Traduit de l’anglais par EDB () • Langue originale : anglais |
Le magazine en ligne israélien +972 a publié un article détaillé sur l’utilisation par Israël d’un système d’intelligence artificielle (IA) appelé « Lavender » qui permet de cibler des milliers d’hommes palestiniens dans le cadre de la campagne de bombardements à Gaza. Lorsqu’Israël a attaqué Gaza après le 7 octobre, le système Lavender disposait d’une base de données de 37 000 hommes palestiniens soupçonnés d’avoir des liens avec le Hamas ou le Jihad islamique palestinien (JIP).
Lavender attribue une note numérique, de un à cent, à chaque homme de Gaza, en se basant principalement sur les données des téléphones portables et des réseaux sociaux, et ajoute automatiquement ceux qui ont une note élevée à sa liste de personnes soupçonnées d’être des militants. Israël utilise un autre système automatisé, connu sous le nom de « Où est Papa ? », pour déclencher des frappes aériennes afin de tuer ces hommes et leurs familles dans leurs domiciles.
L’article de +972 est basé sur des entretiens avec six officiers de renseignement israéliens qui ont travaillé avec ces systèmes. Comme l’a expliqué l’un d’entre eux, en ajoutant un nom figurant sur une liste générée par Lavender au système de suivi du domicile de « Où est Papa ? », il peut placer le domicile de l’homme sous la surveillance constante d’un drone, et une frappe aérienne sera déclenchée dès que l’homme rentrera chez lui.
Les officiers ont déclaré que l’assassinat « collatéral » étendu à la famille n’avait que peu d’importance pour Israël. « Disons que vous calculez [qu’il y a un] [agent] du Hamas et 10 [civils dans la maison]. En général, ces dix personnes sont des femmes et des enfants. Il est donc absurde que la plupart des personnes tuées soient des femmes et des enfants. »
Les officiers ont expliqué que la décision de cibler des milliers de ces hommes à leur domicile n’est qu’une question d’opportunité. Il est tout simplement plus facile d’attendre qu’ils rentrent chez eux à l’adresse enregistrée dans le système, puis de bombarder cette maison ou cet immeuble, que de les chercher dans le chaos de la bande de Gaza déchirée par la guerre.
Les officiers ont précisé que lors des précédents massacres israéliens à Gaza, ils n’avaient pas pu générer des cibles assez rapidement pour répondre aux attentes de leurs chefs politiques et militaires ; ces systèmes d’intelligence artificielle ont donc été conçus pour résoudre ce problème. La vitesse à laquelle Lavender peut générer de nouvelles cibles ne laisse en moyenne que 20 secondes à ses agents humains pour examiner et approuver chaque nom, même s’ils savent, grâce aux tests du système, qu’au moins 10 % des hommes choisis pour l’assassinat et le familicide n’ont qu’un lien insignifiant ou erroné avec le Hamas ou le JIP.
Le système d’IA Lavender est une nouvelle arme mise au point par Israël. Mais, le type de liste de personnes à abattre qu’il génère a un long pedigree dans les guerres des États-Unis, les occupations et les opérations de changement de régime de la CIA. Depuis la naissance de l’Agence après la Seconde Guerre mondiale, la technologie utilisée pour créer ces kill lists a évolué depuis les premiers coups d’État de la CIA en Iran et au Guatemala, jusqu’à l’Indonésie et au programme Phoenix au Vietnam dans les années 1960, en passant par l’Amérique latine dans les années 1970 et 1980 et les occupations US de l’Irak et de l’Afghanistan.
Tout comme le développement des armes étatsuniennes vise à être à la pointe des nouvelles technologies — et à la pointe du meurtre —, la CIA et les services de renseignement militaires US ont toujours essayé d’utiliser les dernières innovations en matière de traitement de données pour identifier et tuer leurs ennemis.
La CIA a appris certaines de ces méthodes auprès d’officiers de renseignement allemands capturés à la fin de la Seconde Guerre mondiale. De nombreux noms figurant sur les listes nazies de personnes à abattre ont été générés par le service de renseignement sur les armées étrangères de l’Est (Abteilung Fremde Heere Ost / FHO), sous le commandement du général de division Reinhard Gehlen, le chef des espions allemands sur le front de l’Est (lire David Talbot, The Devil’s Chessboard, p. 268).
