Traduit de l’anglais par EDB () • Langue originale : anglais |
Malheureusement, après des décennies de déformations racistes par les sionistes et les États occidentaux impériaux qui les soutiennent, et compte tenu de la dépendance difficile à éviter à l’égard des grands médias occidentaux dominants et partiaux, même les partisans cohérents de la cause palestinienne prennent parfois pour des faits des notions qui ont fini par être généralement acceptées comme « vraies » (sans savoir qu’une enquête critique peut les réfuter).
Les réactions à la violence actuelle à Gaza, et en provenance de Gaza, varient comme suit :
- Les dirigeants israéliens, une grande partie du public israélien et les sionistes occidentaux, assoiffés de vengeance, appellent à des massacres génocidaires et/ou à des opérations de nettoyage ethnique à grande échelle contre la population de Gaza.
- Israël et ses alliés impériaux occidentaux (États-Unis et autres) éludent les causes réelles (les griefs palestiniens pour lesquels les appels pacifiques à la réparation restent invariablement sans réponse) ; et ils condamnent tout recours à la résistance violente de la part des Palestiniens persécutés de longue date.
- De nombreux partisans de la gauche libérale, manifestement obsédés par une volonté de se démarquer de tous les « terroristes » désignés par les États-Unis et de garder leur distance avec les autres prétendus ennemis de la « démocratie », font toujours précéder toute condamnation des crimes israéliens contre les Palestiniens d’une condamnation absolue de l’attaque lancée le 7 octobre contre Israël par les forces de la résistance à Gaza. De cette manière, ils promeuvent une fausse équivalence morale entre la violence de l’opprimé et celle de l’oppresseur.
- Quelques partisans de la cause palestinienne ont affirmé que toutes les souffrances des Israéliens à la suite de l’attaque du 7 octobre par les résistants de Gaza étaient méritées, faisant ainsi preuve d’un manque de considération et d’empathie pour les victimes innocentes de cette attaque. En fait, les victimes innocentes sont généralement inévitables en temps de guerre, même dans les guerres justes et nécessaires, mais elles méritent néanmoins que l’on soit en sympathie avec elles.
- Les militants convaincus de la justice sociale condamnent la persécution sioniste du peuple palestinien ; reconnaissent le droit des opprimés à résister, y compris par la violence lorsqu’il n’y a pas d’alternative viable ; admettent les fautes et les erreurs évidentes des forces de résistance ; et compatissent avec toutes les victimes innocentes, qu’elles aient été délibérément visées ou qu’elles aient été inévitablement prises entre deux feux.
Malheureusement, après des décennies de déformations racistes par les sionistes et les États occidentaux impériaux qui les soutiennent, et compte tenu de la dépendance difficile à éviter à l’égard des grands médias occidentaux dominants et partiaux, même les partisans cohérents de la cause palestinienne prennent parfois pour des faits des notions qui ont fini par être généralement acceptées comme « vraies » (sans savoir qu’une enquête critique peut les réfuter). Par conséquent, des erreurs peuvent être commises lorsqu’il y a précipitation dans le jugement et la publication sans remise en question ni examen minutieux permettant de vérifier quels sont les faits réels pertinents.
L’actuelle guerre de Gaza ne peut être comprise pleinement et avec précision que lorsqu’elle est replacée dans le contexte de l’histoire juive et palestinienne.
Antérieurement au XVIe siècle avant notre ère, le territoire situé sur le bord oriental de la Méditerranée était peuplé de petites cités-États cananéennes. Aux Xe et IXe siècles avant notre ère, trois petits royaumes (Israël, Juda et Philistie) occupaient la région au sud du Liban. Depuis la conquête assyrienne (VIIIe siècle avant notre ère) jusqu’en 1917, le territoire a presque toujours été sous la domination d’une succession d’empires, le dernier étant l’Empire ottoman. Tout au long de ces siècles, divers épisodes d’oppression et de révolte, ainsi que des opportunités dans d’autres lieux, ont entraîné une importante diaspora judéenne/juive. Après que l’Empire romain a fait du christianisme trinitaire la religion établie (IVe siècle de notre ère), la population de Palestine a commencé à se convertir de plus en plus (du judaïsme, du samaritanisme, du paganisme, d’autres formes de christianisme, etc.). De même, après la conquête par le Premier Empire islamique, la population s’est progressivement convertie à l’islam, jusqu’à ce qu’elle soit musulmane à plus de 80 % au milieu du XIXe siècle. La Grande-Bretagne impériale, qui a conquis la région en 1917, a reçu un mandat de la Société des Nations sur la Palestine, qui était définie précisément comme le territoire situé entre le Jourdain et la mer Méditerranée. Depuis lors, le terme « Palestine » désigne généralement le territoire sous mandat « du fleuve à la mer », malgré les objections des sionistes (qui affirment qu’une plus grande étendue de terre leur revient de droit ou qu’il n’existe pas de pays comme la Palestine ni de peuple comme les « Palestiniens »).
Les Juifs européens ont connu des siècles de persécution (ségrégation dans des ghettos, impositions abusives et pogroms) sous les autocraties européennes chrétiennes médiévales. À la fin du XIXe siècle et au début du XXe, les militants juifs ont réagi aux pogroms et autres persécutions les plus récentes de deux manières opposées : les laïcs antiracistes (démocrates libéraux et socialistes) s’efforçaient, avec les gentils [nom donné aux non-juifs par les anciens Hébreux (NdT)] qui partageaient leurs idées, d’obtenir l’égalité des droits pour les Juifs dans leur pays d’origine ; par contre, définissant la présence juive dans les pays gentils comme un « problème juif »,1 les sionistes ont adopté une tout autre démarche avec une conception raciale des Juifs2 ; ils ont cherché à déplacer les Juifs d’Europe vers des colonies en Palestine, où ils avaient l’intention de faire partir la population indigène pour y établir un « État juif ».3
Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale (1939-45), les organisations sionistes étaient régulièrement de connivence avec les gouvernements judéophobes (y compris l’Allemagne nazie) pour faciliter l’expulsion des Juifs (avec une préférence pour l’émigration en Palestine).4 De plus, face aux persécutions extrêmes de l’Allemagne nazie (1933-39) et comme lors de la Conférence d’Évian (1938), l’Organisation sioniste (créée en 1897) a découragé les efforts visant, pour ces Juifs européens, à trouver refuge dans des pays autres que la Palestine (par exemple, aux États-Unis, au Canada, en Australie, en Amérique Latine…).
