Traduit de l’anglais par EDB () • Langue originale : anglais |
Depuis le coup d’État de 2013-14 en Ukraine orchestré par les États-Unis, les forces américaines ont appris aux Ukrainiens, y compris aux unités néonazies, à se battre dans les zones urbaines et autres zones civiles. L’armement de l’Ukraine fait partie de la quête de Washington pour ce que le Pentagone appelle « la domination du spectre complet ».
« [S]i vous pouvez apprendre toutes les modalités de la guerre, alors vous pouvez être le dieu de la guerre », a déclaré ainsi un commandant d’artillerie ukrainien en 2016 alors qu’il recevait une formation de l’armée des États-Unis.
Le commandant anonyme a été cité par le lieutenant Claire Vanderberg, un chef de section de mortier qui forme des soldats dans le cadre du Joint Multinational Training Group-Ukraine (JMTG-U / Groupe d’entraînement multinational interarmées - Ukraine) du Pentagone. La formation a eu lieu à l’International Peacekeeping and Security Center (Centre international de sécurité et de maintien de la paix), ainsi nommé de façon absurde, qui se trouve près de la frontière avec la Pologne, près de la ville ukrainienne de Yavoriv. Les médias occidentaux ont fait état de la récente attaque russe au missile de croisière contre la base, mais ont choisi de ne pas mentionner ce qui s’est passé à l’intérieur.
La relation décrite ci-dessus est un instantané d’une décennie d’efforts déployés par les États-Unis et l’OTAN pour non seulement retirer l’Ukraine de l’orbite de la Russie, mais aussi pour armer activement le pays contre Moscou.
Dans leurs documents internes, le Pentagone et d’autres branches de l’État de sécurité nationale des États-Unis répètent les mêmes arguments que la gauche antiguerre lorsqu’elle explique comment l’Ukraine a été utilisée pour provoquer la Russie dans une escalade militaire. La principale différence est que le Pentagone s’exprime dans une perspective résolument impérialiste, dans laquelle de telles provocations sont considérées comme un élément important de la projection de la puissance des États-Unis.
Récemment, l’évaluation annuelle des menaces du directeur du renseignement national US a indiqué : « La Russie riposte à Washington là où elle le peut — localement et mondialement — en utilisant des techniques allant jusqu’à l’usage de la force. » Note : la Russie « riposte » ; ce n’est pas elle qui a provoqué.
Un rapport de 2021 du National Intelligence Council (Conseil national du renseignement) concède à la Russie et à la Chine : « Aucun des deux ne s’est senti en sécurité dans un ordre international conçu pour et dominé par des puissances démocratiques », « démocratiques » signifiant les États-Unis et leurs amis. La Russie et la Chine « ont promu un ordre international fondé sur la souveraineté qui protège leur autorité absolue à l’intérieur de leurs frontières et de leurs zones géographiques d’influence ».
En octobre 2017, le commandant adjoint de la US Army Field Artillery School (École d’artillerie de campagne de l’armée des États-Unis), le colonel Heyward Hutson, qui est responsable de la formation des Ukrainiens, a expliqué : « L’Ukraine veut devenir une nation de l’OTAN, mais la Russie ne veut pas qu’ils soient une nation de l’OTAN. La Russie veut avoir une zone tampon. » Il a ajouté qu’un autre « problème est qu’une grande partie de l’Ukraine orientale est prorusse, donc la population y est divisée ». Un rapport de 2016 du US Army War College (Collège de guerre de l’armée des États-Unis) a réitéré : « La stratégie fondamentale de la Russie en matière de sécurité nationale consiste à maintenir sa “ceinture voisine stable”, l’OTAN faible, la Chine proche et les États-Unis concentrés ailleurs. »
Un autre, datant de 2007, explique que les « forces pro-réformes au pouvoir depuis la révolution orange » (lire : les forces pro-USA) « aimeraient faire entrer de plain-pied l’Ukraine dans la communauté euro-atlantique, avec seulement une déférence limitée envers la Russie ».
Le document poursuit en notant qu’à l’époque, « les dirigeants politiques et militaires ukrainiens sont restés divisés sur la question de savoir si l’Ukraine devait poursuivre une approche de sécurité collective ou conserver son statut de neutralité ». Il conclut que, si « [l]a plupart des commandants supérieurs [ukrainiens] ont des références pro-réforme […], il y a encore un grand nombre de hauts dirigeants au sein des forces de défense principales qui n’ont aucune visibilité ou une visibilité limitée à la formation et aux opérations occidentales. »
Le coup d’État de 2013-2014 parrainé par les États-Unis a permis à Washington d’aplanir cette contradiction en lançant un vaste programme de formation d’unités des forces armées ukrainiennes.
