L’attaque ridicule du New York Times contre moi révèle ses tactiques fallacieuses de propagande

L’attaque ridicule
du New York Times
contre moi révèle
ses tactiques fallacieuses
de propagande

Par Ben Norton

Une publication Multipolarista


Médias Propagande Censure Liberté d’expression Répression Extrême droite Fascisme Ingérence Impérialisme Guerre Géopolitique Histoire
États-Unis Ukraine Russie URSS Occident
Article

Traduit de l’anglais par EDB () • Langue originale : anglais


Le New York Times a publié des affirmations absurdes contre le rédacteur en chef de Multipolarista, Benjamin Norton, dans un article de diffamation, en utilisant une image de son visage barré d’une ligne rouge et sans lui donner l’occasion de faire un commentaire. Ce traitement à la hache reflète la longue tradition du journal dans la diffusion de fausse propagande de guerre en faveur du gouvernement des États-Unis.

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Le New York Times a publié un article ridicule me salissant avec des affirmations trompeuses, et a même utilisé une image de mon visage barrée, de façon menaçante, d’une ligne rouge.

Le journal a rejeté ma déclaration factuelle selon laquelle les États-Unis ont parrainé un violent coup d’État pour renverser le président ukrainien démocratiquement élu Viktor Ianoukovytch en 2014, qualifiant cette vérité objective de « théorie du complot », tout en effaçant de manière fallacieuse les preuves accablantes que j’ai présentées.

Ironiquement, le Times lui-même, en 2014, a rapporté certains de ces faits qu’il dénigre maintenant comme une « théorie du complot » ; je le documente dans le présent article.

Le travail à la hache du Times viole les pratiques journalistiques de base. Le journal ne m’a même pas contacté pour me demander un commentaire, alors qu’il me diffame et publie une photo de mon visage.

Cet article calomnieux est une étude de cas des techniques de propagande utilisées par le journal de référence des États-Unis. Et cela fait partie d’une campagne évidente visant à intensifier la nouvelle guerre froide du gouvernement des États-Unis contre la Chine et la Russie.

Le New York Times qui collabore étroitement avec l’État de sécurité nationale est un fait bien établi. Le journal a admis publiquement qu’il envoyait des articles sensibles au gouvernement des États-Unis pour approbation avant publication, afin de s’assurer que les « responsables de la sécurité nationale » n’ont « aucune inquiétude ».

L’ancien journaliste réputé du New York Times, James Risen, a écrit et révélé que les rédacteurs en chef du journal sont « tout à fait disposés à coopérer avec le gouvernement » et qu’il existait un « arrangement informel » dans lequel les responsables des États-Unis « participaient régulièrement à des négociations discrètes avec la presse pour tenter d’empêcher la publication d’articles sensibles sur la sécurité nationale ».

Le Times a également une longue et peu glorieuse histoire d’attaques contre les voix antiguerre aux États-Unis, tout en diffusant des affirmations manifestement fausses de responsables gouvernementaux anonymes pour justifier les guerres de Washington, du Vietnam à l’Irak, de la Libye à la Syrie.

Je n’ai besoin de rappeler à personne le rôle déterminant du Times dans l’amplification des mensonges sur les prétendues « armes de destruction massive » (ADM) en Irak.

Mais, le journal de référence des États-Unis a également diffusé de nombreuses fausses nouvelles moins connues, comme lorsqu’il a attribué aux communistes vietnamiens l’incident du golfe du Tonkin, ou lorsqu’il a prétendu à tort que des soldats irakiens avaient sorti des bébés koweïtiens de leurs couveuses pour les faire mourir, ou encore lorsqu’il a amplifié le mensonge selon lequel le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi donnait du Viagra à ses soldats et les encourageait à agresser sexuellement les femmes.

Il y a aussi les exemples plus récents de diffusion volontaire par le Times de la désinformation du gouvernement des États-Unis, de la théorie de la conspiration du Russiagate, qui a été débunkée (démystifiée), au scandale du « Bountygate », qui était une invention totale, en passant par la farce tout aussi ridicule des fake news connue sous le nom de « syndrome de La Havane » — l’idée que l’hystérie de masse dont souffraient les espions US était secrètement causée par des « armes à micro-ondes » futuristes russes, chinoises et/ou cubaines ou des pistolets à rayons constitués d’« énergie de radio fréquences ».