Contrairement à ce qui s’est passé dans une grande partie de l’Europe, les Juifs palestiniens (environ 4 % de la population en 1880) ont vécu amicalement avec leurs voisins musulmans et chrétiens, jusqu’à l’arrivée des colonisateurs sionistes européens au début du XXe siècle. La colonisation sioniste a été parrainée par certains capitalistes juifs européens et américains qui ont fourni l’argent nécessaire à l’acquisition de terres (généralement auprès de propriétaires souvent absents qui possédaient la plupart des terres arables). Les sionistes ont ensuite expulsé les métayers arabes indigènes, violant ainsi les droits traditionnels de ceux-ci. En outre, l’organisation sioniste de parrainage (l’Agence juive) et son organisme propriétaire (le Fonds national juif) exigeaient que les employeurs juifs n’embauchent que des Juifs et interdisaient la vente aux Arabes de toute terre appartenant à des Juifs. Cette discrimination raciale était une pratique courante dans les colonies sionistes et, comme on pouvait s’y attendre, elle a provoqué le ressentiment des Arabes palestiniens à l’égard des colons sionistes.
[UNISPAL: Origins… (Part I) ~ §§ V, VI]
Après que d’autres puissances colonialistes ont rejeté les demandes sionistes, la Grande-Bretagne impériale a décidé, avec sa déclaration Balfour (en 1917), de soutenir le projet sioniste d’établissement d’un État colonial européen de colons juifs en Palestine.5 La Grande-Bretagne voyait cet État comme un protectorat utile [UNISPAL: Origins… (Part I) ~ § II] permettant de projeter la puissance impériale et commerciale britannique sur une partie du monde dans laquelle le capital et l’empire étaient déjà fortement investis (notamment dans l’Anglo-Persian Oil Company [aujourd’hui, BP], Shell Oil, et le canal de Suez).
Tout au long de son règne (1917-48) sur la Palestine, la Grande-Bretagne a fait confiance aux sionistes en refusant de remplir ses obligations (conformément à l’article 22 du Pacte de la Société des Nations), qui exigeaient de la puissance mandataire qu’elle respecte les souhaits de la population du pays et qu’elle prépare celui-ci à l’indépendance en établissant un organe de gouvernement représentatif démocratiquement élu [UNISPAL: Origins… (Part I) ~ §§ IV-IX]. Pourquoi ? Parce qu’un tel organe se serait sans aucun doute opposé à la poursuite des efforts visant à transformer la Palestine en un État-nation sioniste et aurait exigé la fin de l’immigration sioniste illimitée, des acquisitions de terres sionistes, des expulsions de métayers arabes et des pratiques d’emploi discriminatoires sur le plan racial.
Pendant les deux premières décennies de la domination coloniale, la Grande-Bretagne a refusé de prendre en considération les appels et les manifestations, pour la plupart pacifiques, visant à remédier aux griefs des Palestiniens. Lorsque les Palestiniens ont finalement perdu patience et se sont révoltés (1936-1939), la Grande-Bretagne a armé, entraîné et utilisé des milices sionistes pour aider à mater cette révolte par une répression violente massivement meurtrière, tuant des milliers d’Arabes palestiniens. Ces milices allaient, en 1948, constituer l’armée israélienne.
[UNISPAL: Origins… (Part II) ~ §§ I-IV]
L’Organisation des Nations unies (ONU), alors composée de 57 membres et dominée principalement par des États européens et américains dirigés par des élites blanches et/ou eurocentriques,[*] a proposé (en 1947) une partition de la Palestine (dont la population était alors composée de 32 % de Juifs et de 68 % d’Arabes) de telle sorte qu’un « État juif » disposerait de 55 % du territoire, un État arabe palestinien de 42 % et que les 3 % autour de Jérusalem seraient sous l’administration de l’ONU. En outre, l’« État juif » devait régner sur une énorme minorité arabe (plus de 40 % des Arabes palestiniens), tandis que l’« État arabe » ne compterait pratiquement aucun Juif. La démocratie représentative était manifestement jugée inacceptable là où les Arabes étaient majoritaires, mais acceptable là où les Juifs (pour la plupart des colons récemment immigrés d’Europe) étaient majoritaires.
[* Bien que les populations de la plupart des pays d’Amérique latine soient majoritairement non blanches (indigènes, métisses, etc.), leurs élites dirigeantes appartenaient à des groupes raciaux (blancs et/ou métis) qui s’identifiaient à leur héritage ethnique européen.]
[UNISPAL: Origins… (Part II) ~ § V]
Les milices sionistes ont mené une guerre de conquête terroriste au cours de laquelle elles ont massacré des villageois palestiniens pacifiques, se sont emparées et ont annexé (1947-49) la moitié du territoire alloué par l’ONU à l’État arabe palestinien et ont expulsé par la force plus de 80 % des Palestiniens (directement et/ou par la menace terroriste) du territoire qui est passé sous le contrôle d’Israël. Quatre États arabes sont intervenus militairement, en utilisant des forces militaires pour la plupart mal entraînées et mal équipées pour défendre les Palestiniens de manière inefficace. L’État sioniste a confisqué tous les biens des Palestiniens expulsés (qu’il a empêchés de revenir) et près de 40 % des propriétés foncières des Palestiniens restés sur son territoire. Il a également soumis ces derniers à un régime militaire répressif pendant les 18 années qui ont suivi.6
Israël lance des guerres de conquête surprises (1956 et 1967). Les pressions américaines l’ont contraint à renoncer à ses conquêtes de 1956 (Gaza et le Sinaï) et à abandonner son projet de s’emparer de la Cisjordanie et d’une partie de la Syrie et du Liban. L’assentiment des États-Unis, en 1967, a permis à Israël de s’emparer de la plupart des territoires qu’il avait voulu annexer en 1956. Depuis 1967, la domination israélienne (sur Gaza, Jérusalem-Est, la Cisjordanie, le Golan syrien et les fermes de Chebaa au Liban) a soumis leurs populations arabes à des violations persistantes des droits de l’homme, et ce jusqu’à aujourd’hui.
