Traduit de l’anglais par EDB () • Langue originale : anglais |
La politique de Twitter concernant les « médias affiliés à un État » prévoit une exemption non écrite pour les comptes de médias d’information financés et contrôlés par le gouvernement des États-Unis. Twitter va même jusqu’à promouvoir ces comptes comme des sources d’information « faisant autorité » pendant la guerre russo-ukrainienne.
La mise à disposition contrôlée par Elon Musk des documents connus sous le nom de « Twitter Files » (les « dossiers Twitter ») nous a donné un aperçu du fonctionnement interne de la plateforme de réseau social. Le lot de documents publié le 20 décembre est sans doute le plus explosif, car il décrit en détail la protection délibérée par Twitter des opérations de propagande des États-Unis. Après avoir obtenu un accès limité aux systèmes internes de Twitter, Lee Fang de The Intercept (20/12/2022) a expliqué comment, dans le cadre de campagnes de propagande secrètes, le personnel de Twitter a « blanchi » des comptes gérés par le Commandement central (Central Command / CENTCOM) des États-Unis, l’unité de l’US Army qui supervise le Moyen-Orient. En d’autres termes, Twitter a protégé des comptes engagés dans des opérations étatsuniennes de guerre psychologique, même si les comptes en question violaient clairement les conditions d’utilisation de la plateforme.
Mais, c’est loin d’être toute l’histoire de l’aide apportée par Twitter aux opérations d’influence des États-Unis. Une enquête de FAIR révèle que des dizaines de comptes importants faisant partie de réseaux US de propagande ouverte bénéficient d’un traitement spécial de la part de la société, en violation flagrante de la politique même de cette dernière.
En appliquant une politique déséquilibrée de média « affilié à un État », Twitter est allé à l’encontre de sa propre mission qui est de fournir un « contexte » aux utilisateurs. De manière plus flagrante, pour l’Ukraine, Twitter a activement fait la promotion d’organisations médiatiques financées par les États-Unis, dans le cadre de la fonctionnalité « Sujets » qui regroupe ostensiblement des sources « faisant autorité ». La mise en avant de ces comptes sur la plateforme a renforcé leur influence sur l’écosystème médiatique national, et a contribué à façonner la perception du public sur l’ensemble de la guerre.
En 2020, dans le cadre d’un effort visant à « fournir un contexte supplémentaire » pour les informations que les utilisateurs rencontrent sur la plateforme, Twitter (6/08/2020 [fr]) a annoncé une politique visant à ajouter des étiquettes aux « comptes qui sont contrôlés par certains représentants officiels de gouvernements, des entités médiatiques affiliées à des États et des individus associés à ces entités ».
« Nous pensons », a déclaré Twitter dans un billet de blog, « que les gens ont le droit de savoir quand un compte médiatique est affilié directement ou indirectement à un acteur étatique ». La société a ajouté qu’elle « ne recommandera pas les comptes d’entités médiatiques affiliées à un État, ni leurs tweets, et ne les amplifiera pas ».
À l’époque, la cible principale était clairement les médias russes « affiliés à un État », mais cette politique a été étendue à d’autres pays. Selon les propres chiffres de Twitter, les comptes portant cette étiquette subissent une réduction de leur diffusion pouvant atteindre 30 %.
Dans le cadre de sa politique pendant la guerre en Ukraine, Twitter (16/03/2022) a annoncé son intention de « mettre en avant les informations crédibles et fiables ». Dans un billet de blog, l’entreprise s’est félicitée de la mise en œuvre « efficace » de sa politique contre les comptes du gouvernement russe. Elle a affirmé que « les engagements par tweet ont diminué d’environ 25 % » et que « le nombre de comptes qui se sont engagés avec ces tweets a diminué de 49 % ».
Mais, il est clair que la politique de Twitter n’est pas appliquée uniformément. Il existe de nombreux médias ayant des liens étroits avec le gouvernement des États-Unis — certains sont même entièrement financés et gérés par celui-ci — dont les comptes ne sont pas étiquetés « affilié à un État ». Dans le cadre de cette application biaisée de sa politique, Twitter permet aux organes de propagande US de maintenir l’apparence d’indépendance sur la plateforme, ce qui constitue un soutien tacite au soft power et aux opérations d’influence des États-Unis.
Cette approche asymétrique montre clairement que la politique de Twitter ne consiste pas à « fournir un contexte » aux utilisateurs, mais plutôt à promouvoir la vision du monde de l’establishment étatsunien. En bref, Twitter participe activement à la guerre de l’information en cours.
Twitter définit les « médias affiliés à un État » comme
« les entités médiatiques où l’État exerce un contrôle sur le contenu éditorial par le biais de ressources financières, de pressions politiques directes ou indirectes, et/ou d’un contrôle sur la production et la distribution ».
