Traduit de l’anglais par EDB () • Langue originale : anglais |
La guerre d’Israël contre Gaza, qui en est à son deuxième mois, a laissé la partie nord de la bande en ruines et tué plus de 14 000 Palestiniens, dont une majorité de femmes et d’enfants. Alors qu’Israël lance ses attaques contre Gaza, plusieurs puissances occidentales participent également à l’assaut en coulisses. MintPress News se penche sur ces pays qui soutiennent la guerre d’Israël.
Depuis le début de la guerre d’Israël contre Gaza en octobre, plusieurs groupes de défense des droits de l’homme ont entamé des procédures judiciaires concernant les exportations d’armes vers Israël.
Le 6 novembre, les organisations palestiniennes de défense des droits de l’homme — Al-Haq, le Centre Al Mezan pour les droits de l’homme et le Centre palestinien pour les droits de l’homme — ont entamé une action en justice devant la Cour fédérale d’Australie, afin d’avoir accès à toutes les licences d’exportation d’armes qui ont été accordées à Israël depuis le 7 octobre.
« Nous savons que des centaines de permis ont été délivrés ces dernières années, mais le gouvernement australien garde le secret sur les détails essentiels : quels articles sont exportés, qui les fabrique, à quoi servent-ils ? », a déclaré dans un communiqué de presse Rawan Arraf, le directeur général du Centre australien pour la justice internationale, organisation qui soutient la demande des groupes palestiniens.
Les exportations d’armes de l’Australie sont couvertes par le secret et ont fait l’objet d’un examen plus approfondi après qu’une audition du Sénat, en octobre, a révélé que 52 permis de défense ont été accordés au gouvernement israélien en 2023, et plus de 350 depuis 2017.
Le 13 novembre, les Palestiniens ont intenté un procès au président des États-Unis, Joe Biden, pour ne pas avoir empêché le génocide à Gaza et pour avoir mis fin au soutien militaire et diplomatique de l’administration. Trois jours plus tard, les plaignants ont déposé une requête urgente pour mettre immédiatement fin au soutien des États-Unis à Israël.
« Les enfants palestiniens de Gaza sont indubitablement des cibles alors que les offensives militaires israéliennes répétées détruisent leurs maisons, leurs écoles et leurs quartiers, et que les forces israéliennes utilisent des armes fabriquées et financées par les États-Unis pour les tuer, eux et leurs familles, en toute impunité », a déclaré dans un communiqué de presse Khaled Quzmar, le directeur général de Defence for Children International - Palestine (DCI-Palestine / Défense internationale des enfants - Palestine) ; il est également l’un des plaignants de l’action en justice.
Bloomberg a révélé un document du département de la Défense des États-Unis, titré comme demandes de « hauts responsables israéliens », qui date de la fin du mois d’octobre et qui énumère les armes qu’Israël cherche à se procurer pour la guerre qu’il mène actuellement contre Gaza. Selon le média, l’arsenal est déjà en cours d’acheminement. Voici la liste :
- 2 000 missiles Hellfire pour les hélicoptères d’attaque Apache, fabriqués par la société d’armement américaine Lockheed Martin
- Des munitions de 30 mm pour les canons mitrailleurs des hélicoptères d’attaque Apache, fabriquées par l’entreprise d’armement américaine General Dynamics
- 57 000 obus de 155 mm pour les canons d’artillerie
- 400 mortiers de 120 mm
- Des monoculaires de vision nocturne PVS-14, du fabricant américain Night Vision Devices
- Des bunker busters M141 tirés à l’épaule
- 75 JLTV (Joint Light Tactical Vehicles / véhicules tactiques légers interarmées), fabriqués par la société américaine Oshkosh Defense
- Plus de 300 intercepteurs Tamir pour le système israélien « Dôme de fer », produits par le fabricant d’armes américain Raytheon
Comme l’a précédemment rapporté MintPress News, des photographies ont montré que des armes fabriquées aux États-Unis et contenant du phosphore blanc sont utilisées dans l’assaut d’Israël sur Gaza. Ces obus d’artillerie ont été fabriqués par Pine Bluff Arsenal, une installation militaire basée dans l’Arkansas connue pour fournir des munitions au phosphore blanc. L’armée des États-Unis n’a pas répondu aux requêtes visant à vérifier si l’artillerie de Pine Bluff Arsenal est utilisée dans la bande de Gaza.