Les agressions meurtrières d’Israël contre ses voisins (en particulier la Syrie et le Liban) se poursuivent jusqu’à aujourd’hui. Outre les violations répétées du territoire, ces agressions comprennent de multiples invasions militaires à grande échelle du Liban. Parmi celles-ci, l’utilisation d’une fausse allégation d’implication de l’OLP dans une tentative d’assassinat d’un ambassadeur israélien a servi de prétexte à l’invasion et à l’occupation (1982) de 40 % du Liban, dans une tentative finalement infructueuse d’imposer un régime client soumis. Bilan : Arabes (Libanais, Palestiniens et Syriens), 14 000 à 19 000 morts (essentiellement des civils) ; Israéliens, moins de 400 (essentiellement des soldats). Israël s’est partiellement retiré jusqu’en 1985, mais (bien que la plupart des forces de résistance palestiniennes aient été éliminées en 1982) il a occupé une partie du Sud-Liban jusqu’à ce que la résistance armée libanaise persistante (le Hezbollah, Amal et des unités de l’armée libanaise) l’oblige à se retirer (en 2000).
Depuis la guerre de l’Axe (1939-45), les sionistes et leurs partisans ont manipulé la sympathie populaire pour les victimes juives de l’Holocauste européen afin d’obtenir un soutien à leur cause. Ils parlent comme si les Juifs étaient les seules victimes des massacres délibérés perpétrés par les nazis (massacres systématiques et programmes de famine délibérés dans les territoires occupés et les camps de prisonniers de guerre). En réalité, le nombre de morts s’élève à plus de 17 millions (au moins 11 millions de Slaves, quelque 5,9 millions de Juifs et probablement plus de 250 000 Roms). Les sionistes et leurs partisans insistent sur le fait que le monde doit expier le génocide des six millions de Juifs en leur accordant la Palestine pour un « État juif », mais ils ignorent le fait que la justice exigerait qu’une telle compensation soit supportée par l’Europe chrétienne, qui a perpétré et/ou permis le génocide, et non par les Arabes palestiniens, qui n’y ont pas pris part.
Les sionistes et leurs partisans tentent régulièrement de réduire au silence les opposants au sionisme et ceux qui dénoncent les crimes israéliens contre l’humanité en les qualifiant d’« antisémites ». Ils utilisent ce mot exclusivement pour désigner la judéophobie (la haine des Juifs), même si les victimes arabes du sionisme sont également sémites par leur langue et leur origine ancestrale. Lorsque les opposants sont des Juifs, ce qui est le cas de beaucoup d’entre eux, les sionistes les dénigrent et les rejettent systématiquement en les qualifiant de « Juifs qui se haïssent eux-mêmes ». Alors que les sionistes salissent obsessionnellement leurs critiques antiracistes, ils accordent généralement beaucoup moins d’attention aux individus réellement judéophobes. Face à l’opposition croissante des peuples aux crimes contre le peuple palestinien, les États qui soutiennent Israël ont adopté de plus en plus de lois qui criminalisent les activités de libre expression en faveur des Palestiniens. Ces lois interdisent notamment la participation au mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) et définissent l’opposition au sionisme comme de l’« antisémitisme », en utilisant la définition sioniste de l’IHRA (International Holocaust Remembrance Alliance / Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste) qui inclut dans l’« antisémitisme » l’opposition à l’existence d’Israël en tant qu’État suprémaciste juif.
Israël, ses alliés occidentaux et leurs grands médias présentent le Hamas comme une organisation « génocidaire » et « terroriste ». Les faits pertinents, énumérés ci-dessous, ne sont généralement pas rapportés, sont déformés ou sont falsifiés.
Le Hamas est né (1987) en Palestine d’une transformation de la Mujama al-Islamiya, qui avait été créée (1973) en tant que filiale palestinienne des Frères musulmans. Contrairement à la confrérie, le Hamas a adopté une orientation politique palestinienne de libération nationale.
Comme les Frères, la Mujama al-Islamiya adhère à une approche salafiste (patriarcale et théocratique) de la gouvernance, alors qu’une majorité de Palestiniens préfèrent la laïcité progressiste de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Cependant, les motivations de l’alliance occidentale et d’Israël pour condamner le Hamas n’ont rien à voir avec ses tendances salafistes ; elles sont uniquement dues à sa résistance militante à l’oppression sioniste des Palestiniens. En fait, les partisans occidentaux d’Israël ne se plaignent pas lorsque des États arabes autocratiques (Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Qatar), alliés de l’Occident, imposent des politiques patriarcales et théocratiques similaires à celles embrassées par la doctrine de la confrérie. Il convient de noter que la doctrine et la pratique réelle du Hamas (depuis qu’il a obtenu le pouvoir) ont été incohérentes. Par exemple, à Gaza, une faction locale (ainsi que certains groupes islamistes rivaux) a périodiquement tenté d’imposer l’interprétation frériste de la charia (y compris le hijab) par le biais de coercitions et de persécutions religieuses, au mépris de la politique contraire prescrite par la direction plus permissive du Hamas. En fait, cette direction (bien qu’elle adopte encore des vues patriarcales largement répandues sur le rôle des femmes) n’a pas décrété une telle imposition.
La plupart des commentateurs ne font aucun effort pour reconnaître les différences entre le Jihad islamique palestinien (JIP) et le Hamas. Le JIP (fondé en 1981) est, contrairement au Hamas, une organisation de libération nationale palestinienne purement anticoloniale et anti-impérialiste. Alors que le Hamas est un mouvement à multiples facettes (politique, religieux et social), le JIP est strictement une organisation d’activistes révolutionnaires. Le JIP, contrairement à la faction théocratique du Hamas, ne s’intéresse pas aux impositions religieuses islamistes ; il n’est « islamiste » que dans la mesure où il embrasse le principe islamique de la lutte (le djihad) contre l’injustice. En tant qu’organisations de libération nationale, le Hamas et le JIP, bien que leurs visions doctrinales et stratégiques divergent, coopèrent largement dans la lutte commune contre l’oppression israélienne.
Gaza (ainsi que la Cisjordanie, Jérusalem-Est, le Golan syrien et les fermes de Chebaa au Liban) était, et reste, sous occupation israélienne répressive depuis la guerre de conquête de 1967. Dès sa fondation, la Mujama al-Islamiya (en tant qu’organisation islamiste salafiste) a rivalisé avec l’OLP laïque pour obtenir le soutien des Palestiniens, et cette concurrence a parfois débouché sur des affrontements violents. Israël a exploité cet antagonisme en autorisant les activités de l’organisation islamiste comme alternative à l’OLP, beaucoup plus populaire, qui représentait alors la résistance palestinienne militante à l’occupation et à la persécution israéliennes.