Cette ligne de conduite se veut ostensiblement apolitique et s’applique de la même manière à tous les comptes de médias d’État, mais dans la pratique son véritable objectif est clair : délégitimer les médias affiliés à des États opposés à la politique des États-Unis. L’hypothèse inhérente à la politique de Twitter est que si un État est considéré comme un ennemi des États-Unis, tout média affilié à cet État est par nature suspect. Les utilisateurs doivent donc être avertis du contenu qu’ils consomment. FAIR n’a pu trouver aucun exemple de compte étiqueté « média affilié à un État : États-Unis », même s’il existe de nombreux médias qui semblent correspondre à cette description.
La liste dressée par Twitter des pays qui sont visés par cette politique comporte quelques omissions notables. Par exemple, le Qatar n’y figure pas, et les comptes des médias Al Jazeera et AJ+, financés par ce pays, ne portent pas l’étiquette « affilié à un État ». Mais, même parmi les États figurant sur la liste, la politique n’est pas appliquée de manière égale.
Bien que Twitter cite les États-Unis et ses alliés tels que le Royaume-Uni et le Canada comme des pays où « des étiquettes apparaissent sur les comptes Twitter concernés », cela semble faire référence aux médias basés dans ces pays qui sont affiliés à d’autres pays. Il existe certainement des comptes liés aux États-Unis qui ne pourraient pas mieux correspondre à la catégorie « affilié à un État » et qui ne reçoivent pourtant aucune étiquette.
Par exemple, aucun des comptes de l’US Army, de l’Agence de sécurité nationale ou de la Central Intelligence Agency (CIA) n’est actuellement étiqueté comme une entité étatique ou gouvernementale, bien qu’il s’agisse de « comptes gouvernementaux fortement engagés dans la géopolitique et la diplomatie ». En outre, les comptes des Forces de défense d'Israël, du ministère de la Défense et du Premier ministre ne sont pas étiquetés.
Pendant ce temps, Twitter applique rigoureusement les règles pour les États que les États-Unis considèrent comme hostiles. Les comptes des principaux organismes d’État en Russie, en Chine et en Iran sont généralement étiquetés comme des entités étatiques. Les médias de ces pays sont également visés : PressTV en Iran, RT et Sputnik en Russie, et China Daily, Global Times, CGTN et China Xinhua News en Chine sont tous étiquetés comme « médias affiliés à un État ».
Twitter a pris des mesures supplémentaires contre la Russie après l’invasion, en ajoutant des avertissements explicites sur tout billet renvoyant à « un site web de média russe affilié à un État » :
Si un utilisateur tente d’aimer, de retweeter ou de citer un message qui inclut un tel média restreint, il reçoit un deuxième avertissement :
Bien que l’utilisateur soit toujours en mesure d’interagir avec le contenu, ces avertissements sont conçus pour l’inciter à ne pas le faire, ralentissant ainsi la diffusion d’informations non approuvées.
La politique de Twitter définit les « médias affiliés à un État » comme des organes de pesse où l’État a « un contrôle sur le contenu éditorial par le biais de ressources financières, de pressions politiques directes ou indirectes et/ou d’un contrôle sur la production et la distribution ». Mais, plusieurs comptes de médias importants qui semblent correspondre à cette description ne disposent pas de ces étiquettes d’avertissement.
Aucun des grands médias publics étatsuniens, britanniques et canadiens n’a reçu cette étiquette. En 2017, la NPR a reçu 4 % de son financement du gouvernement des États-Unis. La BBC reçoit une grande partie de son financement du ministère britannique des Affaires étrangères et du Commonwealth. La CBC reçoit 1,2 milliard de dollars de financement du gouvernement canadien. Pourtant, les comptes Twitter de la BBC, de la CBC et de la NPR ne sont pas étiquetés sur la plateforme.
Pour expliquer cette divergence, Twitter fait une distinction entre les médias « financés par un État » et ceux « affiliés à un État ». Twitter écrit :
« Les organisations médiatiques financées par un État et disposant d’une indépendance éditoriale, comme la BBC au Royaume-Uni ou la NPR aux États-Unis par exemple, ne sont pas définies comme des médias affiliés à un État aux fins de cette politique. »
L’idée que les médias financés par l’État en Grande-Bretagne ou aux États-Unis sont indépendants de l’État est très douteuse. Premièrement, on ne comprend pas pourquoi le financement public n’entre pas dans le cadre des « ressources financières » de la politique de Twitter ; les gouvernements peuvent utiliser et ont utilisé la menace d’un retrait de financement pour imposer leurs jugements éditoriaux (Extra!, 03-04/1995 ; FAIR.org, 17/05/2005). Deuxièmement, l’influence du gouvernement s’exerce au niveau bureaucratique, comme l’a noté l’universitaire Tom Mills (OpenDemocracy, 25/01/2017) à propos de la BBC :
« Les gouvernements fixent les conditions dans lesquelles elle fonctionne, ils nomment ses plus hauts responsables, qui seront à l’avenir directement impliqués dans les décisions de gestion quotidienne, et ils fixent le niveau de la redevance, qui est la principale source de revenus de la BBC. »
Si l’on examine les initiatives des États-Unis en matière de soft power, on constate qu’il y a beaucoup plus d’organes qui devraient être considérés comme « affiliés à un État ». L’un de ces canaux de financement est la National Endowment for Democracy (NED / Fondation nationale pour la démocratie). La NED, créée sous l’administration Reagan, verse 170 millions de dollars par an à des organisations qui se consacrent à la défense ou à l’installation de régimes favorables à la politique des États-Unis.
