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« Israël fait pression sur les autres pour qu’ils dénoncent le procès dans l’espoir de persuader la Cour internationale de justice de prendre une décision basée sur la politique plutôt que sur les faits », a déclaré l’un des critiques.
Le gouvernement israélien a lancé une campagne de pression auprès des gouvernements du monde entier pour qu’ils dénoncent publiquement la plainte pour génocide déposée par l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice (CIJ), laquelle s’apprête ce jeudi à tenir des audiences sur les accusations détaillées.
Selon un câble obtenu par Axios, le ministère israélien des Affaires étrangères appelle chaque ambassade de son pays à faire pression sur les diplomates et les dirigeants politiques du pays hôte pour qu’ils publient une « déclaration immédiate et sans équivoque selon les termes suivants : Déclarer publiquement et clairement que VOTRE PAYS rejette les allégations scandaleuses, absurdes et sans fondement faites à l’encontre d’Israël ».
Le câble prévient qu’« une décision de la Cour pourrait avoir des implications potentielles significatives qui ne se limitent pas au monde juridique, mais qui ont des ramifications pratiques bilatérales, multilatérales, économiques et sécuritaires ». Israël cherche à empêcher une injonction lui ordonnant de suspendre son attaque contre Gaza.
Yousef Munayyer, analyste politique américain d’origine palestinienne, a qualifié la campagne de lobbying d’Israël de « tentative d’intimidation des juges » de la CIJ, organe judiciaire principal des Nations unies qu’Israël boycottait jusque là.
L’ancien directeur exécutif de Human Rights Watch, Kenneth Roth, a déclaré que le câble montrait qu’Israël était « manifestement inquiet d’un jugement sur le fond dans l’action intentée par l’Afrique du Sud ».
« Israël fait pression sur les autres pour qu’ils dénoncent le procès dans l’espoir de persuader la Cour internationale de justice de prendre une décision basée sur la politique plutôt que sur les faits », a écrit Roth sur les réseaux sociaux.
Les États-Unis, principal allié et fournisseur d’armes d’Israël, ont déjà rejeté la plainte de l’Afrique du Sud, la qualifiant de « totalement dénuée de fondement », même si l’administration Biden n’a pas formellement évalué si Israël respectait le droit humanitaire international lors de son assaut contre la bande de Gaza — assaut qui entre maintenant dans son quatrième mois et dont on ne voit pas la fin.
Des avocats ont averti les responsables des États-Unis qu’ils pourraient être complices de génocide s’ils continuaient à armer Tsahal qui a commis des atrocités avec des armes américaines.
Un observateur des droits de l’homme estime qu’environ 4 % de la population de Gaza a été tuée, blessée ou portée disparue lors de la guerre menée par Israël contre le territoire palestinien.
Raz Segal, historien israélien et spécialiste des génocides, a qualifié l’assaut israélien de « cas d’école de génocide », défini par le droit international comme « un crime commis dans l’intention de détruire tout ou partie d’un groupe national, ethnique, racial ou religieux ».
La requête de 84 pages déposée par l’Afrique du Sud auprès de la CIJ, composée de 15 juges élus, contient plusieurs pages de citations de hauts responsables israéliens — dont le Premier ministre Benyamin Netanyahou, le président Isaac Herzog et le ministre de la Défense Yoav Gallant — exprimant ce que la requête qualifie d’« intention génocidaire à l’encontre du peuple palestinien ».
Quelques jours après l’attaque du Hamas contre le sud d’Israël, Gallant a déclaré que « nous combattons des animaux humains ». Cette remarque faisait suite à son annonce d’un « siège complet » de la bande de Gaza, privant de nourriture, d’eau et d’autres aides essentielles la population désespérée de l’enclave — une décision largement décriée comme une punition collective illégale.
« Des déclarations similaires ont été faites par des responsables, des conseillers et des porte-parole de l’armée israélienne, ainsi que par d’autres personnes travaillant avec les troupes israéliennes déployées à Gaza », peut-on lire dans la requête de l’Afrique du Sud, qui a été soutenue par la Turquie, la Malaisie et la Jordanie. Dans d’autres pays, des experts juridiques, des avocats et des législateurs ont exhorté leurs gouvernements à rejoindre la coalition.
Moshe Saada, membre israélien de droite à la Knesset, a déclaré la semaine dernière que « mes amis du bureau du procureur, qui se sont battus avec moi sur des questions politiques, lors de débats, me disent : “Moshe, il est clair que tous les habitants de Gaza doivent être détruits.” ».
Israël, qui est signataire de la Convention sur le génocide qu’il est accusé d’avoir violée, aurait l’intention de faire valoir devant la CIJ que certains des responsables cités dans la requête de l’Afrique du Sud « ne sont pas des décideurs » et que ceux qui le sont « ne pensaient pas ce qu’ils disaient ».
La campagne d’Israël contre la plainte pour génocide déposée par l’Afrique du Sud intervient après que les ministres de la Sécurité nationale et des Finances du pays ont suscité une condamnations internationale — y compris de la part des États-Unis — pour avoir recommandé l’expulsion permanente des Palestiniens de la bande de Gaza, où 90 % de la population a été déplacée à l’intérieur du pays en raison de l’assaut israélien en cours.
De tels commentaires ne se démarquent guère des actions de l’armée israélienne et des déclarations de Netanyahou : ce dernier aurait cherché des pays prêts à « absorber » les déplacés de Gaza. Le Times of Israel a rapporté la semaine dernière que des responsables israéliens « ont eu des entretiens clandestins avec la nation africaine du Congo et plusieurs autres pour l’acceptation potentielle d’émigrants provenant de Gaza ».
« De plus en plus, il semble que l’Amérique finance une guerre visant à expulser les habitants de Gaza », a écrit vendredi Michelle Goldberg, chroniqueuse au New York Times.
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