Comment les régimes arabes financent la guerre d’Israël contre Gaza

Comment
les régimes arabes financent
la guerre d’Israël contre Gaza

Par Mohamad Hasan Sweidan

Une publication The Cradle


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Traduit de l’anglais par EDB () • Langue originale : anglais


Les États arabes qui ont normalisé leurs relations avec Tel-Aviv comptent parmi les principaux contributeurs financiers du complexe militaro-industriel israélien. Ces milliards arabes alimentent aujourd’hui la guerre insensée de l’État d’occupation contre les Palestiniens de Gaza, de Jérusalem et de Cisjordanie.

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Au cours de sa courte histoire, Israël a commis des atrocités à l’encontre du peuple palestinien et des États arabes voisins, en utilisant souvent des produits chimiques interdits à l’échelle internationale, tels que le phosphore blanc qui a été déployé contre Gaza et le Liban ces derniers jours.

Dans la guerre qu’il mène actuellement contre la bande de Gaza, l’État d’occupation jouit d’une grande latitude grâce en grande partie au soutien de l’Occident, notamment de Washington, qui se présente fièrement comme le champion des droits de l’homme dans le monde. Le double langage de cette politique occidentale est illustré par des décennies d’abus et de crimes de guerre documentés dans des pays comme l’Irak, l’Afghanistan, le Vietnam, la Syrie, le Liban et bien d’autres encore.

Mais, les États occidentaux ne sont pas les seuls à soutenir les capacités militaires d’Israël aujourd’hui. Une analyse approfondie révèle qu’une part importante du financement de l’industrie militaire israélienne provient désormais de pays arabes qui ont récemment normalisé leurs relations avec l’État d’occupation. Qui sont donc les financiers des guerres d’Israël ?

La croissance de l’industrie militaire israélienne

Selon un rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Stockholm International Peace Research Institute / SIPRI), entre 2018 et 2022, l’écrasante majorité — 99 % — des importations d’armes d’Israël provenait des États-Unis et de l’Allemagne.

Au cours de cette période, Israël a importé pour 2,7 milliards de dollars d’armes ; la part du lion — un pourcentage substantiel de 79 % — provenait des États-Unis (2,1 milliards de dollars) et 20 % de l’Allemagne (546 millions de dollars).

Il va sans dire que les États-Unis sont de loin le plus grand bienfaiteur d’Israël, ayant fourni 246 milliards de dollars d’aide militaire et économique depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. En 2016, l’engagement de Washington envers Tel-Aviv a été renforcé sous l’administration de l’ancien président Barack Obama par un mémorandum décennal (2019-2028), promettant une aide militaire stupéfiante de 38 milliards de dollars à Israël, ce qui équivaut à plus de 3 milliards de dollars par an.

Les droits de l’homme semblent être la dernière préoccupation des Américains. Alors que les comportements israéliens s’aggravent, les États-Unis doublent leur soutien indéfectible à la machine de guerre israélienne et à son projet de colonisation qui a entraîné la perte de dizaines de milliers de vies palestiniennes au cours des sept dernières décennies.

En 2022, deux ans après les accords d’Abraham négociés par les États-Unis et qui ont normalisé les relations entre Israël et plusieurs pays — les États-Unis, le Bahreïn, le Maroc et le Soudan —, l’industrie de la défense israélienne a connu une hausse sans précédent de ses exportations, lesquelles se sont élevées à 12,5 milliards de dollars, un record depuis la création d’Israël il y a 75 ans.

Les exportations de drones ont été les plus importantes, représentant 25 % de ce total stupéfiant, soit un bond significatif par rapport aux 9 % de 2021. Les missiles et les systèmes de défense aérienne suivent de près, représentant 19 % des ventes d’armes israéliennes, tandis que les radars et les systèmes de guerre électronique contribuent à hauteur de 13 %.

Les États arabes financent l’économie de guerre d’Israël

Un rapport publié par le ministère israélien de la Défense révèle la manne financière que la normalisation a créée pour l’industrie de l’armement de l’État d’occupation : pour la seule année 2022, 24 % (soit l’équivalent de 3 milliards de dollars) des exportations militaires israéliennes ont trouvé leur chemin vers les pays arabes qui ont officialisé leurs relations avec Tel-Aviv. Il s’agit d’une augmentation notable par rapport aux 16,5 % de l’année précédente. En 2021, Bahreïn et les Émirats arabes unis représentaient à eux seuls 7,5 % (853 millions de dollars) des exportations d’armes israéliennes.