La répression israélienne permanente (saisie de terres pour l’implantation de colonies illégales, détentions arbitraires, torture des détenus, couvre-feux de plusieurs jours, assassinats indiscriminés, déportations, démolitions de maisons, etc.) a provoqué une résistance massive et spontanée, la première Intifada (1987-93), qui s’est traduite par des grèves, des boycotts, des manifestations de masse, des barrages routiers, des jets de pierres et de bombes à essence contre la police israélienne (qui avait l’habitude d’utiliser la violence pour réprimer les manifestations), et d’autres actes de désobéissance civile.
Les ministres israéliens ont répondu par des appels à l’expulsion totale de la population palestinienne (une politique extrême qui ne pouvait être tolérée par les alliés occidentaux d’Israël en quête de crédibilité auprès des États arabes). L’intensification aveugle de la répression israélienne a touché tous les Palestiniens, qu’ils soient islamistes ou sympathisants de l’OLP. Certains dirigeants de la Mujama al-Islamiya, craignant que l’inaction ne les rende inutiles, ont décidé de rejoindre cette résistance militante ; ils ont alors créé le « Hamas » (acronyme arabe de « Mouvement de résistance islamique »).
Au cours de la première année de l’Intifada, il y a eu une politique d’adhésion quasi totale (prescrite par une direction locale influencée par l’OLP) consistant à s’abstenir de mener des attaques meurtrières contre les Israéliens. Néanmoins, Israël a répondu à l’Intifada par sa politique de la « main de fer », en recourant notamment à la force létale, tuant finalement 1 087 Palestiniens, dont 240 enfants.
Lorsque l’OLP dominée par le Fatah a accepté, lors des négociations d’Oslo, de reconnaître « l’État juif » sur 78 % de la Palestine — en échange de promesses trompeuses de négociations en vue de la création d’un État palestinien sur les 22 % de la Palestine alors classés comme territoires occupés par Israël —, elle a effectivement abandonné la revendication des droits de l’homme de tous les Palestiniens dans l’ensemble de la Palestine et dans la diaspora. En fait, aucun gouvernement israélien n’a jamais été disposé à accepter un État palestinien véritablement indépendant et souverain dans une quelconque partie de la Palestine, ni à accorder l’égalité des droits aux Arabes palestiniens dans une quelconque partie du territoire, ni à autoriser le retour des réfugiés palestiniens.
Les accords d’Oslo ont donné naissance à l’Autorité nationale palestinienne (ANP), dominée par le Fatah. Il s’agissait d’un quasi-gouvernement pour la Cisjordanie et la bande de Gaza, qui s’est transformé en un régime client corrompu n’ayant aucune capacité effective d’empêcher les accaparements de terres par Israël (que tous les gouvernements israéliens ont activement encouragés depuis la conquête de 1967) et les nombreuses autres persécutions des Palestiniens qu’il est censé servir. La réponse palestinienne à Oslo a été divisée, le Hamas et ses alliés (y compris le JIP), ainsi que certaines factions de l’OLP, refusant de concéder la légitimité à l’État sioniste. Que cela nous plaise ou non, le Hamas est devenu peu après la principale force organisée de la résistance palestinienne (c’est pourquoi il a remporté les élections législatives dans toute la Palestine, en 2006).
Les États-Unis et leurs principaux alliés se joignent à Israël pour qualifier le Hamas d’organisation « génocidaire » et « terroriste » haïssant les Juifs. Il est vrai que la première charte du Hamas (1988), qui prône la lutte armée pour libérer la Palestine de l’occupation israélienne, reprenait certains clichés judéophobes (articles 7, 22, 28, 32). Toutefois, conformément à cette charte, le Hamas « s’efforce d’élever la bannière d’Allah sur chaque centimètre carré de la Palestine [afin que] les adeptes de toutes les religions puissent coexister dans la sécurité et la sûreté en ce qui concerne leurs vies, leurs biens et leurs droits » (article 6) ; et il « est guidé par la tolérance islamique lorsqu’il traite avec les adeptes d’autres religions [ce qui inclut le christianisme et le judaïsme] » (article 31). Les affirmations selon lesquelles le Hamas voulait tuer tous les Juifs ou les tuer parce qu’ils étaient juifs reposent sur des interprétations hors contexte de références à d’anciennes citations islamiques concernant des communautés juives spécifiques qui étaient alors en guerre contre la communauté musulmane. En outre, sa charte révisée (2017) abandonne les clichés judéophobes susmentionnés et déclare clairement (article 16) que son combat est dirigé contre les oppresseurs sionistes et non contre les Juifs en général. Si le Hamas estime que toute la Palestine devrait être gouvernée par un État officiellement islamique, il souscrit à l’obligation coranique (sourate 2, verset 62) de respecter les droits des non-musulmans pacifiques (y compris les Juifs résidents) à vivre et à prospérer sur le territoire tant qu’ils n’oppriment pas d’autres personnes.
Jusqu’à ce que les forces israéliennes tuent plus de 20 Palestiniens non armés qui protestaient contre le massacre de 29 fidèles musulmans dans le caveau des Patriarches [ou la mosquée d’Abraham (NdT)] (1994) par un extrémiste israélien haïssant les Arabes, la politique du Hamas consistait à éviter de prendre pour cible des civils israéliens. Depuis lors, le Hamas, comme Israël, a autorisé ses forces à attaquer toute cible ennemie, civile ou militaire, alors que l’État sioniste, tout au long de son existence, s’est régulièrement livré à de tels massacres aveugles de Palestiniens. En outre, le Hamas a proposé à plusieurs reprises de mettre fin aux attaques violentes contre les Israéliens à condition qu’Israël lui rende la pareille, ce qui n’a jamais été le cas très longtemps. En Israël, et dans les pays occidentaux qui le soutiennent, les attaques du Hamas sont toujours qualifiées de « terrorisme », alors que les violences israéliennes bien plus massives contre les Palestiniens (y compris les civils non armés des deux sexes et de tous âges) ne le sont jamais.
