Traduit de l’anglais par EDB () • Langue originale : anglais |
L’universitaire ukrainienne Olga Baysha décrit en détail l’adoption par Volodymyr Zelensky de politiques néolibérales largement détestées, sa répression des rivaux et la façon dont ses actions ont alimenté la guerre actuelle avec la Russie.
Acteur comique qui a accédé à la plus haute fonction du pays en 2019, Volodymyr Zelensky était pratiquement inconnu de l’Américain moyen, sauf peut-être en tant que petit comédien dans le spectacle de la destitution de Trump. Mais lorsque la Russie a attaqué l’Ukraine le 24 février 2022, Zelensky s’est soudainement transformé en une célébrité de premier plan dans les médias aux États-Unis. Les consommateurs américains de nouvelles ont été bombardés par les images d’un homme qui semblait accablé par les événements tragiques, peut-être complètement dépassé par la situation, mais finalement sympathique. Il n’a pas fallu longtemps pour que cette image évolue vers celle d’un héros infatigable, vêtu d’un kaki, gouvernant une petite démocratie et repoussant à lui seul les barbares de l’autocratie de l’Est.
Mais, au-delà de cette image soigneusement élaborée par les médias occidentaux, il y a quelque chose de beaucoup plus complexe et de moins flatteur. Zelensky a été élu par 73 % des voix sur une promesse de paix, le reste de son programme étant vague. Cependant, à la veille de l’invasion, sa cote de popularité avait chuté à 31 % en raison de la poursuite de politiques profondément impopulaires.
L’universitaire ukrainienne Olga Baysha, auteur de Democracy, Populism, and Neoliberalism in Ukraine: On the Fringes of the Virtual and the Real (Démocratie, populisme et néolibéralisme en Ukraine — Aux limites du virtuel et du réel), a étudié l’ascension de Zelensky au pouvoir et la façon dont il a exercé ce pouvoir depuis qu’il est devenu président. Dans l’interview ci-dessous, Baysha discute de l’adhésion de Zelensky au néolibéralisme et de son autoritarisme croissant, de la manière dont ses actions ont contribué à la guerre actuelle, de son leadership contre-productif et égocentrique tout au long de la guerre, des opinions et identités culturelles et politiques complexes des Ukrainiens, du partenariat entre les néolibéraux et la droite radicale pendant et après le Maïdan, et de la question de savoir si une prise de contrôle de l’ensemble du Donbass par les Russes pourrait être moins populaire parmi la population locale qu’elle ne l’aurait été en 2014.
N. B. : Parlez-nous un peu de votre parcours. D’où venez-vous et comment avez-vous commencé à vous intéresser à votre domaine d’étude actuel ?
O. B. : Je suis une Ukrainienne de souche née à Kharkov, une ville ukrainienne située à la frontière avec la Russie, où mon père et d’autres parents vivent toujours. Avant la guerre actuelle, Kharkov était l’un des principaux centres éducatifs et scientifiques d’Ukraine. Les habitants de la ville sont fiers de vivre dans la « capitale intellectuelle » de l’Ukraine. En 1990, la première société de télévision libre de tout contrôle du parti a été créée dans cette ville ; bientôt, son premier programme d’information allait être diffusé. À cette époque, j’étais déjà diplômé de l’université de Kharkov, et un jour, un ami de l’université m’a invité à travailler comme journaliste dans ce programme. Le lendemain, sans expérience préalable, j’ai commencé à faire des reportages. Quelques mois plus tard, j’étais présentatrice de journaux télévisés. Ma carrière fulgurante n’a pas été une exception.
Les nouveaux médias non contrôlés, dont le nombre augmentait chaque jour à un rythme effréné, réclamaient de plus en plus de collaborateurs dans le domaine. Dans l’écrasante majorité des cas, il s’agissait de jeunes ambitieux sans aucune formation journalistique ni expérience de la vie. Ce qui nous unissait, c’était le désir d’occidentalisation, l’incompréhension des contradictions sociétales caractérisant la transition postsoviétique, et la surdité aux préoccupations des travailleurs opposés aux réformes. À nos yeux, ces derniers étaient « rétrogrades » : ils ne comprenaient pas ce qu’était la civilisation. Nous nous considérions comme une avant-garde révolutionnaire et nous choisissions des réformateurs progressistes. C’est nous — les travailleurs des médias — qui avons créé un environnement favorable à la néolibéralisation de l’Ukraine, présentée comme une occidentalisation et une civilisation, avec toutes les conséquences désastreuses qu’elles ont entraînées pour la société. Ce n’est que des années après que j’ai réalisé cela.
Plus tard, alors que je supervisais la production de documentaires historiques dans une société de télévision de Kiev, j’ai reconnu que la mythologie du progrès historique unidirectionnel et du caractère inévitable de l’occidentalisation pour les « barbares » fournissait un terrain idéologique aux expériences néolibérales, non seulement dans les anciens États soviétiques, mais aussi dans le monde entier. C’est cet intérêt pour l’hégémonie mondiale de l’idéologie de l’occidentalisation qui m’a conduit d’abord au programme de doctorat en études critiques des médias à l’Université du Colorado à Boulder, puis aux recherches que je mène actuellement.