L’effondrement de l’Union soviétique a entraîné celui de son alliance militaire, le Pacte de Varsovie. Mais, l’Occident n’a pas seulement refusé de dissoudre son alliance — l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN)1 — ; celle-ci s’est étendue jusqu’aux frontières de la Russie.
Les propres archives de l’OTAN indiquent qu’en 1992, « quatre mois seulement après la déclaration d’indépendance de l’Ukraine » vis-à-vis de l’URSS, « l’OTAN a invité son représentant à une réunion extraordinaire du Conseil de coopération nord-atlantique (CCNA ou COCONA)2, l’organe créé pour définir la coopération entre l’OTAN et les États de l’ancien Pacte de Varsovie ».
La Russie n’a pas proposé de pacte similaire avec les voisins de l’Amérique.
En 1994, l’Ukraine a rejoint le « Partenariat pour la paix » (PPP). Citant la Charte des Nations unies, le PPP stipule que les signataires acceptent « de s’abstenir de recourir à la menace ou à l’usage de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État, de respecter les frontières existantes et de régler les différends par des moyens pacifiques ». Un abécédaire du département d’État des États-Unis révèle que le PPP avait une arrière-pensée. Son véritable objectif n’était pas la neutralité, mais de rapprocher l’Ukraine des autres signataires de l’OTAN. « La participation au PPP ne garantit pas l’entrée dans l’OTAN, mais elle constitue la meilleure préparation pour les États désireux de devenir membres de l’OTAN. »
L’abécédaire énumère également les 52 exercices militaires réels et prévus dans lesquels les membres du PPP se sont initialement engagés sur ou près des frontières de la Russie.
Les responsables politiques de l’ère Bill Clinton ont expliqué que « l’OTAN n’est pas simplement un exercice de diplomatie préventive et de dissuasion comme autrefois ». L’expansion de l’OTAN avait un agenda politique. Ils considéraient « l’élargissement de l’OTAN comme une politique de démocratisation ». Comme susmentionné, « démocratisation » signifie devenir pro-USA. Citant les discours de campagne du président Clinton en 1996, le rapport note que, dans leur esprit, l’OTAN « apportera la stabilité nécessaire à un plus grand développement économique en Europe centrale et orientale ». En d’autres termes, l’OTAN post-URSS a été conçue, en partie, pour garantir des « marchés libres » dirigés par les États-Unis (qui ne sont souvent ni libres ni des marchés, mais des monopoles) dans les nations ex-soviétiques où la propriété étatique des entreprises était la norme.
En 1997, l’OTAN et l’Ukraine ont signé la Charte de partenariat spécifique. Celle-ci constituait une violation évidente du PPP en ce qu’elle compromettait l’indépendance politique de l’Ukraine. Elle proposait plusieurs domaines de coopération entre l’OTAN et l’Ukraine, « notamment les plans civils d’urgence, la formation militaire et la sécurité environnementale ». L’OTAN se vante : « La coopération entre l’OTAN et l’Ukraine s’est rapidement développée » sous la forme de « reconversion d’anciens officiers militaires […] et d’invitation de l’Ukraine à participer à des exercices dirigés par l’OTAN ».
L’armée des États-Unis déclare : « L’Ukraine est un partenaire militaire des États-Unis depuis le milieu des années 1990. » En 1998, le US Special Operations Command Europe a organisé une conférence sur les Special Operations Forces (SOF) à Stuttgart, en Allemagne. L’armée des États-Unis rapporte : « Ce benchmark a même réuni des militaires de Moldavie, de Géorgie et d’Ukraine pour qu’ils assistent à des démonstrations des U.S. SOF et qu’ils discutent des possibilités de futurs événements du Joint Combined Exchange Training (JCET / Formation conjointe d'échange combiné) et du Joint Contact Team Program (JCTP / Programme conjoint d'équipe de contact). »
En juin 2000, les Marines des États-Unis ont signalé que le navire de guerre amphibie de la Marine, le USS Trenton, avait navigué de la mer Égée à la mer Noire et avait accosté à Odessa (Ukraine). La 24e Marine Expeditionary Unit (MEU / Unité expéditionnaire des Marines) « a pu découvrir une partie de l’histoire d’Odessa en gravissant l’escalier Prymorsky, ou escalier “maritime” ». Outre les plaisanteries, « le personnel de la MEU et l’équipage du USS Trenton se sont concentrés sur le prochain exercice de l’OTAN — Cooperative Partner 2000 (CP00) — dont l’Ukraine est le pays hôte ».