Gehlen et le FHO n’avaient pas d’ordinateurs, mais ils avaient accès à quatre millions de prisonniers de guerre soviétiques provenant de toute l’URSS et n’hésitaient pas à les torturer pour connaître les noms des Juifs et des responsables communistes dans leurs villes d’origine afin de dresser des listes de personnes à abattre pour la Gestapo (police politique) et les Einsatzgruppen (unités mobiles d’extermination).
Après la guerre, à l’instar des 1 600 scientifiques allemands évacués d’Allemagne dans le cadre de l’opération Paperclip, les États-Unis ont envoyé Gehlen et son équipe dirigeante à Fort Hunt, en Virginie. Ceux-ci ont été accueillis par Allen Dulles, qui allait devenir le premier directeur de la CIA et qui est toujours celui qui a exercé le plus longtemps cette fonction. Dulles les a renvoyés à Pullach, dans l’Allemagne occupée, pour qu’ils reprennent leurs opérations antisoviétiques en tant qu’agents de la CIA. L’Organisation Gehlen a formé le noyau de ce qui est devenu le BND, le nouveau service de renseignement ouest-allemand, dont Reinhard Gehlen a été le directeur jusqu’à sa retraite en 1968.
En 1953, un coup d’État de la CIA a renversé Mohammad Mosaddegh, le Premier ministre — populaire et démocratiquement élu — de l’Iran. Une équipe de l’Agence dirigée par le major général des États-Unis Norman Schwarzkopf a ensuite formé un nouveau service à l’utilisation de kill lists et à la torture. Connu sous le nom de SAVAK, cette « Organisation pour le renseignement et la sécurité nationale » a utilisé ces compétences pour purger l’armée et le gouvernement iraniens des personnes soupçonnées d’être communistes et, plus tard, pour traquer tous ceux qui osaient s’opposer au shah.
En 1975, Amnesty International estimait que l’Iran détenait entre 25 000 et 100 000 prisonniers politiques et que ce pays avait « le taux de peine de mort le plus élevé au monde, aucun système valide de tribunaux civils et une histoire de torture qui dépasse l’entendement ».
En 1954, au Guatemala, un coup d’État de la CIA a remplacé le gouvernement démocratique de Jacobo Arbenz Guzman par une dictature brutale. Lorsque la résistance s’est développée dans les années 1960, les forces spéciales US ont rejoint l’armée guatémaltèque dans une campagne de terre brûlée à Zacapa qui a tué 15 000 personnes pour vaincre quelques centaines de rebelles armés. Pendant ce temps, des escadrons de la mort urbains formés par la CIA enlevaient, torturaient et tuaient des membres du PGT (Partido Guatemalteco del Trabajo / Parti guatémaltèque du travail) à Guatemala City, notamment 28 dirigeants syndicaux de premier plan qui ont été enlevés et ont disparu en mars 1966.
Une fois cette première vague de résistance réprimée, la CIA a mis en place un nouveau centre de télécommunications et une agence de renseignements, tous deux basés au palais présidentiel. Elle a constitué une base de données d’éléments « subversifs » de tout le pays, parmi lesquels des dirigeants de coopératives agricoles et des militants ouvriers, étudiants et indigènes, afin de fournir des listes toujours plus longues aux escadrons de la mort. La guerre civile qui en a résulté s’est transformée en un génocide contre les populations indigènes d’Ixil et des hauts plateaux de l’ouest. Cela a entraîné la mort ou la disparition d’au moins 200 000 personnes.