Les États-Unis ont déjà envoyé plusieurs cargaisons d’armes depuis le début de la guerre en octobre, comme le montrent les comptes de réseaux sociaux du ministère israélien de la Défense.
Sur Telegram et LinkedIn, le ministère israélien de la Défense a indiqué que sa mission aux États-Unis, basée à New York, avait contribué à l’achat d’armes et d’équipements.
Des données de source ouverte ont également indiqué la présence d’avions militaires et de navires de guerre occidentaux dans la région de la Méditerranée orientale au cours du mois dernier.
Des navires de guerre des États-Unis — le Dwight D. Eisenhower Carrier Strike Group et le Gerald R. Ford Carrier Strike Group — se sont rendus en Méditerranée en octobre pour soutenir l’armée israélienne. Le porte-avions Eisenhower se trouve actuellement en mer Rouge, tandis que le navire Argus de la marine britannique est à quai à Chypre.
Au moins six avions de l’armée de l’air allemande sont arrivés à l’aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv la semaine dernière, ainsi que deux avions de l’armée de l’air britannique, des avions de l’armée de l’air polonaise et des avions de la marine des États-Unis.
Au cours du mois dernier, des avions militaires français et australiens se sont également rendus à Tel-Aviv. Le ministère australien de la Défense a indiqué dans des communiqués de presse qu’il avait déployé des avions dans la région.
Un communiqué de presse datant du 27 octobre indique :
« Le déploiement d’avions australiens et de personnel de la Défense est une mesure de précaution visant à soutenir les plans d’urgence de l’ensemble du gouvernement australien et la fourniture d’un soutien aux citoyens australiens et aux ressortissants étrangers autorisés, dans la région, en cas de besoin. »
L’armée de l’air tchèque a atterri sur la base aérienne israélienne de Hatzerim le 22 octobre. Des avions militaires des États-Unis et de l’Italie ont atterri sur la base aérienne israélienne de Netavim le mois dernier. Un avion de l’armée de l’air des États-Unis est arrivé à la base aérienne israélienne de Tel Nofe le 16 novembre.
Plusieurs avions de l’armée de l’air britannique se sont rendus à Tel-Aviv depuis la base militaire britannique d’Akrotiri, à Chypre, au cours de la semaine dernière. Un avion appartenant au fabricant d’armes BAE Systems est également arrivé récemment sur la base aérienne.
Les armées susmentionnées n’ont pas répondu aux demandes de commentaires de MintPress News sur les raisons de l’atterrissage de leurs avions dans la région et sur le type de cargaison ou de personnel qu’ils transportent. Seul le ministère australien de la Défense a répondu, en renvoyant à ses précédents communiqués de presse sur le sujet.
Bien que le type et la quantité exacts d’équipements que les gouvernements occidentaux envoient à Israël pendant cette période ne soient toujours pas clairs, des groupes d’activistes ont jugé ces États complices de la guerre en cours d’Israël contre Gaza.
« Depuis 2018, la Grande-Bretagne a approuvé des exportations d’armes vers Israël d’une valeur d’au moins 147 millions de livres sterling (soit environ 183 millions de dollars) », a déclaré, à MintPress News, Palestine Solidarity Campaign (PSC), une organisation basée au Royaume-Uni. « En raison de la nature des licences d’exportation d’armes britanniques, la valeur réelle est susceptible d’être beaucoup plus élevée. Cela comprend les exportations d’avions militaires, d’hélicoptères et de drones. Il s’agit également de composants pour des véhicules blindés et des bombes. »
« Le gouvernement britannique apporte donc un soutien matériel aux bombardements incessants d’Israël sur la bande de Gaza. »
Selon Campaign Against Arms Trade (CAAT / Campagne contre le commerce des armes), basée au Royaume-Uni, les entreprises britanniques fournissent 15 % des matériaux destinés à l’avion de combat furtif F35, qu’Israël utilise actuellement pour bombarder la bande de Gaza. Les fournisseurs pour le F35 sont également les suivants : États-Unis, Canada, Norvège, Suisse, Danemark, Australie, Belgique, Allemagne, Turquie, Italie, Pays-Bas et France.
