’autres réunions ont eu lieu avec le président israélien Isaac Herzog et divers bureaucrates israéliens.

Mais, après leur expédition de pêche guidée de plusieurs semaines, les représentants de l’ONU sont revenus pratiquement bredouilles.

En fin de compte, ils n’ont trouvé que des « motifs raisonnables de croire » que des violences sexuelles avaient été commises lors des attaques palestiniennes du 7 octobre, soit le seuil de preuve le plus bas utilisé par les enquêteurs.

La représentante spéciale des Nations unies pour les violences sexuelles, Pramila Patten, a déclaré avoir trouvé des « informations claires et convaincantes » indiquant que des violences sexuelles avaient été commises plus tard contre les Israéliennes capturées le 7 octobre, mais elle a refusé de nommer les victimes ou les auteurs et de dire s’il existait un lien entre les incidents.

Lors d’une conférence de presse organisée à la suite de la publication du rapport, Patten a insisté sur le fait que la mission « n’avait vocation à n’être ni une enquête ni un mandat pour cela », mais a noté qu’en dépit d’appels répétés pour que les personnes concernées se manifestent, son équipe n’avait pas été en mesure de localiser une seule victime d’agression sexuelle imputable à des Palestiniens.

Des passages du rapport et des commentaires formulés par des représentants des Nations unies suggèrent que les enquêteurs ont eu plus de facilité à démentir les affirmations israéliennes qu’à les prouver.

« L’évaluation médico-légale des photos et des vidéos disponibles n’a permis d’identifier aucun indice tangible de viol », conclut le rapport.

Le matériel de source ouverte ne s’est apparemment pas avéré plus fructueux pour ses auteurs que les informations fournies par Israël.

« Bien que l’équipe de la mission ait examiné un grand nombre de documents numériques décrivant une série de violations flagrantes, aucune preuve décrivant précisément des actes de violence sexuelle n’a été trouvée dans les sources ouvertes. »

Les preuves que l’équipe de l’ONU a trouvées indiquent qu’à une occasion au moins, les autorités israéliennes ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour mettre en scène un viol fictif. Dans le cas d’une « fille retrouvée séparée du reste de sa famille, nue jusqu’à la taille » après l’attaque du kibboutz de Be’eri, il est écrit qu’il a été « déterminé par l’équipe de la mission que la scène de crime avait été modifiée par une escouade antibombe et que les corps avaient été déplacés, expliquant la séparation du corps de la fille du reste de sa famille ».

S’exprimant après Patten, Chloe Baszanger-Marnay, chef de l’équipe d’experts des Nations unies sur l’État de droit et la violence sexuelle dans les conflits, a déclaré aux journalistes : « En ce qui concerne [le kibboutz de] Be’eri, pour clarifier les choses, nous avons constaté que deux allégations que nous avons examinées n’étaient pas fondées. Elles sont très bien décrites dans les rapports et vous les reconnaîtrez parce qu’elles ont fait l’objet d’une grande publicité dans la presse. Nous n’avons pas pu vérifier les autres allégations. Donc… non, nous n’avons pu vérifier aucune violence sexuelle à Be’eri, à ce stade. »

Patten a lancé : « Il y a eu une allégation selon laquelle des objets comme des couteaux ont été insérés dans les organes génitaux d’une femme […] l’équipe a examiné les photos et n’a rien trouvé de tel. »

Elle s’en est même prise à ZAKA, le groupe de « sauvetage » israélien ultra-orthodoxe qui l’a aidée à organiser sa visite et qui est à l’origine de nombreuses allégations discréditées d’atrocités commises par le Hamas le 7 octobre : « Des conclusions inexactes, peu fiables, des conclusions médico-légales ont été tirées par des secouristes bénévoles non formés. Nous donnons quelques exemples dans le rapport, comme l’interprétation d’une dilatation anale en tant que pénétration anale, alors que, selon nos experts, [lorsqu’il y a] des dommages importants dus aux brûlures, c’est ce que l’on obtient : une dilatation anale. De même, la position du corps à la suite de graves brûlures a été interprétée comme un signe de violence sexuelle, avec les jambes écartées, etc. Il se peut que ce ne soit pas le cas à Be’eri, mais c’est un fait que nous avons trouvé de nombreux cas d’interprétations médico-légales peu fiables et inexactes par des personnes non formées. »