ProPublica (24/11/2010) a décrit la NED comme ayant été « établie par le Congrès, en fait, pour reprendre les efforts de propagande secrets de la CIA ». David Ignatius du Washington Post (22/09/1991) a décrit l’organisation comme un vecteur de « coups d’État sans spoliation », car elle « faisait en public ce que la CIA faisait en privé ». Le premier président de la NED, Carl Gershman (MintPress, 9/09/2019), a admis que ce changement était en grande partie une opération de relations publiques visant à dissimuler les intentions de l’organisation : « Il serait terrible pour les groupes démocratiques du monde entier d’être perçus comme subventionnés par la CIA. »
Les opérations de la NED en Ukraine méritent un examen particulièrement attentif, étant donné le rôle de l’organisation dans le coup d’État de Maïdan en 2014 et la guerre de l’information entourant l’invasion russe. En 2013, Gershman a décrit l’Ukraine comme le « plus grand prix » dans la rivalité Est-Ouest (Washington Post, 26/09/2013). Plus tard cette année-là, la NED s’est unie à d’autres réseaux d’influence soutenus par l’Occident pour soutenir les mouvements de protestation qui ont ensuite conduit à la destitution du président.
L’histoire du conseil d’administration est un véritable bottin mondain de partisans du changement de régime et de faucons impériaux. Le conseil actuel comprend Anne Applebaum, une populaire rédactrice anti-russe d’Atlantic et commentatrice fréquente sur le câble, dont le travail incarne la mentalité de la nouvelle guerre froide, et Elliott Abrams, un acteur majeur du scandale Iran-Contra qui a ensuite joué un rôle clé dans la campagne de l’administration Trump pour renverser le gouvernement vénézuélien. Victoria Nuland, anciennement conseillère en politique étrangère du vice-président Dick Cheney, est un acteur clé de la politique étrangère des États-Unis et a même fait partie des responsables US qui ont été surpris à s’immiscer dans les coulisses pour remodeler le gouvernement ukrainien en 2014. Elle a siégé au conseil d’administration de la NED entre ses passages au département d’État pour les administrations Obama et Biden. Parmi les autres anciens membres du conseil figurent Henry Kissinger, Paul Wolfowitz, Zbigniew Brzezinski et l’actuel directeur de la CIA, William Burns.
Après le début de la guerre, la NED a retiré tous ses projets ukrainiens de son site web, bien qu’ils soient encore disponibles sur la Wayback Machine d’Internet Archive. Un coup d’œil sur les projets 2021 montre un travail important de financement d’organisations de médias à travers l’Ukraine avec l’objectif ostensible de « faire la promotion de la responsabilité du gouvernement » ou « d’encourager les médias indépendants ». Malgré leur financement manifeste — bien documenté — par un organe de propagande US, aucun des comptes Twitter de ces organisations ne comporte l’étiquette « média affilié à un État ». Même le propre compte Twitter de la NED ne fait pas référence à sa relation avec le gouvernement des États-Unis.
Cela est tout à fait significatif dans le cadre de la guerre actuelle en Ukraine. CHESNO, ZN.UA, ZMiST et Ukrainian Toronto Television, Vox Ukraine font tous partie du réseau médiatique de la NED en Ukraine, et pourtant leurs comptes Twitter ne portent aucune étiquette d’affiliation à un État. En outre, certains des organes de presse de ce réseau entretiennent des liens étroits avec d’autres organisations du gouvernement des États-Unis. European Pravda, l’Ukraine Crisis Media Center et Hromadske — tous fondés pendant ou peu après le coup d’État de Maïdan soutenu par les États-Unis en 2014 — affichent des partenariats explicites avec l’OTAN. Hromadske et l’UCMC vantent également les mérites de partenariats avec le département d’État US, l’ambassade US à Kiev et l’Agence des États-Unis pour le développement international (US Agency for International Development / USAID).
L’USAID joue un rôle similaire à celui de la NED. Sous la couverture protectrice de l’aide humanitaire et des projets de développement, l’agence sert d’intermédiaire pour les opérations US de changement de régime et le trafic d’influence du soft power. L’organisation a notamment servi de couverture pour « promouvoir la démocratie » au Nicaragua, et a fourni un demi-milliard de dollars pour faire avancer la tentative de coup d’État contre le gouvernement élu du Venezuela.