Ce schéma s’est répété dans le monde entier, partout où des dirigeants populaires et progressistes ont offert un espoir à leur peuple en défiant les intérêts des États-Unis. Comme l’a écrit l’historien Gabriel Kolko en 1988 : « L’ironie de la politique des États-Unis dans le tiers-monde est que, bien qu’ils aient toujours justifié leurs objectifs et leurs efforts les plus importants au nom de l’anticommunisme, leurs propres buts les ont rendus incapables de tolérer un changement, d’où qu’il vienne, qui empiète de manière significative sur leurs propres intérêts. »
Lorsque le général Suharto a pris le pouvoir en Indonésie en 1965, l’ambassade des États-Unis a dressé une liste de 5 000 communistes que ses escadrons de la mort devaient traquer et tuer. La CIA a estimé qu’ils ont finalement tué 250 000 personnes, tandis que d’autres évaluations vont jusqu’à un million.
Vingt-cinq ans plus tard, la journaliste Kathy Kadane a enquêté sur le rôle des États-Unis dans le massacre en Indonésie et s’est entretenue avec Robert Martens, l’officier politique qui avait dirigé l’équipe État-CIA chargée de dresser la kill list. « Cela a vraiment été d’une grande aide pour l’armée », a déclaré Martens à Kadane. « Ils ont probablement tué beaucoup de gens, et j’ai probablement beaucoup de sang sur les mains. Mais, ce n’est pas si mal - il y a un temps où il vous faut, le moment décisif, frapper fort. »
Kathy Kadane s’est également entretenue avec l’ancien directeur de la CIA, William Colby, qui dirigeait la division Extrême-Orient de l’Agence dans les années 1960. Colby a comparé le rôle des États-Unis en Indonésie au programme Phoenix au Vietnam, lancé deux ans plus tard, en affirmant qu’il s’agissait de deux programmes réussis, l’un visant à identifier et l’autre à éliminer la structure organisationnelle des ennemis communistes de l’Amérique.
Le programme Phoenix a été conçu pour découvrir et démanteler le gouvernement fantôme du Front national de libération (FNL) dans tout le Sud-Vietnam. Le centre de renseignement combiné de Phoenix à Saigon entrait des milliers de noms dans un ordinateur IBM 1401, avec pour chacun la localisation et le rôle présumé au sein du FNL. Selon la CIA, le programme Phoenix a permis de tuer 26 369 officiels du FNL, tandis que 55 000 autres ont été emprisonnés ou persuadés de faire défection. Seymour Hersh a examiné des documents du gouvernement sud-vietnamien qui évaluent le nombre de morts à 41 000.
Il est impossible de savoir combien de morts ont été correctement identifiés comme étant des officiels du FNL, mais les Américains qui ont participé aux opérations Phoenix ont déclaré avoir tué les mauvaises personnes dans de nombreux cas. Le Navy SEAL Elton Manzione a raconté à Douglas Valentine (l’auteur de The Phoenix Program) comment il a tué deux jeunes filles lors d’un raid nocturne sur un village, puis s’est assis sur une pile de caisses de munitions avec une grenade et un M-16, menaçant de se faire exploser, jusqu’à ce qu’il obtienne un billet de retour.
« Toute l’aura de la guerre du Vietnam a été influencée par ce qui s’est passé avec les équipes “hunter-killer” [“chasseur-tueur”] de Phoenix, Delta, etc », a déclaré Manzione à Valentine. « C’est à ce moment-là que beaucoup d’entre nous ont réalisé qu’ils n’étaient plus les bons gars en bonnet blanc qui défendaient la liberté, mais des assassins, purement et simplement. Cette désillusion s’est répercutée sur tous les autres aspects de la guerre et a fini par en faire la guerre la plus impopulaire des États-Unis. »
Même si la défaite au Vietnam et la « lassitude de la guerre » aux États-Unis ont conduit à une décennie plus paisible, la CIA a continué à organiser et à soutenir des coups d’État un peu partout dans le monde et à fournir aux nouveaux gouvernements des kill lists de plus en plus informatisées pour consolider leur pouvoir.
Après avoir soutenu le coup d’État du général Pinochet au Chili en 1973, la CIA a joué un rôle central dans l’opération Condor — une alliance entre les gouvernements militaires de droite en Argentine, au Brésil, au Chili, en Uruguay, au Paraguay et en Bolivie — pour traquer des dizaines de milliers d’opposants politiques et de dissidents, tuant et faisant disparaître au moins 60 000 personnes.
