Vingt ans de fausses larmes sur le 11 septembre 2001

Vingt ans de fausses larmes
sur le 11 septembre 2001

Par Caitlin Johnstone


11-Septembre Terrorisme Guerre Propagande Démocratie
États-Unis Occident Moyen-Orient
Article

Traduit de l’anglais par EDB () • Langue originale : anglais


Les médias de masse enchaînent les articles et les reportages pour commémorer le 20e anniversaire des attentats du 11 septembre, dont beaucoup d’entre eux présentent des rétrospectives faisant l’apologie des actions de leur président vedette en tant que sénateur des États-Unis ce jour-là. On peut s’attendre à ce que la tournée de relations publiques de M. Biden à New York, en Pennsylvanie et au Pentagone fasse l’objet d’une grande couverture médiatique, alors que l’indignation enfle face au nouveau et controversé mandat national du président en matière de vaccination.

Et tout cela est tellement, tellement stupide. Cette nation qui a passé vingt ans à pleurer sur sa victimisation avec des yeux innocents de Bambi a réagi au 11 septembre par des guerres qui ont tué des millions de personnes, déplacé des dizaines de millions de personnes et inauguré une nouvelle ère sans précédent d’expansionnisme militaire qui a fait affluer des milliers de milliards de dollars vers certaines des pires personnes au monde.

Comparé aux horreurs que les États-Unis ont déchaînées sur le monde sous la justification du 11 septembre, le 11 septembre lui-même était un voyage familial à Disneyland. La mort et la destruction qui ont frappé l’Irak à elles seules éclipsent de loin les 2 977 personnes tuées le 11 septembre ; c’était déjà le cas pour la mort et la destruction que les États-Unis avaient infligées à l’Irak avant même le 11 septembre.

Dans un monde plus sain et plus intelligent sur le plan émotionnel, c’est sur ces morts que les Américains devraient se pencher en ce 11 septembre.

Il y a un excellent fil de discussion qui est actuellement partagé sur Twitter par quelqu’un qui a trouvé un livre rempli de caricatures politiques publiées à la suite du 11 septembre 2001. Il s’agit d’un rappel parfait de la folie des gens qui étaient manipulés par les médias de masse à cette période. L’islamophobie éhontée, le chauvinisme du drapeau, l’histrionisme mièvre et le léchage de bottes du gouvernement contenus dans ces bandes dessinées insipides sont comme un portail temporel émotionnel qui nous ramène à la mentalité du cerveau de lézard de cette période de l’histoire. Je le recommande tout particulièrement à ceux qui sont trop jeunes pour se souvenir de la façon dont les gens en sont venus à soutenir les monstrueuses décisions de politique étrangère prises à la suite du 11 septembre 2001.

C’est aussi une excellente leçon sur la raison pour laquelle il est toujours préférable d’éviter de se laisser emporter par l’émotivité d’un événement majeur qui suscite une forte expansion narrative, quel que soit le niveau de battage médiatique dont il fait l’objet et quel que soit le nombre de personnes autour de vous qui s’y laissent entraîner.

Il n’y avait aucun motif réel à ce que les Américains réagissent au 11 septembre par un patriotisme, l’écume aux lèvres, et au son des tambours de guerre. Il aurait été logique que tout le monde se sente choqué, effrayé, en colère et triste, mais c’est tout ce qui se serait passé si les esprits n’avaient pas été manipulés par les médias et l’administration Bush pour leur faire croire que la réponse saine à une attaque terroriste est de lancer à grande échelle des invasions de nations souveraines.

Les Américains auraient tout aussi bien pu se sentir tristes pendant un moment et s’en tenir là. Imaginez. Imaginez dans quel monde meilleur nous vivrions si le public n’avait pas consenti à des guerres et s’était contenté de ressentir ses sentiments pendant le temps qu’il fallait pour cela, sans plus.

Sans que des experts et des politiciens à l’air solennel ne le leur disent, il ne serait jamais venu à l’esprit des gens ordinaires que la réponse sensée à une attaque d’Al-Qaïda était d’envahir et d’occuper l’Afghanistan, et encore moins l’Irak. Les gens se seraient attendus à ce que les responsables de ces attaques soient capturés et traduits en justice, tout comme ils l’avaient vu se produire pour chacune des autres attaques terroristes dans leur pays, mais il ne leur serait jamais venu à l’esprit de considérer cela comme un « acte de guerre » pour lequel la guerre était une réponse appropriée.

Mais les guerres étaient planifiées. Les États-Unis avaient déjà élaboré une stratégie pour évincer les talibans avant le 11 septembre. Donald Rumsfeld poussait à l’invasion de l’Irak quelques heures seulement après que les avions eurent frappé. D’autres guerres ont été planifiées en quelques jours. Le récit officiel du 11 septembre était lui-même truffé de failles béantes. Et les experts des médias étaient virés s’ils ne soutenaient pas l’invasion de l’Irak.

Les gens ont donc été psychologiquement conditionnés par une propagande de masse les amenant à croire que le 11 septembre était une atrocité impardonnable si flagrante qu’elle ne pouvait être payée que par des rivières de sang. Et ce conditionnement est toujours d’actualité, comme le montrent les experts et commentateurs de l’empire qui ont subi un lavage de cerveau et qui versent des larmes de crocodile à l’occasion du 20e anniversaire d’un événement qui, comparé aux conséquences des représailles de leur gouvernement, n’était pas vraiment une grosse affaire.

Il aurait été infiniment mieux pour tout le monde que l’Amérique ne fasse rien, absolument rien, en réponse au 11 septembre, ou mieux encore qu’elle quitte complètement le Moyen-Orient pour s’assurer qu’aucun groupe extrémiste ne souhaite sa mort en raison de ses actions là-bas. Mais, encore une fois, les guerres ont été planifiées. Et le public a été psychologiquement brutalisé pour les accepter.

C’est ce que nous devrions tous nous rappeler le 11 septembre. Pas les 2 977 morts sur le sol des États-Unis. Aussi tristes soient-ils, ils ont été plus que suffisamment pleurés par le grand public. Maintenant, il est temps de commencer à s’attaquer à l’énorme souillure de notre âme collective que sont les crimes bien plus graves que ces morts qui ont été exploités pour les justifier.

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