Le bénéficiaire le plus populaire des fonds de la NED a été le Kyiv Independent, la reconstitution d’un autre organe de presse financé par la NED, le Kyiv Post. Bien qu’il affirme recevoir la majorité de ses fonds par le biais de la publicité et des abonnements, le site web du Post mentionne la NED comme « des donateurs qui ont parrainé le contenu produit par les journalistes du Kyiv Post ».
Lorsque le Post a été temporairement fermé à la suite d’un conflit de personnel en novembre 2021, de nombreux journalistes ont formé le Kyiv Independent. Pour ce faire, ils ont reçu une subvention de 200 000 dollars du gouvernement canadien, ainsi qu’une subvention d’urgence de la Fondation européenne pour la démocratie (European Endowment for Democracy), une organisation dont le siège est à Bruxelles et qui est à la fois modelée et financée par la NED.
Après le déclenchement de la guerre, l’Independent a gagné plus de 2 millions d’abonnés sur Twitter et a attiré des millions de dollars de dons. Le personnel de l’Independent a inondé l’écosystème médiatique des États-Unis : ses journalistes ont publié des articles d’opinion dans les plus grands journaux US comme le New York Times (5/03/2022) et le Washington Post (28/02/2022). Ils apparaissent souvent sur des chaînes de télévision US comme CNN (21/03/2022), CBS (21/12/2022), Fox News (31/03/2022) et MSNBC (10/04/2022).
Passant sous silence les liens de l’organe de pesse avec le gouvernement des États-Unis, Brian Stelter de CNN (20/03/2022) a fait l’éloge de l’Independent pour être passé « d’une startup de trois mois et relativement inconnue dans le monde occidental à l’une des principales sources d’information sur la guerre en Ukraine ». Ses campagnes de financement ont été encouragées par des médias US comme CBS et PBS (MintPress, 8/04/2022).
Les plus hauts responsables de l’Independent ont de nombreux liens avec d’autres projets du gouvernement des États-Unis. Liliane Bivings, rédactrice en chef adjointe, a travaillé sur des projets concernant l’Ukraine à l’Atlantic Council, un groupe de réflexion financé par les États-Unis et d’autres gouvernements, qui fait office de think tank de facto de l’OTAN. Le directeur financier Jakub Parusinski a travaillé pour l’International Center for Policy Studies, financé par l’USAID (MintPress, 8/04/2022).
La directrice générale, Daryna Shevchenko, travaillait auparavant pour l’IREX, un organisme à but non lucratif d’éducation et de développement créé par le département d’État et la Fondation Ford ; l’IREX reçoit toujours la majeure partie de son financement du gouvernement des États-Unis. Shevchenko a également cofondé la Media Development Foundation, une organisation financée par la NED et l’ambassade US à Kiev pour promouvoir les médias « indépendants » en Ukraine. Le directeur des opérations, Oleksiy Sorokin, a fait ses débuts à Transparency International, une ONG financée par le département d’État US ainsi que par d’autres gouvernements amis de l’OTAN (CovertAction, 13/04/2022).
La politique de Twitter revient en fait à offrir une couverture et une portée aux organes de propagande des États-Unis. Mais, cet effet politique est loin d’être le seul. Par le biais de divers mécanismes, Twitter soutient en fait les organes de presse financés par les États-Unis et les présente comme des sources fiables.
L’un de ces mécanismes est la fonction de sélection des « sujets ». Dans le cadre de ses efforts pour « élever le niveau des informations crédibles et fiables », Twitter recommande de suivre son propre fil d’actualité pour la guerre en Ukraine. En septembre 2022, Twitter a déclaré que ce fil de guerre avait plus de 38,6 milliards d’« impressions ». Faire défiler le flux fait apparaître de nombreux exemples de médias boostés par la plateforme et qui sont affiliés aux États-Unis, tout en n’offrant que peu, voire pas du tout, de couverture critique de l’effort de guerre. En dépit de leurs liens étroits avec le gouvernement des États-Unis, le Kyiv Independent et le Kyiv Post sont souvent présentés comme des sources privilégiées d’information sur la guerre.
Le compte du fil de guerre en Ukraine a généré une liste basée sur ce qu’il prétend être des sources fiables sur le conflit. Cette liste comporte actuellement 55 membres. Parmi eux, au moins 22 sont des organes de presse financés par les États-Unis ou des journalistes qui leur sont affiliés. Étant donné la complexité des canaux de financement et du manque d’informations sur les sites web de certaines de ces rédactions, ce nombre est probablement sous-estimé :
- New Voice of Ukraine (NED, département d’État US)
Euan MacDonald- Kyiv Post (NED)
Natalie Vikhrov- Kyiv Independent (NED)
Anastasiia Lapatina, Oleksiy Sorokin, Anna Myroniuk, Illia Ponomarenko- Zaborona (NED)
Katerina Sergatskova- Media Development Foundation of Georgia (NED, USAID, département d’État US)
Myth Detector- Radio Free Europe / Radio Liberty (USAGM)
Reid Standish- Center for European Policy Analysis (NED, département d’État)
Anders Ostlund, Alina Polyakova- EurasiaNet (NED)
Peter Leonard- Atlantic Council (OTAN)
Terrell Jermaine Starr
Si Twitter appliquait sa propre politique de « média affilié à un État » de manière cohérente, ces utilisateurs ne seraient pas inclus dans une telle liste. En fait, Twitter diminuerait activement la portée de ces comptes.
