Traduit de l’anglais par EDB () • Langue originale : anglais |
Le gazoduc Nord Stream, reliant la Russie à l’Allemagne, a été saboté quelques heures seulement avant que l’Union européenne n’ouvre son propre gazoduc de la mer Baltique, allant de la Norvège à la Pologne. Aux États-Unis, le secrétaire d’État, Antony Blinken, s’est réjoui que ces attaques soient une « formidable opportunité » d’affaiblir Moscou.
Deux gazoducs, Nord Stream 1 et Nord Stream 2, construits pour transporter du gaz naturel sous la mer Baltique de la Russie vers l’Allemagne, ont été sabotés par une série d’explosions le 26 septembre.
Ces attaques suspectes sont survenues quelques heures à peine avant que la Norvège, le Danemark et la Pologne, membres de l’OTAN, n’ouvrent officiellement leur propre gazoduc, appelé Baltic Pipe [pipeline/gazoduc baltique (NdT)], qui a été construit avec des fonds de l’Union européenne afin de concurrencer Nord Stream.
Les gazoducs Nord Stream sont exploités par une société détenue en majorité par le géant gazier russe Gazprom. Les autorités norvégiennes et danoises ont empêché cette société d’inspecter les dommages causés à ses propres pipelines. En d’autres termes, les États membres de l’OTAN ont empêché la société Nord Stream AG, basée en Suisse, de mener une enquête sur les attaques dont elle a été victime.
Pendant ce temps, les hauts responsables à Washington ont été positivement surpris. Le secrétaire d’État, Antony Blinken, a qualifié avec enthousiasme les attaques contre Nord Stream de « formidable opportunité » d’affaiblir Moscou.
L’industrie étatsunienne des combustibles fossiles s’est enrichie grâce à la guerre par procuration en Ukraine. Les sanctions occidentales imposées à la Russie en réponse à l’invasion de son voisin le 24 février 2022 ont propulsé les États-Unis au rang de premier exportateur mondial de gaz naturel liquéfié (GNL). Une grande partie de ce GNL a été acheminée vers l’Europe pour compenser la baisse drastique des exportations russes.
La Norvège, membre de l’OTAN, en a également largement profité. Ce pays était déjà le premier producteur de pétrole et de gaz en Europe, avant même d’inaugurer Baltic Pipe, un jour seulement après le sabotage de Nord Stream.
Le fait qu’une attaque contre Nord Stream était en préparation était connu d’avance. Par qui ? Personne d’autre que la CIA. La célèbre agence d’espionnage des États-Unis avait averti l’Allemagne des semaines avant les explosions.
Expert en guerre de l’information, l’ancien directeur de la CIA John Brennan a mis au point une conspiration élaborée pour expliquer le sabotage de Nord Stream. Il a été rejoint par l’ancien chef de l’agence d’espionnage allemande, le BND, pour accuser la Russie d’endommager intentionnellement ses propres gazoducs.
Bien qu’il n’y ait pas la moindre preuve de cette affirmation inventée par la CIA, elle a été répétée avec enthousiasme par les gouvernements occidentaux et les médias institutionnels.
Moscou, pour sa part, a déclaré que les États-Unis et leurs alliés occidentaux étaient responsables du sabotage, que le président russe Vladimir Poutine a condamné comme un acte grave de « terrorisme international ».
Le chef du Conseil de sécurité russe, Nikolai Patrushev, a souligné que la CIA a des antécédents documentés d’attaques de ce type. Il a rappelé que l’agence d’espionnage avait bombardé des pipelines au Nicaragua en 1983, dans le cadre de la guerre terroriste menée par les États-Unis contre le gouvernement révolutionnaire sandiniste de ce pays d’Amérique centrale.
Des mois avant les attaques contre Nord Stream, de hauts responsables à Washington ont fait des commentaires de mauvais augure menaçant les pipelines.
En février, le président des États-Unis Joe Biden a promis que, si la Russie envahissait l’Ukraine, « nous mettrons fin à [Nord Stream] ».