Le lance-roquettes MLRS M270 de Lockheed Martin, qui a été utilisé à l’intérieur de Gaza pour la première fois depuis 2006, a été construit en Europe par un consortium international d’entreprises françaises, allemandes, italiennes et britanniques.
L’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm a fourni à EuroNews des données sur les ventes d’armes de l’Europe à Israël entre 2013 et 2022, montrant que l’Italie et l’Allemagne ont fourni à l’armée israélienne des armes actuellement utilisées sur le terrain à Gaza. L’institut a également indiqué que l’Allemagne a envoyé plus de 1 000 moteurs de chars à Israël. Au 2 novembre, le gouvernement allemand a exporté pour 323 millions de dollars d’armes à Israël, soit près de 10 fois plus que l’année dernière.
Lors d’une réunion de l’OTAN à Bruxelles en octobre, le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a confirmé qu’Israël a également demandé des munitions pour sa marine.
« Nous allons discuter avec les Israéliens de la manière dont cela va se dérouler », a déclaré Pistorius, ce qui laisse entendre que la fourniture d’armes à Israël pourrait s’intensifier.
Les médias ont laissé entendre que des soldats étrangers participaient aux opérations de guerre actuelles d’Israël.
Le journal espagnol El Mundo a révélé qu’un mercenaire espagnol aidait les forces israéliennes à Gaza. Pedro Diaz Flores a été photographié aux côtés des forces d’occupation israéliennes. Il a déjà combattu en Ukraine, où il s’est impliqué dans la guerre avec la brigade néonazie Azov.
« Je suis venu pour l’économie, pour l’argent. Ils paient très bien, ils offrent un bon équipement et le travail est calme. C’est 3 900 euros [4 187 dollars] par semaine, missions complémentaires mises à part », a déclaré Flores à El Mundo.
En octobre, le journal britannique Socialist Worker — ainsi que d’autres publications — a reçu un « avis consultatif du Defence and Security Media Advisory (DSMA) Committee »1 lui demandant de ne pas publier d’informations relatives aux forces spéciales britanniques opérant au Moyen-Orient.
La D-notice indique : « Des articles ont commencé à paraître dans certaines publications ; ils affirment que les forces spéciales britanniques se sont déployées dans des zones sensibles du Moyen-Orient ; ils associent ensuite ce déploiement à des opérations de sauvetage/évacuation d’otages. »
Le Socialist Worker a relevé comment le Daily Mail a rapporté que le Special Air Service (SAS) du Royaume-Uni est « en attente à Chypre » pour sauver les otages britanniques retenus prisonniers à Gaza.
En outre, les Palestiniens de Gaza ont révélé avoir rencontré des soldats portant des drapeaux américains sur leurs uniformes. Dans le clip vidéo ci-dessous, diffusé par Quds News Network, un Palestinien raconte à un journaliste d’Al Jazeera que son frère a parlé en anglais à un soldat portant un drapeau américain sur son uniforme alors qu’il tentait de fuir la bande de Gaza. Ces affirmations ne sont pas étayées et il est possible que des soldats ayant la double nationalité israélo-américaine portent un écusson du drapeau des États-Unis sans l’autorisation de l’armée israélienne.
Forward Observations, un groupe de bénévoles fondé par l’ancien soldat d’infanterie étatsunien Derrick Bales, qui a combattu en Afghanistan, a publié sur les réseaux sociaux des images de Gaza et du sud d’Israël.