L’article du journal daté du 11 avril, intitulé « Les échos chinois de la réalité alternative russe s’intensifient dans le monde entier », s’inscrit dans cette même veine propagandiste.

Il a été rédigé par Paul Mozur, Steven Lee Myers et John Liu. Le Times avait apparemment besoin de trois journalistes pour publier cette histoire, mais aucun d’entre eux n’a pris la peine de me contacter pour faire un commentaire.

S’ils étaient des étudiants dans un cours de journalisme universitaire, ils auraient échoué dans leur exercice.

Le directeur de la CIA, William Burns, a confirmé lors d’une audition de la commission sénatoriale du renseignement, en mars dernier, que Washington est engagé dans une « guerre de l’information » contre la Russie.

De même, Eliot A. Cohen, ancien haut fonctionnaire du département d’État, a clairement déclaré qu’en Ukraine, « les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN sont engagés dans une guerre par procuration avec la Russie ».

L’article diffamatoire du New York Times doit être compris dans ce contexte : le journal de référence agit comme un outil de guerre du gouvernement des États-Unis dans le domaine de l’information, comme un homme de main de Washington, lançant des attaques néo-mcarthystes contre des journalistes indépendants qui osent contester la ligne officielle de propagande de l’OTAN.

New York Times World : « Les responsables et les médias d’État chinois reprennent de plus en plus la propagande russe sur la guerre en Ukraine, sapant les efforts diplomatiques étatsuniens et européens, même après les tueries de Boutcha. »

L’article accuse la Chine d’aider la Russie à amplifier la prétendue « désinformation » sur la guerre en Ukraine. Et il pointe du doigt l’auteur du texte que vous lisez en ce moment, le journaliste indépendant Benjamin Norton, en qualifiant ses déclarations factuelles de « théories du complot ».

Le journal a publié le passage suivant :

« Les médias d’État russes et chinois se sont également de plus en plus appuyés sur les opinions du même groupe de célébrités, d’experts et d’influenceurs de l’Internet, les présentant dans leurs émissions ainsi que dans des vidéos YouTube. L’un d’entre eux, Benjamin Norton, est un journaliste qui a affirmé qu’un coup d’État parrainé par le gouvernement des États-Unis avait eu lieu en Ukraine en 2014 et que des responsables étatsuniens avaient installé les dirigeants du gouvernement ukrainien actuel.

Il a d’abord expliqué cette théorie du complot sur RT, bien qu’elle ait ensuite été reprise par les médias d’État chinois et tweetée par des comptes comme Frontline. Dans une interview réalisée en mars, que le radiodiffuseur d’État chinois CCTV a présentée comme une exclusivité, M. Norton a déclaré que les États-Unis, et non la Russie, étaient responsables de l’invasion russe.

“Concernant la situation actuelle en Ukraine, Benjamin a déclaré qu’il ne s’agit pas d’une guerre causée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, mais d’une guerre planifiée et provoquée par les États-Unis dès 2014”, a déclaré un narrateur anonyme de CCTV. »

Pour commencer, l’interview spécifique de RT à laquelle le Times fait référence est une discussion que j’ai eue avec le comédien américain de gauche Lee Camp, et elle a en fait été réalisée le 23 février, un jour avant que la Russie n’envahisse l’Ukraine (bien qu’elle n’ait été publiée que le 25 février).

Camp a une longue histoire de militant de terrain dans les mouvements antiguerre, antiracistes et écologistes aux États-Unis. L’idée qu’il était secrètement contrôlé par le Kremlin est ridiculement absurde.

Pendant des années, Camp n’a cessé de répéter qu’il avait un contrôle éditorial total sur son émission — jusqu’à ce que YouTube efface ses centaines d’épisodes dans le cadre d’une purge autoritaire de journalistes indésirables « liés à la Russie ».

Le New York Times a déjà dû faire face à des réactions négatives pour avoir diffusé des affirmations ridicules et diffamatoires sur Lee Camp. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne s’en prenne à moi, dans sa guerre contre les journalistes indépendants progressistes.