Le porte-parole du département d’État, Ned Price, et la troisième responsable de ce département, Victoria Nuland, ont de même promis en janvier 2022 que « Nord Stream 2 ne se poursuivra pas ».
En 2020, le secrétaire d’État de l’administration de Donald Trump, Mike Pompeo, a déclaré que les États-Unis allaient « faire tout ce que nous pouvons » pour arrêter Nord Stream.
Washington a officiellement nié toute responsabilité dans ce sabotage, pointant plutôt du doigt Moscou. Mais, ces remarques profondément provocatrices de hauts responsables étatsuniens ont fait sourciller le monde entier.
Aux États-Unis, le secrétaire d’État, Antony Blinken, s’est réjoui que les attaques contre Nord Stream offrent une « formidable opportunité » d’affaiblir la Russie.
« En fin de compte, c’est aussi une formidable opportunité. C’est une formidable opportunité de supprimer une fois pour toutes la dépendance à l’énergie russe », a-t-il déclaré. « C’est très significatif, et cela offre une formidable opportunité stratégique pour les années à venir. »
Les sociétés étatsuniennes de combustibles fossiles, en particulier, récoltent les fruits de cette « formidable opportunité ».
Le haut diplomate des États-Unis a noté que « nous avons considérablement augmenté notre production et mis à la disposition de l’Europe du gaz naturel liquéfié. Et nous sommes désormais le premier fournisseur de GNL à l’Europe pour l’aider à compenser les pertes de gaz ou de pétrole qu’elle subit ».
Blinken a fait ces commentaires lors d’une conférence de presse tenue le 30 septembre avec la ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly. Celle-ci a ajouté : « Nous avons augmenté notre production et, par conséquent, en augmentant notre production, nous avons exporté vers les États-Unis pour que cela soit finalement envoyé en Europe. »
La haute diplomate canadienne a fait la promotion d’une nouvelle installation de gaz naturel liquéfié, Kitimat, qu’Ottawa compte utiliser pour augmenter l’approvisionnement de l’Europe.
L’industrie énergétique nord-américaine n’est pas la seule à bénéficier largement du sabotage des gazoducs Nord Stream. L’Ukraine en profite également.
En utilisant Nord Stream pour envoyer le gaz naturel allemand par la mer Baltique, la Russie pouvait se passer d’un intermédiaire, l’Ukraine, qui gagnait des milliards de dollars en frais de transit.
Alors que les gouvernements occidentaux ont rejeté la faute sur la Russie, sans l’ombre d’une preuve, il n’y a aucun sens stratégique à ce que Moscou sabote ses propres gazoducs après avoir investi des milliards de dollars dans le projet.
La Russie a même évoqué la possibilité d’investir davantage d’argent pour réparer les pipelines. Ce serait une démarche très étrange après avoir bombardé sa propre infrastructure énergétique.
Pourtant, le gouvernement allemand a publiquement rejeté l’offre de la Russie de réparer les pipelines. Un porte-parole a déclaré que Berlin n’accepterait pas le gaz russe via Nord Stream 2, même si celui-ci est réparé.
Radek Sikorski est un important politicien polonais de droite, qui a déjà été ministre des Affaires étrangères et ministre de la Défense de son pays membre de l’OTAN et de l’UE ; un jour après le sabotage du gazoduc Nord Stream, Radek Sikorski a ouvertement déclaré que les États-Unis étaient responsables.
« Merci, les États-Unis », a tweeté Sikorski avec une photo de la fuite de gaz sous-marine dans la mer Baltique.
Sikorski est un faucon anti-russe notoire, et le mari de l’influente néoconservatrice US, Anne Applebaum. Il est aujourd’hui un membre influent du Parlement européen, dont il préside la délégation pour les relations avec les États-Unis.
Sikorski a ensuite supprimé le tweet, mais pas avant qu’il ne soit archivé.
