Traduit de l’anglais par EDB () • Langue originale : anglais |
Le 23 décembre 2024, le journal israélien Haaretz a publié une enquête extraordinaire sur l’« impact » de la « brutalité » exercée par les forces d’occupation sionistes sur la « santé mentale » de leurs propres militants1 — plus précisément, le « préjudice moral » subi par les soldats de Tel-Aviv lors de la perpétration d’un génocide sans complexe à Gaza. Tout en se donnant beaucoup de mal pour dépeindre les Israéliens comme les victimes ultimes de l’Holocauste du XXIe siècle qu’ils sont en train de commettre, le reportage peu remarqué du journal a offert un aperçu approfondi et sans précédent des horreurs routinières infligées aux Palestiniens par l’entité, avant et après le 7 octobre 2023.
L’auteur de l’article, ainsi qu’un « officier de bien-être social » des forces d’occupation sionistes, ont mené, des décennies auparavant, des recherches universitaires sur les raisons pour lesquelles les soldats de Tel-Aviv commettent régulièrement les atrocités les plus sadiques que l’on puisse imaginer à l’encontre de Palestiniens innocents. Ces recherches ont suivi la première Intifada, 1987-1993, au cours de laquelle l’entité a brutalement réprimé la légitime résistance palestinienne à l’occupation illégale et immorale par Israël de leurs terres historiques. Le travail de recherche conjoint des deux hommes a permis de recueillir de nombreuses preuves de première main de la cruauté sioniste, les soldats des forces d’occupation sionistes s’étant candidement « ouverts » à eux.
Les deux chercheurs ont identifié des « groupes » distincts de soldats des forces d’occupation sionistes, « basés sur des traits de personnalité ». Il y avait tout d’abord une faction « impitoyable et insensible », qui « commettait les atrocités les plus graves » et « considérait la brutalité comme l’expression de la force et de la masculinité ». Le « pouvoir » qu’ils ressentaient en servant dans l’armée génocidaire d’Israël était « enivrant ». L’un d’eux a décrit avec vantardise comment il n’avait « aucun problème » à brutaliser et à assassiner des femmes, tout en précisant comment il avait donné un coup de pied à une Palestinienne, si fort que les os de l’aine s’étaient « brisés » et qu’« elle ne peut plus avoir d’enfants aujourd’hui » :
« C’est comme une drogue […] vous avez l’impression d’être la loi, de faire les règles. Comme si, à partir du moment où vous quittez l’endroit appelé Israël et entrez dans la bande de Gaza, vous êtes Dieu. »
Pendant ce temps, un autre militant radical des forces d’occupation sionistes « a tiré quatre fois dans le dos d’un Arabe », à une distance d’à peine dix mètres, « et s’en est tiré en invoquant la légitime défense ». Le tueur a admis qu’il s’agissait d’un « meurtre de sang-froid » et que « nous faisions des choses comme ça tous les jours ». Un autre encore se souvient qu’un jeune Palestinien marchait tranquillement dans une rue, vaquant à ses affaires, lorsque les forces sionistes ont ouvert le feu. « Bang, une balle dans l’estomac », et il était « en train de mourir sur le trottoir ». Les soldats israéliens se sont ensuite « éloignés en voiture, indifférents » à leur victime.
Selon Haaretz, « ces soldats étaient sans remords et n’ont pas signalé de préjudice moral ». Néanmoins, quelques-uns des criminels de guerre génocidaires impliqués ont été « condamnés par des tribunaux militaires » pour leurs actes horribles, ce qui leur a laissé un sentiment « d’amertume et de trahison ». Les meurtriers qui sont restés impunis ont été tacitement aidés par « un petit groupe idéologiquement violent [qui] a soutenu la brutalité ». Bien que n’ayant pas « pris part » aux meurtres directement, « ils croyaient en la suprématie juive et dénigraient les Arabes » ; ils étaient ainsi déterminés à fermer les yeux.
