Traduit de l’anglais par EDB () • Langue originale : anglais |
Si des organisations telles que la FIJ, le CIO et d’autres géants du sport international agissaient de manière responsable et interdisaient aux équipes représentant Israël de participer aux compétitions internationales, un athlète n’aurait pas besoin de risquer sa carrière et d’agir, comme l’a fait Fethi Nourine, seul.
BUDAPEST, HONGRIE — Au moment où ces mots sont écrits, la Palestine et ceux qui soutiennent la liberté et la justice commémorent l’horrible meurtre de Mohammed al-Durrah et la blessure grave de son père Jamal par les forces israéliennes à Gaza. C’était en septembre 2000. La vidéo du meurtre de Mohammed, 12 ans, et de la blessure de son père, qui tentait de le protéger, est devenue l’un des symboles de la deuxième Intifada palestinienne.
Le lendemain, le 1er octobre 2000, la police israélienne a tiré et tué 13 jeunes citoyens palestiniens d’Israël qui s’étaient levés et avaient protesté dans le nord de la Palestine, près d’Umm El-Fahm. Personne n’est intervenu pour sauver le père et le fils, et rares sont ceux qui se dressent aujourd’hui pour s’opposer à la brutalité israélienne. Lorsqu’une personne ose se lever, elle est, le plus souvent, punie.
Lors des Jeux olympiques d’été de 2021 à Tokyo, Fethi Nourine, un compétiteur algérien de judo, s’est levé. Il a refusé de concourir avec un membre de l’équipe olympique israélienne. Nourine a placé ses principes, à savoir la défense de la Palestine et de son peuple, avant sa propre carrière et, dans un geste qui pourrait lui coûter sa carrière, il a défié le Comité international olympique (CIO) et la Fédération internationale de judo et a déclaré que le racisme et l’apartheid israéliens n’avaient pas leur place aux Jeux olympiques. En septembre 2021, la Fédération internationale de judo (IJF) a publié une déclaration concernant Nourine et son entraîneur Ammar Benikhlef. En voici un extrait :
Pour la commission disciplinaire de la FIJ, il est évident que les deux judokas algériens, avec une intention malveillante, ont utilisé les Jeux olympiques comme une plateforme pour la protestation et la promotion d’une propagande politique et religieuse, ce qui constitue une violation claire et grave des statuts de la FIJ, du code d’éthique de la FIJ et de la Charte olympique. Par conséquent, aucune autre sanction qu’une sévère suspension ne peut être imposée dans ce cas.
Sur ces bases, la Commission disciplinaire de la FIJ :
– Prononce à l’encontre de Mr NOURINE et de Mr BENIKHLEF une suspension de dix (10) ans chacun de toutes les manifestations et activités organisées ou autorisées par la Fédération internationale de judo et ses unions, à compter du 23 juillet 2021, jusqu’au 23 juillet 2031.
Tout d’abord, ils n’ont pas fait la promotion de la propagande religieuse ou politique. Nourine a défendu des principes que le CIO et la FIJ doivent également appliquer : soutenir la justice et la liberté et s’opposer au racisme et à la violence. Deuxièmement, pourquoi ne pas utiliser la plateforme des Jeux olympiques pour défendre la justice et la liberté ? Quel meilleur endroit que les Jeux olympiques pour montrer que l’on n’est pas seulement un grand athlète, dévoué et discipliné, mais aussi quelqu’un de bienveillant et doté de principes ?
Une fois de plus, voici l’exemple d’une personne qui se lève et fait ce qu’il faut et qui est punie. Lors des Jeux olympiques de Tokyo 2021, Nourine a été suspendu parce qu’il a refusé de concourir avec un membre de l’équipe israélienne. Les actions de Nourine sont totalement justifiées et montrent qu’il est un homme de caractère, un athlète à principes et un pratiquant d’arts martiaux exemplaire. La grande question ici est de savoir pourquoi la FIJ et le CIO permettent à des athlètes qui représentent Israël de participer à leurs jeux.