Selon les travaux universitaires de certains sociologues ukrainiens, les sondages ont montré dans un passé récent que la plupart des Ukrainiens n’étaient pas très intéressés par la question de l’identité, mais étaient plus préoccupés par des questions comme l’emploi, les salaires et les prix. Votre travail se concentre beaucoup sur les réformes néolibérales qui ont été promulguées en Ukraine depuis 2019 — contre le sentiment populaire. Pouvez-vous nous parler de l’opinion de la plupart des Ukrainiens sur les questions économiques et quelles en sont les raisons ?
Dans les milieux sociaux [dans lesquels] je vivais — l’est de l’Ukraine, la Crimée et Kiev —, il y avait très peu de personnes concernées par la question de l’identité ethnique. Ce n’est pas en vain que j’insiste sur « mes milieux sociaux ». L’Ukraine est un pays complexe et divisé, dont l’extrême est et l’extrême ouest ont des points de vue diamétralement opposés sur toutes les questions socialement significatives. Depuis la déclaration d’indépendance de l’Ukraine en 1991, deux idées d’identité nationale s’affrontent en Ukraine : « Ukrainien ethnique » contre « Slave oriental ». L’idée nationale ukrainienne ethnique, fondée sur la notion que la culture, la langue et l’histoire ukrainiennes centrées sur l’ethnie devraient être les forces d’intégration dominantes dans l’État-nation ukrainien, a été beaucoup plus populaire dans l’ouest de l’Ukraine. L’idée slave orientale, qui envisage la nation ukrainienne comme fondée sur deux groupes ethniques, langues et cultures primaires — l’ukrainien et le russe —, a été acceptée comme normale dans le sud-est de l’Ukraine. Cependant, en général, je peux convenir que la plupart des Ukrainiens sont beaucoup plus préoccupés par les questions économiques, ce qui a toujours été le cas.
En fait, l’indépendance de l’Ukraine en 1991 était aussi, dans une large mesure, une question de préoccupations économiques. De nombreux Ukrainiens ont soutenu l’idée d’un divorce politique d’avec la Russie parce qu’ils espéraient que le pays se porterait mieux sur le plan économique — c’est ce que nous promettaient les brochures de propagande. Cet espoir économique ne s’est pas réalisé. À bien des égards, l’effondrement de l’Union soviétique a radicalement changé la vie des gens pour le pire en raison de la néolibéralisation de l’Ukraine — la marchandisation de la sphère sociale et la ruine de l’État-providence soviétique.
Qu’en est-il des réformes néolibérales initiées par Zelensky ? Les sondages d’opinion permettent de juger de leur popularité : jusqu’à 72 % des Ukrainiens n’ont pas soutenu sa réforme agraire, fleuron du programme néolibéral de Zelensky. Après que son parti l’a approuvée malgré l’indignation de la population, la cote de Zelensky est passée de 73 % au printemps 2019 à 23 % en janvier 2022. La raison en est simple : un profond sentiment de trahison. Dans son programme électoral non officiel — l’émission « Serviteur du peuple » — Zelesnky-Holoborodko [Holoborodko était le personnage de Zelensky dans l’émission télévisée (N. B.)] a promis que s’il pouvait diriger le pays pendant une seule semaine, il ferait « vivre l’enseignant comme le président, et le président comme l’enseignant ». Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette promesse n’a pas été tenue. Les gens ont réalisé qu’ils avaient été dupés une fois de plus : les réformes ont été menées dans l’intérêt non pas des Ukrainiens, mais du capital mondialisé.
Dans quelle mesure pensez-vous que la priorité accordée à la sécurité économique par rapport aux questions d’identité a changé avec l’invasion russe ? Comment pensez-vous que cela se traduira pour les fortunes politiques des nationalistes/ultranationalistes par rapport aux modérés ou à la gauche ?
C’est une question intéressante. D’une part, la priorité des gens est désormais de survivre, ce qui fait de la sécurité leur principale préoccupation. Pour sauver leur vie, des millions d’Ukrainiens, dont ma mère et ma sœur avec des enfants, ont quitté l’Ukraine pour l’Europe. Beaucoup d’entre eux sont prêts à y rester pour toujours, à apprendre des langues étrangères et à adopter un mode de vie étranger — tous ces développements peuvent difficilement donner la priorité aux préoccupations identitaires. D’un autre côté, cependant, l’intensification des sentiments ethniques et la consolidation de la nation face à l’invasion sont également évidentes. Je peux en juger par les discussions publiques sur les réseaux sociaux : certains Kharkovites que je connais personnellement ont même commencé à publier des messages en ukrainien, langue qu’ils n’avaient jamais utilisée auparavant, pour souligner leur identité nationale et signaler qu’ils sont contre toute invasion étrangère.
