Des informations continuent à émerger dans les médias israéliens, montrant que l’armée israélienne a tué un grand nombre de ses propres civils lors de l’opération du Hamas, « Déluge d’Al-Aqsa ».

La « directive Hannibal » a été émise dès 7 h 18 le matin du 7 octobre, ordonnant aux forces israéliennes de tuer leurs propres soldats et civils si nécessaire, tout en transformant leur propre territoire en « zone d’extermination », a rapporté l’édition hébraïque de Haaretz le 7 juillet.

« Des documents obtenus par Haaretz, ainsi que des témoignages de soldats et d’officiers de haut rang et de rang intermédiaire dans [l’armée israélienne], révèlent une série d’ordres et de procédures reçus par la Division de Gaza, le Commandement Sud et l’état-major général jusqu’à l’après-midi du 7 octobre — des détails qui révèlent l’ampleur de l’utilisation de la procédure Hannibal au cours des premières heures de l’attaque du Hamas, et en divers points de la zone environnante. »

L’article de Haaretz précise qu’il « ne sait pas si des soldats et des civils ont été blessés, ni combien, à la suite de ces instructions ; mais, d’après les informations accumulées, il semble qu’un certain nombre d’entre eux étaient en danger, exposés aux tirs israéliens — même s’ils n’en étaient pas la cible ».

La procédure Hannibal est une politique militaire israélienne controversée selon laquelle il est permis de tuer des soldats et des civils israéliens pour éviter qu’ils ne soient faits prisonniers par l’ennemi.

• Muhammad Shehada : « Haaretz confirme qu’Israël a utilisé la directive Hannibal le 7 octobre, comprenant l’ordre d’attaquer tout véhicule se dirigeant vers Gaza, de bombarder aveuglément la zone avec des obus de mortier et de l’artillerie, d’en faire une “kill zone” [“zone de mort”] et d’envoyer des drones pour attaquer l’avant-poste de Re’im près du festival Nova. »

• Haaretz : « Le 7 octobre, l’IDF a ordonné la mise en œuvre de la directive Hannibal afin d’empêcher le Hamas de capturer des soldats

“Il y a eu une hystérie folle et des décisions ont commencé à être prises sans informations vérifiées” : Des documents et des témoignages obtenus par Haaretz révèlent que l’ordre opérationnel Hannibal, qui ordonne l’usage de la force pour empêcher la capture de soldats, a été utilisé dans trois installations de l’armée infiltrées par le Hamas, mettant ainsi potentiellement en danger des civils »

Le 7 octobre, les forces israéliennes ont ouvert le feu sur leurs propres bases militaires, les colonies et la zone frontalière de Gaza en utilisant des armes lourdes à partir d’hélicoptères d’attaque, de drones et de chars. Elles souhaitaient éliminer les combattants du Hamas qui attaquaient Israël depuis Gaza, même si cela signifiait également tuer les Israéliens que le Hamas avait pu capturer au cours de l’opération. En conséquence, une grande partie des 1 200 Israéliens qui sont morts ce jour-là ont été tués par les forces israéliennes.

Selon Haaretz, la directive Hannibal a été émise pour la première fois à 7 h 18 en réponse à l’enlèvement par des combattants de la branche armée du Hamas, les Brigades al-Qassam, de soldats au point de passage d’Erez, adjacent au quartier général de coordination et de liaison de l’armée à la frontière de Gaza.

L’ordre a de nouveau été donné à 7 h 41 pour s’assurer qu’« aucun soldat ne serait enlevé » lorsque les combattants des Brigades al-Qassam ont attaqué le quartier général lui-même.

Des comptes rendus antérieurs dans les médias israéliens suggéraient que la directive Hannibal n’avait pas été émise avant midi, en gros.

Haaretz affirme que la directive Hannibal a été émise à nouveau à 10 h 19 à partir de la base militaire de Re’im, siège de la Division Gaza de Tsahal. Le général de brigade Avi Rosenfeld a donné l’ordre aux hélicoptères israéliens d’ouvrir le feu sur la base, alors qu’il était barricadé dans son centre de commandement souterrain.

À ce moment-là, les forces spéciales israéliennes de l’unité Shaldag affrontaient des combattants al-Qassam à la fois à l’intérieur et à l’extérieur des locaux de la base.

Haaretz affirme que l’ordre « Assurez-vous qu’il n’y a pas de soldats à l’extérieur ; les forces arrivent pour nettoyer la base » a été entendu sur les réseaux de communication de l’armée.

Selon un article antérieur de Yedioth Ahronoth, des hélicoptères d’attaque israéliens Apache ont ouvert le feu sur la base ainsi que sur les champs et les forêts qui l’entourent.

L’ordre a également été donné aux hélicoptères d’attaquer l’avant-poste de Nahal Oz, où des combattants d’al-Qassam ont réussi à capturer sept soldats.

