La version préliminaire d’un rapport de l’ONU conclut qu’Israël a atteint le seuil du génocide

La version préliminaire
d’un rapport de l’ONU
conclut qu’Israël a atteint
le seuil du génocide

Par Brett Wilkins

Une publication Common Dreams


Terrorisme Guerre Droits de l’homme
Israël Palestine États-Unis
Article

Traduit de l’anglais par EDB () • Langue originale : anglais


« Le génocide perpétré par Israël contre les Palestiniens de Gaza est une étape de l’escalade dans un processus d’anéantissement colonialiste de longue date. »

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Le jour même où le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une résolution exigeant un cessez-le-feu immédiat dans la guerre en cours, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a publié lundi un document faisant état de « motifs raisonnables de croire » qu’Israël commet un génocide à Gaza.

Cette version préliminaire non révisée (advance unedited version) du rapport intitulé « Anatomie d’un génocide » conclut que le gouvernement d’extrême droite d’Israël et son armée « ont intentionnellement déformé les principes du jus in bello,1 subvertissant leurs fonctions protectrices, dans le but de légitimer la violence génocidaire à l’encontre du peuple palestinien ».

« La nature et l’ampleur écrasante de l’assaut israélien sur Gaza et les conditions de vie destructrices qu’il a causées révèlent une intention de détruire physiquement les Palestiniens en tant que groupe. » Le document énumère les actions israéliennes qui violent l’article II de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide : « tuer des membres du groupe ; infliger aux membres du groupe une atteinte grave à leur intégrité physique ou mentale ; soumettre intentionnellement le groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ».

« Israël a de facto traité tout un groupe protégé et son infrastructure vitale comme “terroriste” ou “soutenant le terrorisme”, transformant ainsi tout et tout le monde en cible ou en dommage collatéral, donc tuable ou destructible. De cette manière et par définition, aucun Palestinien de Gaza n’est en sécurité. Cela a eu des effets dévastateurs et intentionnels, coûtant la vie à des dizaines de milliers de Palestiniens, détruisant le tissu de la vie à Gaza et causant des dommages irréparables à l’ensemble de la population. »

Rohan Talbot : « Alors que le Conseil de sécurité de l’ONU a finalement adopté une résolution appelant à un cessez-le-feu à #Gaza, le rapport de la rapporteure spéciale de l’ONU @FranceskAlbs a atterri et donne à réfléchir :
“Il y a des motifs raisonnables de croire que le seuil indiquant qu’Israël a commis un #genocide est atteint.” »

Israël a rejeté le rapport en le qualifiant d’« inversion obscène de la réalité ».

Selon les responsables humanitaires palestiniens et internationaux, l’assaut israélien sur Gaza, qui dure depuis 171 jours, a tué au moins 32 333 Palestiniens, dont la plupart sont des femmes et des enfants, en a blessé près de 75 000 autres et a déplacé environ 90 % des 2,3 millions d’habitants de Gaza. Des milliers d’autres Palestiniens sont portés disparus et l’on pense qu’ils sont morts ou enterrés sous les décombres des bâtiments bombardés. La famine meurtrière et les maladies causées et exacerbées par le siège et le blocus de Gaza par Israël se propagent rapidement.

« Le génocide perpétré par Israël contre les Palestiniens de Gaza est une étape de l’escalade dans un processus d’anéantissement colonialiste de longue date », est-il expliqué dans le rapport. « Depuis plus de sept décennies, ce processus étouffe le peuple palestinien en tant que groupe — sur le plan démographique, culturel, économique et politique — dans le but de le déplacer, de l’exproprier et de contrôler ses terres et ses ressources. »

Se référant à la fuite et au nettoyage ethnique de plus de 750 000 Arabes de Palestine lors de la création de l’État moderne d’Israël en 1948, le document ajoute que « la Nakba en cours doit être arrêtée et il faut y remédier une fois pour toutes. C’est un impératif que l’on doit aux victimes de cette tragédie qui aurait pu être évitée, ainsi qu’aux générations futures de ce pays ».

Le rapport exhorte les États membres de l’ONU à « appliquer l’interdiction du génocide conformément à leurs […] obligations » en vertu du droit international. En janvier, la Cour internationale de justice (CIJ) des Nations unies a estimé qu’il était « plausible » qu’Israël perpètre un génocide à Gaza et a ordonné au gouvernement du pays de « prendre toutes les mesures en son pouvoir » pour prévenir les actes génocidaires. Les défenseurs des droits de l’homme affirment qu’Israël n’a pas tenu compte de cet ordre.

« Israël et les États, qui se sont rendus complices de ce que l’on peut raisonnablement considérer comme un génocide, doivent rendre des comptes et fournir des réparations à la hauteur de la destruction, de la mort et du préjudice infligés au peuple palestinien. »

Le document recommande notamment les mesures suivantes :

  • Mise en œuvre immédiate d’un embargo sur les armes à destination d’Israël, étant donné qu’il apparaît que les mesures contraignantes ordonnées par la CIJ n’ont pas été respectées ;
  • Renvoi immédiat de la situation en Palestine à la Cour pénale internationale pour soutenir son enquête en cours ;
  • S’assurer qu’Israël, ainsi que les États qui ont été complices du génocide de Gaza, reconnaissent le mal colossal qui a été fait, s’engagent à ne pas le répéter, avec des mesures de prévention et des réparations complètes, y compris le coût total de la reconstruction de Gaza ;
  • Déployer une présence internationale protectrice pour limiter la violence régulièrement utilisée contre les Palestiniens dans les territoires occupés ; et
  • Veiller à ce que l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) soit correctement financé pour lui permettre de répondre aux besoins accrus des Palestiniens de Gaza.

Alors même que les Palestiniens meurent de faim, Israël a informé lundi les Nations unies qu’il n’autoriserait plus les convois de l’UNRWA transportant de l’aide alimentaire dans le nord de Gaza, une décision qu’un militant humanitaire a qualifiée de « condamnation à mort ».

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Le rapport des Nations unies :

« Anatomie d’un génocide » (Francesca Albanese)
[a-hrc-55-73-auv.pdf]

Sources :


  1. La théorie de la guerre juste peut être divisée en trois catégories selon Walzer :

    – Le jus ad bellum concerne les causes de la guerre ;

    – Le jus in bello concerne la justice du comportement des différents intervenants pendant le conflit ;

    – Le jus post bellum concerne la phase terminale et les accords de paix qui doivent être équitables pour toutes les parties.

    [Source : article de Wikipédia, version du 28 octobre 2023 à 20 h 15]

    (NdT) 

 

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