Traduit de l’anglais par EDB () • Langue originale : anglais |
En suscitant l’indignation de l’opinion publique occidentale à l’égard des supposés crimes de guerre russes, le gouvernement ukrainien vise clairement à générer une pression suffisante pour surmonter la réticence de l’administration Biden à affronter directement l’armée russe.
Les médias occidentaux ont rapporté que l’armée russe avait délibérément attaqué le théâtre d’art dramatique régional de Donetsk à Marioupol, en Ukraine, affirmant qu’il était rempli de civils et que des panneaux indiquant « enfants » se trouvaient dans son enceinte.
Ce prétendu bombardement a eu lieu au moment même où le président ukrainien Volodymyr Zelensky demandait au Congrès des États-Unis la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne, alimentant ainsi le refrain en faveur d’une confrontation militaire directe avec la Russie et incitant apparemment le président Joseph Biden à qualifier Vladimir Poutine, le président russe, de « criminel de guerre ».
En y regardant de plus près, on s’aperçoit que les habitants de Marioupol avaient prévenu trois jours avant l’incident du 16 mars que le théâtre ferait l’objet d’une attaque sous faux drapeau lancée par le bataillon Azov, ouvertement néonazi, qui contrôle le bâtiment et le territoire qui l’entoure.
Les civils qui se sont échappés de la ville par les couloirs humanitaires ont témoigné qu’ils étaient retenus par Azov pour servir de boucliers humains dans la zone, et que les combattants du bataillon ont fait exploser des parties du théâtre lors de leur retraite. Malgré les allégations d’une attaque aérienne russe massive qui aurait réduit le bâtiment en cendres, tous les civils semblent s’en être sortis indemnes.
La vidéo de l’attaque du théâtre n’est toujours pas disponible au moment de la publication ; seules des photographies de la structure endommagée peuvent être consultées. Le ministère russe de la Défense a nié avoir mené une attaque aérienne sur le théâtre, affirmant que le site n’avait aucune valeur militaire et qu’aucune sortie n’a été effectuée dans la zone le 16 mars.
Alors que l’opération militaire russe en Ukraine a déclenché une crise humanitaire à Marioupol, il est clair que la Russie n’aurait rien gagné à cibler le théâtre, et se serait pratiquement infligé un nouveau revers en matière de relations publiques en visant un bâtiment rempli de civils, dont des Russes de souche.
Azov, en revanche, a bénéficié d’une attaque dramatique et macabre imputée à la Russie. En pleine retraite autour de Marioupol et confronté à la possibilité d’un traitement brutal de la part d’une armée russe déterminée à la « dénazification », le seul espoir de ses combattants semblait être de déclencher une intervention directe de l’OTAN.
C’est ce même sentiment de désespoir qui a inspiré le discours soigneusement préparé de Zelensky devant le Congrès, dans lequel il a invoqué le discours « I Have A Dream » (« Je fais un rêve ») de Martin Luther King Jr. et diffusé une vidéo chargée décrivant les souffrances des civils pour plaider en faveur d’une zone d’exclusion aérienne.
En suscitant l’indignation de l’opinion publique occidentale à l’égard des horribles crimes de guerre russes, le gouvernement ukrainien vise clairement à générer une pression suffisante pour surmonter la réticence de l’administration Biden à affronter directement l’armée russe.
Mais l’allégation de Kiev la plus forte émotionnellement jusqu’à présent, à savoir que la Russie a délibérément bombardé des enfants innocents recroquevillés à l’intérieur d’un théâtre, a été mise à mal par des témoignages d’habitants de Marioupol et un message Telegram largement diffusé annonçant explicitement une attaque sous faux drapeau contre le bâtiment.
La ville portuaire stratégique de Marioupol, au sud-est du pays, est tenue par le bataillon Azov depuis 2014. Depuis sa prise, elle a servi de base politique et militaire aux paramilitaires ultranationalistes qui ont lancé des assauts contre les séparatistes pro-russes dans la république séparatiste de Donetsk.