Parmi les politiciens pro-US en Europe, Nord Stream était depuis longtemps impopulaire, et les pipelines avaient déjà fait face à de nombreuses menaces auparavant.
Des enquêteurs indépendants ont souligné sur les médias sociaux qu’en 2015 les autorités suédoises avaient découvert un drone équipé d’explosifs près de Nord Stream 1.
Le pays d’origine du drone n’a jamais été révélé.
Chaque année, l’OTAN organise des exercices militaires en mer Baltique, au cours desquels l’alliance militaire dirigée par les États-Unis utilise des drones pour déminer la mer. Les exercices de 2022 ont eu lieu en juin.
Comme l’ont montré des enquêteurs intrépides sur Twitter, la marine US a mené des exercices militaires près de l’île danoise de Bornholm — précisément là où Nord Stream a été attaqué le 26 septembre.
Les forces armées étatsuniennes et britanniques ont également formé l’armée ukrainienne à la chasse aux mines à l’aide de drones sous-marins et ont organisé des exercices pas plus tard que le 26 août.
Les attaques du 26 septembre contre Nord Stream ont eu lieu au moment même où la Russie supervisait les référendums visant à incorporer les régions ukrainiennes de Donetsk, de Lougansk, de Zaporojié et de Kherson dans la Fédération de Russie.
La Russie avait envahi l’Ukraine le 24 février. Mais dans les mois qui ont précédé ce que Moscou a appelé son opération militaire spéciale, de hauts responsables du gouvernement des États-Unis ont publiquement menacé Nord Stream.
« Si la Russie envahit », a déclaré Joe Biden le 7 février, « alors il n’y aura plus de Nord Stream 2. Nous y mettrons fin ».
Le président des États-Unis a fait cette promesse lors d’une conférence de presse avec le chancelier allemand Olaf Scholz.
Lorsqu’un journaliste a demandé à Biden « Comment ferez-vous exactement, puisque le projet est sous le contrôle de l’Allemagne ? », le dirigeant des États-Unis a répondu de manière énigmatique : « Je vous promets que nous serons en mesure de le faire. »
L’ancien directeur de la CIA et secrétaire d’État de l’administration de Donald Trump, Mike Pompeo, a tenu des propos similaires en 2020. Lors d’une audition de la commission des Affaires étrangères du Sénat le 30 juillet, il a condamné Nord Stream 2, qui était encore en construction à l’époque, comme étant « dangereux » et représentant une « menace ».
Pompeo a rassuré les législateurs : « Nous ferons tout ce que nous pourrons pour nous assurer que ce gazoduc ne menace pas l’Europe. »
Il a menacé d’imposer davantage de sanctions aux parties impliquées dans Nord Stream 2, et a déclaré fièrement à propos de l’administration Trump que « Nous sommes l’administration la plus dure jamais vue à l’égard de la Russie ».
Nord Stream a également été ciblé par la troisième responsable du département d’État, Victoria Nuland, une néoconservatrice belliciste et un faucon anti-russe de la ligne dure qui a supervisé le coup d’État de 2014 en Ukraine, au cours duquel le président Viktor Ianoukovytch, démocratiquement élu et géopolitiquement neutre, a été violemment renversé et remplacé par un régime pro-occidental docile et farouchement anti-russe.
Lors d’une conférence de presse le 27 janvier, Nuland a promis : « En ce qui concerne Nord Stream 2, nous continuons à avoir des conversations très solides et transparentes avec nos alliés allemands, et je veux être claire avec vous aujourd’hui : si la Russie envahit l’Ukraine, d’une manière ou d’une autre, Nord Stream 2 ne se poursuivra pas. »
Ces commentaires précis avaient été repris la veille par le porte-parole du département d’État, Ned Price, un ancien analyste de la CIA.