L’affirmation la plus caricaturale et la plus absurde de l’article diffamatoire du Times est l’idée que l’organisation d’un coup d’État en Ukraine par le gouvernement des États-Unis est une « théorie du complot » farfelue.

Toute personne vaguement familière avec l’histoire élémentaire de la politique étrangère des États-Unis sait que Washington a parrainé des coups d’État dans le monde entier — de l’Iran en 1953 au Guatemala en 1954, du Congo en 1960 au Brésil en 1964, de l’Indonésie en 1965 au Chili en 1973, d’Haïti en 1991 à de nouveau Haïti en 2004, du Venezuela en 2002 à l’Ukraine (la première fois) en 2004, du Honduras en 2009 à la Bolivie en 2019, et ainsi de suite.

Mais là encore, le New York Times a une longue histoire en tant qu’organe se faisant l’écho de la désinformation de responsables anonymes du gouvernement des États-Unis afin de nier et de blanchir ces coups d’État ; il n’est donc peut-être pas surprenant qu’il reste dans le déni du putsch de 2014 soutenu par les États-Unis en Ukraine.

Après m’avoir absurdement accusé de promulguer une « théorie du complot », le Times a intégré une capture d’écran d’un tweet du 11 mars du programme d’information chinois Frontline, avec une image de ma personne. Ill a ajouté une ligne rouge, barrant le tweet — et mon visage.

La capture d’écran du New York Times, avec la ligne rouge ajoutée par le journal

Le Times n’a pas réellement intégré le tweet, de sorte que ses lecteurs n’ont pas pu visionner le clip vidéo pour entendre l’intégralité de mes commentaires.

Le journal a également omis de mentionner ma citation de l’enregistrement divulgué d’un appel téléphonique de 2014 au cours duquel la secrétaire d’État adjointe des États-Unis pour les Affaires européennes et eurasiennes, Victoria Nuland, a discuté de l’identité du Premier ministre du gouvernement ukrainien après le coup d’État… et qui est effectivement devenu Premier ministre quelques semaines plus tard.

Ces omissions montrent à quel point la propagande des médias d’entreprise est malhonnête. Les publications traditionnelles comme le New York Times pensent que leur public est si stupide et si sensible à la prétendue « désinformation » étrangère qu’ils ne laisseront même pas leurs lecteurs écouter une vidéo de 30 secondes d’un journaliste américain indépendant pour se faire leur propre opinion.

Dans ce clip, j’ai fait les commentaires suivants, 100 % factuels, sur la crise ukrainienne :

Ils [les gouvernements occidentaux] ont fait cette promesse [— ne pas s’étendre vers l’est après la réunification de l’Allemagne —] à l’Union soviétique à plusieurs reprises ; nous avons les documents qui le prouvent. Et l’OTAN a menti.

Et nous avons également un appel téléphonique enregistré, de la plus haute diplomate US, Victoria Nuland, dans lequel cette dernière trie sur le volet et sélectionne les hauts fonctionnaires du gouvernement ukrainien qui a pris le pouvoir après le coup d’État de 2014 soutenu par les États-Unis.

Ce coup d’État en Ukraine est ce qui a déclenché une guerre civile dans le pays, et maintenant ils agissent comme s’ils n’avaient rien à voir avec cela, et que la Russie était le seul agresseur.

Ces déclarations objectivement vraies — selon lesquelles les gouvernements occidentaux ont rompu à plusieurs reprises leur promesse à Moscou de ne pas s’étendre vers l’est, et selon lesquelles Washington a parrainé un coup d’État en Ukraine en 2014 — constituent, pour le New York Times, une dangereuse « théorie du complot. »

Au moment de la publication du présent article, le 14 avril, cette vidéo de Frontline ne compte que 158 vues, 10 likes et trois retweets sur Twitter. Mais, le journal de référence des États-Unis veut faire croire à ses lecteurs que mon extrait qui a été peu vu et dans lequel j’énonce des faits indéniables sur l’histoire récente de l’Ukraine met en danger le tissu même de la société américaine.