Issu des rangs des activistes d’extrême droite qui ont fourni aux manifestants la force de la rue pendant le coup d’État de 2013-2014, le bataillon Azov a été officiellement intégré à la Garde nationale ukrainienne par le ministère de l’Intérieur du pays. Il a été fondé par le leader ouvertement fasciste Andriy Biletsky, qui a juré de « mener les races blanches du monde dans une croisade finale […] contre les Untermenschen1 dirigés par des Sémites ».
Les combattants d’Azov, qui arborent sur leurs uniformes et leurs drapeaux le symbole du loup, d’inspiration nazie, ne font pas mystère de leurs objectifs idéologiques. Bien que le FBI, le Congrès des États-Unis et ses propres combattants l’aient identifié comme une unité néonazie et qu’il ait été impliqué dans toute une série de violations sordides des droits de l’homme, Azov a collaboré ouvertement avec des formateurs militaires étatsuniens et canadiens.
Après avoir accusé Azov de chercher à exterminer les Russes de souche du Donbass, Poutine a fait de sa base de Marioupol la ligne de front de sa campagne déclarée de « dénazification » de l’Ukraine. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février, la ville est devenue le théâtre de combats urbains féroces, les forces spéciales russes et les forces de la milice populaire de la République populaire de Donetsk menant des combats bloc par bloc pour le contrôle de la ville, tandis que l’artillerie s’abat sur les positions d’Azov.
Le 7 mars, un commandant du bataillon Azov, Denis Prokopenko, est apparu devant les caméras depuis Marioupol avec un message urgent. Publié sur la chaîne YouTube officielle d’Azov et diffusé en anglais par-dessus le son de tirs d’artillerie occasionnels, Prokopenko a déclaré que l’armée russe menait un « génocide » contre la population de Marioupol, qui se trouve être à 40 % d’origine russe.
Prokopenko a ensuite demandé aux nations occidentales de « créer une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine, soutenue par des armes modernes ». Le plaidoyer de Prokopenko montrait clairement que la position d’Azov devenait chaque jour plus désastreuse.
Alors que l’armée russe réduisait rapidement les positions de l’ennemi tout au long de la deuxième semaine de mars 2022, les soldats d’Azov ont apparemment dirigé des civils âgés ainsi que des femmes et des enfants vers la salle des costumes du théâtre d’art dramatique régional de Donetsk à Marioupol.
Dans une vidéo filmée à l’intérieur du bâtiment faiblement éclairé, le 11 mars, un homme de la région affirmait qu’un millier de civils étaient piégés à l’intérieur et réclamait un couloir humanitaire pour leur permettre de s’échapper. Cependant, seul un petit groupe de civils pouvait être vu dans la vidéo.
« Je vous supplie d’arrêter tout cela, donnez-nous le couloir pour faire sortir les gens, pour faire sortir les femmes, les enfants, les blessés… », déclare un narrateur à lunettes (voir ci-dessous) dans la vidéo.
Depuis que la Russie a lancé son invasion, les soldats du bataillon Azov ont été filmés en train d’empêcher les civils de quitter Marioupol — ils ont même forcé des hommes à sortir de leur voiture et les ont brutalement agressés alors qu’ils tentaient de franchir les points de contrôle paramilitaires. Si l’on en croit les témoignages de nombreux habitants de Marioupol, Azov a utilisé nombre d’entre eux comme boucliers humains.
Le 12 mars, un message glaçant est apparu sur la chaîne Telegram de Dmitriy Steshen, correspondant à Marioupol pour le journal russe Komsomolskaya Pravda.
Ce jour-là, selon Steshen, des habitants de la région lui ont dit qu’un prétendu bombardement russe de la mosquée Kanuni Sultan Suleyman de Marioupol, construite par les Turcs, était un faux drapeau destiné à « entraîner la Turquie dans la guerre », et ont prévenu qu’une attaque sous faux drapeau contre le théâtre d’art dramatique de Marioupol était imminente.