C’est un autre aspect tragique de cette guerre. La révolution de Maïdan de 2014, que beaucoup de gens du Sud-Est n’ont pas soutenue, a transformé ces personnes en « esclaves », « sovki » et « vatniki » — des termes péjoratifs pour désigner leur arriération et leur barbarie. C’est ainsi que les révolutionnaires de Maïdan, qui se considéraient comme la force progressiste de l’histoire, voyaient les « autres » anti-Maïdan en raison de leur adhésion à la langue et à la culture russes. Jamais cette population prorusse n’a pu imaginer que la Russie allait bombarder ses villes et ruiner ses vies. La tragédie de ces personnes est double : d’abord, leur monde a été ruiné symboliquement par le Maïdan, maintenant, il est détruit physiquement par la Russie.
Les résultats de ces développements ne sont pas clairs, car on ne sait pas encore comment la guerre va se terminer. Si les régions du Sud-Est restent en Ukraine, la ruine de tout ce qui résiste au nationalisme agressif sera très vraisemblablement achevée. Ce sera probablement la fin de cette culture frontalière unique qui n’a jamais voulu être ni complètement ukrainisée ni russifiée. Si la Russie établit son contrôle sur ces régions, comme elle s’enorgueillit de le faire actuellement, je peux difficilement prédire comment elle fera face au ressentiment de masse — du moins, dans les villes qui ont subi des dommages importants, comme Kharkov.
Pour en venir à Zelensky en particulier, vous soulignez dans votre livre que celui-ci a servi de joueur de pipeau en utilisant sa célébrité et ses talents d’acteur pour amener les gens à le soutenir au nom d’un programme vague et rassurant (paix, démocratie, progrès, lutte contre la corruption), mais qui en a en réalité occulté un autre qui n’aurait pas été populaire, à savoir un programme économique néolibéral. Pouvez-vous nous parler de la manière dont il s’y est pris : comment a-t-il mené sa campagne et quelles ont été ses priorités après son entrée en fonction ?
L’argument de base présenté dans mon récent livre est que l’étonnante victoire de Zelensky et de son parti, transformé par la suite en une machine parlementaire chargée d’élaborer et d’approuver des réformes néolibérales (dans un « turbo régime », comme ils l’appelaient), ne peut s’expliquer autrement que par le succès de sa série télévisée, qui, comme le pensent de nombreux observateurs, a servi de programme électoral informel à Zelensky. Contrairement à son programme officiel, qui ne comportait que 1 601 mots et peu de détails politiques, les 51 épisodes d’une demi-heure de son émission ont fourni aux Ukrainiens une vision détaillée de ce qu’il fallait faire pour que l’Ukraine progresse.
Le message délivré par Zelensky aux Ukrainiens à travers son émission est clairement populiste. Le peuple ukrainien y est dépeint comme un tout sans problème, dépourvu de clivages internes, dont seuls les oligarques et les politiciens/fonctionnaires corrompus sont exclus. Le pays ne devient sain qu’après s’être débarrassé des oligarques et de leurs marionnettes. Certains d’entre eux sont emprisonnés ou fuient le pays ; leurs biens sont confisqués sans aucun égard pour la légalité. Plus tard, Zelensky-le-président fera de même à l’égard de ses rivaux politiques.
Il est intéressant de noter que l’émission ignore le thème de la guerre du Donbass, qui a éclaté en 2014, un an avant le début de la diffusion de la série. Le Maïdan et les relations Russie-Ukraine étant des sujets très clivants dans la société ukrainienne, Zelensky les a ignorés pour ne pas mettre en péril l’unité de sa nation virtuelle, de ses téléspectateurs et, finalement, de ses électeurs.
Les promesses électorales de Zelensky, faites en marge du virtuel et du réel, portaient principalement sur le « progrès » de l’Ukraine, entendu comme « modernisation », « occidentalisation », « civilisation » et « normalisation ». C’est ce discours progressiste et modernisateur qui a permis à Zelensky de camoufler ses projets de réformes néolibérales, lancés trois jours seulement après l’arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement. Tout au long de la campagne, l’idée de « progrès » mise en avant par Zelensky n’a jamais été liée aux privatisations, aux ventes de terrains, aux coupes budgétaires, etc. Ce n’est qu’après avoir consolidé son pouvoir présidentiel en établissant un contrôle total sur les pouvoirs législatif et exécutif que Zelensky a clairement indiqué que la « normalisation » et la « civilisation » de l’Ukraine signifiaient la privatisation des terres et des biens publics, la déréglementation des relations de travail, la réduction du pouvoir des syndicats, l’augmentation des tarifs des services publics, etc.
