Traduit de l’anglais par EDB ()
• Langue originale : anglais
Les avertissements concernant les conséquences néfastes du « fascisme » et du « terrorisme » de Begin et de son parti, contenus dans la lettre ouverte d’Einstein et d’Arendt, restent extrêmement pertinents 73 ans après leur publication.
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Nous republions cet article, car il est encore plus d’actualité et encore plus utile que lorsqu’il est paru pour la première fois en août 2021. Pourquoi ? Parce que Netanyahou et son gouvernement font tout ce qu’ils peuvent pour confirmer pleinement ce qu’Einstein avait déjà observé et dénoncé publiquement en 1948 : Menachem Begin et ses amis du Likoud, dont Netanyahou est l’héritier idéologique et le fidèle adepte de leur politique, sont des « fascistes », des « racistes », des « criminels » et des « terroristes » qui conduiront inévitablement Israël à sa « destruction finale ».
Nous ne doutons pas que s’il vivait aujourd’hui, Einstein serait au premier rang des manifestations de soutien aux Palestiniens de Gaza, main dans la main avec les courageux jeunes Juifs de If Not Now, et qu’il serait très fier d’eux. Et il serait d’accord avec un autre grand Juif, le seul dirigeant survivant du soulèvement du ghetto de Varsovie, le cofondateur du légendaire syndicat polonais Solidarnosc, Marek Edelman, lorsque celui-ci compare le soulèvement du ghetto de Varsovie à la lutte des Palestiniens.
Ce n’est évidemment pas une coïncidence si des photographies des actions du mouvement juif pro-palestinien If Not Now ont illustré notre texte il y a plus de deux ans. Depuis, des centaines d’autres jeunes Juifs ont rejoint les rangs de ce mouvement antisioniste, désormais capable de mobiliser des milliers de manifestants un peu partout aux États-Unis, au point que la grande dame du peuple palestinien, Hanan Ashrawi, a fait l’éloge de If Not Now sur Al Jazeera (29/10/23) en soulignant combien sa lutte est précieuse pour les Palestiniens en ce moment terrible de leur histoire. Cette lutte exemplaire est bien plus qu’une simple lueur d’espoir alors qu’il est presque minuit dans notre siècle…
Que diriez-vous si le Premier ministre hongrois Victor Orbán, raciste et antisémite notoire, accusait Einstein… d’antisémitisme ? Et Hanna Arendt aussi ? Ainsi que l’auteur le plus emblématique de la littérature sur l’Holocauste, Primo Levi ? Inconcevable et irréaliste ? Pas du tout. Au contraire, c’est exactement ce qui se passe aujourd’hui et, qui plus est, à l’échelle mondiale. En outre, ces attaques ne proviennent pas seulement de personnes comme Orbán, mais d’une foule de racistes et d’antisémites distingués qui, avec la bénédiction d’une variété d’establishments politiques, utilisent cette étiquette pour détruire leurs opposants politiques — généralement des antifascistes et des antiracistes de gauche !…
Il ne s’agit pas d’un phénomène marginal ou d’actualité. Il fait partie d’une véritable machinerie de guerre mise en place depuis 3 ou 4 ans par les structures politiques de la droite, de l’extrême droite et même de la social-démocratie pour anéantir leurs rivaux progressistes présents et futurs. Parmi eux, Jeremy Corbyn au Royaume-Uni (qui a finalement été « exterminé »), Jean-Luc Mélenchon en France (qui a survécu, mais a été gravement « blessé ») ou l’Américain juif Berni Sanders aux États-Unis (qui s’est défendu et a réussi à les effrayer grâce à la mobilisation de jeunes Juifs américains antisionistes).
Dans tous ces cas, la moindre critique de la politique d’Israël ou le moindre soutien aux droits du peuple palestinien a donné lieu à une attaque politique et médiatique tous azimuts contre le « coupable », frôlant le lynchage public, l’accusant d’être… antisémite ! Et comme si cela ne suffisait pas, plusieurs des nombreux gouvernements de droite de l’Union européenne et certains États fédérés américains ont récemment franchi une étape supplémentaire : ils ont adopté des lois qui, au nom de la lutte contre l’antisémitisme, interdisent ou criminalisent toute critique des politiques brutales des gouvernements (d’extrême droite) d’Israël… Les Juifs ne seront pas libres tant que les Palestiniens ne le seront pas.