Le rôle de la CIA dans l’opération Condor est toujours entouré du secret, mais Patrice McSherry, politologue à l’université de Long Island, a enquêté sur le rôle des États-Unis et a conclu : « L’opération Condor a également bénéficié du soutien secret du gouvernement des États-Unis. Washington a fourni à Condor des renseignements et un entraînement militaires, une aide financière, des ordinateurs de dernière génération, une technologie de repérage sophistiquée et un accès au système de télécommunications continental situé dans la zone du canal de Panama. »
Les recherches de McSherry ont révélé comment la CIA soutenait les services de renseignement des États Condor grâce à des liaisons informatisées, à un système de télex et à des machines d’encodage et de décodage spécialement conçues par le département logistique de la CIA. Comme elle l’a écrit dans son livre Predatory States: Operation Condor and Covert War in Latin America :
« Le système de communication sécurisé de Condor, Condortel, […] permettait aux centres d’opérations Condor des pays membres de communiquer entre eux et avec la station mère située dans une installation des États-Unis dans la zone du canal de Panama. Ce lien avec le complexe du renseignement militaire US au Panama est un élément de preuve essentiel concernant le parrainage secret de Condor par les États-Unis […] »
L’opération Condor a finalement échoué, mais les États-Unis ont fourni un soutien et une formation similaires aux gouvernements de droite en Colombie et en Amérique centrale tout au long des années 1980, dans le cadre de ce que des officiers supérieurs ont appelé une « approche discrète, déguisée et sans médias » de la répression et des kill lists.
La School of the Americas (SOA) des États-Unis a formé des milliers d’officiers latino-américains à l’utilisation de la torture et des escadrons de la mort. Le major Joseph Blair, ancien chef d’instruction de la SOA, l’a expliqué à John Pilger dans le film The War You Don’t See :
« La doctrine enseignée était que, pour obtenir des informations, il fallait recourir à la violence physique, à la séquestration, aux menaces à l’encontre des membres de la famille et à l’assassinat. Si vous ne pouvez pas obtenir les informations que vous voulez, si vous ne pouvez pas faire en sorte que la personne se taise ou arrête ce qu’elle fait, vous l’assassinez — et vous l’assassinez avec l’un de vos escadrons de la mort. »
Lorsque les mêmes méthodes ont été appliquées à l’occupation militaire hostile de l’Irak par les États-Unis après 2003, Newsweek a titré « L’option Salvador ». Un officier US a expliqué au magazine que les escadrons de la mort étatsuniens et irakiens s’en prenaient aussi bien aux civils irakiens qu’aux résistants. « La population sunnite ne paie pas le prix du soutien qu’elle apporte aux terroristes. De leur point de vue, c’est gratuit. Nous devons changer cette équation. »
Les États-Unis ont envoyé en Irak deux vétérans de leurs sales guerres en Amérique latine pour jouer un rôle clé dans cette campagne. Le colonel James Steele a dirigé le groupe de conseillers militaires US au Salvador de 1984 à 1986, formant et supervisant les forces salvadoriennes qui ont tué des dizaines de milliers de civils. Il a également été profondément impliqué dans le scandale Iran-Contra, échappant de peu à une peine de prison pour son rôle dans la supervision des livraisons de la base aérienne d’Ilopango (Salvador) aux Contras soutenus par les États-Unis au Honduras et au Nicaragua.
En Irak, Steele a supervisé la formation des commandos de la police spéciale du ministère de l’Intérieur, rebaptisés police « nationale » puis « fédérale » après la découverte de leur centre de torture d’Al-Jadriyah et d’autres atrocités.
Bayan al-Jabr, un commandant de la milice Badr entraînée par l’Iran, a été nommé ministre de l’Intérieur en 2005, et ces miliciens ont été intégrés dans l’escadron de la mort de la Brigade Wolf et dans d’autres unités de la police spéciale. Le principal conseiller de Jabr était Steven Casteel, l’ancien chef des services de renseignement de la Drug Enforcement Agency (DEA) des États-Unis en Amérique latine.