En plus de la participation de l’Ukraine aux entraînements et exercices de l’OTAN dirigés par les États-Unis, les soldats ukrainiens ont combattu dans les guerres menées par les Américains. Après le 11 septembre, ils ont participé à l’occupation de l’Afghanistan par le biais de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS)3 de l’OTAN. Les troupes ukrainiennes ont également contribué à l’occupation américano-britannique de l’Irak. En 2008, l’armée a fait l’éloge de leurs camarades : « Plus de 5 000 soldats ukrainiens ont servi en Irak au cours des cinq années de service de l’Ukraine en soutien à l’opération Iraqi Freedom. »
Créé en 2014 pendant le coup d’État soutenu par les États-Unis, le volet ukrainien du Global Security Contingency Fund (GSCF / Fonds d’urgence pour la sécurité mondiale), du département d’État US et du Pentagone, fournit des dizaines de millions de dollars de formation et d’équipement pour « développer les capacités de formation tactique, opérationnelle et institutionnelle de son ministère de la Défense et de sa Garde nationale ». Le département d’État déclare : « Le GSCF a également aidé les forces d’opérations spéciales ukrainiennes à développer des capacités tactiques et institutionnelles qui sont conformes aux modèles occidentaux. »
Selon un journal lié au Pentagone : « Arsen Avakov, le ministre de l’Intérieur de 2014 à 2021[, …] a permis l’expansion et l’intégration ultérieure de forces paramilitaires dans la Garde nationale », notamment le bataillon nazi Azov.
Depuis 2015, le Commandement européen du Pentagone supervise la Joint Multinational Task Force-Ukraine (JMTF-U / Force opérationnelle multinationale interarmées - Ukraine), dans le cadre de laquelle l’armée et la Garde nationale des États-Unis forment les forces armées ukrainiennes. En outre, des officiers ont été formés aux États-Unis dans le cadre du programme international d’éducation et de formation militaire. Le Service de recherche du Congrès rapporte que, « [s]éparément, les US Special Operations Forces ont formé et conseillé les Forces spéciales ukrainiennes ». En outre, les États-Unis participent à l’exercice annuel du Partenariat pour la paix de l’OTAN, Rapid Trident.
En novembre 2015, apparemment à la demande du nouveau régime pro-USA, l’administration Obama a envoyé deux systèmes radars AN/TPQ à l’Ukraine. « Le président Petro Porochenko a eu l’occasion d’examiner l’équipement, et a été informé par le personnel militaire des États-Unis sur ses capacités. »
L’armée des États-Unis a révélé ensuite que le système radar n’était pas purement défensif. Une équipe de la US Army Europe, du Fires Center of Excellence (FCoE / Centre d’excellence en matière d’incendies) de Fort Sill et de la Security Assistance Training Management Organization (SATMO / Organisation de gestion de la formation pour l’assistance à la sécurité) de l’armée « a effectué une formation de quatre semaines pour les opérateurs ».
Depuis la livraison initiale, « l’Ukraine a reçu quatre radars Q-36 supplémentaires […] et une formation dispensée par l’U.S. Army Communications-Electronics Command [CECOM / Commandement des communications et de l’électronique de l’armée des États-Unis] avec le soutien du FCoE et de la US SATMO ». La publication a cité un formateur déclarant que « l’équipe étatsunienne a montré à ses commandants de brigade, de bataillon et de peloton comment employer tactiquement le système radar pour soutenir les efforts de tir et de manœuvre ».