Frontline : « “Nous avons un appel téléphonique enregistré, de @UnderSecStateP dans lequel elle trie sur le volet et sélectionne les hauts fonctionnaires du gouvernement ukrainien [#Ukrainian] qui a pris le pouvoir après le coup d’État de 2014 soutenu par les #US.
Le coup d’État en #Ukraine est ce qui a déclenché une guerre civile dans le pays, et maintenant ils agissent comme s’ils n’avaient rien à voir avec cela.” #IntoUkraine »

Il est de notoriété publique et incontestable que le gouvernement des États-Unis a parrainé le coup d’État de 2014 en Ukraine.

L’appel téléphonique de 2014 entre Victoria Nuland et l’ambassadeur des États-Unis en Ukraine, Geoffrey R. Pyatt, est une preuve irréfutable.

Dans l’enregistrement ayant fait l’objet d’une fuite — dont la transcription a été publiée par la BBC — on peut entendre Nuland et Pyatt discuter de qui serait le nouveau Premier ministre du futur régime, après le coup d’État en Ukraine.

« Yats est le type qui a de l’expérience en matière d’économie et de gouvernance », a déclaré Nuland en faisant référence à Arseniy Yatsenyuk, montrant ainsi, en utilisant son surnom, sa relation intime avec l’homme politique ukrainien de droite et pro-occidental.

Quelques jours à peine après le coup d’État du 22 février soutenu par les États-Unis, Yatsenyuk est devenu Premier ministre de l’Ukraine, exactement comme Nuland avait insisté pour qu’il le devienne.

Pourtant, la preuve irréfutable qu’un haut fonctionnaire du département d’État et l’ambassadeur des États-Unis ont discuté du choix du Premier ministre ukrainien a été éclipsée par un autre commentaire fait par Nuland lors de l’appel téléphonique : « Fuck the EU » (« Que l’UE aille se faire foutre »).

Cette seule phrase a suscité des condamnations de la part des gouvernements européens et a attiré beaucoup plus d’attention que le fait que des diplomates des États-Unis aient été surpris en train de choisir les dirigeants du futur régime putschiste ukrainien.

Dans son article de dénigrement du 11 avril 2022 qui m’attaque, le New York Times a refusé de mentionner cet appel téléphonique de Nuland. Mais le journal a fait plusieurs fois état de cet enregistrement en 2014.

New York Times World : « La remarque d’une diplomate des États-Unis sur l’Union européenne est “inacceptable”, déclare Merkel. »

De fait, des responsables du gouvernement des États-Unis n’ont confirmé l’authenticité de cette fuite téléphonique à nul autre que le New York Times lui-même.

Dans un rapport du 6 février 2014, le Times a admis que l’enregistrement de l’appel avait été publié sur Twitter « au moment même où Mme Nuland était à Kiev pour rencontrer M. Ianoukovytch et les dirigeants de l’opposition ».

Puis, le 10 février, le journal a publié un article fade sur Nuland, dans lequel le faucon de droite dure haussait les épaules par rapport au scandale et confessait fièrement : « Je suis bien connue comme la diplomate la moins diplomatique qui soit. »

Mais maintenant, en 2022, le Times agit comme si reconnaître ces événements, que le journal a lui-même rapportés en 2014, était se livrer à une dangereuse « théorie du complot ».

Le New York Times prétend que le fait que le gouvernement des États-Unis ait parrainé un coup d’État en Ukraine fait partie d’une « réalité alternative. » Mais le dossier historique montre que c’est le Times qui vit dans une réalité alternative, où les crimes du gouvernement des États-Unis n’existent pas, et où le Kremlin est seul responsable de tous les méfaits dans le monde.

La réalité selon laquelle le renversement violent en 2014 du président ukrainien démocratiquement élu Viktor Ianoukovytch était un coup d’État a également été reconnue indirectement par le New York Times.

Dans un reportage du 22 février 2014 sur son éviction violente, le Times a cité Ianoukovytch disant : « Je suis un président légitimement élu. Ce qui se passe aujourd’hui, principalement, c’est du vandalisme, du banditisme et un coup d’État. »

Le journal a judicieusement titré cet article « Avec le départ du président, l’Ukraine regarde vers un avenir sombre ». L’avenir du pays était en effet assez trouble.

Le 27 février 2014, le Times a enchaîné avec un reportage sur « la Crimée, où une population à forte composante ethnique russe et russophone considère majoritairement le gouvernement ukrainien installé après l’éviction le week-end dernier de M. Ianoukovytch comme le résultat illégitime d’un coup d’État fasciste. »

Le New York Times diffusait-il une « désinformation russe » ou une « théorie du complot » en 2014 ?