Les escadrons de la mort du ministère de l’Intérieur ont mené une sale guerre à Bagdad et dans d’autres villes, remplissant la morgue de la capitale jusqu’à 1 800 cadavres par mois, tandis que Casteel alimentait les médias occidentaux en histoires absurdes, comme celle selon laquelle ces escadrons de la mort étaient tous des « insurgés » portant des uniformes de police volés.
Pendant ce temps, les forces d’opérations spéciales US menaient des raids nocturnes « kill-or-capture » (« tuer-ou-capturer ») à la recherche des chefs de la Résistance. Le général Stanley McChrystal, commandant du Joint Special Operations Command de 2003 à 2008, a supervisé le développement d’un système de base de données, utilisé en Irak et en Afghanistan, qui compilait les numéros de portables extraits des téléphones cellulaires capturés afin de générer une liste de cibles toujours plus longue pour les raids nocturnes et les frappes aériennes.
Le fait de cibler des téléphones portables plutôt que des personnes réelles a permis d’automatiser le système de ciblage et d’exclure explicitement le recours au renseignement humain pour confirmer les identités. Deux commandants US de haut rang ont déclaré au Washington Post que seulement la moitié des raids nocturnes attaquaient la bonne maison ou la bonne personne.
En Afghanistan, McChrystal a été nommé en 2009 par le président Obama à la tête des forces US et de l’OTAN. Son « analyse des réseaux sociaux » basée sur les téléphones portables a alors permis une augmentation exponentielle des raids nocturnes, lesquels sont passés de 20 par mois en mai 2009 à 40 par nuit en avril 2011.
Comme dans le cas du système Lavender à Gaza, cette augmentation considérable du nombre de cibles a été obtenue en appliquant un système — conçu à l’origine pour identifier et suivre un petit nombre de commandants ennemis importants — à toute personne soupçonnée d’avoir des liens avec les talibans, basés sur les données de son téléphone portable.
Cela a conduit à la capture d’un flot ininterrompu de civils innocents, de sorte que la plupart des détenus ont dû être rapidement libérés pour faire de la place à de nouveaux. L’augmentation du nombre de civils innocents tués lors des raids nocturnes et des frappes aériennes a alimenté la résistance déjà féroce à l’occupation des États-Unis et de l’OTAN, et a finalement conduit à la défaite de cette dernière.
La campagne de drones menée par le président Obama pour tuer des ennemis présumés au Pakistan, au Yémen et en Somalie a été tout aussi aveugle : des rapports suggèrent que 90 % des personnes tuées étaient des civils innocents.
Pourtant, Obama et son équipe de sécurité nationale se réunissaient à la Maison-Blanche tous les « mardis de la terreur » pour choisir les cibles de la semaine pour les drones, en utilisant une « matrice de disposition » informatique orwellienne pour fournir une couverture technologique à leurs décisions de vie ou de mort.
En observant cette évolution de systèmes de plus en plus automatisés pour tuer et capturer des ennemis, nous pouvons constater — à mesure que la technologie de l’information utilisée a progressé du télex au téléphone portable et des premiers ordinateurs IBM à l’IA — comment l’intelligence et la sensibilité humaines qui pourraient repérer les erreurs, donner la priorité à la vie humaine et empêcher le meurtre de civils innocents ont été progressivement marginalisées et exclues, rendant ces opérations plus brutales et plus horribles que jamais.
Nicolas [le co-auteur du présent article (NdT)] a au moins deux bons amis qui ont survécu aux guerres sales en Amérique latine parce que quelqu’un qui travaillait dans la police ou l’armée leur a fait savoir que leur nom figurait sur une kill list, l’un en Argentine, l’autre au Guatemala. Si leur destin avait été décidé par une machine d’intelligence artificielle comme Lavender, ils seraient tous deux morts depuis longtemps.
Comme pour les prétendues avancées dans d’autres types de technologies d’armement, telles que les drones et les bombes et missiles de « précision », les innovations qui prétendent rendre le ciblage plus précis et éliminer l’erreur humaine ont au contraire conduit au meurtre de masse automatisé d’innocents, en particulier de femmes et d’enfants, nous ramenant d’un holocauste à l’autre.
Sources :
Sources de l’illustration d’en-tête :
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