En 2008, un petit groupe de sympathisants d’AQ s’est organisé à Gaza sous le nom de Jund Ansar Allah (JAA / Soldats des partisans d’Allah). Ses membres ont dénoncé le Hamas : pour avoir été « trop indulgent » en n’appliquant pas la charia, et pour « ne pas être différent d’un État nationaliste laïque ». Les JAA ont également mené des attaques violentes (y compris des attentats à la bombe) contre les habitants de Gaza qu’ils considéraient comme transgressant la morale islamiste, et ils ont déclaré un « Émirat islamique » à Gaza. Le Hamas a alors pris des mesures énergiques pour supprimer les JAA. Il s’est également opposé à d’autres groupes salafistes et djihadistes de Gaza qui se sont ralliés à AQ ou à l’EI. Alors qu’AQ et l’EI s’opposent aux élections démocratiques et aux compromis politiques pragmatiques, le Hamas les adopte. Alors que les premiers font la guerre aux prétendus apostats et infidèles et condamnent le Hamas pour sa tolérance, celui-ci, conformément au Coran, accepte (bien que certains partisans locaux aient parfois agi différemment) une diversité religieuse respectueuse. Malgré les faits, Israël et ses apologistes persistent à propager des mensonges pour assimiler le Hamas à Al-Qaïda et consorts.
Le Hamas a surpris Israël et les États-Unis en remportant les élections législatives palestiniennes (janvier 2006) et en obtenant ainsi le droit de diriger l’Autorité nationale palestinienne. L’obstruction d’Israël et de l’Occident a empêché toute élection palestinienne ultérieure. Israël et ses alliés occidentaux ont réagi au résultat des élections de 2006 en exigeant du Hamas qu’il renonce à son engagement en faveur des droits fondamentaux des Palestiniens en légitimant l’apartheid israélien et le nettoyage ethnique.
Cette demande visait à obtenir un refus de la part du Hamas, afin que cela puisse servir de prétexte à des actes destinés à paralyser ses efforts pour gouverner. Au mépris de la volonté de l’électorat palestinien, les États-Unis ont alors fait pression sur le président de l’ANP, Mahmoud Abbas (du Fatah), pour qu’il démette l’administration du Hamas élue en toute équité. Le Premier ministre du Hamas (Ismaël Haniyeh) a tenté de surmonter l’hostilité en demandant au Fatah de participer à un gouvernement d’unité (ce que le Fatah a refusé) et en incitant les ministres du Hamas à démissionner officiellement de leurs fonctions au sein du Hamas, mais en vain. En outre, Abbas, sous la pression des États-Unis, a provoqué une lutte de pouvoir (à Gaza) pour le contrôle des services de sécurité dans le but de saper et de marginaliser l’administration du Hamas. Le violent conflit qui en a résulté s’est achevé par le contrôle ferme du Hamas à Gaza et par le contrôle partiel du Fatah en Cisjordanie, dont la majeure partie était et est toujours sous le contrôle de l’armée israélienne.
Le Hamas a proposé à plusieurs reprises (depuis 2006) la paix par la hudna (trêve islamique d’une décennie renouvelable qui résout les questions sur lesquelles un accord actuel peut être obtenu tout en négociant sur les questions restantes dans le but de parvenir à un accord de paix final). Les conditions de la trêve proposée par le Hamas devaient inclure l’acceptation provisoire par celui-ci d’Israël en tant que réalité existentielle actuelle, en échange d’un État palestinien dans les territoires occupés avec Jérusalem-Est comme capitale (comme l’OLP, sauf que le Hamas ne concéderait pas de légitimité aux nettoyages ethniques de 1948 et 1967 ni à la suprématie raciale et au caractère d’apartheid de l’État sioniste). Le Hamas continuerait à rechercher l’acceptation par Israël de tous les droits civils et humains des Palestiniens (ce qui aurait pour effet de mettre fin à son apartheid, à son nettoyage ethnique, à ses autres persécutions et à son maintien en tant qu’« État juif »). Israël, prenant pour prétexte le refus du Hamas de reconnaître de jure l’apartheid raciste de l’« État juif », a toujours refusé de négocier un quelconque accord de paix.
Depuis la fin de la deuxième Intifada (2005), le Hamas a cherché à plusieurs reprises à conclure des accords de cessez-le-feu avec Israël et, lorsque c’était possible, il l’a fait. En fait, depuis qu’il cherche à jouer un rôle dans le gouvernement, le Hamas a manifestement pris au sérieux son obligation de servir le peuple palestinien. D’autres groupes de résistance, souvent au mépris du Hamas, ont parfois commis des violations à petite échelle des cessez-le-feu, généralement en réponse à la violence israélienne. Alors que le Hamas s’est efforcé de préserver les cessez-le-feu, Israël a perpétré à plusieurs reprises des violations majeures, provoquant ainsi la reprise d’un conflit violent.
Israël et toutes les factions importantes de la résistance palestinienne (y compris le Hamas) ont convenu (en février et mars 2005) d’un cessez-le-feu en vertu duquel la résistance cesserait ses attaques violentes contre les Israéliens à condition qu’Israël cesse ses opérations militaires contre les organisations de la résistance. Bien que le Hamas ait respecté cet accord de cessez-le-feu, Israël a réagi à la victoire électorale du Hamas (janvier 2006) en imposant à Gaza un blocus économique étouffant (un acte de guerre, ainsi qu’un acte de punition collective qui est illégal en vertu du droit international). Ce blocus a fini par interdire l’accès à un tiers des terres arables de Gaza, déjà limitées, et à 85 % de ses zones de pêche. En outre, Israël a violé de manière flagrante le cessez-le-feu en assassinant (juin 2006) le chef de la sécurité nommé par le Hamas (Jamal Abu Samhadana). Le Hamas a réagi en reprenant ses attaques contre Israël, qui a alors commencé à bombarder Gaza dans le cadre de l’opération « Pluies d’été ». Bilan : 416 morts Palestiniens de Gaza (pour la plupart des non-combattants) et 11 parmi les Israéliens.
Un cessez-le-feu de six mois obtenu par médiation a pris fin (4 novembre 2008) avec un raid israélien qui a tué plusieurs Palestiniens à Gaza. Les organisations de résistance ont répondu par des tirs de roquettes sur Israël. L’État sioniste a alors lancé l’opération « Plomb durci », bombardant Gaza en décembre et l’envahissant en janvier. Les crimes de guerre israéliens comprenaient l’utilisation d’enfants palestiniens comme boucliers humains et l’utilisation d’armes au phosphore blanc dans l’indifférence des horribles blessures qu’elles causent aux civils (deux crimes de guerre au regard du droit international). Amnesty International et d’autres enquêteurs indépendants n’ont trouvé aucune preuve des allégations israéliennes selon lesquelles le Hamas avait l’habitude d’utiliser des civils comme boucliers humains ou d’utiliser des établissements de santé comme bases pour des opérations militaires. Bilan : 1 400 Palestiniens morts (85 % de non-combattants) et 13 parmi les Israéliens.