Le gouvernement des États-Unis finance actuellement d’autres organisations médiatiques qui fonctionnent de manière plus flagrante comme des organes d’État, mais aucune ne porte l’étiquette « média affilié à un État » sur son compte Twitter. Ces organes font partie de l’appareil médiatique mis en place pour promouvoir le point de vue des États-Unis dans le monde pendant la guerre froide. Le New York Times (26/12/1977) les a un jour décrits comme faisant partie d’un « réseau mondial de propagande construit par la CIA ».
Ce réseau, connu sous le nom de « Propaganda Assets Inventory » (« inventaire des ressources de propagande ») au sein de l’agence, comprenait autrefois environ 500 personnes et organisations, allant des agents des grands médias tels que CBS, Associated Press et Reuters à de plus petits médias sous le « contrôle éditorial » « complet » de la CIA. Radio Free Asia, Voice of America et Radio Free Europe / Radio Liberty étaient à l’avant-garde de cette opération de propagande. Le Times a rapporté en 1977 que le réseau a donné lieu à un flot d’articles dans les médias US qui étaient « délibérément trompeurs ou carrément faux ».
Le gouvernement des États-Unis continue de gérer directement plusieurs de ces organisations. Celles-ci sont désormais placées sous les auspices de l’US Agency for Global Media (USAGM / Agence des États-Unis pour les médias dans le monde), une agence fédérale qui a reçu 810 millions de dollars en 2022. Ce chiffre marque une augmentation de 27 % par rapport au budget de 2021, et représente plus du double du montant que RT a reçu de la Russie pour ses activités mondiales en 2021 (RFE/RL, 25/08/2021).
La première « norme de diffusion » énumérée sur le site web de l’agence est d’« être compatible avec les grands objectifs de la politique étrangère des États-Unis ». Bien que la structure de l’USAGM comprenne officiellement un « pare-feu » protégeant l’indépendance éditoriale, il est peu probable que l’agence engage quelqu’un qui n’est pas à l’aise avec cet objectif principal. Il est certain que le gouvernement des États-Unis exerce sur l’USAGM ce que Twitter a défini ailleurs comme le « contrôle par les ressources financières ».
RFE/RL fonctionne avec un budget de 126 millions de dollars et touche 37 millions de personnes dans 27 langues. Elle se targue que ses reportages sont « quotidiennement cités dans les médias internationaux, notamment le Washington Post, le New York Times, l’AP, Reuters, USA Today, Politico, CNN, NBC, CBS et ABC ».
RFE/RL a intensifié ses activités en Ukraine. Le réseau affirme qu’il « joue un rôle de leader dans le domaine de l’information en Ukraine, réalisant fréquemment des interviews de haut niveau qui sont reprises par les principaux médias ukrainiens ». L’opération comprend « un vaste réseau de bureaux de presse locaux et un réseau étendu de free-lances », selon les documents de l’USAGM. Aucun des comptes Twitter sous l’égide de RFE/RL n’a été qualifié de « média affilié à un État ». Cela inclut RFE/RL Pressroom et le service persan de RFE/RL, Radio Farda.
Radio Free Asia touche près de 60 millions de personnes dans neuf langues, principalement dans les pays d’Asie de l’Est. RFA reçoit un budget de 47,6 millions de dollars, avec pour mission de « contrer la désinformation autoritaire et les faux récits ». « Alors que les États-Unis cherchent à renouer le dialogue avec leurs partenaires mondiaux sur des questions d’importance diplomatique et économique », indique l’USAGM, RFA « devra combattre l’influence malveillante du rouleau compresseur de la désinformation chinoise ».
Le compte principal de RFA ne porte pas l’étiquette « média affilié à un État », pas plus que les comptes de RFA Uyghur, RFA Burmese, RFA Korean, RFA Tibetan, RFA Vietnamese ou RFA Cantonese. La plus grande chaîne de RFA, RFA Chinese, compte 1,1 million d’adeptes, mais pas d’étiquette.
Avec un budget de 257 millions de dollars, Voice of America (VoA) est la plus grande opération de l’USAGM. Ses 961 employés touchent 311,8 millions de personnes, dont 40 millions en Chine et 10 millions d’Iraniens. L’objectif de ce réseau médiatique est de « [raconter] l’histoire de l’Amérique » et d’« améliorer » la « compréhension des politiques étatsuniennes » dans les populations cibles.