Price a déclaré à la NPR : « Je veux être très clair : si la Russie envahit l’Ukraine d’une manière ou d’une autre, Nord Stream 2 ne se poursuivra pas. »
« Je ne vais pas entrer dans les détails », a-t-il ajouté. « Nous travaillerons avec l’Allemagne pour nous assurer qu’il ne se poursuit pas. »
Nord Stream 1 a été officiellement ouvert en 2011. Le pipeline a approvisionné l’Allemagne en gaz naturel pendant des années, jusqu’à ce qu’il soit temporairement fermé en 2022 en raison de la guerre par procuration en Ukraine.
Au moment des attaques du 26 septembre 2022, Nord Stream 1 n’était pas en service. En réponse aux sanctions occidentales sévères imposées à la Russie, Moscou a interrompu les livraisons de gaz.
Après des années de construction, Nord Stream 2 a été achevé en septembre 2021. Mais il n’est jamais devenu opérationnel, les autorités allemandes ayant retardé à plusieurs reprises sa certification.
De hauts responsables allemands ont clairement indiqué que la réticence de Berlin à donner le feu vert au gazoduc achevé était motivée par des raisons politiques.
La ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock, du parti allemand Les Verts, ouvertement pro-OTAN et anti-Russie, était profondément opposée à Nord Stream. Dans un discours prononcé lors de la conférence de Munich sur la sécurité soutenue par l’OTAN, le 18 février, une semaine avant que la Russie n’envahisse l’Ukraine, elle a menacé d’arrêter le gazoduc.
Baerbock a prévenu que, si « la Russie entreprend une action contre l’Ukraine », les « sanctions seraient sans précédent et seraient coordonnées et préparées avec tous les partenaires ».
« Pour moi, pour nous, toutes les options sont sur la table, y compris Nord Stream 2 », a déclaré Baerbock.
Elle a ajouté : « Nous, l’Allemagne, sommes prêts à payer nous-mêmes un prix économique élevé pour cela. »
Ce contexte est ce qui a conduit même certaines personnalités comme le professeur Jeffrey Sachs de l’Université de Columbia à soupçonner les États-Unis d’être responsables.
Sachs est un économiste étatsunien du courant dominant qui a aidé Washington à concevoir le programme de la thérapie de choc capitaliste néolibérale qu’il a imposée à l’ancienne Union soviétique dans les années 1990. Il est depuis devenu un critique de la politique étrangère extrêmement belliciste du gouvernement des États-Unis.
Dans une interview accordée à Bloomberg, Sachs a affirmé que « la destruction du gazoduc Nord Stream » était probablement « une action des États-Unis, peut-être des États-Unis et de la Pologne ».
La Norvège, membre de l’OTAN, est un autre pays qui a tout à gagner du sabotage de Nord Stream.
Le lendemain des explosions suspectes qui ont endommagé les pipelines, les autorités européennes ont célébré l’ouverture de Baltic Pipe, qui acheminera le gaz de la mer du Nord, au large des côtes norvégiennes, vers le Danemark, puis vers la Pologne.
Depuis l’escalade de la guerre par procuration de l’OTAN en Ukraine en février 2022, suite à l’invasion russe, la Norvège est devenue le plus grand producteur de pétrole et de gaz en Europe.
Ce gazoduc a été partiellement financé par l’Union européenne et développé par l’entreprise publique danoise Energinet et l’entreprise publique polonaise Gaz-System.
Baltic Pipe était envisagé comme un concurrent direct de Nord Stream. Le média d’État allemand DW a claironné : « Baltic Pipe accélère la sortie du gaz russe. »
Le ministre norvégien de l’Énergie, Terje Aasland, a salué Baltic Pipe comme « une étape importante sur la voie de l’indépendance de l’Europe vis-à-vis de l’énergie russe ».
La production de gaz de la Norvège est aujourd’hui à son niveau le plus élevé, et Aasland a déclaré à Reuters que le pays prévoit de « maintenir les volumes de gaz élevés à l’avenir » jusqu’en 2030 au moins, en profitant de la diminution des exportations russes vers l’Europe.