Vous avez souligné que de nombreux étrangers ont été nommés à des postes économiques et sociaux importants après le coup d’État de 2014 et avant le mandat de Zelensky. De même, de nombreux fonctionnaires de Zelensky ont des liens étroits avec les institutions néolibérales mondiales et vous avez suggéré qu’il existe des preuves qu’ils manipulent Zelensky qui a une compréhension peu sophistiquée de l’économie/finance. Pouvez-vous nous parler de cet aspect des ramifications du changement de gouvernement pro-occidental en 2014 ? Quels sont les intérêts plus larges en jeu ici et ont-ils à l’esprit les intérêts de la population ukrainienne dans son ensemble ?
Oui, le changement de pouvoir de Maïdan en 2014 a marqué le début d’une toute nouvelle ère dans l’histoire de l’Ukraine en matière d’influence occidentale sur ses décisions souveraines. Assurément, depuis que l’Ukraine a déclaré son indépendance en 1991, cette influence a toujours existé. La Chambre de commerce américaine, le Center for US-Ukraine relations, le US-Ukraine Business Council, la European Business Association, le FMI, la BERD,1 l’OMC, l’UE : toutes ces institutions de lobbying et de régulation ont influencé de manière significative les décisions politiques ukrainiennes.
Cependant, jamais dans l’histoire de l’Ukraine avant le Maïdan, le pays n’avait nommé des citoyens étrangers à des postes ministériels majeurs ; cela n’est devenu possible qu’après le Maïdan. En 2014, Natalie Jaresko, citoyenne des États-Unis, a été nommée ministre des Finances de l’Ukraine, Aivaras Abromavičius, citoyen de Lituanie, est devenu ministre de l’Économie et du Commerce de l’Ukraine, Alexander Kvitashvili, citoyen de Géorgie, ministre de la Santé. En 2016, Ulana Suprun, citoyenne des États-Unis, a été nommée ministre de la Santé par intérim. D’autres étrangers ont occupé des postes de rang inférieur. Inutile de dire que toutes ces nominations résultent non pas de la volonté des Ukrainiens, mais des recommandations des institutions néolibérales mondiales, ce qui n’est pas surprenant étant donné que le Maïdan lui-même n’était pas soutenu par la moitié de la population ukrainienne.
Comme je l’ai déjà mentionné, la majorité de ces « autres » anti-Maïdan résident dans les régions du Sud-Est. Plus on regarde vers l’est, plus le rejet de Maïdan et de son programme européen est fort et unifié. Plus de 75 % des personnes vivant dans les oblasts de Donetsk et de Lougansk (deux régions orientales de l’Ukraine majoritairement peuplées de russophones) ne soutenaient pas le Maïdan, tandis que 20 % seulement des personnes vivant en Crimée le soutenaient.
Ces chiffres statistiques, fournis par l’Institut de sociologie de Kiev en avril 2014, n’ont pas empêché les institutions occidentales de pouvoir de soutenir que le Maïdan était le soulèvement du « peuple ukrainien » présenté comme un ensemble non problématique — une astuce idéologique très puissante. En se rendant sur la place Maïdan et en encourageant ses révolutionnaires à protester, les membres de la « communauté internationale » n’ont pas respecté les millions d’Ukrainiens qui défendaient des opinions anti-Maïdan, contribuant ainsi à l’escalade du conflit civil qui, au bout du compte, a conduit au désastre que nous observons impuissants aujourd’hui.
Qu’en est-il des intérêts étrangers investis dans la néolibéralisation de l’Ukraine, menée au nom du peuple ukrainien ? [I]ls sont divers, mais derrière la réforme agraire, que j’ai analysée attentivement, il y avait des lobbies financiers en Occident. Les fonds de pension et les fonds d’investissement occidentaux voulaient investir de l’argent qui se dépréciait. À la recherche d’actifs dans lesquels investir, ils se sont assuré le soutien du FMI, de la Banque mondiale, de la BERD et de divers groupes de pression pour promouvoir leurs intérêts et préparer le terrain. Cela n’a rien à voir avec les intérêts des Ukrainiens, bien sûr.
Quel est le bilan de Zelensky en matière de démocratie — liberté d’expression et de la presse, pluralisme politique et traitement des différents partis politiques ? Comment se compare-t-il aux anciens présidents de l’Ukraine postsoviétique ?
Je suis d’accord avec Jodi Dean lorsqu’elle affirme que la démocratie est un fantasme néolibéral dans le sens où elle ne peut exister dans les systèmes néolibéraux de gouvernement contrôlés non pas par les gens, mais par des institutions supranationales. Comme je l’ai mentionné précédemment, cela est devenu particulièrement évident après le Maïdan lorsque les ministres des Affaires étrangères ont été nommés par ces institutions pour représenter leurs intérêts en Ukraine. Cependant, dans son zèle réformateur, Zelensky est allé plus loin. Début février 2021, les trois premières chaînes de télévision d’opposition — NewsOne, Zik et 112 Ukraine — ont été fermées. Une autre chaîne d’opposition, Nash, a été interdite au début de 2022, avant le début de la guerre. Après le déclenchement de la guerre, en mars, des dizaines de journalistes indépendants, de blogueurs et d’analystes ont été arrêtés ; la plupart d’entre eux ont des opinions de gauche. En avril, les chaînes de télévision de droite — Channel 5 et Pryamiy — ont également été fermées. En outre, Zelensky a signé un décret obligeant toutes les chaînes ukrainiennes à diffuser un téléthon unique, présentant un seul point de vue progouvernemental sur la guerre.