Israël a non seulement refusé de lever le siège économique étouffant de Gaza, mais il a également assassiné (9 mars 2012, par frappe aérienne) le secrétaire général (Zuhair al-Qaisi) des Comités de résistance populaire (alors le troisième groupe de résistance armée à Gaza), provoquant ainsi des attaques à la roquette en représailles de la part des groupes de résistance à Gaza. Israël a alors entamé son opération « Retour d’écho » (consistant en de nouvelles frappes aériennes meurtrières). Bilan : 28 Palestiniens morts et aucun parmi les Israéliens.
Les attaques israéliennes répétées (à partir de juillet 2012) contre des pêcheurs, des agriculteurs et d’autres civils palestiniens ont provoqué de nouveaux affrontements. Le Hamas et le JIP ont proposé (12 novembre) des discussions pour établir un cessez-le-feu. Deux jours plus tard, Israël a assassiné le chef militaire du Hamas (Ahmed Jabari) à Gaza, provoquant ainsi une escalade des attaques des deux côtés. Les forces israéliennes ont alors lancé l’opération « Pilier de défense », un bombardement massif qui a touché quelque 1 500 sites à Gaza (y compris des immeubles d’habitation). Bilan : 174 Palestiniens morts (60 % de non-combattants) et 6 parmi les Israéliens.
Le Hamas et Israël ont accepté un cessez-le-feu sous médiation (21 novembre 2012). Israël a violé ce cessez-le-feu dès le lendemain, tuant un agriculteur palestinien et blessant 19 autres habitants de Gaza. Une semaine plus tard, les forces israéliennes ont ouvert le feu sur un bateau de pêche palestinien pacifique. Le 30 novembre, des soldats israéliens ont tué un autre homme à Gaza. Le 1er décembre, le JIP a averti qu’il répondrait militairement à toute nouvelle violation israélienne. Au cours des trois premiers mois du cessez-le-feu, les tirs israéliens sur Gaza ont fait quatre morts et 91 blessés ; il y a eu 13 incursions armées israéliennes à Gaza et une trentaine d’attaques contre des pêcheurs gazaouis.
Ces attaques ont provoqué des tirs de roquettes depuis Gaza par le JIP et d’autres groupes de résistance, attaques qu’Israël a ensuite utilisées comme prétexte à de nouvelles autres et à l’intensification du blocus. Malgré tout, le Hamas a respecté l’accord de cessez-le-feu et a agi, avec un certain succès, pour minimiser les ripostes des autres groupes de résistance. Après que le président de l’ANP, Abbas, a accepté d’inclure le Hamas dans un gouvernement d’unité (formé le 2 juin 2014), Israël — opposé à toute direction palestinienne unifiée — a agi pour le détruire. Plus précisément, Israël a intensifié ses attaques contre les Palestiniens, provoquant ainsi davantage de tirs de roquettes depuis Gaza. Finalement, le Hamas, incapable de persuader les forces de résistance armées de renoncer aux tirs de roquettes en représailles contre Israël, a abandonné (début juillet) le cessez-le-feu déjà inefficace. Israël a alors répondu (8 juillet 2014) par une invasion terrestre et des bombardements sur Gaza (opération « Bordure protectrice »). Bilan : 2 300 Gazaouis (65 % de civils) morts et 73 parmi les Israéliens (tous excepté cinq étaient des soldats).
Les multiples provocations israéliennes (avril et mai 2021) à Jérusalem [notamment la confiscation de maisons palestiniennes à Jérusalem-Est à des fins de nettoyage ethnique (en violation du droit international), la violence débridée des colons, le harcèlement policier des résidents palestiniens, les invasions policières et l’interdiction d’accès des musulmans à la mosquée Al-Aqsa] ont entraîné des tirs de roquettes du Hamas et du JIP sur Israël. Celui-ci a réagi (16 au 21 mai 2021) en bombardant Gaza (opération « Gardiens des murs »). Bilan : 256 Palestiniens morts et 13 parmi les Israéliens. 72 000 habitants de Gaza ont été déplacés par les bombardements israéliens.
Le Hamas et le JIP avaient démontré leur volonté d’établir et de maintenir des trêves (à long terme et à court terme) avec l’État sioniste. Cependant, Israël s’attendait manifestement, malgré les cessez-le-feu en vigueur, à pouvoir perpétrer en toute impunité des attaques, y compris des assassinats, contre les organisations de la résistance palestinienne. Lorsque celles-ci ont répondu par des contre-attaques, Israël a soumis Gaza à une violence extrêmement disproportionnée. En outre, le gouvernement israélien actuel, extrêmement raciste, a multiplié les persécutions et les violations des droits de l’homme des Palestiniens : impunité pour les attaques des colons contre les Palestiniens de Cisjordanie, intensification de l’accaparement des droits à la terre et à l’eau, dépossessions et expulsions, détentions arbitraires, augmentation des meurtres de Palestiniens non armés, blocage de l’accès pour les musulmans à la mosquée Al-Aqsa, assassinats continus de dirigeants de la résistance, etc. Finalement, le Hamas a répondu par l’opération « Déluge d’Al-Aqsa » (7 octobre 2023) contre les forces israéliennes dans les zones autour de Gaza.
La nature de la guerre est telle qu’il serait irréaliste de supposer qu’aucun des combattants de Gaza le 7 octobre (dont certains n’étaient affiliés ni au Hamas ni au JIP) n’a commis d’excès en violation des règles d’engagement du Hamas ou dans le feu de l’action. Cela dit, les allégations sensationnalistes de massacres commis par ces combattants sont fondamentalement fausses (réfutées plus bas et dans les sources citées).
