Traduit de l’anglais par EDB () • Langue originale : anglais |
Un critique a décrit l’attaque de Matthew Miller contre la rapporteure spéciale des Nations unies, Francesca Albanese, de « calomnie vraiment abjecte et trumpienne contre une experte des droits de l’homme respectueuse des principes ».
Le porte-parole du département d’État US, Matthew Miller, a fait face à des appels à la démission jeudi, après avoir accusé une rapporteure spéciale des Nations Unies de faire preuve d’antisémitisme — une attaque qui a eu lieu quelques jours après que l’experte des droits de l’homme a présenté un rapport concluant que l’assaut d’Israël sur Gaza a atteint le seuil du génocide.
Interrogé sur le rapport lors d’une conférence de presse mercredi, Miller a déclaré que les États-Unis « s’opposent depuis longtemps au mandat de cette rapporteure spéciale, qui est contre-productive selon nous ».
« Et en ce qui concerne la personne qui occupe ce poste, je ne peux m’empêcher de noter les commentaires antisémites qu’elle a faits et qui ont été rapportés », a-t-il ajouté en parlant de commentaires que Francesca Albanese — en sa qualité de rapporteure spéciale de l’ONU sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés — « a faits en décembre et qui semblaient justifier les attaques du 7 octobre ».
Il n’est pas tout à fait clair à quels commentaires Miller a fait référence.
Dans une interview accordée au Jewish News Syndicate en décembre, il a été demandé à Albanese si l’assassinat de soldats israéliens par des militants palestiniens le 7 octobre constituait une violation du droit international. Albanese, avocate et universitaire italienne, a déclaré que « tuer un soldat est une tragédie en vertu du droit international, mais, lorsqu’il y a un conflit armé, comme dans ce cas, tuer un soldat n’est pas illégal ».
Toutefois, elle a souligné que les attaques menées par le Hamas contre des civils israéliens — y compris la prise d’otages — ne constituaient pas une « résistance légitime ».
« Il s’agit de crimes qui ne peuvent être justifiés. »
L’attaque de Miller contre Albanese mercredi a immédiatement suscité des réactions négatives contre le porte-parole, avec des appels à la démission. Elle faisait écho à d’autres attaques antérieures d’officiels et de législateurs étatsuniens contre la rapporteure spéciale.
« Matthew Miller devrait être contraint de démissionner pour avoir tenté de mettre en danger la vie d’un représentant de l’ONU avec des mensonges », a déclaré dans un communiqué Ashish Prashar, porte-parole de Gaza Voices. Albanese a déclaré en début de semaine qu’elle avait reçu des menaces à la suite de la publication de son rapport accusant Israël de commettre un génocide dans la bande de Gaza.
Rohan Talbot, directeur des affaires juridiques et des campagnes de Medical Aid for Palestinians, a qualifié les remarques du porte-parole du département d’État US de « calomnie vraiment abjecte et trumpienne contre une experte des droits de l’homme respectueuse des principes ».
Il a écrit sur les réseaux sociaux : « Notez l’absence de réfutation substantielle de son analyse minutieuse et le recours à des attaques ad hominem. Ce n’est pas le signe d’une administration confiante. »
Le gouvernement israélien a également tenté de faire passer Albanese pour une antisémite, s’attirant les foudres d’organisations de défense des droits de l’homme et d’universitaires qui affirment qu’il s’agit là d’une tentative infondée de discréditer son travail.
« Israël a une longue histoire d’utilisation de fausses accusations d’antisémitisme pour attaquer et saper ceux qui luttent pour les droits de l’homme des Palestiniens — et les représentants et experts de l’ONU ont été parmi les victimes les plus constantes de ces attaques », a déclaré à Common Dreams Phyllis Bennis, directrice du New Internationalism Project (Projet sur le nouvel internationalisme) à l’Institute for Policy Studies (Institut d’études politiques).
« Il y a presque 15 ans, Richard Falk, un professeur de droit international à Princeton, respecté dans le monde entier et qui venait d’être nommé rapporteur spécial, s’est vu non seulement refuser l’accès au territoire palestinien occupé pour remplir les termes de son mandat à l’ONU, mais il a également été arrêté et emprisonné par les autorités israéliennes. »
« Depuis lors, tous les rapporteurs spéciaux ont été exclus de la même manière, leur mandat et leur travail ont été sapés, et leur engagement en faveur du droit international et des droits de l’homme a été taxé d’antisémitisme. Francesca Albanese a été l’une des plus courageuses de ces rapporteurs spéciaux, en maintenant son engagement à dénoncer toutes les violations du droit international relevant de son mandat — y compris lorsqu’Israël a violé les pactes internationaux contre l’apartheid et, aujourd’hui, contre le génocide. »
Le rapport de 25 pages d’Albanese, qu’elle a remis mardi au Conseil des droits de l’homme des Nations unies, affirme que « la nature et l’ampleur écrasante de l’assaut israélien sur Gaza et les conditions de vie destructrices qu’il a causées révèlent une intention de détruire physiquement les Palestiniens en tant que groupe ».
Il y a des motifs raisonnables de croire que le seuil indiquant la perpétration des actes de génocide suivants contre les Palestiniens de Gaza a été atteint : « tuer des membres du groupe ; infliger aux membres du groupe une atteinte grave à leur intégrité physique ou mentale ; soumettre intentionnellement le groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ». Les actes génocidaires sont approuvés et mis en œuvre à la suite de déclarations d’intention génocidaire émanant de hauts responsables militaires et gouvernementaux.
Amnesty International a salué ce rapport comme « un travail crucial qui doit servir d’appel à l’action ».
Le département d’État de Biden a publiquement rejeté les accusations de génocide portées contre Israël en les qualifiant de « sans fondement » et a déclaré qu’il n’avait pas constaté que l’armée israélienne avait violé le droit international au cours de la guerre qu’elle a menée pendant des mois contre Gaza — une évaluation qui va à l’encontre des conclusions des principales organisations de défense des droits de l’homme et des experts de l’ONU.
Le rapport des Nations unies :
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