Traduit de l’anglais par EDB () • Langue originale : anglais |
Dans ce qui semble être une nouvelle escalade dans les efforts redoublés de la Silicon Valley pour étouffer les voix dissidentes depuis le début de la guerre en Ukraine, PayPal vient de bloquer les comptes de plusieurs médias alternatifs qui se montrent critiques à l’égard des récits officiels de l’empire US. Il s’agit notamment du journaliste et conférencier Caleb Maupin, ainsi que de Mnar Adley et Alan MacLeod de MintPress News.
Rien que l’autre jour, MintPress a publié un excellent article de MacLeod, intitulé « Une zone d’exclusion intellectuelle : la censure en ligne de l’opposition à l’Ukraine devient la nouvelle norme » ; il documente les nombreuses façons dont le scepticisme, à l’égard de la version des événements du gouvernement des États-Unis dans cette guerre, est supprimé par les mégacorporations de la Silicon Valley, incluant la censure financière par la démonétisation des vidéos YouTube qui ne régurgitent pas la ligne impériale sur l’Ukraine.
Une zone d’exclusion intellectuelle : la censure en ligne de la critique de l’Ukraine devient la nouvelle norme
Par Alan MacLeod
Aujourd’hui, MintPress et MacLeod se sont vus interdire l’utilisation du service de paiement sur lequel de nombreux créateurs de contenu en ligne comptent pour financer leur travail.
Il se trouve que MintPress News a publié du journalisme critique sur PayPal lui-même dans le passé, comme les articles de 2018 écrits par Whitney Webb et documentant la façon dont les milliardaires louches liés à PayPal, Peter Thiel et Pierre Omidyar, ont fait avancer les intérêts de l’empire US et facilité le contrôle narratif impérial, ou celui-ci de 2016 sur la façon dont la société bloque les Palestiniens pour l’ouverture de comptes tout en ne montrant aucun parti pris de ce genre contre les colons israéliens illégaux.
J’ai demandé à la directrice exécutive de MintPress News, Mnar Adley, de commenter la décision de PayPal. Voici la réponse dans son intégralité :
« Le fait que PayPal me bannisse, ainsi que MintPress, est une censure flagrante à l’encontre des journalistes et des médias dissidents. Au cours de la dernière décennie, MintPress s’est efforcé de dénoncer les profiteurs de l’état de guerre permanent, depuis les guerres en Irak, en Afghanistan, en Libye, en Somalie et au Soudan jusqu’à l’occupation de la Palestine par l’apartheid israélien, en passant par la guerre génocidaire de l’Arabie saoudite au Yémen et les opérations de changement de régime en Syrie, en Ukraine et au Venezuela, où les armes des États-Unis ont inondé ces pays pour les plonger dans des guerres civiles dévastatrices.
À l’ère du déclin de l’empire US, la censure est devenue le dernier recours d’un régime impopulaire et de ses guerres éternelles pour faire disparaître la vérité et tuer la pensée critique. Avec la guerre en Ukraine qui fait rage, nous sommes entrés en temps de guerre et les géants de la Big Tech, dont Paypal, travaillent main dans la main avec les architectes de la nouvelle guerre froide eux-mêmes pour sanctionner les journalistes dissidents. Si vous examinez le conseil d’administration de l’un de ces géants de la technologie, que ce soit Google, Twitter, Facebook ou Paypal, vous verrez qu’il s’agit d’une galerie de faiseurs de guerres et que leur programme est clair : contrôler la libre circulation de l’information et cibler les comptes bancaires de quiconque ose remettre en question le récit officiel du Pentagone ou du département d’État.
Il est scandaleux de s’entendre dire que les géants de la technologie, qui sont dirigés par ceux qui profitent directement de la nouvelle guerre froide, y compris de la crise en Ukraine, pourraient limiter la capacité d’un journaliste à financer son travail. Pouvez-vous imaginer si cela était la norme en Russie, en Chine ou en Iran ? Nos médias hurleraient à la liberté d’expression et aux droits du premier amendement. Pourtant, quand nous le faisons, c’est normal, car c’est sous le couvert de la lutte contre la “propagande russe”.
Nous vivons dans une zone d’exclusion intellectuelle où la censure en ligne du journalisme dissident est devenue la nouvelle norme. Le régime de sanctions des États-Unis qui tente d’affamer la Russie, le Venezuela, le Zimbabwe, Cuba et l’Iran et plus de 25 % de la population mondiale vise maintenant ses propres citoyens avec sa campagne de pression maximale, de sorte que nous sommes obligés aujourd’hui de suivre la ligne officielle du gouvernement pour survivre en tant que journalistes dans les médias alternatifs.
Quelle que soit la guerre menée contre nous, nous refusons de nous laisser acculer et intimider par des géants de la technologie qui entretiennent des relations étroites avec des fabricants d’armes comme Raytheon et Lockheed Martin et qui travaillent main dans la main avec l’OTAN qui profite du sang de millions de personnes dans le monde. La seule façon d’avancer est que les gens s’unissent sur un front plus large de non-partisanerie et financent nos propres médias parce que nous sommes plus nombreux qu’eux. »
PayPal a également banni Caleb Maupin, un conférencier et journaliste américain dont le travail a déjà vu son compte Twitter personnel être qualifié de « média affilié à un État : Russie » par la plateforme « média affilié à un État : États-Unis ».
« Pourquoi quelque chose d’aussi basique que les transactions en espèces devrait-il être soumis à la censure politique ? », a déclaré Maupin lorsqu’on lui a demandé de commenter. « La guerre économique contre les pays indépendants se transforme en une guerre contre la liberté d’expression. Les écrivains et les journalistes doivent pouvoir manger. »
En effet, un moyen très efficace de faire taire les voix de médias non autorisés est qu’il leur soit difficile de gagner leur vie en faisant entendre leur voix. Par expérience, je sais pertinemment que je ne pourrais pas produire une fraction du contenu que je diffuse si j’étais obligé de travailler de 9 à 5 dans un bureau plutôt que d’avoir la liberté de consacrer tout mon temps et mon énergie mentale à ce travail grâce au soutien généreux de mes lecteurs. Me priver de ce financement reviendrait à me censurer directement, car je n’aurais plus aucun moyen de poursuivre le type de travail que je fais.
Nous sommes à un moment profondément dangereux et effrayant de l’histoire de l’humanité. La guerre par procuration menée par les États-Unis contre la Russie en Ukraine s’intensifie de jour en jour et les tambours de guerre battent de plus en plus fort contre la Chine au sujet des îles Salomon et de Taïwan. Si vous pensez que la censure est une mauvaise chose aujourd’hui, attendez que cette course au pouvoir mondial soit vraiment lancée.
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