Tous ces développements sont sans précédent dans l’histoire de l’Ukraine indépendante. Les partisans de Zelensky affirment que toutes les arrestations et les interdictions de médias doivent être passées par pertes et profits en raison du contexte militaire, ignorant le fait que les premières fermetures de médias ont eu lieu un an avant l’invasion russe. De mon point de vue, Zelensky n’utilise cette guerre que pour renforcer les tendances dictatoriales au sein de son régime de gouvernement, qui a commencé à se former juste après son arrivée au pouvoir lorsqu’il a créé une machine de parti pour contrôler le parlement et approuver les réformes néolibérales sans tenir compte de l’opinion publique.
Le Conseil national de sécurité et de défense (National Security and Defense Council / NSDC) a été utilisé par Zelensky en 2021 pour sanctionner certaines personnes — principalement des rivaux politiques. Pouvez-vous expliquer ce qu’est le NSDC, pourquoi Zelensky l’a utilisé et si cela était légal ou non ?
Après l’effondrement de son soutien populaire en 2021, Zelensky a lancé un processus anticonstitutionnel de sanctions extrajudiciaires contre ses adversaires politiques, imposées par le Conseil national de sécurité et de défense (NSDC). Ces sanctions impliquaient la saisie extrajudiciaire de biens sans aucune preuve d’activités illégales des personnes physiques et morales concernées. Parmi les premiers à être sanctionnés par le NSDC figurent deux députés parlementaires de la plateforme d’opposition « Pour la vie » (OPZZh) — Viktor Medvedchouk (arrêté par la suite et montré à la télévision avec le visage battu après un interrogatoire) et Taras Kozak (qui a réussi à s’échapper d’Ukraine), ainsi que des membres de leurs familles. Cela s’est produit en février 2021 ; en mars 2022, 11 partis d’opposition ont été interdits. Les décisions d’interdire les partis d’opposition et de sanctionner les dirigeants de l’opposition ont été prises par le NSDC ; elles ont été mises en œuvre par des décrets présidentiels.
La Constitution ukrainienne stipule que le Conseil de la sécurité nationale et de la défense est un organe de coordination : il « coordonne et contrôle l’activité des organes du pouvoir exécutif dans la sphère de la sécurité nationale et de la défense ». Cela n’a rien à voir avec la poursuite des opposants politiques et la confiscation de leurs biens — ce que le NSDC fait depuis 2021. Il va sans dire que ce fonctionnement du régime de Zelensky est inconstitutionnel : seuls les tribunaux peuvent décider de qui est coupable ou non et confisquer les biens. Mais le problème est que les tribunaux ukrainiens se sont révélés peu préparés à servir de marionnettes à Zelensky. Après que le président de la Cour constitutionnelle ukrainienne, Oleksandr Tupytskyi, a qualifié les réformes anticonstitutionnelles de Zelensky de « coup d’État », ce dernier n’a eu d’autre choix que de s’appuyer sur le NSDC pour faire avancer ses politiques impopulaires. Et le « dissident » Tupytskyi ? Le 27 mars 2021 — également en violation de la Constitution ukrainienne — Zelensky a signé un décret annulant sa nomination en tant que juge du tribunal.
Sous le règne de Staline, le Commissariat du peuple aux Affaires intérieures (NKVD) a créé des « troïkas » pour prononcer des condamnations à l’issue d’enquêtes simplifiées et rapides et sans procès publics et équitables. Ce que nous observons dans le cas du NSDC est un développement très similaire, sauf que les procès anticonstitutionnels du NSDC comptent un plus grand nombre de participants : tous les personnages clés de l’État, y compris le président, le Premier ministre, le chef du service de sécurité ukrainien, le procureur général de l’Ukraine, etc. Une seule réunion du NSDC peut décider du destin de centaines de personnes. Rien qu’en juin 2021, Zelensky a mis en œuvre une décision du NSDC visant à imposer des sanctions à 538 personnes et 540 entreprises.
J’aimerais vous interroger sur la liste « Pacificateur » (Myrotvorets) qui serait affiliée au gouvernement ukrainien et au service de renseignement du SBU. D’après ce que j’ai compris, il s’agit d’une liste d’« ennemis de l’État » qui publie les informations personnelles de ces derniers. Plusieurs des personnes qui y figuraient ont été assassinées par la suite. Pouvez-vous nous parler de cette liste, de la façon dont les gens y figurent et de la place qu’elle occupe dans un gouvernement que l’on nous dit démocratique ?