Si des organisations telles que la FIJ, le CIO et d’autres géants du sport international agissaient de manière responsable et interdisaient aux équipes représentant Israël de participer aux compétitions internationales, un athlète n’aurait pas besoin de risquer sa carrière et d’agir seul, comme l’a fait Fethi Nourine. C’est uniquement parce que les grandes organisations manquent à leur devoir d’adhérer au droit international, de maintenir un code moral et d’agir de manière responsable que Nourine a dû faire ce qu’il a fait.
Lors des Jeux olympiques de Tokyo en 1964, le CIO a interdit à l’équipe sud-africaine de participer aux Jeux olympiques afin de manifester la désapprobation unifiée et internationale de l’apartheid sud-africain.
Puis, en 1968, les Sud-Africains ont apporté quelques changements cosmétiques à la façon dont les athlètes étaient sélectionnés et ont autorisé quelques sportifs noirs symboliques à faire partie de l’équipe ; le CIO a alors voté pour permettre à la République d’Afrique du Sud de participer aux Jeux olympiques d’été qui ont eu lieu à Mexico.
En réaction à cette décision, plusieurs pays se sont mobilisés pour boycotter les Jeux olympiques de 1968. Ils voulaient faire connaître leur désapprobation des pratiques d’apartheid sud-africaines. Ces pays estimaient que les réformes mises en œuvre par les Sud-Africains ne garantissaient pas l’égalité des athlètes sud-africains non blancs.
C’est alors que le Conseil suprême du sport en Afrique, une coalition de 32 pays d’Afrique, a lancé la campagne de boycott de la participation de l’Afrique du Sud aux Jeux olympiques d’été de 1968. Les 32 étaient unanimes sur cette question et ont été rejoints plus tard par l’Irak, la Syrie, le Pakistan, la Malaisie, l’Arabie saoudite, Cuba et la Somalie. L’Inde et l’Union soviétique ont menacé de se joindre également au boycott.
Un article paru dans le numéro du 8 mars 1968 du magazine Time évoquait la possibilité d’organiser des mini-olympiades pendant les Jeux olympiques d’été de cette année-là :
Des mini-olympiades ? C’est ce qui s’est passé la semaine dernière lorsque pas moins de 39 nations ont annoncé qu’elles boycotteraient les Jeux de Mexico en octobre prochain pour protester contre la décision du Comité international olympique de réadmettre l’Afrique du Sud.
Le CIO a donc décidé de retirer officiellement son invitation à l’Afrique du Sud à participer aux Jeux olympiques d’été, cette année-là. L’interdiction de la participation de l’Afrique du Sud aux Jeux olympiques s’est poursuivie jusqu’en 1992, date à laquelle le pays a semblé faire des progrès pour mettre fin à l’apartheid et démontrer enfin l’égalité de traitement de tous les athlètes.
Avec le temps, l’Afrique du Sud a été exclue de toutes les grandes fédérations sportives mondiales. En Grande-Bretagne, le tournant s’est produit en 1969-70. Des manifestations et des actions directes ont lieu lors de chaque rencontre de rugby disputée par l’équipe de Springbok lors de sa tournée de 23 matches en Grande-Bretagne. Puis, la tournée de cricket de l’été suivant a été annulée.
En 1980, les Nations unies ont commencé à dresser un rapport connu sous le nom de « Registre des contacts sportifs avec l’Afrique du Sud ». Il s’agit d’une liste d’athlètes et d’officiels qui ont participé à des événements en Afrique du Sud ; elle a été compilée principalement à partir d’articles publiés dans les journaux sud-africains. Même si le fait de figurer sur ce document n’entraînait aucune sanction, il était utilisé comme moyen de pression sur les athlètes, une sorte d’épreuve de vérité morale.
Lorsque les gens entendent dire qu’un boycott doit être mis en place et que des sanctions doivent être imposées à Israël, ils pensent aux produits agricoles et à ce genre de choses. Cependant, l’appel au boycott nécessite le genre d’action entreprise par Fethi Nourine à grande échelle. Actuellement, lui et quelques autres athlètes qui refusent de légitimer l’apartheid israélien sont des voix solitaires au milieu d’un chœur de complicité.
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