Le fait que le seul critère de définition de l’antisémitisme moderne s’avère être l’attitude à l’égard d’Israël et de ses gouvernements a conduit à une situation tragicomique. On voit ainsi les différents Netanyahou et leurs partisans honorer comme « partenaires d’Israël » et « alliés stratégiques » des racistes et antisémites notoires d’extrême droite : les dirigeants de la Pologne, de la Hongrie, de la République tchèque et de la Slovénie ; l’ancien président des États-Unis Donald Trump ; des politiciens européens appartenant à l’extrême droite comme Salvini, Wilders et De Winter ; ou des évangélistes américains et tant d’autres. Et, dans le même temps, des antiracistes et des antifascistes célèbres — dont beaucoup sont en réalité… juifs (!) — sont dénoncés comme « antisémites », alors qu’ils ont passé la majeure partie de leur vie à lutter contre les antisémites tels que les actuels « amis d’Israël ».
C’est pourquoi l’« allié stratégique » et grand ami de Netanyahou et de ses descendants politiques, le Premier ministre hongrois Victor Orbán, pourrait très bien accuser et traduire en justice aujourd’hui le juif Albert Einstein pour antisémitisme, parce qu’il avait osé envoyer la lettre ouverte « scandaleuse » suivante au New York Times, il y a 73 ans :
New Palestine Party
[Parti de la nouvelle Palestine (NdT)]
———— Sur la visite de Menachem Begin et les objectifs du mouvement politique
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Au rédacteur en chef du New York Times :
Parmi les phénomènes politiques les plus troublants de notre époque figure l’émergence, dans le nouvel État d’Israël, du « parti de la Liberté » (Tnuat Haherut), un parti politique dont l’organisation, les méthodes, la philosophie politique et l’attrait social s’apparentent étroitement à ceux des partis nazi et fasciste. Il a été créé à partir des membres et des partisans de l’ancien Irgoun Zvaï Leoumi, une organisation terroriste, de droite et chauvine en Palestine.
La visite actuelle aux États-Unis de Menachem Begin, leader de ce parti, est manifestement destinée à donner l’impression d’un soutien américain à son parti lors des prochaines élections israéliennes et à consolider les liens politiques avec les éléments sionistes conservateurs aux États-Unis. Plusieurs Américains de renommée nationale ont prêté leur nom pour saluer sa visite. Il est inconcevable que ceux qui s’opposent au fascisme dans le monde entier, s’ils sont correctement informés du bilan politique et des perspectives de M. Begin, puissent ajouter leur nom et leur soutien au mouvement qu’il représente.
Avant que des dommages irréparables ne soient causés par des contributions financières, des manifestations publiques en faveur de Begin et la fabrication en Palestine du sentiment qu’une grande partie de l’Amérique soutient les éléments fascistes en Israël, le public américain doit être informé des antécédents et des objectifs de M. Begin et de son mouvement.
Les déclarations publiques du parti de Begin n’indiquent en rien son caractère réel. Aujourd’hui, ils parlent de liberté, de démocratie et d’anti-impérialisme, alors qu’il y a peu, ils prêchaient ouvertement la doctrine de l’État fasciste. C’est dans ses actes que le parti terroriste trahit sa véritable nature ; sur la base de ses actions passées, nous pouvons juger de ce que l’on peut attendre de lui à l’avenir.
Attaque d’un village arabe
Un exemple choquant a été leur comportement dans le village arabe de Deir Yassin. Ce village, à l’écart des routes principales et entouré de terres juives, n’avait pris aucune part à la guerre et avait même repoussé les bandes arabes qui voulaient l’utiliser comme base. Le 9 avril (The New York Times), des bandes terroristes ont attaqué ce village paisible qui n’était pas un objectif militaire dans les combats, ont tué la plupart de ses habitants — 240 hommes, femmes et enfants — et en ont gardé quelques-uns en vie pour les faire défiler comme captifs dans les rues de Jérusalem. La majorité de la communauté juive était horrifiée par cet acte et l’Agence juive a envoyé un télégramme d’excuses au roi Abdallah de Trans-Jordanie. Mais, les terroristes, loin d’avoir honte de leur acte, étaient fiers de ce massacre, en ont fait une large publicité et ont invité tous les correspondants étrangers présents dans le pays à venir voir les cadavres entassés et le désordre général à Deir Yassin.
L’incident de Deir Yassin illustre le caractère et les actions du parti de la Liberté.
