Traduit de l’anglais par EDB () • Langue originale : anglais |
Les coupures d’Internet, la guerre contre le journalisme, la propagande, les opérations d’influence, les interdictions de manifester et la censure en ligne ont toutes la même raison d’être : empêcher le public de se faire une idée fondée sur la vérité de ce qui se passe à Gaza.
De gros efforts sont déployés pour cacher ce qui se passe à Gaza au monde extérieur, tant par Israël que par ses alliés occidentaux.
Le ministre israélien des Communications a annoncé vendredi que tous les services Internet à Gaza seraient coupés samedi ; CNN rapporte que les services Internet y sont déjà en chute libre depuis une semaine. Le directeur d’Electronic Intifada, Ali Abunimah, a récemment déclaré sur Twitter qu’il n’avait pu joindre aucun de ses contacts à Gaza pendant des heures.
Même avant la coupure de l’Internet, il était déjà de plus en plus difficile pour les habitants de Gaza d’obtenir des informations sur le monde extérieur depuis qu’Israël a privé l’enclave d’électricité dans le cadre de son « siège total » de la population civile. Le média Middle East Eye rapporte qu’il a perdu le contact avec deux de ses journalistes à Gaza, vendredi. L’un d’entre eux, la reporter Maha Hussaini, a posté une vidéo avant de perdre le contact ; elle y déclare : « Ceci pourrait être ma dernière vidéo, car la batterie de mon téléphone est en train de se vider alors que nous sommes confrontés à une coupure d’électricité presque totale. »
Comme à l’accoutumée, Israël s’en prend également aux membres de la presse. Un journaliste de Reuters a été tué et six autres de Reuters, AFP et Al Jazeera ont été blessés par des tirs d’artillerie de l’armée israélienne dans le sud du Liban, vendredi. Des médias comme le New York Times et même Reuters se sont abstenus de reconnaître l’auteur de l’attaque, mais Al Jazeera attribue les victimes à des « tirs d’artillerie des forces israéliennes », en citant des témoignages. Des journalistes de la BBC ont également été tenus en joue et agressés physiquement par des soldats israéliens à Tel-Aviv, et cela vaut sans doute la peine de mentionner que ces reporters étaient de la BBC Arabic précisément et qu’ils avaient des noms arabes.
Les efforts visant à aveugler le monde sur les crimes d’Israël ne se limitent évidemment pas à ce pays. L’Union européenne a commencé à faire pression sur Twitter pour qu’il censure les contenus relatifs à la question israélo-palestinienne conformément à la nouvelle législation sur les services numériques (Digital Services Act / DSA), ceci afin d’éviter de se voir infliger des sanctions. Le jour suivant l’octroi d’un délai de 24 heures pour s’attaquer aux « contenus illégaux et à la désinformation », des centaines de « comptes liés au Hamas » auraient été supprimés de la plateforme. Nous sommes censés croire que ces comptes étaient effectivement liés au Hamas et qu’ils n’ont pas simplement été jugés coupables d’avoir pensé mal.
Les efforts de sensibilisation aux crimes d’Israël par le biais de manifestations publiques ont également fait l’objet de mesures d’interdiction dans les pays occidentaux. La France a décrété une interdiction générale de toutes les manifestations pro-palestiniennes. L’Allemagne a interdit certaines manifestations et certains groupes pro-palestiniens, ainsi que toutes les manifestations jugées favorables au Hamas. Le parquet de Berlin a criminalisé l’utilisation de la phrase « De la rivière à la mer, la Palestine sera libre ».
Dans un nouvel article de MintPress News intitulé « Blitz de propagande : comment les médias mainstream diffusent de fausses histoires sur la Palestine », Alan MacLeod montre comment les médias occidentaux ont encore obscurci la perception du public sur ce qui se passe à Gaza en diffusant une propagande éhontée sur des atrocités et en présentant le problème dans l’actualité d’une manière qui favorise les intérêts d’Israël.
Blitz de propagande : comment les médias mainstream diffusent de fausses histoires sur la Palestine
(Par Alan MacLeod, MintPress News)
Vous pouvez donc constater que, de toutes les manières possibles, la vision du monde sur ce qui se passe à Gaza est obstruée, manipulée et carrément cachée. Cela se produit pour la même raison que dans le cas des crimes de la mafia où les témoins ont tendance à disparaître : il est plus facile de s’en tirer avec un meurtre lorsqu’il n’y a personne qui vous a vu le commettre.
Après tout, cela se passe alors qu’Israël se prépare à intensifier encore ses agressions et que le président israélien Isaac Herzog affirme qu’il n’y a pas de civils innocents à Gaza parce qu’ils n’ont pas renversé le Hamas par la force.
« C’est toute une nation qui est responsable », a déclaré Herzog à la presse vendredi. « Cette rhétorique selon laquelle les civils ne sont pas au courant, ne sont pas impliqués, n’est pas vraie. Ce n’est absolument pas vrai. Ils auraient pu se soulever. Ils auraient pu se battre contre ce régime diabolique qui a pris le contrôle de Gaza par un coup d’État. »
Plus Israël se fait mal voir du fait de ses propres actions, plus lui et les nations qui s’alignent sur lui s’efforceront d’entraver et de manipuler la perception du public sur ces actions. Plus la criminalité d’Israël s’étalera au grand jour sans aucune honte, plus ses défenseurs deviendront vociférants et virulents, plus l’ingérence des forces gouvernementales dans l’opposition du public sera musclée, et plus ce qui se passe à Gaza sera caché.
Les coupures d’Internet, la guerre contre le journalisme, la propagande, les opérations d’influence, les interdictions de manifester et la censure en ligne ont toutes la même raison d’être : empêcher le public de se faire une idée fondée sur la vérité de ce qui se passe à Gaza. Car, si le public parvenait à comprendre ce qui se passe à Gaza sur la base de la vérité, il ne consentirait pas à ce qui s’y passe.
Sources :
Source de la photographie d’en-tête : Unsplash+
Danger sign at Assaf Siboni Lookout overlooking the Gaza Strip. [published on November 11, 2022]
https://unsplash.com/photos/ja058aPIjQQ
[ Unsplash+ License ]
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