Pendant ce temps, les membres d’un « groupe important » de soldats des forces d’occupation sionistes, « sans aucune tendance à la violence avant », sont devenus insensibles et inhumains sous l’influence de leurs supérieurs et des « normes » de leur unité. « J’avais l’impression d’être […] un nazi […] on aurait dit que nous étions les nazis et qu’ils étaient les Juifs. » Un autre a témoigné de la façon dont un « nouveau commandant », au cours de leur « première patrouille » ensemble et aux premières heures du matin, a hideusement mutilé un enfant palestinien sans défense :
« Il n’y a pas âme qui vive dans les rues, juste un petit garçon de quatre ans qui joue dans le sable de son jardin. Le commandant se met soudain à courir, attrape le garçon et lui casse le bras au niveau du coude, ainsi que la jambe […] Il lui marche sur le ventre trois fois et s’en va. Nous sommes tous restés là, bouche bée […] Il m’a dit : “Ces enfants doivent être tués dès le jour de leur naissance.” Quand un commandant fait ça, ça devient légitime. »
Pourtant, certains conscrits des forces d’occupation sionistes « se sont opposés à l’influence de groupes insensibles et idéologiques » sur la « culture » de l’armée de l’entité sioniste, et ont courageusement « pris une position morale et dénoncé les atrocités » dont ils avaient été les témoins, voire les participants directs. Bien qu’ils aient été « au début intimidés par des commandants brutaux », ils ont tiré la sonnette d’alarme. Leur récompense a été d’être « sévèrement harcelés et ostracisés » par les autorités de l’entité sioniste. L’un d’entre eux a été révoqué définitivement pour ses révélations. « Traumatisés » et « déprimés », ils ont ensuite fui Israël.
Un autre lanceur d’alerte, qui a osé exprimer clairement son opposition personnelle aux ordres officiels qui équivalaient à « raser Gaza » et nécessitaient des « crimes contre l’humanité », a été victime d’un « ostracisme social sévère » pour son refus d’obtempérer et sa volonté de rendre publics les objectifs effrayants dont il avait la charge. Comme conséquence, il a subi des brimades et des pressions pour quitter son unité, et est retourné « psychologiquement brisé » à la vie civile. On ne peut que s’attendre à de tels mauvais traitements, compte tenu de la culture institutionnelle générale des forces d’occupation et de la nature intrinsèquement génocidaire de l’idéologie putride du sionisme.
Comme le note Haaretz, en octobre 2024, plusieurs criminels de guerre des forces d’occupation sionistes ont prononcé, débordant de joie, des éloges lors des funérailles de Shuvael Ben-Natan, un militant radical de l’entité neutralisé pendant l’invasion sioniste du Liban. Un des individus présents à la cérémonie s’est vanté que son camarade décédé « était entré à Gaza pour se venger », tandis qu’un deuxième a raconté avec exaltation comment Ben-Natan avait assassiné un Palestinien de 40 ans « qui récoltait des olives avec ses enfants en Cisjordanie ». D’autres encore se souviennent avec nostalgie que leur ami « a remonté le moral des habitants de Gaza en mettant le feu à une maison sans autorisation ».
Les compagnons de guerre criminels de Ben-Natan ont également profité de ses funérailles pour « [déclarer ouvertement] leur engagement à poursuivre le feu et la vengeance dans la bande de Gaza, au Liban et en Cisjordanie ». Nous assistons aujourd’hui à des scènes écœurantes qui se déroulent en temps réel. Parallèlement, d’autres atrocités sionistes comparables, voire pires, sont bien cachées au public, perpétrées dans des « centres de détention » de masse tels que Sde Teiman. Haaretz évoque les « sévères abus sexuels » auxquels sont soumis les détenus palestiniens sur le site comme « un microcosme de la brutalisation dans la guerre actuelle ».
Les viols et les tortures sexuelles à Sde Teiman sont si répandus et si impitoyables qu’un « médecin aguerri » a alerté les autorités. Résultat : neuf soldats de réserve de Tsahal « ont été arrêtés par la suite, soupçonnés de sodomie aggravée et d’autres formes d’abus ». Haaretz suggère qu’il y a également 36 enquêtes en cours sur la mort de détenus palestiniens de Sde Teiman depuis le 7 octobre 2023. Des « soldats anonymes », consultés par le journal, ont amplement témoigné de la façon dont « un discours de haine et de vengeance a normalisé les mauvais traitements infligés aux détenus » dans l’établissement.
Il s’agissait notamment « de violences graves et arbitraires fréquentes, d’humiliations et avilissements, de privations de nourriture délibérées et d’autres pratiques abusives ». Un « jeune étudiant » appelé à rejoindre les forces d’occupation sionistes, qui a été le témoin direct de la sauvagerie à Sde Teiman, a parlé d’une profusion de « personnes sadiques », « qui prenaient du plaisir à faire souffrir les autres ». Les soldats anonymes ont déclaré qu’il était « très inquiétant […] de voir avec quelle facilité et quelle rapidité les gens ordinaires peuvent se détacher et ne pas voir la réalité sous leurs yeux lorsqu’ils se trouvent dans une situation humaine difficile et choquante ».