Sur le plan géographique, les États arabes signataires des accords d’Abraham constituent le troisième groupe de pays importateurs d’armes israéliennes, après l’Asie-Pacifique (30 %) et l’Europe (29 %).

Cela illustre le rôle significatif que jouent ces États arabes en tant que contributeurs majeurs au complexe militaro-industriel et à l’économie d’Israël. La toile de fond de cette participation financière, c’est bien cette triste réalité avec plus de 4 137 civils palestiniens, dont une majorité de femmes et d’enfants, qui ont été tués et plus de 13 000 autres qui ont été blessés en un peu plus d’une semaine, lorsque les avions de guerre israéliens ont massacré la population à Gaza.

Contrairement à la complicité arabe — et turque — qui renforce le secteur militaire israélien, l’Iran est « le seul pays [d’Asie occidentale] qui soutient la résistance en Palestine à tous les niveaux », comme l’a déclaré Muhammad al-Hindi, vice-secrétaire général du Jihad islamique palestinien (JIP). Ce soutien résolu a sans doute contribué à la remarquable victoire stratégique récente de la résistance palestinienne qui a évité à Gaza, à Jérusalem et à la Cisjordanie d’avoir à endurer une seconde Nakba.

Une étape importante pour la résistance palestinienne

Cinquante ans après l’audacieuse attaque-surprise de 1973 lancée par les armées arabes égyptiennes et syriennes contre Israël, la date du 7 octobre restera gravée dans les mémoires. Elle deviendra importante non seulement pour les gains militaires palestiniens obtenus de manière téméraire lors de l’opération Déluge d’Al-Aqsa, mais aussi parce qu’elle marque le moment où les forces de la résistance ont porté un coup retentissant à l’hégémonie occidentale, en mettant en pièces l’image d’un « puissant Israël » qui semblait auparavant inébranlable. Dans la région, on n’a pas vu cela depuis juillet 2006, lorsque la résistance libanaise, le Hezbollah, a contrecarré tous les objectifs militaires d’Israël au cours de sa guerre de 33 jours contre le Liban.

La façade d’un État israélien redoutable, financé et armé jusqu’aux dents pour sauvegarder les intérêts régionaux de Washington, a été exposée pour la première fois en 17 ans. Aujourd’hui, un Israël beaucoup plus fragile, contraint de demander une aide militaire face à des factions de résistance bien déterminées, s’est transformé en un boulet international pour ses commanditaires occidentaux.

Comme on pouvait s’y attendre, à la suite de l’opération Déluge d’Al-Aqsa, Israël a opté pour une réaction brutale et disproportionnée contre la population — les civils — déjà affaiblie de Gaza, au lieu de mener des représailles ciblées contre la résistance armée.

Plusieurs massacres de grande ampleur ont eu lieu, rasant des quartiers palestiniens entiers, des hôpitaux et des sites religieux dans la bande de Gaza assiégée. Face à l’escalade de ces crimes contre l’humanité, ce n’est plus seulement le monde occidental qui couvre les comportements détraqués et illégaux d’Israël, mais aussi la collaboration des régimes arabes qui ont furtivement financé le complexe militaro-industriel de l’occupation.

Le génocide à Gaza a sans doute freiné le projet de normalisation des États-Unis et d’Israël pour l’instant. Et peut-être que les ventes d’armes d’Israël aux gouvernements arabes ont été temporairement freinées parce que Tel-Aviv en a besoin.

Pour ceux qui attendent impatiemment l’entrée de l’Axe de la Résistance de la région dans cette bataille, l’objectif ne sera pas seulement la défaite d’Israël, mais aussi le démantèlement de toute normalisation arabe avec l’État d’occupation. En fin de compte, les États arabes seront tenus pour responsables du financement de la guerre d’Israël contre Gaza.

Sources :


Source de l’illustration d’en-tête : The Cradle
https://new.thecradle.co/articles/how-arab-regimes-fund-israels-war-on-gaza

 

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