Traduit de l’anglais par EDB () • Langue originale : anglais |
« Ne nous y trompons pas : les élections régionales et municipales de dimanche au Venezuela ne sont rien d’autre qu’un simulacre », peut-on lire dans une déclaration récente des sénateurs US républicains Jim Risch et Michael McCaul. « Le régime illégitime de Maduro a pris des mesures drastiques pour démanteler ou contrôler toutes les institutions indépendantes du pays, notamment en détournant les partis politiques et le Conseil national électoral pour assurer une fraude électorale soutenue par l’État. »
« Les élections d’aujourd’hui au Venezuela sont aussi illégitimes que le régime tyrannique de Maduro », peut-on lire dans un tweet du sénateur républicain Rick Scott. « Le peuple vénézuélien mérite des élections libres et démocratiques MAINTENANT. Les États-Unis et toutes les nations éprises de liberté doivent se lever, condamner ces élections fictives et soutenir le peuple dans son combat pour la liberté. »
Les médias impériaux s’alignent sur la position officielle du gouvernement des États-Unis sur les élections des gouverneurs et des maires du Venezuela, le New York Times nous assurant que les conditions « sont loin d’être librement démocratiques » et le Washington Post rapportant que les partis d’opposition « disent que les élections ont été manipulées contre eux par le gouvernement socialiste du président Nicolás Maduro », qui voit dans ces élections « une chance de réaffirmer sa force tout en projetant un vernis de légitimité ».
Ce niveau d’intrusion dans le processus démocratique vénézuélien, fortement surveillé au niveau international, est typique de ce que nous avons vu de la part de la classe politique/médiatique US en ce qui concerne les contestations électorales dans les nations latino-américaines ciblées par l’empire, comme la Bolivie et le Nicaragua. Ce qui est vraiment absurde, car les États-Unis n’ont pas plus d’autorité morale sur la légitimité des processus démocratiques qu’une monarchie totalitaire comme l’Arabie saoudite.
Les élections aux États-Unis sont bien sûr corrompues et frauduleuses, entièrement dominées au niveau fédéral par la corruption oligarchique légalisée sous la forme de contributions de campagne, de primaires manipulées, de découpage électoral partisan,1 de suppression d’électeurs, d’exclusion des tiers partis et du pire système de vote du monde occidental.
Mais ce n’est pas tout : les États-Unis sont aussi les plus grands contrevenants au monde en matière d’ingérence dans les élections étrangères. Comme l’a fait remarquer Claire Bernish dans The Free Thought Project, les propres données du gouvernement des États-Unis montrent qu’il s’est ingéré dans pas moins de 81 élections étrangères rien qu’entre les années 1946 et 2000. Les cris d’orfraie de la classe politico-médiatique d’après 2016 ne le laisseraient pas deviner, mais cela inclut également l’ingérence éhontée dans les élections russes des années 90 pour assurer la présidence du laquais de Washington Boris Eltsine.
Et ce ne sont que des interférences électorales. Cela ne comporte pas les ingérences plus effrontées dans la gouvernance des nations étrangères, comme les invasions militaires directes, les coups d’État mis en scène, les révolutions de couleur et les guerres par procuration.
En tant que pays totalement antidémocratique dont le gouvernement est aussi, et de loin, le saboteur de démocratie le plus agressif au monde, il est juste de dire que les institutions des États-Unis sont les moins qualifiées de toute la planète pour commenter la validité des élections d’un pays.
Tout le monde rirait si le prince héritier psychopathe d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salman, se mettait à émettre des avis sur la qualité des processus démocratiques de diverses nations, surtout si ces critiques visaient les soi-disant démocraties libérales de l’Occident. Mais ce même examen minutieux, de la part d’une structure de pouvoir qui n’a pas à commenter l’intégrité électorale, ne s’adresse jamais aux États-Unis, dont les institutions émettent quotidiennement de telles critiques alors qu’elles ne sont pas plus qualifiées moralement pour le faire que la Maison des Saoud.
Si vous y réfléchissez, l’Arabie saoudite n’est rien d’autre qu’une version plus honnête des États-Unis. Ses oligarques et son gouvernement officiel sont les mêmes personnes ; elle ne prétend pas que son bellicisme est humanitaire ; lorsqu’elle veut tuer un journaliste, elle se contente de le démembrer avec une scie à os plutôt que d’essayer de le presser à mort avec la loi dans une prison de haute sécurité ; et elle ne prétend pas être une démocratie.
Plus j’observe son comportement sur la scène mondiale, plus je trouve hilarant de voir les personnalités politiques et médiatiques des États-Unis critiquer les processus démocratiques des nations étrangères. C’est comme si McDonald’s évaluait si les restaurants familiaux sont suffisamment écologiques et végétaliens.
C’est complètement débile, mon pote.
Sources :
Sources de l’illustration d’en-tête :
Dans le texte original en anglais, l’auteure utilise le terme gerrymandering. (NdT)
Le gerrymandering, le découpage électoral partisan ou encore le charcutage électoral, est le découpage des circonscriptions électorales ayant pour objectif de donner l’avantage à un parti, un candidat ou un groupe donné. [Source : article de Wikipédia, version du 4 nov. 2021, 12 h 03] ↩
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