Un « médecin réserviste » affecté à Sde Teiman s’est fait l’écho de ces commentaires, en évoquant une « déshumanisation totale » sur l’ensemble du site. Il est toutefois frappant de constater que les déclarations indiquent une complicité personnelle intime dans les actes horribles perpétrés à l’encontre de Palestiniens innocents détenus, et à propos desquels le jeune étudiant était si affligé. L’absence évidente de remords des médecins quant aux mauvais traitements qu’ils infligent personnellement aux captifs était, sans équivoque, extrême. Ces médecins ont laconiquement justifié leurs actes par la « normalisation » des horribles sévices infligés dans le centre de détention :
« On ne les traite pas vraiment comme des êtres humains […] le plus dur pour moi, c’est […] ce que je n’ai pas ressenti […] Ça me dérange que ça ne m’ait pas dérangé. »
Une autre réserviste des forces d’occupation sionistes affectée sur le site — décrite par Haaretz comme étant « retenue » — aurait préservé ses « normes » morales « en s’échappant de l’établissement ». Elle affirme avoir été « effrayée » par la « déshumanisation » généralisée et les « attitudes dangereuses » qu’elle a rencontrées sur place. Son expérience a été si « traumatisante » qu’elle a réussi à être « libérée » de ses fonctions « avec l’aide d’un psychiatre ». Plus généralement, de tels points de vue, a-t-elle déploré, sont « devenus plus normaux dans notre société ». Haaretz abonde dans ce sens, en notant que les responsables gouvernementaux s’engagent régulièrement dans une « rhétorique de la haine et de la vengeance ».
Cet encouragement, au niveau de l’État, ouvert au massacre gratuit — qui constitue une preuve irréfutable de l’intention génocidaire de l’entité sioniste — va de pair avec une « dégradation » des « systèmes de justice civile et militaire » d’Israël. La documentation témoignant des actes monstrueux commis par les militants armés des forces d’occupation sionistes est volumineuse. Souvent, ils se filment, remplis d’allégresse, en train de maltraiter et de tuer des captifs, de tirer sur des Palestiniens agitant des drapeaux blancs, de massacrer des femmes et des enfants, de piller des maisons abandonnées, de détruire gratuitement des biens abandonnés, et bien d’autres choses encore. Malgré cette abondance de preuves, les enquêtes officielles sur les abus des forces d’occupation sionistes, sans parler des poursuites judiciaires, ont été « insignifiantes ».2
Les organes de presse mainstream sont engagés dans une conspiration du silence sur le génocide de Gaza. La distanciation, le langage évasif, l’omission et d’autres subterfuges sont systématiquement utilisés pour minimiser ou justifier purement et simplement l’éradication féroce du peuple palestinien par l’entité. Les révélations et la condamnation contenues dans l’enquête de Haaretz n’apparaîtront sans doute jamais dans les médias occidentaux. Pourtant, il est clair que son auteur considère les abus des forces d’occupation sionistes comme fondamentalement aberrants et hérétiques, résultant de « l’influence perverse de […] soldats insensibles et idéologiquement violents ».
En réalité, les atrocités sont et ont toujours été inscrites dans les gènes des forces d’occupation. Après tout, le sionisme repose sur la suprématie ethnique, le déplacement de populations et le vol de terres. Son armée agira donc invariablement en conséquence. Le partage de la Palestine a été proposé pour la première fois par la commission britannique Peel en octobre 1937. De nombreux sionistes étaient en colère, car la portion de territoire palestinien qui leur était accordée était jugée trop petite. Toutefois, David ben Gourion, largement considéré comme le père d’Israël — il en a également été le tout premier Premier ministre —, a vigoureusement rejeté leurs préoccupations :
« Cela ne nous dérange pas que, par cette acquisition, nous ne soyons pas en possession de toute la terre. C’est parce que : cette augmentation de la possession n’est pas seulement importante en soi, mais aussi parce qu’elle nous permet d’accroître notre force, et que tout accroissement de la force contribue à la possession de la terre dans son ensemble. L’établissement d’un État, ne serait-ce que sur une partie de la terre, est […] un puissant stimulant pour notre entreprise historique visant à libérer le pays tout entier. »
Sources :
Source de l’illustration d’en-tête : En dehors de la boîte
Spécification par EDB
Image générée par DALL·E via ChatGPT (OpenAI)
Retouche numérique par EDB
Le terme est utilisé dans son acception anglaise (militant) : personne prête à combattre par la violence pour atteindre un objectif. Dans la suite du texte, nous conservons le terme français « militant » (sans italique), mais nous lui associons certains qualificatifs en fonction du contexte : militant radical, militant armé… (NdT) ↩
Dans le texte original en anglais : “minuscules” (NdT) ↩
Paramétrage
|
|||||
Aspect :
|