Le site nationaliste Myrotvorets a été lancé en 2015 « par un député du peuple occupant un poste de conseiller au ministère de l’Intérieur de l’Ukraine » — c’est ainsi que le rapport de l’ONU le décrit. Le nom de ce député du peuple est Anton Gerashchenko, un ancien conseiller de l’ancien ministre des Affaires intérieures Arsen Avakov. C’est sous le patronage d’Avakov en 2014 [que] des bataillons punitifs nationalistes ont été créés pour être envoyés dans le Donbass afin de réprimer la résistance populaire contre le Maïdan. Myrotvorets a fait partie de la stratégie générale d’intimidation des opposants au coup d’État. Tout « ennemi du peuple » — quiconque ose exprimer publiquement des opinions anti-Maïdan ou contester le programme nationaliste de l’Ukraine — peut se retrouver sur ce site. Les adresses d’Oles Buzina, un célèbre publiciste [journaliste], abattu par des nationalistes près de son immeuble à Kiev, et d’Oleg Kalashnikov, un député de l’opposition tué par des nationalistes dans sa maison, figuraient également sur Myrotvorets, ce qui a aidé les tueurs à trouver leurs victimes. Les noms des meurtriers sont bien connus, mais ils ne sont pas emprisonnés, car, dans l’Ukraine contemporaine, dont la vie politique est contrôlée par les radicaux, ils sont considérés comme des héros.
Le site n’a pas été fermé même après un scandale international, lorsque Myrotvorets a publié les données personnelles d’hommes politiques étrangers bien connus, dont l’ancien chancelier allemand Gerhard Schröder. Mais, contrairement à M. Schröder qui réside en Allemagne, des milliers d’Ukrainiens dont les données se retrouvent sur Myrotvorets ne peuvent pas se sentir en sécurité. Toutes les personnes arrêtées en mars 2022 étaient également sur Myrotvorets. Je connais personnellement certains d’entre eux — Yuri Tkachev, le rédacteur en chef du journal Timer d’Odessa et Dmitry Dzhangirov, le rédacteur en chef de Capital, une chaîne YouTube.
Beaucoup de ceux dont les noms figurent sur Myrotvorets ont réussi à fuir l’Ukraine après le Maïdan ; certains ont pu le faire après les arrestations massives de mars dernier. L’un d’entre eux est Tarik Nezalezhko, le collègue de Dzhangirov. Le 12 avril 2022, alors qu’il était déjà en sécurité hors d’Ukraine, il a publié un message sur YouTube, qualifiant le service de sécurité ukrainien de « Gestapo » et donnant des conseils à ses spectateurs sur la manière d’éviter d’être capturé par ses agents.
Cela dit, l’Ukraine n’est pas un pays démocratique. Plus j’observe ce qui s’y passe, plus je pense à la voie de modernisation d’Augusto Pinochet, qui fait d’ailleurs l’admiration de nos néolibéraux. Pendant une longue période, les crimes du régime de Pinochet n’ont pas fait l’objet d’une enquête. Mais, en fin de compte, l’humanité a découvert la vérité. J’espère seulement qu’en Ukraine, cela se produira plus tôt.
L’universitaire ukrainien Volodymyr Ishchenko a déclaré dans une interview récente avec la NLR (New Left Review) que, contrairement à l’Europe occidentale, il existe un partenariat plus marqué entre le nationalisme et le néolibéralisme dans l’Europe orientale postsoviétique. Ce phénomène a même été observé dans le Donbass parmi les personnes les plus aisées. Êtes-vous d’accord avec cette affirmation ? Si oui, pouvez-vous expliquer comment cette alliance a évolué ?
Je suis d’accord avec Volodymyr. Ce que nous observons en Ukraine est une alliance de nationalistes et de libéraux fondée sur leur intolérance commune à l’égard de la Russie et, respectivement, de tous ceux qui prônent la coopération avec elle. À la lumière de la guerre actuelle, cette unité des libéraux et des nationalistes peut sembler justifiée. Cependant, l’alliance a été créée bien avant cette guerre — en 2013, lors de la formation du mouvement de Maïdan. Pour les libéraux, l’accord d’association avec l’Union européenne, défendu par le Maïdan, était principalement perçu sur le plan de la démocratisation, de la modernisation et de la civilisation — il était imaginé comme un moyen d’amener l’Ukraine aux normes européennes de gouvernement. En revanche, l’Union économique eurasienne, dirigée par la Russie, était associée à une régression civilisationnelle vers l’étatisme soviétique et le despotisme asiatique. C’est ici que les positions des libéraux et des nationalistes ont convergé : ces derniers ont soutenu activement le Maïdan non pas en raison de la démocratisation, mais en raison de sa position clairement anti-russe.