Depuis 2016, le Doctrine Education Advisory Group (DEAG / Groupe consultatif sur l’enseignement de la doctrine) du SATMO « a conseillé les forces de sécurité ukrainiennes au niveau opérationnel pour réviser la doctrine, améliorer la formation militaire professionnelle, renforcer l’interopérabilité de l’OTAN et accroître la préparation au combat ». En janvier de cette année, le DEAG a apporté le premier chargement d’une valeur de 200 millions de dollars d’« assistance létale à la sécurité, incluant des munitions pour les défenseurs du front de l’Ukraine. »
L’une des actions des États-Unis les plus immorales en Ukraine a été l’entraînement des forces armées à combattre dans des zones civiles, incitant la Russie à se battre dans des endroits densément peuplés, avec pour effet de marquer des points de propagande anti-russe lorsque les Russes tuent des civils ukrainiens.
En 2015, les Marines des États-Unis ont laissé entendre que des membres des services des États-Unis se rendraient en Ukraine pour combattre. « Les voyages non officiels (congé ou permission) dans n’importe quel pays d’Afrique ou dans les pays européens suivants [incluant l’Ukraine et ses voisins] nécessitent une approbation de niveau O-6 du commandement […] Les pays sont susceptibles de changer en fonction du Guide d’autorisation pour l’étranger [Foreign Clearance Guide / FCG], du département d’État [Department of State / DOS], du Commandement des combattants [Combatant Command] et/ou des Notifications du renseignement sur les menaces [Intelligence threat notifications]. » Cela suggère une préparation à la guerre « irrégulière ».
Un document non daté publié par le US Special Operations Center of Excellence (SOCE / Centre d’excellence des opérations spéciales des États-Unis), datant apparemment d’environ 2017, indique que « les États-Unis devraient tirer les leçons de la réaction des rebelles tchétchènes » à l’invasion de la Tchétchénie par la Russie dans les années 90. Il explique que les « rebelles » se sont engagés dans des « opérations décentralisées », utilisant les médias sociaux pour « se fondre dans la population locale ». Les ennemis de la Russie ont utilisé la « désinformation » pour inciter les Russes à tuer les ennemis des rebelles.
Le document du SOCE note ensuite que les forces d’opérations spéciales de l’armée « sont formées pour évoluer dans ces environnements ». Le document préconise explicitement que les États-Unis forment des forces irrégulières pour provoquer la Russie : « Les États-Unis devraient former un groupe de travail interagences avec le département d’État, des membres de la communauté du renseignement et le SOCOM » (le Special Operations Command) qui « ser[virait] de chef/représentant du département de la Défense ». Il suggère qu’un tel groupe de travail « comprenne que les actions du SOCOM devront être non conventionnelles et irrégulières afin de concurrencer les tactiques de guerre moderne russes ».
En soutenant les forces armées ukrainiennes et en menaçant la Russie, les élites des États-Unis ont ouvertement utilisé les civils ukrainiens comme des pions. Pendant de nombreuses années, les forces ukrainiennes ont été entraînées au combat urbain par du personnel US, c’est-à-dire à combattre les Russes dans des zones civiles densément peuplées. « Task Force Illini » est composée de 150 soldats de la 33e équipe de combat de la brigade d’infanterie de la Garde nationale de l’Illinois.
En septembre 2020, l’armée des États-Unis a fait savoir que les soldats des Forces armées ukrainiennes « ont perfectionné leurs compétences en matière d’opérations urbaines alors que les conseillers de la Task Force Illini ont apporté leur expertise au Centre d’entraînement au combat de Yavoriv » — la base de facto de l’OTAN en Ukraine occidentale, près de la frontière polonaise.
Les « Thunderbirds », basés en Oklahoma, ont connu plusieurs incarnations au cours du siècle dernier. L’unité de l’armée était à l’origine connue sous le nom de 45e division d’infanterie et est maintenant la 45e équipe de combat de la brigade d’infanterie. Début 2017, la mission du JMTG-U relevait du 7e commandement de l’entraînement de l’armée et de la US Army Europe, qui ont jumelé les Thunderbirds du 1er bataillon du 179e régiment d’infanterie avec des soldats de la 28e brigade mécanisée et de la 79e brigade aéroportée ukrainiennes. Leur objectif était de préparer les Ukrainiens au combat en véhicule.
Poutine affirme que l’Ukraine est un pion de l’OTAN. La propagande étatsunienne rejette cette notion, tentant de le prouver en excluant publiquement l’adhésion de l’Ukraine à l’Alliance. Mais en avril 2017, l’armée des États-Unis a admis que dans le cadre du JMTG-U, la mission des Thunderbirds était « de former l’armée ukrainienne aux normes de l’OTAN, de développer leur corps de sous-officiers et de les aider à établir un centre d’entraînement au combat, afin qu’à l’avenir, ils puissent continuer à se former eux-mêmes ». Donc, si l’armée ukrainienne est formée aux normes de l’OTAN et est supervisée par un président fantoche, c’est comme si elle faisait partie de l’OTAN, sans l’obligation pour les États-Unis de la défendre.