« 1 400 » Israéliens « innocents » assassinés (7 octobre) par le Hamas ? En fait, environ 200 parmi les tués étaient apparemment des combattants de la résistance gazaouie, et le nombre réel de morts israéliens reconnu par l’État sioniste a été revu à la baisse à « environ 1 200 ». De plus, sur les 1 133 personnes effectivement identifiées et répertoriées par Israël, 369 (32 %) étaient des soldats, des policiers et d’autres agents de sécurité armés (dont la plupart faisaient respecter le blocus de Gaza et/ou jouaient un rôle offensif ou de soutien dans les attaques israéliennes contre les Palestiniens de Gaza). En outre, au moins 421 (37 %) des 764 « civils » répertoriés avaient l’âge (20 à 40 ans) auquel la plupart des Israéliens sont tenus d’être réservistes militaires, et certains d’entre eux ont été tués (souvent en résistant pour ne pas être capturés) dans des kibboutzim (lesquels sont constitués en colonies militarisées).
Un grand nombre de civils israéliens ont été tués dans des tirs croisés, d’autres (y compris les nombreux morts au festival de musique Nova) par des attaques aériennes aveugles de Tsahal qui ne distinguaient pas les Israéliens des combattants de la résistance gazaouie ; et certains ont été délibérément tués par les forces israéliennes pour éviter qu’ils ne deviennent des captifs à Gaza.
Des bébés et des enfants en bas âge israéliens décapités par des combattants du Hamas ? Allégation absolument fausse, rétractée par la suite.
On nous demande de croire que les combattants du Hamas et du JIP, dans un combat difficile contre les forces armées israéliennes, ont détourné leur attention pour se divertir en violant et en assassinant des femmes israéliennes, alors que leur objectif essentiel était de ramener le plus grand nombre possible de captifs à Gaza, et qu’une telle conduite viole les règles du Coran exigeant un traitement humain des prisonniers. Israël refuse de fournir des preuves réelles ou d’autoriser une enquête indépendante sur cette allégation. En outre, les accusateurs utilisent abusivement comme « preuves » des photos et des vidéos de femmes captives légèrement vêtues, alors que certaines d’entre elles (y compris de nombreuses participantes au festival de musique) étaient indubitablement vêtues de la même manière lorsqu’elles ont été capturées. Israël utilise manifestement ces allégations d’abus sexuels massifs pour donner une image raciste et diffamatoire des Palestiniens, afin d’excuser les atrocités massives et bien réelles qu’il commet actuellement contre la population de Gaza. Dans le même temps, les captifs libérés par le Hamas déclarent généralement avoir été traités humainement.
Dans leur guerre de propagande, Israël et ses alliés occidentaux éludent les injustices perpétrées par l’État sioniste et dépeignent faussement les combattants de la résistance palestinienne comme des extrémistes génocidaires haïssant les Juifs. En réalité, ce sont les dirigeants israéliens et leurs apologistes occidentaux qui déshumanisent régulièrement et expriment des intentions génocidaires (incluant le nettoyage ethnique et le meurtre de masse), non seulement à l’encontre de ceux qui se battent, mais aussi à l’encontre de l’ensemble d’une population victime.
Quelques exemples :
- Bientôt nommée ministre israélienne de la Justice, Ayelet Shaked a approuvé (été 2015) la déclaration d’un écrivain israélien affirmant : qu’Israël est en guerre, une guerre « non pas contre le terrorisme », mais « une guerre entre deux peuples », l’« ennemi » étant « le peuple palestinien tout entier » ; que les enfants palestiniens sont des « serpents » ; et que « les mères » devraient également mourir pour éviter qu’elles n’élèvent d’autres « petits serpents ».
- Le Premier ministre israélien Netanyahou, dans ses conseils sur l’action israélienne responsable de la flambée de violence actuelle, a fait référence à deux reprises (28 octobre et 3 novembre) à un passage biblique (concernant la guerre des Israélites contre le peuple d’Amalek) qui dit : « Tu ne l’épargneras pas, et tu feras mourir hommes et femmes, enfants et bébés […]. » [1 Samuel 15:3 / Bible Segond 21 (S21) (NdT)]
- Le président israélien Isaac Herzog a affirmé (12 octobre) que « c’est toute une nation […] qui est responsable [du 7 octobre] ».
- Le ministre de la Défense Yoav Gallant a déclaré (9 octobre) qu’Israël « imposait un siège complet à Gaza. Pas d’électricité, pas de nourriture, pas d’eau, pas de carburant. […] Nous combattons des animaux humains et nous agissons en conséquence ».
- Le ministre du Patrimoine Amichai Eliyahu a publié sur les réseaux sociaux (1er novembre) : « Le nord de la bande de Gaza, plus beau que jamais. Tout est soufflé et aplati, c’est tout simplement un plaisir pour les yeux.»
- Le vice-président de la Knesset Nissim Vaturi a tweeté (7 octobre) que « nous avons tous un objectif commun : faire disparaître la bande de Gaza de la surface de la Terre ».
- Le ministre de l’Agriculture Avi Dichter a déclaré (11 novembre) : « Nous sommes en train de mettre en œuvre la Nakba de Gaza.»
- L’ancien chef du Conseil national de sécurité israélien, le général de division Giora Eiland, a déclaré (7 octobre) : « Il faut dire à la population qu’elle a deux choix : rester et mourir de faim, ou partir. Si l’Égypte et d’autres pays préfèrent que ces personnes périssent à Gaza, c’est leur choix. » Il a ensuite affirmé (6 novembre) qu’il ne fallait pas faire de distinction entre les combattants du Hamas et les civils palestiniens : « “Ils”, ce ne sont pas seulement les combattants du Hamas armés, mais aussi tous les responsables “civils”, y compris les administrateurs d’hôpitaux et d’écoles, ainsi que l’ensemble de la population de Gaza. »
- Un ancien membre de la Knesset a demandé que tous les Palestiniens de Gaza soient tués : « Je vous le dis, à Gaza, sans exception, ce sont tous des terroristes, des fils de chiens. Ils doivent être exterminés, tous tués. »
- L’acte d’accusation de l’Afrique du Sud énumère plusieurs autres commentaires de ce type formulés par des dirigeants israéliens.
- Lorsqu’un groupe de soldats et de colons israéliens a agressé trois Palestiniens en Cisjordanie (12 octobre), ceux-ci ont été battus, déshabillés, ligotés, torturés et on leur a uriné dessus. De tels abus n’ont rien de nouveau. Pendant la première Intifada (1987-93), ce type d’humiliation par les forces israéliennes était monnaie courante. Les hommes étaient menacés de voir leurs épouses ou leurs sœurs violées ; les femmes étaient menacées de violences sexuelles.