Le message Telegram était le suivant :
Regardez ce que nos lecteurs de Marioupol nous ont envoyé. Si l’information peut être vérifiée, elle doit être mise en évidence [pour les médias] :
« Zelensky prépare deux provocations [sous faux drapeau] à Marioupol !!! L’une des provocations est dirigée contre les citoyens turcs, qui se sont cachés dans la mosquée construite par Akhmetov, et cette provocation a déjà commencé avec les tirs d’artillerie ukrainiens sur le terrain de la mosquée, depuis leurs positions à [Zinsteva] Balka au [bas] Nizhniaya Kirvoka. Zelensky n’a pas réussi à entraîner l’UE, les États-Unis et le Royaume-Uni dans la guerre contre la Fédération de Russie. Aujourd’hui, Zelensky tente d’entraîner la Turquie dans cette guerre, en misant sur le caractère émotionnel explosif et l’amour que les fidèles portent à leurs sanctuaires sacrés.
La deuxième provocation [sous faux drapeau] que Zelensky prépare à l’intention des médias occidentaux, après la provocation ratée de la maternité [de Marioupol], consiste en ce que des soldats ukrainiens, en collaboration avec l’administration du théâtre d’art dramatique, ont rassemblé des femmes, des enfants et des personnes âgées de Marioupol dans le bâtiment du théâtre d’art dramatique, afin — si l’occasion s’en présentait — de faire exploser le bâtiment et de crier au monde entier que cette action a été menée par l’armée de l’air de la Fédération de Russie et qu’il devrait y avoir immédiatement une “zone d’exclusion aérienne” au-dessus de l’Ukraine. »
Le message de Steshin relatant les avertissements des habitants de Marioupol a été vu par plus de 480 000 utilisateurs de Telegram. Il figure ci-dessous et peut également être consulté ici.
Le 12 mars, des médias occidentaux comme l’Associated Press ont repris les affirmations du gouvernement ukrainien selon lesquelles la mosquée turque de Marioupol avait été bombardée par la Russie avec 80 civils à l’intérieur, dont des enfants.
Cependant, les médias d’État turcs ont révélé que le gouvernement ukrainien avait trompé les journalistes occidentaux. La mosquée Kanuni Sultan Suleyman était non seulement entièrement intacte, mais elle n’avait jamais été touchée par les tirs russes.
« Notre mosquée n’a subi aucun dommage », a déclaré Ismail Hacioglu, chef de l’association de la mosquée, à l’agence turque Andalou le 12 mars.
Toujours rempli de civils, le théâtre de Marioupol était le prochain sur la liste des cibles.
Moins de 48 heures après l’annonce des affirmations démenties d’une attaque russe contre la mosquée de Marioupol, des couloirs humanitaires se sont finalement ouverts autour de la ville. La fuite de milliers de civils vers les positions militaires russes a davantage affaibli le bataillon Azov, qui utilisait les habitants de Marioupol comme garantie dans sa tentative d’imposer une zone d’exclusion aérienne.
Le 16 mars, alors que son armée s’effondrait sous l’assaut russe, le président ukrainien et acteur-comédien bien connu Zelensky s’est présenté en vidéo pour une intervention soigneusement scénarisée et élaborée devant une assemblée de membres impressionnés du Congrès des États-Unis.
« I Have A Dream [Je fais un rêve]. Ces mots sont connus de chacun d’entre vous aujourd’hui. Je peux dire que j’ai un besoin. J’ai besoin de protéger notre ciel », a proclamé Zelensky. Le président ukrainien a ainsi invoqué les mots les plus célèbres du militant antiguerre le plus vénéré d’Amérique, Martin Luther King Jr, pour appeler à la création d’une zone d’exclusion aérienne qui mettrait en confrontation directe les armées des États-Unis et de la Russie, dotées d’armes nucléaires.
Quelques heures seulement après le discours de Zelensky, la nouvelle est arrivée directement du service de presse du bataillon Azov indiquant que la Russie avait bombardé le théâtre de Marioupol.
Disposant d’un monopole sur les informations provenant du lieu de l’attaque présumée, en l’absence d’autres organes de presse, le service de presse d’Azov a diffusé des photos du bâtiment détruit aux médias du monde entier.