Dès les premiers jours des manifestations, les nationalistes radicaux ont été les combattants les plus actifs de Maïdan. L’unité entre les libéraux associant l’Euromaïdan au progrès, à la modernisation, aux droits de l’homme, etc., et les radicaux cooptant le mouvement pour leur programme nationaliste était une condition préalable importante pour la transformation de la protestation civique en une lutte armée aboutissant à un renversement anticonstitutionnel du pouvoir. Le rôle décisif des radicaux dans la révolution est également devenu un facteur crucial dans la formation d’un mouvement anti-Maïdan de masse dans l’est de l’Ukraine contre le « coup d’État », le changement de régime à Kiev ainsi baptisé par le discours hégémonique du côté anti-Maïdan. Au moins en partie, ce que nous observons aujourd’hui est le résultat tragique de cette alliance malheureuse et à courte vue, formée pendant le Maïdan.
Pouvez-vous expliquer quelle a été la relation de Zelensky avec l’extrême droite en Ukraine ?
Zelensky lui-même n’a jamais exprimé d’opinions d’extrême droite. Dans sa série « Serviteur du peuple », qui a été utilisée comme plateforme électorale non officielle, les nationalistes ukrainiens sont dépeints de manière négative : ils n’apparaissent que comme de stupides marionnettes d’oligarques. En tant que candidat à la présidence, Zelensky a critiqué la loi sur la langue signée par son prédécesseur Porochenko, qui faisait de la connaissance de la langue ukrainienne une exigence obligatoire pour les fonctionnaires, les soldats, les médecins et les enseignants. « Nous devons amorcer et adopter des lois et des décisions qui consolident la société, et non l’inverse », affirmait Zelensky-le-candidat en 2019.
Cependant, après avoir assumé la fonction présidentielle, Zelensky s’est tourné vers le programme nationaliste de son prédécesseur. Le 19 mai 2021, son gouvernement a approuvé un plan d’action pour la promotion de la langue ukrainienne dans toutes les sphères de la vie publique, strictement conforme à la loi linguistique de Porochenko, pour le plus grand plaisir des nationalistes et la consternation des russophones. Zelensky n’a rien fait pour poursuivre les radicaux pour tous leurs crimes contre les opposants politiques et la population du Donbass. Le symbole de la transformation droitière de Zelensky a été son approbation par le nationaliste Medvedko — l’un des accusés du meurtre de Buzina — qui a publiquement approuvé l’interdiction par Zelensky des chaînes d’opposition en langue russe en 2021.
La question est : pourquoi ? Pourquoi Zelensky a-t-il fait volte-face en faveur du nationalisme alors que la population espérait qu’il poursuivrait la politique de réconciliation ? Comme le pensent de nombreux analystes, c’est parce que les radicaux, bien que représentant la minorité de la population ukrainienne, n’hésitent pas à recourir à la force contre les politiciens, les tribunaux, les forces de l’ordre, les professionnels des médias, etc. — en d’autres termes, ils sont tout simplement bons pour intimider la société, y compris toutes les branches du pouvoir. Les propagandistes peuvent répéter aussi souvent qu’ils le veulent le mantra « Zelensky est juif, il ne peut donc pas être nazi », mais la vérité est que les radicaux contrôlent le processus politique en Ukraine par la violence contre ceux qui osent s’opposer à leurs programmes nationalistes et suprématistes. Le cas d’Anatoliy Shariy — l’un des blogueurs les plus populaires d’Ukraine vivant en exil — est un bon exemple pour illustrer ce point. Non seulement lui et les membres de sa famille reçoivent en permanence des menaces de mort, mais les radicaux ne cessent d’intimider les militants de son parti (interdit par Zelensky en mars 2022), les battant et les humiliant. C’est ce que les radicaux ukrainiens appellent le « safari politique ».
Un témoignage révèle le complot de la police secrète de Zelensky pour « liquider » la figure de l’opposition Anatoly Shariy
Par Dan Cohen
En ce moment, Zelensky est la figure la plus influente sur la scène mondiale en ce qui concerne un conflit qui a de graves implications s’il s’aggrave. Je crains qu’il n’utilise ces mêmes talents de manipulateur du show-biz pour rallier le soutien derrière cette image d’une incarnation personnelle de la démocratie et de la droiture contre les forces du mal et de l’autocratie. C’est comme un film basé sur un univers de bande dessinée Marvel. C’est précisément le type d’encadrement qui semble contraire à la diplomatie. Pensez-vous que Zelensky joue un rôle constructif en tant que leader de guerre de l’Ukraine ou non ?
