Les « ONG de défense des droits de l’homme » HRW et Amnesty entretiennent des relations étroites avec le gouvernement des États-Unis

Les « ONG de défense
des droits de l’homme »
HRW et Amnesty
entretiennent des relations étroites
avec le gouvernement des États‑Unis

Par Ben Norton

Une publication Multipolarista


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Traduit de l’anglais par EDB () • Langue originale : anglais


Human Rights Watch et Amnesty International prétendent être indépendantes, mais elles entretiennent des liens étroits avec le gouvernement des États-Unis et servent ses intérêts en matière de politique étrangère, grâce au financement de fondations liées à la CIA et d’oligarques milliardaires.

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L’industrie des droits de l’homme se présente souvent comme indépendante du gouvernement des États-Unis, mais, en réalité, le complexe industriel à but non lucratif est étroitement lié à Washington.

Même l’utilisation du terme « organisation non gouvernementale » (ONG) est trompeuse, car de nombreuses prétendues ONG, non seulement collaborent avec les gouvernements occidentaux, mais sont souvent directement financées par eux.

Colin Powell, architecte de la guerre en Irak, a qualifié les ONG de défense des droits de l’homme de « multiplicateurs de force » pour l’armée des États-Unis, les qualifiant de « partie importante de notre équipe de combat ».

En tant que secrétaire d’État de l’administration de George W. Bush, le général Powell a réuni les dirigeants des principales organisations de défense des droits de l’homme au département d’État en octobre 2001 et leur a dit que leur travail serait crucial dans la prochaine guerre contre le terrorisme.

Powell a déclaré qu’il avait contacté les ambassadeurs des États-Unis et leur avait « donné pour instruction de faire tout leur possible pour travailler avec les ONG ». Il a déclaré aux poids lourds de l’industrie des droits de l’homme : « C’est le fait même que vous soyez indépendants et non un bras du gouvernement qui vous rend si précieux. »

Deux décennies plus tard, le gouvernement des États-Unis continue d’employer cette même stratégie.

Ce 16 mars, le secrétaire d’État Antony Blinken a tweeté qu’il venait de rencontrer les directeurs de Human Rights Watch (HRW) et d’Amnesty International pour discuter des « défis en matière de droits de l’homme, notamment en Ukraine, en Russie, en Chine et au Moyen-Orient ».

HRW et Amnesty sont les principales actrices de l’industrie occidentale des droits de l’homme. Elles insistent toutes deux sur le fait qu’elles sont indépendantes ; mais, avec des liens étendus avec les États-Unis et d’autres gouvernements occidentaux, elles sont tout sauf cela.

Secretary Antony Blinken : « Je me suis entretenu aujourd’hui avec @KenRoth de @HRW et @AgnesCallamard d’@Amnesty sur les défis en matière de droits de l’homme, notamment en Ukraine, en Russie, en Chine et au Moyen-Orient. Les droits de l’homme sont au cœur de la politique étrangère des États-Unis. Nous soutenons l’important travail des défenseurs des droits de l’homme. »
Article : « Le soutien des États-Unis aux défenseurs des droits de l’homme »

Dans son tweet, Blinken renvoie à un rapport du département d’État de novembre 2021 intitulé « Le soutien des États-Unis aux défenseurs des droits de l’homme ». Le document détaille comment Washington soutient les organisations dites de la « société civile » pour faire avancer ses propres intérêts en matière de politique étrangère.

Dans ce rapport, le département d’État écrit ouvertement que « le gouvernement des États-Unis apporte une aide rapide aux défenseurs des droits de l’homme du monde entier en leur fournissant une assistance technique et financière d’urgence ».

Le document montre comment le département d’État utilise les soi-disant « défenseurs des droits de l’homme », qui ne sont en réalité que des militants pro-US, comme des cinquièmes colonnes pour déstabiliser les pays que Washington a ciblés pour un changement de régime.

Mais ce ne sont pas seulement les organisations de la « société civile » dans les pays du Sud qui sont instrumentalisées par Washington pour faire avancer son programme. Des groupes occidentaux traditionnels comme HRW et Amnesty sont également des complices consentants.

Kenneth Roth, le directeur exécutif de longue date de Human Rights Watch, qui se fait presque toujours l’écho de l’orthodoxie étatsunienne en matière de politique étrangère, a commencé sa carrière comme avocat du gouvernement des États-Unis. (Roth a également retweeté le post de Blinken en guise d’approbation.)

HRW a elle-même ses origines dans Helsinki Watch, un groupe de pression antisoviétique qui a joué un rôle clé dans l’architecture de la guerre froide des États-Unis, et qui existait simplement pour diaboliser le bloc socialiste et faire avancer les objectifs politiques de Washington.

Sous la direction de Roth, HRW a fait pression sur Washington pour obtenir des sanctions plus agressives contre les gouvernements de gauche du Venezuela et du Nicaragua — même en pleine pandémie de Covid-19.

L’actuelle secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, a été pendant dix ans directrice exécutive d’ARTICLE 19, une organisation qui prétend se consacrer à la « défense de la liberté d’expression et d’information », mais qui sert en réalité d’instrument aux intérêts de la politique étrangère occidentale.