Visant l’Iran, VoA Farsi a été décrite en 2019 par un ancien cadre comme poussant une « propagande flagrante » sans « aucune objectivité ni caractère factuel » (Intercept, 13/08/2019). Au plus fort de la campagne de « pression maximale » de Trump, le média est devenu « un porte-parole de Trump — uniquement de Trump et rien que de Trump ». En plus de faire la promotion du groupe terroriste iranien MEK soutenu par les États-Unis, le média « s’en prend aux personnes qu’il juge non favorables à la politique du président Donald Trump vis-à-vis de l’Iran ».
Ni le compte Twitter principal de VoA, qui compte 1,7 million d’abonnés, ni le compte VoA Chinese, qui compte 1,8 million d’abonnés, ni le compte VoA Farsi, qui compte 1,7 million d’abonnés, ne portent l’étiquette « média affilié à un État ».
L’USAGM comprend l’Office de la radiodiffusion de Cuba (Office of Cuba Broadcasting / OCB), une opération basée à Miami qui reçoit 12,9 millions de dollars par an pour « promouvoir la liberté et la démocratie » à Cuba. Un récent rapport de l’USAGM a noté que l’OCB « rend compte de manière continue, opportune et approfondie du mouvement dissident cubain ». Selon une fiche d’information de l’OCB, Radio Television Marti, le principal réseau supervisé par l’OCB, touche chaque semaine 11 % de la population cubaine par le biais de contenus audio, vidéo et numériques. Le compte Twitter du réseau ne possède pas l’étiquette « affilié à un État ».
L’USAGM supervise également les Réseaux de radiodiffusion du Moyen-Orient (Middle East Broadcasting Networks / MBN), un réseau en langue arabe dont le siège est à Springfield, en Virginie, et dont la mission est « d’élargir le spectre des idées, des opinions et des perspectives » dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. L’USAGM affirme que MBN est « prêt à représenter l’Amérique comme aucun autre dans la région ». Le réseau est « entièrement financé » avec un budget de 108,9 millions de dollars.
Selon l’agence, MBN touche plus de 33 millions de personnes dans 22 pays de la région MENA. Ses médias ont atteint 76 % de la population dans les territoires irakiens non kurdes, et, en Palestine, ils ont atteint 50 %. Les réseaux MBN comprennent Alhurra TV, Radio Sawa et MBN Digital. Le compte Twitter d’Alhurra TV, avec 3,6 millions d’abonnés, ne porte pas l’étiquette « affilié à un État ».
Chacune de ces opérations est financée en tout ou en partie par des gouvernements, mais Twitter ne pense pas qu’elles puissent être classées comme affiliées à un État. Par conséquent, aucune d’entre elles n’est étiquetée, et elles ne sont pas soumises aux limites que la plateforme applique aux comptes étiquetés. Si Twitter ne considère pas qu’un média « entièrement financé » par le gouvernement des États-Unis est « affilié à un État », il devrait être clair que son objectif de fournir un « contexte » ne s’applique pas aux organes de la propagande des États-Unis. Cette fonctionnalité ne sert qu’à éloigner les utilisateurs des organisations financées par des États hostiles aux États-Unis.
L’adhésion de Twitter aux objectifs de la politique étrangère occidentale n’est pas nouvelle. L’entreprise a même annoncé ouvertement que sa politique inclut le soutien à l’OTAN. En 2021, alors que les tensions entre la Russie et l’Ukraine étaient en hausse, Twitter a annoncé qu’il avait supprimé des dizaines de comptes russes en tant qu’« opérations liées à un État ». La raison invoquée par Twitter (23/02/2021) pour justifier cette suppression était qu’ils « sapaient la confiance dans l’alliance de l’OTAN et sa stabilité ». Le soutien aux objectifs mondiaux des États-Unis s’est étendu à d’autres régions.
En 2019, alors que Trump intensifiait la tentative de coup d’État et le régime de sanctions brutales contre le Venezuela, Twitter a aidé les efforts des États-Unis pour délégitimer le gouvernement élu de Nicolás Maduro. Twitter a suspendu les comptes des responsables et des agences du gouvernement vénézuélien, y compris le compte en anglais du président lui-même. Dans le même temps, Twitter a « vérifié » [badge de certification bleu (NdT)] des responsables du « gouvernement » autoproclamé, et soutenu par les États-Unis, qui tentaient de renverser le pouvoir exécutif élu du Venezuela (Grayzone, 24/08/2019).
Un problème de longue date avec Twitter est l’application arbitraire des règles contre les critiques de la politique des États-Unis. La plateforme suspend ou bannit souvent des utilisateurs pour des violations présumées, sans aucune explication.