Je suis régulièrement les discours de guerre de Zelensky, et je peux affirmer avec certitude que la façon dont il présente le conflit ne peut guère conduire à une résolution diplomatique, puisqu’il répète en permanence que les forces du bien sont attaquées par les forces du mal. Il est clair qu’il ne peut y avoir de solution politique pour un tel Armageddon. Ce qui sort de ce cadre de référence mythique de la guerre, c’est le contexte plus large de la situation : le fait que l’Ukraine refuse depuis des années d’appliquer les accords de paix de Minsk, signés en 2015 après la défaite de l’armée ukrainienne dans la guerre du Donbass. Selon ces accords, le Donbass devait recevoir une autonomie politique au sein de l’Ukraine — un point inconcevable et inacceptable pour les radicaux. Au lieu de mettre en œuvre ce document, qui a été ratifié par l’ONU, Kiev s’est battu avec le Donbass le long de la ligne de démarcation pendant huit longues années. La vie des Ukrainiens vivant dans ces territoires s’est transformée en cauchemar. Pour les radicaux, dont les bataillons se sont battus là-bas, les habitants du Donbass — imaginés comme des sovki et des vatniki — ne méritent ni pitié ni indulgence.
La guerre actuelle est une prolongation de la guerre de 2014, qui a commencé lorsque Kiev a envoyé des troupes dans le Donbass pour réprimer la rébellion anti-Maïdan sous le prétexte de la soi-disant « opération antiterroriste ». La reconnaissance de ce contexte plus large ne présuppose pas l’approbation de « l’opération militaire » de la Russie, mais elle implique la reconnaissance que l’Ukraine est également responsable de ce qui se passe. Formuler la question de la guerre actuelle en termes de combat de la civilisation contre la barbarie ou de la démocratie contre l’autocratie n’est rien d’autre que de la manipulation, et ceci est essentiel pour comprendre la situation. La formule de Bush « vous êtes soit avec nous, soit avec les terroristes », propagée par Zelensky dans ses appels au « monde civilisé », s’est avérée très pratique pour éviter toute responsabilité personnelle dans le désastre en cours.
Pour vendre cette histoire unidimensionnelle au monde entier, les compétences artistiques de Zelensky semblent inestimables. Il est enfin sur la scène mondiale, et le monde applaudit. L’ancien comédien ne cherche même pas à cacher sa satisfaction. Répondant à la question d’un journaliste français le 5 mars 2022 — le dixième jour de l’invasion russe — sur la façon dont sa vie avait changé avec le début de la guerre, Zelensky a répondu avec un sourire de plaisir : « Aujourd’hui, ma vie est belle. Je crois que l’on a besoin de moi. Je pense que c’est le sens le plus important de la vie : être utile. Sentir que vous n’êtes pas que du vide qui ne fait que respirer, marcher et manger quelque chose. Vous vivez. »
Pour moi, cette construction est alarmante : elle implique que Zelensky jouit de l’opportunité unique de se produire sur une scène mondiale offerte par la guerre. Elle a rendu sa vie belle ; il vit. Contrairement à des millions d’Ukrainiens dont la vie n’est pas belle du tout et à des milliers de ceux qui ne sont plus en vie.
Alexander Gabuev a suggéré que les dirigeants russes manquent d’expertise sur le pays, ce qui a contribué à ce conflit. J’ai également entendu des commentateurs russes suggérer que l’Ukraine avait une attitude supérieure en ce qui concerne le fait d’être pro-occidental ou prorusse. Pensez-vous qu’il s’agisse d’un facteur important pour les deux parties ?
J’ai tendance à être d’accord avec l’affirmation concernant le manque de compréhension de la part des dirigeants russes des processus sociaux qui se déroulent en Ukraine depuis le Maïdan. En effet, la moitié de la population ukrainienne ne l’a pas accueilli favorablement, et des millions de personnes vivant dans le Sud-Est souhaitaient que la Russie intervienne. Je le sais avec certitude, car tous mes proches et mes vieux amis résident dans ces territoires. Cependant, ce qui était vrai en 2014 ne l’est plus forcément aujourd’hui. Huit années ont passé ; une nouvelle génération de jeunes, élevés dans un nouvel environnement social, a grandi ; et beaucoup de gens se sont simplement habitués à de nouvelles réalités. Enfin, même si la plupart d’entre eux méprisent les radicaux et la politique d’ukrainisation, ils détestent encore plus la guerre. La réalité sur le terrain s’est avérée plus complexe que ne le prévoyaient les décideurs.
Qu’en est-il du sentiment de supériorité des Ukrainiens qui s’identifient aux Occidentaux plutôt qu’aux Russes ?
C’est vrai et, à mon avis, c’est la partie la plus tragique de toute l’histoire post-Maïdan, car c’est exactement ce sentiment de supériorité qui a empêché les forces pro-Maïdan « progressistes » de trouver un langage commun avec leurs compatriotes prorusses « arriérés ». Cela a conduit au soulèvement du Donbass, à l’« opération antiterroriste » de l’armée ukrainienne contre le Donbass, à l’intervention de la Russie, aux accords de paix de Minsk, à leur non-respect et, enfin, à la guerre actuelle.
Sources :
Banque européenne pour la reconstruction et le développement (NdT) ↩
Paramétrage
|
|||||
Aspect :
|