Le filigrane du bataillon Azov est clairement visible dans le coin inférieur droit de l’image ci-dessous. La photo du bataillon Azov a été republiée par des médias internationaux, dont Sky News , mais avec la marque paramilitaire masquée. Lorsque le South China Morning Post a publié l’image, il a supprimé le filigrane et crédité « Azov Battalion via AP ».
Parmi les premières personnalités des médias anglophones à transmettre à un large public le récit de l’incident élaboré par le gouvernement ukrainien figure Illia Ponomarenko, une journaliste de Kiev formée aux États-Unis, qui a réussi à rassembler plus d’un million de followers sur Twitter depuis le début de l’invasion russe.
Il se trouve que Ponomarenko travaille pour le Kyiv Independent, un journal qui a été l’une des armes étatsuniennes d’information les plus efficaces en Ukraine. Le journal a été créé avec l’aide de la National Endowment for Democracy, une officine du renseignement US, et avec une « subvention d’urgence » de sa cousine financée par l’UE, la European Endowment for Democracy.
Pour sa part, Ponomarenko a qualifié le bataillon Azov de « frères d’armes » et s’est vantée de « se détendre » avec ses combattants près des « lignes ennemies ».
Apparemment emporté par le maelström émotionnel inspiré par les nouvelles de Marioupol, le président Joseph Biden a qualifié son homologue russe, Vladimir Poutine, de « criminel de guerre », de « dictateur meurtrier » et de « pur voyou ».
Ensuite, Human Rights Watch a publié un communiqué de presse rédigé à la hâte, intitulé « Le théâtre de Marioupol touché par une attaque russe a abrité des centaines de personnes ». L’ONG soutenue par un milliardaire a reconnu qu’elle n’avait interrogé aucun habitant de Marioupol après l’attaque, et n’a fourni aucune preuve pour démontrer la responsabilité russe. En effet, la seule source de HRW désignant la Russie comme coupable était le gouverneur ukrainien de Donetsk.
L’armée russe était-elle à ce point assoiffée de sang — et politiquement autodestructrice — qu’elle a délibérément visé un bâtiment dont on savait qu’il était rempli d’enfants ? Ou bien la prédiction d’un faux drapeau faite par les habitants de Marioupol quatre jours auparavant s’était-elle réalisée ?
Bien qu’Azov se targue d’avoir une unité de presse sophistiquée qui filme ses exploits sur le terrain, et que les soldats publient même les vidéos les plus banales d’eux-mêmes sur les médias sociaux, les images filmées du bombardement du théâtre restaient introuvables.
Les photos fournies par Azov aux médias en Ukraine et à l’étranger montrent invariablement le théâtre bombardé sans aucune personne en vue, vivante ou morte.
Un jour avant le bombardement, le 15 mars, un groupe d’hommes en âge de porter les armes a été photographié devant le théâtre de Marioupol. Aucune femme n’était visible sur l’image. On peut voir ces personnes placer des palettes contre le côté du bâtiment, transporter de gros objets dans l’enceinte du théâtre et abattre un sapin.
Selon le rapport de Human Rights Watch sur l’incident du théâtre, qui ne contient aucun témoignage local recueilli après l’attaque, les hommes étaient en train de « faire cuire de la nourriture sur un feu à l’extérieur et de collecter de l’eau dans des seaux ».
Comme on peut le voir ci-dessous, des palettes et d’autres objets étaient empilés contre la même zone du bâtiment touché par une charge explosive le jour suivant.
Alors que le théâtre semble avoir été lourdement endommagé — « ils ont réduit le bâtiment en cendres », a déclaré Ponomarenko —, il s’avère que l’explosion n’a tué personne.
« C’est un miracle », s’est exclamée la journaliste du Kyiv Independent.
Le 17 mars, dans un reportage de 7 minutes mêlant informations et agitation-propagande, ABC News a affirmé que tous les civils avaient été sauvés du théâtre, mais que « des centaines de personnes étaient toujours portées disparues ». Les données sur le théâtre de taille modeste reproduites sur sa page Wikipédia ukrainienne indiquent que la capacité maximale est de 680 places, ce qui soulève des questions sur la façon dont des « centaines » de personnes auraient pu tenir dans le sous-sol.