Dans un billet Instagram, Forward Observations est vu à Be’eri — une communauté attaquée par le Hamas le 7 octobre —, guidé par des membres de l’unité Lotar de l’armée israélienne qui a répondu à la violence.
Selon Foreign Policy, Forward Observations a commencé par être une marque lifestyle vendant du matériel tactique. Le groupe s’est ensuite rendu en Ukraine, où il a commencé à approvisionner les soldats ukrainiens en fournitures médicales, en matériel et en argent. Bales a été critiqué pour s’être associé à Vadim Lapaev, membre du bataillon Azov d’extrême droite. Il s’est excusé pour ses liens avec Lapaev, mais a déclaré que la brigade n’était pas aussi radicale qu’on le prétendait.
Forward Observations n’a pas répondu aux demandes de MintPress News pour déterminer si son personnel se trouve effectivement en Israël et ce qu’il y fait.
Christopher P. Maier, du département de la Défense (Department of Defense / DoD) des États-Unis, a déclaré au New York Times ce mois-ci que les forces d’opérations spéciales de son pays sont stationnées en Israël et « aident activement les Israéliens » dans leurs efforts, y compris pour « identifier les otages, notamment les otages américains ».
Alors que Maier a refusé de dire au Times combien de forces spéciales se trouvent actuellement en Israël, un ancien conseiller du Pentagone, Douglas MacGregor, a déclaré dans une interview télévisée que 2 000 Marines et 2 000 forces spéciales ont été déployés dans la région. Il a également indiqué que les forces spéciales américaines intégrées aux forces spéciales israéliennes avaient pénétré dans la bande de Gaza en octobre pour effectuer une reconnaissance, mais qu’elles étaient tombées dans une embuscade et avaient subi de lourdes pertes.
Lors de l’émission télévisée Palestine Declassified, le sociologue britannique David Miller a déclaré à l’animateur Chris Williamson, ancien membre du parlement britannique, que cette opération est « une indication que les soldats américains sont directement impliqués dans la confrontation avec la résistance ».
Et une photographie de la Maison-Blanche partagée sur Instagram, et supprimée par la suite, montre le président Joe Biden rencontrant des membres de la Delta Force lors de sa visite en Israël le 18 octobre. Une source arabe de haut rang connaissant les groupes palestiniens à Gaza a déclaré à Middle East Eye — avant l’invasion terrestre d’Israël — que les Palestiniens s’attendaient à ce qu’Israël inonde les tunnels du Hamas avec une sorte de gaz neurotoxique ou d’arme chimique sous la supervision des commandos américains de la Delta Force. Israël a commencé sa campagne terrestre dans la bande de Gaza, mais aucun agent neurotoxique n’a encore été utilisé.
Malgré tous ces éléments, le Pentagone a affirmé à MintPress News que « les États-Unis n’ont pas de troupes sur le terrain en Israël ».
Ainsi, alors que les populations occidentales continuent d’envahir les rues en faveur de la Palestine, leurs gouvernements apparaissent comme soutenant l’agresseur.
Lire aussi :
L’arsenal du génocide : les armes des États‑Unis qui détruisent Gaza
(Par Medea Benjamin & Nicolas J. S. Davies, ZNetwork, mai 2024)
Sources :
advisory notice (avis consultatif) (NdT)
En Grande-Bretagne, une DA-Notice (abréviation de Defence Advisory Notice), aussi appelée une D-Notice jusqu’en 1993, est une demande du gouvernement britannique auprès des éditeurs de ne pas publier ou de ne pas diffuser à propos de certains sujets en raison de la sécurité nationale.
Les D-Notices et les DA-notices sont simplement des demandes, pas des obligations. Elles n’ont donc aucune force légale. En conséquence, les éditeurs peuvent refuser d’y accéder, mais, le plus souvent, ils acceptent.
[Source : article de Wikipédia, version du 8 mars 2022 à 22 h 41] ↩
Paramétrage
|
|||||
Aspect :
|