Le centre proposé est devenu le Centre d’entraînement au combat de Yavoriv. L’armée US a indiqué qu’en octobre 2017, « un nouveau champ de tir à la grenade a été ouvert ». Le major Montana Dugger a déclaré : « Nous les avons aidés à établir des plans de maintenance à long terme afin qu’ils puissent utiliser ces installations pour les 20, 30 ans et plus à venir. »
Semblant ignorer le double langage comique, l’armée des États-Unis a également expliqué que le Centre ukrainien d’entraînement au combat « est en train d’être établi à l’International Peacekeeping and Security Center, près de Yavoriv ». Il est également ironique de constater que si les Thunderbirds entraînent une armée intégrant des unités néonazies pour combattre les Russes en Ukraine, leur insigne d’avant 1930 était un swastika, que leur musée basé en Oklahoma décrit comme « un ancien symbole amérindien de bonne chance ».
En plus des événements manifestes, mais peu ou pas rapportés, décrits ci-dessus, la Central Intelligence Agency (CIA / Agence centrale de renseignement) des États-Unis a mis en place un programme de formation secret de huit ans. Pourquoi avoir besoin d’opérations secrètes face à des projets manifestes de grande envergure ? La CIA est spécialisée dans les assassinats, la guerre par procuration, les opérations psychologiques et les faux drapeaux. Cela suggère que leurs efforts incluent des tactiques interdites par les Conventions de Genève.
Yahoo! News a rapporté qu’en 2014, dans le cadre d’une doctrine appelée « financement d’actions secrètes », « un petit groupe sélectionné de paramilitaires vétérans de la CIA a effectué ses premiers voyages secrets sur le front pour rencontrer ses homologues ukrainiens ». La formation a été menée par le Centre d’activités spéciales de la CIA, ce qui suggère que même si les agents étaient des « ex-CIA » et des forces spéciales, ils ont eu accès à Langley à des niveaux élevés, ce qui en fait une mission officielle de facto.
Un agent est cité comme ayant déclaré que les officiers ont tenté de talibaniser les paramilitaires ukrainiens dans le sens où les talibans afghans ne disposaient pas de matériel sophistiqué vulnérable à l’aveuglement de l’ennemi. Par conséquent, une formation de base à la guerre non technologique était nécessaire. Le rapport indique que les formateurs
« ont enseigné à leurs homologues ukrainiens les techniques de sniper ; comment utiliser les missiles antichars Javelin fournis par les États-Unis et d’autres équipements ; comment échapper au système de repérage numérique utilisé par les Russes pour localiser les troupes ukrainiennes, ce qui les rendait vulnérables aux attaques d’artillerie ; comment utiliser des outils de communication secrets ; et comment ne pas être détecté dans la zone de guerre tout en faisant sortir les forces russes et insurgées de leurs positions, entre autres compétences, selon d’anciens responsables ».
En outre, une ancienne source haut placée a déclaré (paraphrasée par le journaliste) : « L’agence devait déterminer la “colonne vertébrale” des Ukrainiens […] La question était de savoir “Allaient-ils se faire laminer, ou allaient-ils se lever et se battre ?”. »
Qui a donc tendance à avoir une « colonne vertébrale », c’est-à-dire un esprit de combat impitoyable et psychopathe ? Les fascistes et les ultranationalistes. En effet, il a été largement rapporté, même par les grands médias des États-Unis, que les forces armées et les unités paramilitaires ukrainiennes étaient infestées de nazis. Aujourd’hui, ces mêmes médias qualifient les nazis de simples nationalistes.
Début 2015, le Ground Department (département terrestre) de la CIA a organisé l’entraînement d’Ukrainiens dans le sud des États-Unis. Les opérations se poursuivent jusqu’à aujourd’hui et ont été étendues sous l’administration Biden. « Le programme de la CIA, basé aux États-Unis et d’une durée de plusieurs semaines, a inclus une formation aux armes à feu, aux techniques de camouflage, à la navigation terrestre, à des tactiques comme “couvrir et se déplacer”, au renseignement et à d’autres domaines. » Un officier supérieur est cité comme ayant déclaré : « Les États-Unis forment une insurrection […] pour tuer des Russes. »
En février de cette année, peu avant l’invasion russe, il a été rapporté que la CIA avait « préparé les Ukrainiens à monter une insurrection contre une occupation russe ». Contre une occupation ? Ou une insurrection pour provoquer une occupation ?