Au sein de la communauté juive, ils ont prêché un mélange d’ultranationalisme, de mysticisme religieux et de supériorité raciale. Comme d’autres partis fascistes, il a été utilisé pour briser les grèves et a lui-même fait pression pour la destruction des syndicats libres. À la place, ils ont proposé des syndicats d’entreprise sur le modèle du fascisme italien.
Au cours des dernières années de violence anti-britannique sporadique, les groupes IZL [Irgoun Zvaï Leoumi (NdT)] et Stern ont inauguré un règne de terreur dans la communauté juive de Palestine. Des enseignants ont été battus pour avoir parlé contre eux ; des adultes ont été abattus pour avoir empêché leurs enfants de les rejoindre. Par des méthodes de gangsters, des passages à tabac, des bris de vitrines, des vols à grande échelle, les terroristes ont intimidé la population et ont prélevé un lourd tribut.
Les membres du parti de la Liberté n’ont joué aucun rôle dans les réalisations constructives en Palestine. Ils n’ont assaini aucune terre, n’ont construit aucune colonie et n’ont fait qu’entraver l’activité de défense juive. Leurs efforts en matière d’immigration, qui ont fait l’objet d’une grande publicité, ont été infimes et ont été consacrés principalement à l’arrivée de compatriotes fascistes.
Divergences constatées
Les divergences entre les affirmations audacieuses de Begin et de son parti et leur bilan en Palestine portent l’empreinte d’un parti politique qui n’a rien d’ordinaire. C’est la marque indubitable d’un parti fasciste pour lequel le terrorisme (contre les Juifs, les Arabes et les Britanniques) et les fausses déclarations sont des moyens, et un « État leader » est le but.
À la lumière des considérations qui précèdent, il est impératif que la vérité sur M. Begin et son mouvement soit connue dans ce pays. Il est d’autant plus tragique que les principaux dirigeants du sionisme américain aient refusé de faire campagne contre les efforts de Begin, ou même d’exposer à leurs propres électeurs les dangers que représente pour Israël le soutien à Begin.
Les soussignés prennent donc ce moyen pour présenter publiquement quelques faits saillants concernant Begin et son parti, et pour exhorter toutes les personnes concernées à ne pas soutenir cette dernière manifestation du fascisme.
ISIDORE ABRAMOWITZ, HANNAH ARENDT, ABRAHAM BRICK, RABBI JESSURUN CARDOZO, ALBERT EINSTEIN, HERMAN EISEN, M. D., HAYIM FINEMAN, M. GALLEN, M. D., H. H. HARRIS, ZELIG S. HARRIS, SIDNEY HOOK, FRED KARUSH, BRURIA KAUFMAN, IRMA L. LINDHEIM, NACHMAN MAISEL, SEYMOUR MELMAN, MYER D. MENDELSON, M. D., HARRY M. OSLINSKY, SAMUEL PITLICK, FRITZ ROHRLICH, LOUIS P. ROCKER, RUTH SAGIS, ITZHAK SANKOWSKY, I. J. SHOENBERG, SAMUEL SHUMAN, M. SINGER, IRMA WOLFE, STEFAN WOLFE.
New York, 2 décembre 1948
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Cependant, le plus important dans cette lettre n’est pas que des personnalités comme Einstein1 et Hanna Arendt qualifient Begin et son parti de « fascistes » — en d’autres termes, ils ont fait quelque chose qui serait aujourd’hui plus que suffisant pour que les médias les stigmatisent comme… antisémites et pour que les autorités de nombreux États membres de l’Union européenne les traînent devant les tribunaux. Le fait le plus significatif et le plus essentiel est que les avertissements dramatiques contenus dans cette lettre ouverte ont été pleinement confirmés au cours des 40 dernières années. En effet, ils continuent de se confirmer chaque jour en Israël et dans l’ensemble du Moyen-Orient, avec les conséquences tragiques que nous connaissons tous.