ARTICLE 19 est financée par un large éventail de groupes de façade occidentaux pour le changement de régime et par des agents de la CIA, notamment le département d’État des États-Unis, la National Endowment for Democracy (NED), l’USAID, Freedom House, le Foreign Office britannique, le gouvernement canadien, la Commission européenne, la Fondation Ford et les Open Society Foundations.

Pour leur part, Human Rights Watch et Amnesty International affirment qu’elles n’acceptent aucun financement de la part des gouvernements. Mais elles n’ont pas besoin de prendre de l’argent directement du gouvernement des États-Unis pour servir ses intérêts.

HRW est connue pour avoir engagé de nombreux anciens fonctionnaires du gouvernement des États-Unis, des agents de la CIA et des criminels de guerre de l’OTAN. L’organisation est depuis longtemps critiquée pour sa porte tournante avec Washington.

Le principal donateur de HRW est le milliardaire anticommuniste George Soros, lié à la CIA, qui a accordé à l’organisation une subvention de 100 millions de dollars. L’oligarque et les Open Society Foundations ont collaboré étroitement avec Washington dans des opérations de changement de régime visant les gouvernements socialistes d’Europe de l’Est.

Le Washington Post a révélé en 1991 que Soros faisait partie d’un groupe d’« agents transparents » anticommunistes soutenus par le gouvernement des États-Unis qui « ont fait en public ce que la CIA faisait en secret — fournir de l’argent et un soutien moral à des groupes pro-démocratiques, former des résistants, travailler à la subversion du régime communiste ».

Amnesty International et ses filiales ont également été financées par la Ford Foundation, la Rockefeller Foundation et les Open Society Foundations, liées à la CIA, que l’historienne Frances Stonor Saunders a décrites comme « des instruments conscients de la politique étrangère secrète des États-Unis, dont les directeurs et les responsables étaient étroitement liés au renseignement américain, voire en faisaient partie » et qui constituaient « une composante intégrale de la machinerie américaine de la guerre froide ».

Benjamin Norton : « Ce livre extrêmement important, The Cultural Cold War, documente la façon dont la Fondation Ford et la Fondation Rockefeller ont longtemps été “des instruments conscients de la politique étrangère secrète des États-Unis, dont les directeurs et les responsables étaient étroitement liés au renseignement américain, voire en faisaient partie”. »
Benjamin Norton : « La Fondation Rockefeller, comme celle de Ford, “était une composante intégrale de la machinerie américaine de la guerre froide”. Toutes deux étaient et sont encore étroitement liées à la CIA et à d’autres agences du gouvernement des États-Unis et servent de passe-droit pour financer la contre-insurrection, la guerre culturelle et la guerre psychologique. »


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En fait, comme l’a rapporté Alan Macleod de MintPress, l’un des cofondateurs d’Amnesty International, Peter Benenson, « était un anticommuniste déclaré qui entretenait des liens étroits avec le Foreign Office et le Colonial Office britanniques, soutenant le régime d’apartheid en Afrique du Sud à la demande du gouvernement britannique ».

L’autre cofondateur d’Amnesty, Luis Kutner, « était un agent du FBI qui a participé à l’assassinat par le gouvernement du leader des Black Panthers, Fred Hampton ». Kutner a ensuite créé une organisation appelée « Friends of the FBI », dont le but est de contrer et de combattre les critiques à l’encontre du Bureau ».

Macleod a rapporté cela dans un article détaillant comment le directeur exécutif de Human Rights Watch, Ken Roth, a soutenu un coup d’État d’extrême droite appuyé par les États-Unis en Bolivie en 2019, blanchissant ensuite un massacre de militants indigènes pro-démocratie.

Cet exemple était l’un des nombreux montrant comment l’industrie des droits de l’homme est plus que disposée à abandonner les droits humains fondamentaux lorsque cela sert les intérêts de Washington.

Alan MacLeod : « Maintenant que la démocratie est revenue, le patron de Human Rights Watch, Ken Roth, prétend l’avoir soutenue, ainsi que le MAS, depuis le début, bien qu’il ait été l’un des principaux acteurs internationaux du coup d’État fasciste de 2019 et qu’il ait blanchi les massacres de résistants indigènes.
Mais je ne l’oublierai pas. Et vous ne devriez pas non plus. »
Alan MacLeod : « HRW a refusé d’imputer la faute aux escadrons de la mort de la police qui ont fauché les manifestants en novembre, gardant tout le monde dans le brouillard sur qui était à blâmer, favorisant le coup d’État d’extrême droite soutenu par les États-Unis.
J’ai écrit à ce sujet à l’époque. »
Article : « Comment Human Rights Watch a blanchi un massacre d’extrême droite en Bolivie »

Sources :


Source de la photographie d’en-tête : GPA Photo Archive
Secretary of State Antony J. Blinken delivers a speech on U.S. foreign policy at the U.S. Department of State in Washington, D.C., on March 3, 2021.
State Department Photo by Ron Przysucha / Public Domain [taken on March 3, 2021]
https://www.flickr.com/photos/iip-photo-archive/51024344951
[ Public domain ]

 

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