En outre, ABC a affirmé que le théâtre avait été touché par un bombardement d’artillerie russe, et non par une « bombe russe larguée par avion » comme l’ont affirmé Ponomarenko et beaucoup d’autres.
Les médias ukrainiens, quant à eux, ont manifesté leur confusion quant à l’incident. Le média 0629 a tenté d’expliquer la disparition mystérieuse du millier de civils qui auraient été présents dans le théâtre en affirmant qu’ils avaient été évacués vers la ville de Zaporojié un jour avant la prétendue attaque. « Nous attendons les informations officielles vérifiées, et nous ne nous précipitons pas sur les conclusions », a déclaré le journal.
Alors que les habitants de Marioupol affluaient hors de la ville par les couloirs humanitaires de l’armée russe, des témoignages ont commencé à émerger sur les attaques impitoyables d’Azov contre les civils en fuite — et sur une tromperie majeure au théâtre local.
Le 17 mars, une jeune femme a livré un récit révélateur de la situation à l’intérieur de Marioupol à ANNA (Abkhazian Network News Agency / Agence de presse du réseau abkhaze).
« Les combattants d’Azov se cachaient simplement derrière nous », a-t-elle déclaré à un journaliste. « Nous étions leurs boucliers humains, c’est tout. Ils cassaient tout, tout autour de nous, ils ne nous laissaient pas sortir. Nous avons passé 15 jours dans un sous-sol, avec des enfants… Ils ne nous donnaient pas d’eau, rien. »
Décrivant comment le bataillon Azov a placé ses chars devant les abris anti-bombes locaux, la femme a donné un détail révélateur : « Quand ils sont partis », dit-elle en parlant du bataillon Azov, « ils ont détruit le théâtre. On nous a amené des gens avec des éclats d’obus ».
De nombreux évacués se sont fait l’écho du témoignage de la femme sur le fait qu’Azov détenait des civils de Marioupol en tant qu’otages, et ont déclaré avoir été pris pour cible par des tirs d’armes à feu alors qu’ils s’échappaient par les couloirs humanitaires.
« Ils ont tout brûlé », a rappelé une femme âgée aux médias russes. « Ils ont bombardé tout [mon] appartement […]. Ils sont entrés par effraction et se sont assis là, à faire des cocktails Molotov. Je voulais entrer, prendre mes affaires, mais ils m’ont dit : “Non, vous n’avez rien à faire ici”. »
À la question d’un journaliste qui lui demandait qui l’avait attaquée et avait envahi son domicile, la femme a répondu : « Eh bien, les Ukrainiens, bien sûr. »
Un homme intercepté par un journaliste de l’ANNA après s’être échappé de Marioupol a retenu ses larmes en montrant du doigt les positions de l’armée ukrainienne. « Azov, cette saloperie… les gens ont essayé d’évacuer… Azov… ils ont exécuté les gens… les monstres, la racaille… ils les ont abattus, des bus entiers. »
« L’armée ukrainienne nous tirait dessus, tirait sur les gens », a déclaré un autre homme qui a fui Marioupol. « Juste devant notre maison. »
« L’Ukraine ne nous a pas laissés quitter la ville, nous étions bloqués », a déclaré un autre évacué. « Les militaires ukrainiens sont arrivés et ont dit, en aucun cas vous ne devez quitter la ville si la Fédération de Russie ouvre un corridor humanitaire pour vous. Nous voulons continuer à vous utiliser comme boucliers humains. »
Le bombardement du théâtre d’art dramatique régional de Donetsk à Marioupol était-il une attaque sous faux drapeau exécutée par les extrémistes d’Azov pour déclencher l’intervention de l’OTAN, comme l’ont prétendu certains résidents ? Si tel est le cas, ce n’était pas la première tromperie cynique déployée par le gouvernement ukrainien pour attirer l’Occident dans le conflit, et il est peu probable que ce soit la dernière.