Selon une source de la sécurité de haut rang, la décision d’attaquer à l’intérieur de Rei’m et d’autres bases « accompagnera ces hauts commandants jusqu’à la fin de leur vie ». La source ajoute : « Ceux qui ont pris de telles décisions savaient que les combattants sur le terrain pouvaient être blessés. »

À 10 h 32, un nouvel ordre attribué au général de brigade Rosenfeld a été émis, enjoignant « tous les bataillons du secteur » à « tirer des mortiers en direction de la bande ».

Selon Haaretz, cette décision a été sévèrement critiquée parce que l’« IDF¹ n’avait pas une vision complète de toutes les forces présentes sur le terrain, où se trouvaient encore des combattants ainsi que de nombreux civils ; certains d’entre eux sont restés dans des zones ouvertes et des bois près de la frontière, où ils ont essayé de se cacher des terroristes ».

De nombreux civils se trouvaient dans les zones ouvertes et les champs près de la frontière, car des milliers d’Israéliens avaient assisté au festival de musique Nova, à quelques kilomètres de la base de Re’im. Lorsque l’attaque du Hamas a commencé, les fêtards se sont réfugiés dans les champs et les forêts entourant le site du concert.

Comme The Cradle l’a déjà rapporté, des hélicoptères d’attaque israéliens ont tué des festivaliers à Nova, dont beaucoup ont été brûlés vifs par des missiles et des tirs de mitrailleuses incendiaires de gros calibre.

Haaretz rapporte que la directive Hannibal a été émise une nouvelle fois à 11 h 22, lorsqu’un ordre a été donné stipulant qu’« aucun véhicule ne doit rentrer dans la bande de Gaza ».

Cela impliquait de tuer les Israéliens capturés par le Hamas dans les colonies et au festival Nova, car « il était clair pour tout le monde qu’ils pouvaient être kidnappés dans les véhicules », a déclaré au quotidien israélien une source militaire du Commandement Sud.

« Il n’y a eu aucun cas où ils ont attaqué des véhicules dans lesquels ils avaient identifié des personnes enlevées, mais il était également impossible de savoir réellement s’il y avait des personnes enlevées dans les véhicules. Je ne peux pas dire qu’il y ait eu une directive claire, mais tout le monde était conscient du fait qu’aucun véhicule ne devait retourner à Gaza. »

Un autre ordre a été donné vers 14 heures, selon lequel il était interdit à toutes les forces combattantes de quitter les colonies et de se diriger vers l’ouest en direction de la frontière de Gaza à la poursuite des combattants du Hamas. Haaretz affirme que, « pendant ces heures, la zone de la barrière est devenue un champ de tir — à la fois pour les terroristes et pour tous ceux qui s’y trouvaient —, un danger auquel il était impossible d’échapper ».

« La consigne », précise la source du Commandement Sud, « était de transformer la zone de la clôture en une zone d’extermination, de fermer la ligne de contact vers l’ouest ».

« On ne saura probablement jamais dans quelle mesure cette zone était un champ d’extermination », écrit le journal, mais selon l’armée, un civil israélien — Dolev Yehud, infirmier volontaire de 35 ans — a été tué près de la frontière pendant cette période.

À 18 h 40, les forces israéliennes ont commencé à tirer à l’artillerie en direction de la barrière frontalière de Gaza, tout près des colonies de Be’eri, Kfar Azza et Kissufim, après avoir obtenu des renseignements suggérant que les combattants d’al-Qassam chercheraient à se replier vers Gaza de manière organisée. Tout civil israélien capturé par ces combattants du Hamas aurait donc été exposé au danger des tirs d’artillerie. Haaretz précise que l’armée ne sait pas si des civils israéliens ont été tués ou blessés au cours de ce barrage d’artillerie.

Les médias israéliens ont précédemment rapporté que la directive Hannibal avait probablement été exécutée dans la maison de Pasi Cohen, dans le kibboutz de Be’eri, lorsqu’un char israélien a ouvert le feu sur la maison remplie de combattants du Hamas et de leurs captifs israéliens.

Sur les 14 captifs israéliens, 13 ont été tués, incluant Liel Hetzroni, 12 ans, et son frère jumeau Yanai qui ont été brûlés à mort.

Dans une interview accordée au New York Times, le général de brigade Barak Hiram, commandant de la Division 99, a reconnu avoir donné l’ordre au char d’attaquer la maison remplie de captifs, « même au prix de pertes civiles ». Mais, le Times a qualifié l’ordre de Hiram d’événement exceptionnel et isolé.

Cependant, l’article de Haaretz déclare : « Il est possible que les actions du général de brigade Hiram aient été simplement conformes à la norme de conduite de l’IDF ce jour-là. »

Le journal hébreu ajoute que la directive Hannibal a probablement été émise dans un autre cas le 7 octobre. À 21 h 33, le Commandement Sud a donné l’ordre de « fermer toute la ligne de contact devant la bande de Gaza avec des chars ». Toutes les forces israéliennes présentes dans le secteur ont reçu un ordre stipulant que « des tirs réels peuvent être effectués sur quiconque s’approche de la zone ; il n’y a pas de restriction en matière de politique de tir ».