En fait, Menachem Begin, qualifié en 1948 de « fasciste » et de « terroriste », est devenu Premier ministre d’Israël, 29 ans plus tard (en 1977 !). Et il a réussi à le faire à la tête du nouveau parti, le Likoud, qu’il a fondé dans la continuité de son ancien parti, le Hérout (Liberté), qu’Einstein et Arendt ont également dénoncé comme étant « fasciste ». Mais, l’essentiel est que, depuis lors (1977), Israël est dirigé par ce même Likoud qui monopolise effectivement le pouvoir. Après environ un siècle (!) de conflits civils permanents et souvent extrêmement violents et sanglants entre sionistes, le Likoud a aujourd’hui pris le contrôle total du pays, tandis que le parti travailliste, autrefois puissant et soutenu par les pères fondateurs de l’État d’Israël, a presque complètement disparu…
Mais, cela ne concerne pas seulement Begin, le fondateur et dirigeant de l’organisation « terroriste » Irgoun. Yitzhak Shamir, son successeur en tant que Premier ministre d’Israël et chef du parti du Likoud, avait dirigé une faction terroriste de l’Irgoun encore plus extrémiste, connue sous le nom de « Stern Gang » (« Bande Stern » ou « Groupe Stern »). Ce groupe, selon la lettre ouverte d’Einstein et d’Arendt, « a inauguré », avec l’Irgoun, « un règne de terreur dans la communauté juive de Palestine » ! Un « règne de terreur » qui a coûté la vie à des milliers d’Arabes palestiniens, mais aussi à des Juifs…
Et qu’en est-il du Premier ministre israélien le plus ancien et chef du Likoud, Benjamin « Bibi » Netanyahou ? Est-il lui aussi un véritable rejeton du ventre « fasciste » qui a donné naissance à Begin, à Shamir et aux autres dirigeants politiques d’extrême droite d’Israël ? Bien que beaucoup plus jeune, Netanyahou a une relation directe, et même familiale, avec les ailes fascistes pur-sang les plus extrémistes — et plus tard les scissions — du sionisme « révisionniste » d’extrême droite, inspiré, créé et dirigé par Ze’ev Jabotinsky, il y a un siècle. En fait, le père de « Bibi », qui avait été secrétaire de Jabotinsky, a suivi Abba Ahimeir lorsqu’il s’est trouvé en désaccord avec le rejet par Jabotinsky de sa proposition de devenir quelque chose comme… un Mussolini juif, à la tête d’un parti sioniste purement fasciste.2 Proche allié de cet idéologue et théoricien fasciste, le père de « Bibi » dirigeait les publications de l’organisation fasciste d’Ahimeir. À cette époque, Ahimeir a développé des liens assez étroits avec l’Italie de Mussolini, mais n’a jamais réussi à faire de même avec l’Allemagne nazie, bien qu’il n’ait pas hésité à faire l’éloge d’Hitler en 1933 !
Même s’il n’a jamais bénéficié d’un soutien populaire significatif, Ahimeir a eu un impact direct ou indirect sur ceux qui ont façonné l’Israël d’aujourd’hui. Ce n’est pas seulement que son culte de la violence la plus brutale, son irrédentisme et ses théories racistes ont imprégné des organisations telles que l’Irgoun de Menachem Begin. Tout aussi important est le fait que le fondateur de la bande Stern était son « enfant spirituel ». Il en va de même pour son principal chef militaire, le futur Premier ministre d’Israël, Yitzhak Shamir. Enfin, Bension Netanyahou était son « disciple » et proche collaborateur, qui a exercé une profonde influence politique sur son fils, le Premier ministre Benyamin Netanyahou. Et peut-être pas seulement sur son fils, mais aussi sur le fils de son fils, son tristement célèbre petit-fils Yair, connu pour ses scandales, les sketches antisémites qu’il publie et ses sympathies néo-fascistes ; réciproquement, les néo-fascistes allemands et américains l’admirent comme leur… « frère » et « idole » !