Pendant ce temps, la Norvège et le Danemark, qui ont un intérêt financier direct à ce que Nord Stream soit définitivement mis hors service, ont refusé l’accès à Nord Stream AG, la société majoritairement détenue par l’État russe qui gère les pipelines.
Nord Stream AG s’est plainte qu’elle « n’est pas en mesure d’inspecter les sections endommagées du gazoduc en raison de l’absence des autorisations nécessaires demandées antérieurement » par les autorités norvégiennes et danoises.
Lors de la cérémonie d’ouverture de Baltic Pipe le 27 septembre, de nombreux représentants du gouvernement polonais ont souligné l’importance du gazoduc soutenu par l’UE pour affaiblir Moscou. Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a jubilé : « L’ère de la domination russe dans le domaine du gaz touche à sa fin. »
« Ces dernières années, nous nous sommes préparés à gagner notre indépendance vis-à-vis d’un partenaire peu fiable, la Fédération de Russie », a fait écho la ministre polonaise du Climat et de l’Environnement, Anna Moskwa. « En ces temps incertains, notre situation est stable. »
Le haut diplomate du gouvernement polonais pour les infrastructures énergétiques stratégiques, Mateusz Berger, a ajouté lors de la cérémonie : « L’ouverture de Baltic Pipe, un nouveau corridor pour l’approvisionnement en gaz naturel du Plateau norvégien vers la Pologne, entrera dans l’histoire comme un symbole de la rupture de la dépendance énergétique de longue date de notre pays vis-à-vis de la Russie. »
Avec la Norvège, l’industrie étatsunienne des combustibles fossiles a largement profité de la guerre par procuration en Ukraine.
En 2020, la Russie était le plus grand fournisseur de pétrole et de gaz à l’Europe. Les données officielles de l’UE montrent que la Russie a fourni 43 % des importations de gaz naturel (suivi par 21 % de la Norvège), 29 % du pétrole brut (suivi par 9 % des États-Unis et par 8 % de la Norvège), et un stupéfiant 54 % du charbon (suivi par 16 % des États-Unis).
Certains États membres de l’UE dépendaient encore plus de l’énergie russe bon marché. L’Allemagne a importé en 2020 jusqu’à 66 % de son gaz de Russie (suivi par 21 % de la Norvège).
Mais alors que l’Europe jure de boycotter l’énergie en provenance de Russie, les États-Unis ont cherché à prendre la place de cette dernière.
Dans ses communiqués de presse réguliers, l’Agence d’information sur l’énergie (Energy Information Administration / EIA) de Washington a passé des mois à se vanter de la croissance rapide de ses exportations.
En septembre, l’EIA a claironné que « Les États-Unis ont exporté des quantités record de produits pétroliers au cours du premier semestre 2022 ».
Au cours des six mois allant de janvier à juin 2022, les exportations de produits pétroliers ont atteint leur plus haut niveau jamais enregistré, à près de 6 millions de barils par jour, a indiqué l’EIA.
Les exportations étatsuniennes de produits pétroliers ont augmenté de 11 % au cours du premier semestre 2022 par rapport à la même période en 2021.
L’EIA a noté que les sanctions de l’UE qui ont été adoptées en juin pour interdire les importations d’énergie russe ne prennent pas effet avant décembre 2022 pour le pétrole brut et février 2023 pour les produits pétroliers. Washington s’attend à une nouvelle augmentation de ses exportations d’énergie vers l’Europe après cette date.
Bien que l’interdiction générale de l’énergie russe n’ait pas encore été mise en œuvre, l’EIA jubilait en août : « Les exportations de gaz naturel russe par pipeline vers l’Europe tombent à leur plus bas niveau après presque 40 ans. »
L’agence gouvernementale a noté que les exportations de gaz naturel russe par gazoduc vers l’Union européenne et la Grande-Bretagne ont diminué de près de 40 % au cours des sept premiers mois de 2022 par rapport à la même période en 2021, et de près de 50 % par rapport à la moyenne sur cinq ans de 2017 à 2021.
