Traduit de l’anglais par EDB () • Langue originale : anglais |
Israël a mené une campagne sur plusieurs années contre le groupe d’aide des Nations unies aux réfugiés palestiniens, dans l’espoir d’éradiquer le droit au retour.
Selon une étude indépendante dirigée par l’ancienne ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, Israël n’a fourni aucune preuve de ses affirmations selon lesquelles les employés de l’UNRWA1 sont membres d’« organisations terroristes ».
En janvier, Israël a affirmé sans preuve que certains employés de l’UNRWA — jusqu’alors principal canal d’acheminement de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza assiégée et bombardée — étaient des membres du Hamas et du Jihad islamique palestinien (PIJ), et avaient participé à l’attaque menée par le Hamas contre des bases militaires et des colonies israéliennes le 7 octobre, opération connue sous le nom de « Déluge d’Al-Aqsa ».
Les accusations israéliennes ont rapidement incité les États-Unis et d’autres pays occidentaux à réduire le financement de l’UNRWA. Cette décision a été prise alors que des groupes de défense des droits signalaient qu’Israël utilisait la famine comme une arme contre les 2,3 millions de Palestiniens de Gaza.
The Guardian a rapporté le 22 avril que le « rapport Colonna », qui a été commandé par l’ONU à la suite des accusations israéliennes, a révélé que l’UNRWA avait régulièrement fourni à Israël des listes de ses employés pour vérification, et que, « depuis 2011, le gouvernement israélien n’a fait part à l’UNRWA d’aucune inquiétude concernant des employés sur la base de ces listes de personnel ».
Le journal ajoute que la plupart des pays donateurs ont repris leur financement au cours des semaines récentes. Toutefois, les ministres britanniques ont déclaré qu’ils attendraient le rapport Colonna pour décider de reprendre ou non leur financement. Le Congrès des États-Unis a depuis interdit tout soutien financier à l’UNRWA.
Le rapport Colonna a été rédigé avec l’aide de trois instituts de recherche nordiques et sera publié lundi.
Il confirme qu’Israël n’a encore fourni aucune preuve de ses accusations.
Il note qu’en mars, « Israël a affirmé publiquement qu’un nombre important d’employés de l’Unrwa étaient membres d’organisations terroristes ».
« Toutefois, Israël n’a pas encore fourni de preuves à l’appui de cela. »
Le rapport Colonna indique clairement que l’UNRWA est « indispensable » aux Palestiniens de toute la région :
« En l’absence d’une solution politique entre Israël et les Palestiniens, l’UNRWA continue de jouer un rôle central dans la fourniture d’une aide humanitaire vitale et de services sociaux essentiels — notamment dans les domaines de la santé et de l’éducation — aux réfugiés palestiniens à Gaza, en Jordanie, au Liban, en Syrie et en Cisjordanie.
À ce titre, l’UNRWA est irremplaçable et indispensable au développement humain et économique des Palestiniens. En outre, nombreux sont ceux qui considèrent l’UNRWA comme une bouée de sauvetage humanitaire. »
Le rapport ajoute que « l’UNRWA a instauré un nombre important de mécanismes et de procédures pour garantir le respect des principes humanitaires, en mettant l’accent sur le principe de neutralité, et qu’elle possède une approche plus développée de la neutralité que d’autres entités similaires de l’ONU ou d’ONG ».
Les trois instituts de recherche nordiques — l’Institut Raoul Wallenberg des droits de l’homme et du droit humanitaire,2 basé en Suède, l’Institut Chr. Michelsen3 en Norvège et l’Institut danois des droits de l’homme4 — ont envoyé aux Nations unies une évaluation plus détaillée des accusations israéliennes contre l’UNRWA.
L’évaluation réfute les accusations israéliennes selon lesquelles les enfants palestiniens reçoivent un enseignement antisémite dans les écoles gérées par l’UNRWA, établissements qui utilisent les manuels de l’Autorité palestinienne (AP) :
« Trois évaluations internationales des manuels de l’AP au cours des dernières années ont fourni une image nuancée. Deux d’entre elles ont identifié la présence de préjugés et de contenus antagonistes, mais n’ont pas fourni de preuves d’un contenu antisémite. La troisième évaluation, réalisée par l’Institut Georg Eckert5 [basé en Allemagne], a étudié 156 manuels scolaires de l’AP et a identifié deux exemples qui, selon lui, présentaient des motifs antisémites, mais a noté que l’un d’entre eux avait déjà été retiré et que l’autre avait été modifié. »
Comme l’a rapporté William Van Wagenen dans The Cradle en février, les allégations sans preuves d’Israël contre l’UNRWA font partie d’une campagne de plusieurs années qui a commencé avant le 7 octobre et qui vise à démanteler l’agence. Israël souhaite priver les réfugiés palestiniens d’une assistance vitale et éradiquer l’idée qu’ils retourneront un jour sur les terres d’où ils ont été chassés par les milices sionistes en 1948, lors de la création de l’État d’Israël.
Sources :
Source de la photographie d’en-tête : UNRWA
L’aide alimentaire arrive dans une école de l’UNRWA transformée en abri à Gaza.
https://news.un.org/en/story/2024/01/1146062
United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East (Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient) (NdT) ↩
The Raoul Wallenberg Institute of Human Rights and Humanitarian Law (NdT) ↩
Georg-Eckert-Institute (NdT) ↩
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