Les notes d’une réunion de 1991 prouvent que les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne ont assuré à l’Union soviétique que l’OTAN ne s’étendrait pas à l’est. Cela fait partie d’un ensemble croissant de preuves attestant que l’Occident n’a pas tenu sa promesse envers la Russie.

Un document récemment découvert apporte de nouvelles preuves que les gouvernements occidentaux n’ont pas tenu leur promesse de ne pas étendre l’OTAN à l’est après la réunification de l’Allemagne.

Les notes d’une réunion tenue en 1991 entre de hauts responsables étatsuniens, britanniques, français et allemands confirment qu’il existe un « accord général sur le fait que l’adhésion à l’OTAN et les garanties de sécurité [sont] inacceptables » pour l’Europe centrale et orientale.

Le représentant diplomatique de l’Allemagne a souligné que l’Union soviétique s’était vu promettre en 1990 que « nous n’étendrions pas l’OTAN au-delà de l’Elbe », en Allemagne orientale.

Le document, qui était auparavant classé secret, provient des Archives nationales britanniques.

Il a été largement diffusé en février dernier par le journal allemand Der Spiegel, mais a en fait été publié pour la première fois par le politologue étatsunien Joshua Shifrinson en 2019.

Josh Shifrinson : « Eh bien, voici quelque chose : un fonctionnaire du ministère allemand des Affaires étrangères expliquant en mars 1991 que l’OTAN a “clairement fait comprendre” aux Soviétiques qu’elle ne s’étendrait pas “au-delà de l’Elbe” et qu’elle ne pourrait donc pas “offrir, à la Pologne et aux autres pays, l’adhésion à l’OTAN”. Cela valide ma thèse du @Journal_IS : https://tinyurl.com/yypmo638 ! »

Article : Deal or No Deal ? La fin de la guerre froide et l’offre des États-Unis de limiter l’expansion de l’OTAN

Le document décrit une réunion entre de hauts fonctionnaires des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France et de l’Allemagne dans la ville de Bonn, le 6 mars 1991.

Le sujet de la réunion était « La sécurité en Europe centrale et orientale ».

Le diplomate allemand Jürgen Chrobog est cité dans les notes : « Nous avions clairement indiqué, lors des négociations 2+4, que nous n’étendrions pas l’OTAN au-delà de l’Elbe. Nous ne pouvions donc pas proposer, à la Pologne et aux autres pays, l’adhésion à l’OTAN. »

Les négociations 2+4 sont des discussions menées en 1990 qui ont permis la réunification de l’Allemagne, avec l’Allemagne de l’Ouest capitaliste et l’Allemagne de l’Est socialiste (les 2) ainsi que les États-Unis, l’Union soviétique, la Grande-Bretagne et la France (les 4).

Les commentaires de Chrobog dans les notes confirment donc que les puissances occidentales avaient promis à l’URSS en 1990 de ne pas étendre l’OTAN vers l’est après la réunification allemande.

Pour clarifier ce fait, le document ajoute qu’il y avait un « accord général stipulant que l’adhésion à l’OTAN et les garanties de sécurité [sont] inacceptables » pour les pays à l’est de l’Allemagne.

L’OTAN a ajouté 14 États membres à l’est de l’Allemagne depuis la fin de la première guerre froide

Depuis la fin de la première guerre froide et le renversement de l’Union soviétique, 14 pays d’Europe centrale et orientale ont rejoint l’alliance militaire de l’OTAN dirigée par les États-Unis — tous les pays à l’est de l’Allemagne, en violation flagrante de la promesse de ne pas s’étendre.

En 1999, la République tchèque, la Hongrie et la Pologne ont adhéré à l’OTAN.

En 2004, la Bulgarie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie ont également adhéré.

En 2009, l’Albanie et la Croatie ont adhéré.

En 2017, le Monténégro a adhéré.

En 2020, la Macédoine du Nord a adhéré.

L’OTAN a également évoqué la possibilité d’une adhésion future de la Bosnie-Herzégovine, de la Géorgie et de l’Ukraine.

En décembre 2021, la Fédération de Russie a exigé que l’OTAN accepte une série de garanties sur la sécurité, notamment la promesse de ne pas ajouter de nouveaux membres. Les États-Unis et l’OTAN ont rejeté les demandes de Moscou.

Une preuve supplémentaire que l’OTAN n’a pas tenu sa promesse de ne pas s’étendre à l’est de l’Allemagne

Le document diplomatique de 1991 nouvellement découvert fait partie d’un ensemble croissant de preuves que l’accusation du gouvernement russe selon laquelle l’OTAN n’a pas tenu sa promesse est effectivement exacte.

Comme l’a déjà signalé Multipolarista, des documents déclassifiés provenant des gouvernements des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France, de l’Allemagne, de l’ancienne Union soviétique et de la Fédération de Russie prouvent que l’OTAN s’est engagée à ne pas s’étendre à l’est.

La National Security Archive de l’université George Washington à Washington, DC, a publié des documents montrant que le secrétaire d’État US James Baker a rassuré le Premier ministre soviétique Mikhaïl Gorbatchev, « pas une fois, mais trois fois », que l’OTAN ne s’étendrait « pas d’un pouce vers l’est », lors d’une réunion le 9 février 1990.

Baker a admis que « pas seulement pour l’Union soviétique, mais aussi pour d’autres pays européens, il est important d’avoir des garanties que si les États-Unis maintiennent leur présence en Allemagne dans le cadre de l’OTAN, pas un pouce de la juridiction militaire actuelle de l’OTAN ne s’étendra en direction de l’est ».

Multipolarista : « Le secrétaire d’État des États-Unis Blinken a affirmé que l’alliance militaire “OTAN n’a jamais promis de ne pas admettre de nouveaux membres”.

C’est un mensonge contredit par de multiples documents gouvernementaux occidentaux, montrant que l’OTAN a promis à l’URSS de ne pas s’étendre “d’un pouce vers l’est” au-delà de l’Allemagne. »

Article : Le gouvernement des États-Unis ment ouvertement sur l’expansion de l’OTAN pour encercler militairement la Russie