Twitter, comme d’autres mastodontes de la Silicon Valley, a de nombreux liens avec l’État de sécurité nationale. Une enquête de Middle East Eye (30/09/2019) a révélé que l’un des principaux dirigeants de Twitter était également membre de l’une des unités de guerre psychologique de l’armée britannique, la 77e brigade. Gordon MacMillan, qui occupe le poste de rédacteur en chef pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord chez Twitter, a rejoint l’unité britannique de « guerre de l’information » en 2015 alors qu’il était chez Twitter. Un général britannique a déclaré à MEE que l’unité était spécialisée dans le développement de « la capacité de participer à la guerre des récits au niveau tactique ». Cette histoire a été accueillie par un silence quasi total dans la presse étatsunienne et britannique (FAIR.org, 24/10/2019), et MacMillan travaille toujours pour Twitter.
Twitter est également partenaire de l’Institut australien de stratégie politique (Australian Strategic Policy Institute / ASPI), un think tank faucon financé par l’industrie militaire et le gouvernement des États-Unis pour ses politiques de modération de contenu. En 2020, Twitter a travaillé en étroite collaboration avec l’ASPI pour supprimer plus de 170 000 comptes à faible nombre d’abonnés qu’ils accusaient d’être favorables au Parti communiste chinois. Plus récemment, Twitter et l’ASPI ont annoncé un partenariat visant officiellement à lutter contre la désinformation et la mésinformation.
L’équipe de réponse stratégique de Twitter, chargée de prendre les décisions concernant les contenus à supprimer, est dirigée par Jeff Carlton, qui a précédemment travaillé pour la CIA et le FBI. En fait, MintPress News (21/06/2022) a fait état des dizaines d’anciens agents du FBI qui ont rejoint les rangs de Twitter au fil des années. La fuite contrôlée par Elon Musk des communications internes, connue sous le nom de « Twitter Files », a relancé l’attention sur la relation étroite entre l’agence et la plateforme.
Bien que Twitter ait précédemment nié toute « coordination avec d’autres entités lors de la prise de décisions en matière de modération de contenu », des rapports récents ont révélé un niveau important d’intégration entre les agences de renseignement fédérales et les politiques de modération de contenu de Twitter. Dans la sixième partie des « Twitter Files », Matt Taibbi a rapporté que le FBI dispose de plus de 80 agents chargés de signaler les contenus sur la plateforme et d’interagir directement avec la direction de Twitter. L’année dernière, des courriels divulgués à The Intercept (31/10/22) ont montré comment le département de la Sécurité intérieure (Department of Homeland Security / DHS) et Twitter avaient un processus bien établi pour les demandes de l’agence concernant le retrait de contenu et liées à la sécurité des élections.
La plateforme est clairement une plaque tournante importante pour le sentiment pro-ukrainien en ligne, bien que toute l’activité ne soit pas organique. En fait, une étude (Declassified Australia, 3/11/2022) publiée l’année dernière a révélé un déluge de bots pro-ukrainiens. Les chercheurs australiens ont étudié un échantillon de plus de 5 millions de tweets sur la guerre, et ont constaté que 90 % du total étaient pro-ukrainiens (identifiés à l’aide du hashtag #IStandWithUkraine ou de variantes), et ont estimé que jusqu’à 80 % d’entre eux étaient des bots. Bien que les chercheurs n’aient pas déterminé l’origine précise de ces comptes, il était évident qu’ils étaient parrainés par des « autorités pro-ukrainiennes ». Le simple volume de tweets a sans aucun doute contribué à façonner le sentiment en ligne sur la guerre.
Il semble que Washington comprenne l’importance de Twitter pour façonner le ressenti du public. Lorsque Musk a jeté son dévolu sur la plateforme pour la racheter, la Maison-Blanche a même envisagé d’ouvrir une enquête de sécurité nationale sur les activités commerciales du milliardaire, en invoquant la « position de plus en plus favorable à la Russie » de ce dernier. Ces préoccupations ont été suscitées par le projet de Musk d’interdire l’utilisation du système StarLink de SpaceX en Ukraine, après une prise de bec entre le milliardaire et un officiel ukrainien. Ces préoccupations sont également apparues après que Musk (3/10/2022) a tweeté les grandes lignes d’une proposition de paix potentielle entre la Russie et l’Ukraine. Cette proposition a été accueillie avec mépris ou comme un électrochoc dans les cercles d’élite étatsuniens, où l’escalade plutôt que la paix est la position dominante (FAIR.org, 22/03/2022).
Mais, la prise de position de Musk sur la guerre en Ukraine ne doit pas être considérée comme une preuve de bonne foi contre l’establishment. Loin d’être un outsider, Elon Musk est lui-même une figure majeure du complexe militaro-industriel et s’inscrit dans la longue tradition des géants de la Silicon Valley qui s’impliquent à fond dans les guerres de l’armée et du renseignement.