Les exportations énergétiques de la Russie vers l’Europe ont d’abord diminué en 2020 en raison des effets de la pandémie de COVID-19. Mais elles ont continué à baisser tout au long de 2021, alors que les tensions politiques entre l’OTAN et Moscou se sont accrues.
Nord Stream 1 était la plus grande source d’exportations de gaz russe par pipeline vers l’Europe. Le sabotage du projet l’interrompt complètement.
Alors que les exportations énergétiques de la Russie vers l’Europe se sont effondrées, l’EIA s’est vantée en juillet que « Les États-Unis sont devenus le premier exportateur mondial de GNL au cours du premier semestre 2022 ».
Les exportations étatsuniennes de gaz naturel liquéfié ont augmenté de 12 % au cours du premier semestre de 2022, par rapport au second semestre de 2021.
L’EIA a expliqué que cela était en partie dû à « une augmentation de la demande mondiale, en particulier en Europe ».
Les exportations étatsuniennes de GNL sont nettement plus chères que le gaz bon marché que l’Europe achetait à la Russie. Mais, tandis que les économies européennes souffrent d’une crise causée par la montée en flèche des prix de l’énergie, les producteurs de gaz étatsunien profitent de la misère des citoyens européens.
Au cours des quatre premiers mois de 2022, les États-Unis ont exporté 74 % de leur GNL vers l’Europe, contre une moyenne de seulement 34 % en 2021.
L’Asie était le premier client du GNL étatsunien en 2020 et 2021, mais l’Europe est désormais la principale destination, les exportations russes ayant diminué.
« L’Europe a importé des quantités record de gaz naturel liquéfié en 2022 », a indiqué l’EIA.
L’agence a noté que les importations de GNL dans l’UE et au Royaume-Uni « ont atteint un record historique en avril 2022 ».
Alors que l’Europe importe de plus en plus de GNL étatsunien, la production de gaz naturel aux États-Unis ne cesse d’augmenter.
L’EIA a indiqué en septembre que « les producteurs de gaz naturel aux États-Unis exploitent plus d’appareils de forage actuellement qu’au début de la pandémie de COVID-19, début 2020 ».
L’EIA s’est vantée le même mois : « En juillet 2022, les États-Unis ont plus de capacité d’exportation de GNL que tout autre pays et ont exporté plus de GNL que tout autre pays. »
Et les États-Unis étendent encore leur production de GNL en développant trois nouveaux projets d’exportation.
Pendant sa campagne présidentielle, Joe Biden a fait remarquer à juste titre que « le changement climatique constitue une menace existentielle, non seulement pour notre environnement, mais aussi pour notre santé, nos communautés, notre sécurité nationale et notre bien-être économique ».
Lors de sa campagne, il s’est engagé à poursuivre « une révolution de l’énergie propre », et a promis de réduire les forages et de mettre en place des protections environnementales.
Mais, depuis son entrée en fonction, Biden s’est montré encore plus conciliant avec l’industrie des combustibles fossiles que son prédécesseur républicain Donald Trump.
Le Washington Post a rapporté en décembre que « l’administration Biden a approuvé plus de permis de forage de pétrole et de gaz sur les terres publiques par mois que l’administration Trump ne l’a fait pendant les trois premières années de la présidence de Donald Trump. »
Le Center for Biological Diversity a rapporté en janvier, avant l’escalade drastique de la guerre par procuration de l’OTAN contre la Russie, que l’administration Biden avait « approuvé 3 557 permis de forage pétrolier et gazier sur des terres publiques au cours de sa première année, dépassant de loin le total de 2 658 de l’administration Trump ».
Depuis lors, l’extraction de combustibles fossiles aux États-Unis n’a fait qu’augmenter encore, Washington profitant des sanctions contre la Russie et transformant l’Europe en un marché captif pour son gaz.
Le sabotage des gazoducs Nord Stream aide ainsi les États-Unis et la Norvège à remplacer la Russie en tant que principaux fournisseurs d’énergie de l’Europe.
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