- En réponse à « Déluge d’Al-Aqsa », de nombreux dirigeants politiques des États-Unis ont appelé à un génocide contre Gaza : le sénateur Lindsey Graham (R-SC) a exhorté (10 octobre sur Fox News) à « raser l’endroit » ; le sénateur Marco Rubio (R-FL) a écrit sur les réseaux sociaux (9 octobre) qu’« Israël doit répondre de manière disproportionnée » ; et Nikki Haley, alors candidate républicaine à la présidence des États-Unis (7 ou 8 octobre sur Fox News), a exhorté Israël à « les achever », c’est-à-dire les Palestiniens. Bien que le président Biden et ses collaborateurs n’aient pas fait de déclarations publiques aussi extrêmes, la politique réelle des États-Unis a consisté à encourager ces actions génocidaires.
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Malgré les dénégations de Netanyahou, la politique concernant les Palestiniens (que ce soit en Israël, en Cisjordanie ou à Gaza) consiste à rendre leurs conditions aussi oppressives que possible (dans les limites auxquelles les alliés occidentaux acquiesceront) afin qu’ils émigrent vers d’autres pays. Cela est conforme aux prescriptions sionistes, depuis l’époque de Herzl (années 1890),7 visant à résoudre le « problème arabe » par le « transfert de population » (c’est-à-dire le nettoyage ethnique).
Dans les premiers jours qui ont suivi le 7 octobre, les grands médias occidentaux se sont concentrés presque exclusivement sur les Israéliens en deuil. Ce n’est qu’après que les meurtres, les destructions et les souffrances extrêmes à Gaza sont devenus si inévitablement flagrants et massifs qu’ils ont commencé à en parler. Le parti pris raciste anti-palestinien des grands médias occidentaux est illustré par leur réaction aux informations concernant les trois Israéliens capturés par le Hamas (torse nu, mains levées, tenant un drapeau blanc de trêve et parlant hébreu) qui ont néanmoins été tués (15 décembre) par des soldats israéliens à la gâchette facile. L’affaire a été traitée comme une horrible tragédie ; mais on ne s’est pas posé la question, avec des soldats israéliens agissant de la sorte envers des Israéliens capturés, de savoir comment ces mêmes soldats agissent envers des Palestiniens non armés.
Le président des États-Unis, Joe Biden, ainsi que la plupart des démocrates du Congrès, ne s’inquiètent que du bout des lèvres du massacre perpétré par Israël des dizaines de milliers de Palestiniens de Gaza (dont 3 % au plus pourraient être des résistants armés). Biden pourrait y mettre un terme en soutenant le déploiement de forces de maintien de la paix neutres de l’ONU dans des endroits appropriés de Gaza, avec des garanties américaines quant à leur sécurité, afin de protéger les hôpitaux, les écoles, les usines de dessalement, les installations de traitement des eaux usées, les envois d’aide humanitaire, les distributeurs de nourriture et d’eau et les opérations de secours de l’UNRWA. Il est fort probable que le Hamas et ses alliés accueilleraient favorablement l’introduction de ces intervenants humanitaires, pour autant que ces derniers soient réellement neutres. Pendant ce temps-là, si Israël les attaquait, il se mettrait en conflit armé avec les États-Unis (et leurs alliés), dont il est extrêmement dépendant. Au lieu d’intervenir réellement pour sauver des vies à Gaza, Joe Biden montre son vrai visage en envoyant des munitions à Israël, en réclamant des milliards de dollars pour une aide militaire sans condition à l’État sioniste et en opposant son veto aux demandes quasi unanimes de l’ONU en faveur d’un cessez-le-feu.
Les sionistes (qui cherchent à construire et à étendre leur État colonial raciste) et leurs alliés impériaux occidentaux (qui servent les intérêts égoïstes de leurs industries de guerre et qui aident des entités commerciales à but lucratif ayant également des intérêts dans la région) ont soumis les Arabes palestiniens à un siècle d’assujettissement et de persécution systématiques. L’objectif ultime des sionistes est d’éliminer ce qui menace leur suprématie juive, en se débarrassant de la majeure partie de la population palestinienne indigène — par l’expulsion et le meurtre de masse chaque fois qu’ils peuvent trouver des prétextes acceptables pour leurs alliés occidentaux — et en rendant la vie si difficile aux Palestiniens que ceux-ci finiront par choisir d’émigrer.
L’oppression systématique provoque toujours la résistance des opprimés (y compris la résistance violente lorsque les appels pacifiques s’avèrent vains), et les réactions des Palestiniens ne font pas exception. Israël a toujours répondu à cette résistance (même aux manifestations pacifiques) par la violence répressive, en essayant de contraindre les Palestiniens à accepter passivement le sort qui leur est réservé par les sionistes. Le sort qui leur est réservé ? Être traités comme des sous-hommes, massacrés, expulsés définitivement de leur patrie, spoliés de leurs biens, privés de leur droit à l’égalité des droits civiques et à l’autonomie démocratique, et (pour ceux qui sont autorisés, au moins temporairement, à rester en Palestine) exploités comme une main-d’œuvre bon marché pour effectuer des travaux que les Israéliens ne veulent pas faire.
Les Occidentaux empêchent Israël de rendre compte de ses crimes et refusent d’intervenir en faveur de la population palestinienne victime. Ce conflit et l’inévitable violence qui en résulte ne prendront fin que lorsqu’Israël aura éliminé la quasi-totalité de la population palestinienne restante, ou lorsque ses soutiens occidentaux auront été contraints (par une pression populaire organisée) de mettre fin au financement et à l’armement de l’État sioniste.
Sources :
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Source de la photographie d’en-tête : Wikimedia Commons (Brahim Guedich)
Protest for standing with Palestine in Tunisia Tunis Kassba
[15 May 2021, 12:45:06 — file version: 16 May 2021, 20:54]
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Howard M. Sachar, A History of Israel: From the Rise of Zionism to Our Time (New York: Alfred A. Knopf, 1979) ↩
Lenni Brenner, Zionism in the Age of the Dictators (New York: Lawrence Hill Books, 1993) ↩
Benny Morris, 1948: A History of the First Arab-Israeli War (New Haven: Yale University Press, 2008) ↩
Brenner, Zionism in the Age of the Dictators, ch. 5, 6, 7, 12 ↩
Sachar, A History of Israel, p. 96-109 ↩
Sachar, A History of Israel, p. 386-389 ↩
Morris, 1948: A History of the First Arab-Israeli War ↩
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