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Pour toutes ces raisons, les avertissements concernant les conséquences néfastes du « fascisme » et du « terrorisme » de Begin et de son parti, contenus dans la lettre ouverte d’Einstein et d’Arendt, restent extrêmement pertinents 73 ans après leur publication. Et c’est précisément parce que les successeurs de Begin au sein du Likoud et en Israël sont sa chair et son sang, adeptes de son œuvre, disciples de ses maîtres et gardiens du même héritage idéologique, politique mais aussi organisationnel, que ce qu’ils font aujourd’hui en Israël, au Moyen-Orient et dans le monde entier, aussi scandaleux soit-il, n’est ni le produit d’une improvisation ni une invention du moment. Il s’agit de choix politiques qui obéissent et sont régis par la « logique » d’un courant politique particulièrement dangereux, celui du révisionnisme d’extrême droite du mouvement sioniste, né il y a déjà un siècle…
Doit-on alors considérer comme surprenantes et « anormales » ces « alliances stratégiques » et le flirt de Netanyahou et de ses amis avec la racaille internationale des anticommunistes et des racistes patentés, qui « par hasard » sont aussi des antisémites patentés ? Pas du tout. Leur premier professeur n’est autre que le père et théoricien du révisionnisme sioniste, Ze’ev Jabotinsky. Animé par sa haine pathologique de la révolution russe, Jabotinsky s’est même allié en 1922 au seigneur de guerre anticommuniste et nationaliste ukrainien Symon Petliura, dont l’armée a mené entre 1917 et 1922… 897 pogroms antijuifs, au cours desquels au moins 30 000 Juifs ukrainiens ont été massacrés ! Après tout, le même anticommunisme pathologique a poussé les disciples et successeurs de Jabotinsky à flirter, voire parfois à s’allier avec Mussolini, et même avec Hitler. Leurs motivations sont mises à jour aujourd’hui par Yair Netanyahou, le tristement célèbre fils du Premier ministre, lorsqu’il déclare : « Je préfère mille fois les néonazis aux antifas de gauche ou aux activistes de Black Lives Matter »…
Il en va de même pour la glorification de la violence la plus brutale ou de la haine profondément raciste à l’égard des Palestiniens, entretenue par les dirigeants israéliens au cours des dernières décennies. Là encore, ils n’inventent rien de nouveau. Rappelons simplement que ces leçons ont d’abord été prêchées par les organisations dont ils sont issus et dont ils continuent à être fiers : les organisations terroristes et fascistes Betar, Irgoun et Stern. Il y a cependant une différence importante entre hier et aujourd’hui : à l’époque, Jabotinsky, Ahimeir, Begin et Shamir n’étaient pas du tout « présentables » et l’establishment politique international évitait leur compagnie, quand il ne les désavouait pas ouvertement. En d’autres termes, ils étaient peu recommandables…
Aujourd’hui, la situation est complètement différente. Les « fascistes » et « terroristes » peu recommandables de 1948 se sont transformés non seulement en « amis » et alliés tout à fait présentables, mais — de plus en plus — en partenaires stratégiques privilégiés de ceux qui dirigent le monde, en piliers de leurs empires ! Et le pire, c’est que les « fascistes » et les « terroristes » d’hier sont aujourd’hui en mesure d’imposer leurs choix autoritaires et antidémocratiques à la majorité des gouvernements et des pays occidentaux !
Nous terminerons ce texte comme il a commencé : avec Einstein et ses avertissements. Quelques jours après le massacre de Deir Yassin, ceux qui représentaient aux États-Unis les organisations qui ont perpétré le massacre, ont eu la brillante idée de demander à Einstein son soutien. Le célèbre scientifique juif a donné une réponse, qui reste — malheureusement — presque inconnue, plutôt laconique, d’à peine 50 mots :
10 avril 1948
M. Shepard Rifkin
Directeur exécutif
American Friends of the Fighters for the Freedom of Israel
[Amis américains des combattants pour la liberté d’Israël (NdT)]
149 Second Ave.
New York 3, N.Y.
Cher Monsieur,
Lorsqu’une catastrophe réelle et définitive nous frappera en Palestine, les premiers responsables en seront les Britanniques et les seconds les organisations terroristes issues de nos propres rangs.
Je ne veux voir personne associé à ces gens égarés et criminels.
Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments distingués,
[Signature « A. Einstein »]
Albert Einstein
Malheureusement, il semble évident qu’Einstein avait encore raison. Les Britanniques n’étant plus qu’un lointain souvenir, il est vrai que les descendants des « organisations terroristes » de 1948 mènent Israël, qu’ils dirigent, avec une précision mathématique vers la « destruction finale ». Un pays qui peut sembler aujourd’hui plus puissant et arrogant que jamais, mais qui vit en fait la pire crise existentielle de son histoire, car il est en train de pourrir et de se désintégrer de l’intérieur. Le compte à rebours a déjà commencé et l’heure de vérité approche…
Einstein aurait pu devenir président d’Israël, s’il avait accepté en novembre 1952 l’invitation que lui avait faite David ben Gourion — le fondateur de l’État d’Israël et son premier Premier ministre — de succéder au premier président d’Israël, Haïm Weizmann, qui venait de décéder. ↩
Il se peut que Jabotinsky n’ait pas été fasciste, mais Mussolini avait une opinion différente lorsqu’il a déclaré en 1935 à Davide Prato, qui allait plus tard devenir rabbin de Rome : « Pour que le sionisme réussisse, il vous faut un État juif, avec un drapeau juif et une langue juive. La personne qui comprend vraiment cela, c’est votre fasciste, Jabotinsky. »↩