En ce qui concerne les auteurs présumés des crimes sexuels commis le 7 octobre, l’équipe de l’ONU « n’a pas fait de constatation quant à un quelconque schéma parce que nous n’avons pas cherché à déterminer les responsabilités ».

Le rapport de l’ONU lui-même blâme ouvertement le gouvernement israélien pour l’incapacité de l’équipe à déterminer qui a pu commettre les crimes sexuels allégués ; il y est noté que « le manque d’accès et de coopération des autorités israéliennes avec la commission d’enquête internationale indépendante pour le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est et Israël (IICOI) et le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH), malgré leurs demandes opportunes d’enquêter sur les événements du 7 octobre et leurs conséquences, a entraîné la non-disponibilité d’informations sourcées ou vérifiées par les Nations Unies sur les violences sexuelles liées aux attaques commises par le Hamas et d’autres groupes armés ».

Ce refus de rejeter la responsabilité des crimes sexuels sur le Hamas a été accueilli avec mépris par les médias israéliens.

Lors d’une interview accordée le 6 mars à Channel 12 News, un animateur visiblement frustré a reproché à Patten de ne pas avoir conclu que le Hamas était responsable des agressions sexuelles systématiques commises à l’encontre des femmes israéliennes.

« Puis-je simplement demander pourquoi ne pas imputer la responsabilité et le blâme des atrocités tout simplement aux auteurs et dire “c’est le Hamas qui a fait ça” ? », a demandé l’animateur.

Patten a répondu que la mission de sa visite en Israël était « uniquement dans le but de recueillir et d’analyser des informations », et non d’attribuer des crimes présumés à un quelconque auteur.

« Après avoir parlé aux survivants qui sont revenus, il est assez clair que ce ne sont pas les Belges qui ont fait le coup », s’est exclamé l’animateur.

« Je pense que c’est à votre gouvernement de permettre l’accès, et c’est l’une de mes premières recommandations », a répondu Patten.

La représentante de l’ONU faisait référence aux présumées survivantes israéliennes d’agressions sexuelles qu’elle n’a pas pu rencontrer lors de sa visite, mais qui existent bel et bien, selon le gouvernement israélien.

Muhammad Shehada : « Israël est frustré par le rapport de l’ONU sur les violences sexuelles du 7 octobre, car celui-ci n’accuse pas le Hamas ou d’autres groupes armés de ces actes présumés.
Pramila Patten déclare qu’Israël devrait donner accès à une enquête sur ce sujet.
Israël refuse de coopérer avec l’enquête de l’ONU. »
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Conférence de presse : Pramila Patten, RSSG sur la violence sexuelle dans les conflits, et Chloe Marnay-Baszanger, chef de l’équipe d’experts sur l’État de droit et la violence sexuelle dans les conflits, sur la récente visite de Mme Patten en Israël et en Cisjordanie occupée (4 mars 2024)

Le rapport des Nations unies :

Rapport de mission : Visite officielle du Bureau de la RSSG-SVC* en Israël et en Cisjordanie occupée, 29 janvier - 14 février 2024 [20240304-Israel-oWB-CRSV-report.pdf]
* Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles en conflit

Opération « Déluge d’Al-Aqsa » (7 octobre 2023)

Sources :


Source de la photographie d’en-tête : Nations unies (ONU)
Conférence de presse, du 4 mars 2024, sur la publication du rapport de mission de la visite officielle du Bureau de la RSSG-SVC en Israël et en Cisjordanie occupée
https://webtv.un.org/en/asset/k1w/k1wee1dcdl
[Capture d’écran vidéo]

 

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