Le 16 mars, le jour de l’incident au théâtre, le secrétaire d’État des États-Unis, Antony Blinken, a déclaré : « Nous sommes réellement préoccupés par le fait que la Russie pourrait utiliser une arme chimique, une autre arme de destruction massive. » Dans la foulée, Blinken a fait référence à la Syrie de manière accusatrice en affirmant que « nous les avons vus utiliser ou consentir à l’utilisation [d’armes chimiques] ».
C’est en Syrie que l’administration du président Barack Obama a imposé sa politique de « ligne rouge », déclarant que toute attaque chimique déclencherait automatiquement une réponse militaire des États-Unis. Cette politique a ouvert la voie à une série d’incidents qui semblent avoir été perpétrés par des forces syriennes d’opposition soutenues par l’étranger pour contraindre les États-Unis à intervenir contre Damas.
Lors de l’incident le plus meurtrier, des centaines de civils ont été tués lorsque des roquettes remplies de sarin ont été tirées — apparemment depuis un territoire contrôlé par les insurgés — sur plusieurs sites de la Ghouta, dans la banlieue de Damas, le 21 août 2013. Après qu’Obama a accusé le gouvernement syrien et s’est préparé à lancer des frappes, des fonctionnaires dissidents de l’administration ont révélé aux médias que les renseignements qui accusaient Damas n’étaient en fait pas « irréfutables », une référence claire aux fabrications de la CIA avant la guerre d’Irak. Le journaliste Seymour Hersh a par la suite rapporté que les États-Unis avaient recueilli des renseignements significatifs indiquant la culpabilité des insurgés dans la Ghouta. Ce sont ces informations, a rapporté Hersh, qui ont convaincu Obama d’abandonner sa soi-disant « ligne rouge ».
Sous la présidence de Donald Trump, les États-Unis ont tenté de faire revivre la « ligne rouge » en bombardant la Syrie en raison d’allégations d’armes chimiques en 2017 et 2018. Mais des preuves importantes dans les deux cas indiquent des incidents mis en scène par des insurgés. Dans le cas de l’incident d’avril 2017 à Khan Cheikhoun, Trump a ignoré les renseignements et a lancé des frappes aériennes contre l’armée syrienne. Et dans la banlieue de Damas, à Douma, l’année suivante, les enquêteurs de l’OIAC n’ont trouvé aucune preuve d’une attaque chimique, mais ont vu leurs conclusions trafiquées et censurées alors que les responsables des États-Unis s’efforçaient de faire pression sur l’organisation et de la corrompre.
Comme l’a déclaré au journaliste Charles Glass un ancien ambassadeur des États-Unis au Moyen-Orient, « la “ligne rouge” était une invitation ouverte à une opération sous faux drapeau ».
Les allégations douteuses d’une attaque russe contre le théâtre de Marioupol n’ont pas réussi à déclencher la ligne rouge de l’administration Biden. La question est maintenant de savoir jusqu’où le gouvernement ukrainien est prêt à aller pour déclencher la zone d’exclusion aérienne dont il a besoin pour éviter la défaite imminente de ses forces militaires.
Sources :
Untermensch (pluriel : Untermenschen), littéralement « sous-homme », est un terme utilisé par les nazis pour décrire des « êtres inférieurs » non aryens, souvent qualifiés de « hordes de l’Est », c’est-à-dire les Juifs, les Roms et les Slaves — principalement les Polonais, les Serbes et les Russes. Le terme s’est également appliqué aux Noirs, aux mulâtres et temporairement aux peuples finno-ougriens. Les Juifs devaient être exterminés dans la Shoah, ainsi que les Roms et les handicapés physiques et mentaux. Selon le Generalplan Ost, la population slave ou juive de l’Europe centrale devait être éliminée, soit par des massacres comme la Shoah, soit par des expulsions massives vers l’Asie ou par la réduction au statut d’esclaves, conformément à la politique raciale nazie. (NdT)
[Source : article de Wikipédia, version du 29 octobre 2021 à 19 h 51] ↩
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