En plus de la CIA, l’armée des États-Unis a ses propres opérations secrètes. Dans le cadre du Resistance Operating Concept (Concept opérationnel de résistance) lancé en 2018, le Pentagone semble avoir formé des unités de défense territoriale composées de civils ukrainiens. Cela semble avoir conduit à la création par les forces d’opérations spéciales ukrainiennes d’un Centre national de résistance qui enseigne aux civils les tactiques de la guérilla.
Après l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, des manifestations prorusses à l’Est ont éclaté à Donetsk et Lougansk. Le Congressional Research Service (CRS / Service de recherche du Congrès) a noté : « Le gouvernement de Kiev a répondu par la force militaire et a employé des milices locales pour aider à repousser les séparatistes. » Le CRS a ajouté que les États-Unis sont à la tête de la Grande-Bretagne, du Canada et de la Lituanie au sein de la Multinational Joint Commission on Defense Reform and Security Cooperation (Commission mixte multinationale sur la réforme de la défense et la coopération en matière de sécurité). Le Commandement européen du Pentagone avait à l’époque une European Reassurance Initiative (Initiative européenne de réassurance), qui s’appelle aujourd’hui la European Deterrence Initiative (Initiative de dissuasion européenne). Dans le cadre de ce programme, des dizaines d’Ukrainiens ont été formés à Huntsville, en Alabama, à l’utilisation de drones RQ-11B à lanceur manuel Raven. Soixante-douze drones ont été envoyés en Ukraine en 2016.
Un briefing de recherche de la bibliothèque de la Chambre des communes britannique de janvier 2016 indique: : « Les combats entre les forces gouvernementales ukrainiennes et les séparatistes soutenus par la Russie ont fait plus de 9 000 morts depuis avril 2014 et plus de 20 000 blessés. » Le briefing poursuit en notant qu’après l’accord de Minsk II soutenu par le Conseil de sécurité des Nations unies, qui appelait à un cessez-le-feu et au retrait des forces du front des deux côtés, le parlement ukrainien a accordé un statut spécial et une autonomie renforcée à certaines parties des régions de Lougansk et de Donetsk.
Le Royal United Services Institute est un think tank (groupe de réflexion) lié au ministère britannique de la Défense. L’un de ses rapports admet que la Russie a mené une « politique défensive » à l’égard de l’Ukraine. Il précise : « Les responsables russes se sont inquiétés de l’expansion et du chevauchement des alliances occidentales, de l’OTAN et de l’UE élargies à l’AUKUS et à la Coalition des démocraties promue par les États-Unis et le Royaume-Uni. »
Une partie de la stratégie de la Russie trouve ses racines dans la destruction de la Libye par les États-Unis en 2011, explique le rapport. Le bombardement de la Libye par l’OTAN et le renversement de Mouammar Kadhafi « ont mis en évidence la façon dont les puissantes alliances occidentales ont pu contourner ou manipuler le UNSC [Conseil de sécurité des Nations unies / CSNU], contournant essentiellement un forum où les intérêts russes pouvaient être protégés ».
En effet, le 27 février 2022, le CSNU a adopté la résolution 2623, qui stipule : « l’absence d’unanimité de ses membres permanents lors de la 8979e réunion l’a empêché d’exercer sa responsabilité principale dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales. »
L’absence de diplomatie internationale, la faiblesse du mouvement national antiguerre aux États-Unis et l’encouragement à la guerre par de nombreux gauchistes et libéraux, selon la doctrine qui fait de Poutine un méchant, ont poussé le monde aussi près d’une catastrophe nucléaire terminale qu’il ne l’a jamais été depuis la crise des missiles de Cuba en 1962 ; peut-être même plus près. De nombreux Russes sont descendus dans la rue pour réclamer un cessez-le-feu. Après avoir fermé les yeux pendant que leurs dirigeants passaient les huit dernières années à armer l’Ukraine contre la Russie, les opinions publiques occidentales n’ont pas encore exigé la même chose.
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