La société de fusées de Musk, SpaceX, est un important contractant militaire qui reçoit des milliards de dollars de l’État de sécurité nationale US. SpaceX a reçu des contrats pour lancer la technologie GPS en orbite afin d’aider la guerre des drones des États-Unis. Le Pentagone a également confié à l’entreprise la construction de satellites de défense antimissile. SpaceX a également obtenu des contrats de l’Air Force, de la Space Defense Agency et de la National Reconnaissance Organization, et a lancé des satellites-espions utilisés par la CIA, la NSA et d’autres agences de renseignement (MintPress, 31/05/2022).
En fait, l’existence de SpaceX est largement due à ses liens avec l’armée et les services de renseignement. L’un des premiers bailleurs de fonds de la société était l’Agence pour les projets de recherche avancée de la Défense (Defense Advanced Research Projects Agency / DARPA) du Pentagone, la même agence de recherche militaire qui nous a donné une grande partie de la technologie qui définit l’ère moderne de l’internet.
Mike Griffin, alors président de la société de capital-risque In-Q-Tel de la CIA, était un proche associé de Musk et a été profondément impliqué dans la conception de SpaceX. Lorsque Griffin a pris la tête de la NASA sous Bush Jr, il a accordé à Musk, avant même que SpaceX n’ait réussi à faire voler une fusée, un contrat de 396 millions de dollars. Celui-ci s’est ensuite transformé en un contrat d’un milliard de dollars pour le réapprovisionnement de la station spatiale internationale.
Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, Musk a fait la une des journaux en proposant de faire don de sa technologie Starlink au gouvernement ukrainien afin de maintenir le pays en ligne. Starlink, un fournisseur d’accès à l’internet par satellite, a été essentiel à l’effort de guerre de l’Ukraine après que l’attaque russe a désactivé une grande partie de ses communications militaires traditionnelles. Il a permis aux Ukrainiens de partager rapidement des renseignements sur le champ de bataille et de se connecter aux troupes US de soutien pour effectuer de la « télémaintenance ».
L’offre de Musk de « faire don » de la technologie lui a valu beaucoup de presse positive, mais il a été discrètement révélé plus tard que le gouvernement des États-Unis avait payé SpaceX des millions de dollars pour cette technologie — malgré ce que les responsables de SpaceX avaient dit au public. Selon le Washington Post (8/04/2022), l’argent a été acheminé par l’intermédiaire de l’USAID, une organisation qui a longtemps été un outil des efforts US pour les changements de régime et une façade pour des opérations secrètes de renseignement.
Dans de nombreux rapports, Starlink a changé la donne dans cette guerre. Le directeur au Pentagone de la guerre électronique s’est extasié devant les capacités de cette technologie, les qualifiant d’« époustouflantes ». Le président des chefs d’état-major interarmées a rendu hommage à Musk en disant qu’il symbolisait « la combinaison de la coopération et du travail d’équipe civils et militaires qui fait des États-Unis le pays le plus puissant de l’espace ».
L’Ukraine n’est pas la seule zone d’intérêt dans laquelle Starlink de Musk est impliqué. Lorsque des manifestations ont commencé à secouer l’Iran au sujet du traitement des femmes dans ce pays, les États-Unis y ont vu l’occasion d’accroître la pression interne et déstabilisatrice sur le gouvernement, un objectif de longue date de la politique US dans la région. Dans le cadre de la répression iranienne sur internet, l’administration Biden a demandé à Musk de l’aider à utiliser Starlink pour contourner les coupures de courant. Plus tard, des terminaux Starlink ont commencé à être introduits clandestinement dans le pays.
La relation entre Musk et l’État de sécurité est si forte qu’un fonctionnaire a même déclaré à Bloomberg (20/10/2022) que « le gouvernement des États-Unis utiliserait également Starlink en cas de panne de télécommunications », ce qui laisse entrevoir des liens avec des plans d’urgence nationaux de haut niveau.
Le débat autour de Twitter s’est focalisé sur la question de savoir si Elon Musk est ou non un défenseur de la liberté d’expression, mais peu de choses ont été dites sur les implications d’un contractant militaire ayant le contrôle total d’une plateforme aussi importante. Bien que Musk puisse (ou non) se retirer du poste de PDG, la plateforme restera son domaine.
Beaucoup de choses ont changé sous le règne de Musk, mais pas le rôle de Twitter en tant que mégaphone pour les médias financés par le gouvernement des États-Unis. Il faudrait une vaste étude de recherche pour comprendre précisément l’impact de la mauvaise application par Twitter de sa propre politique sur la propagation. Mais, même sans ces données, il est clair que la conception de la plateforme sert à éloigner les utilisateurs de la plupart des médias financés par les gouvernements hostiles à Washington et, dans le cas de la guerre en Ukraine, à les pousser vers les médias financés par le gouvernement des États-Unis. Le statut de Musk en tant que contractant militaire ne fait que souligner le fait que la remise en question des objectifs de la politique étrangère des États-Unis n’est probablement pas une priorité pour l’entreprise.
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