Quelques semaines plus tard, dans un reportage du 17 mars sur la rébellion des Ukrainiens russophones dans l’Est du pays, le Times admettait : « De nombreux Ukrainiens qui ont vu des manifestants dans la capitale chasser le président Viktor F. Ianoukovytch de son poste le mois dernier, dans ce que certains dans ce pays considèrent comme un soulèvement justifié et que d’autres appellent un coup d’État, se sont demandé quelle partie de l’Ukraine pourrait rester, jour après jour, sous le contrôle du gouvernement provisoire. »

Bien sûr, je suis loin d’être le seul journaliste à avoir souligné le rôle du gouvernement des États-Unis dans le violent coup d’État de 2014 en Ukraine.

À l’époque, certains de ces éléments étaient reconnus, même dans les médias mainstream.

Dans un article d’avril 2014 intitulé « Ce n’est pas la Russie qui a poussé l’Ukraine au bord de la guerre », publié dans le grand journal britannique The Guardian — l’équivalent britannique du New York Times —, le chroniqueur Seumas Milne a noté que des politiciens importants des États-Unis, comme le sénateur John McCain, étaient sur la place Maïdan de Kiev en 2014, travaillant aux côtés des extrémistes d’extrême droite.

Milne a rappelé que « le président ukrainien a été remplacé par une administration sélectionnée par les États-Unis, dans le cadre d’une prise de pouvoir totalement inconstitutionnelle » et que « l’ambassadeur des États-Unis a marchandé avec le département d’État pour savoir qui composerait le nouveau gouvernement ukrainien ».

Seumas Milne : « “Ce n’est pas la Russie [#Russia] qui a poussé l’#Ukraine au bord de la guerre” — ma chronique dans le Guardian aujourd’hui »

Le Guardian a admis ces faits indéniables dès 2014. Mais maintenant, en 2022, selon le New York Times, cette histoire objective est une scandaleuse « théorie du complot ».

Ces opinions ont également été exprimées par le célèbre professeur de l’université de Chicago John Mearsheimer, un politologue mainstream très respecté dans son domaine.

La conférence de 2015 de Mearsheimer à l’Université de Chicago intitulée « Pourquoi l’Ukraine est-elle la faute de l’Occident ? » est devenue virale à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février, et compte environ 25 millions de vues au moment de la publication du présent article.

Dans son exposé, Mearsheimer a qualifié à plusieurs reprises de coup d’État le renversement du président ukrainien Viktor Ianoukovytch en février 2014. Il a ajouté qu’il y avait « des éléments fascistes importants parmi les manifestants, qui étaient armés, [et] il y a des tueries sur le Maïdan ».

« Si vous avez un coup d’État à Kiev, et que certaines des personnes qui arrivent au pouvoir ont des tendances fascistes ou sont fascistes, quelle que soit la définition que vous voulez donner à ce terme, cela aura des conséquences vraiment énormes », a déclaré Mearsheimer.

L’universitaire a soutenu que les trois « causes profondes » de la crise en Ukraine étaient l’expansion de l’OTAN, l’expansion de l’UE et les programmes de « promotion de la démocratie » du gouvernement des États-Unis — lire : changement de régime.

« Cela vous montre simplement à quel point la politique étrangère des États-Unis est déconcertante de nos jours. Et bien sûr, la crise ukrainienne n’est qu’un des nombreux gâchis que nous avons faits », a résumé Mearsheimer, en faisant référence au gouvernement des États-Unis.

Mearsheimer avait déjà présenté ces points dans un article de 2014, « Pourquoi la crise en Ukraine est-elle la faute de l’Occident », dans Foreign Affairs, le magazine du puissant Council on Foreign Relations lié au gouvernement des États-Unis — donc, la publication la plus éloignée possible de la « propagande russe ».

Foreign Affairs : « Extrait des archives : Dans un essai de 2014, John Mearsheimer reprochait aux États-Unis et à leurs alliés européens de “s’installer dans l’arrière-cour de la Russie et de menacer ses intérêts stratégiques fondamentaux” — jetant ainsi les bases d’une crise en Ukraine. »

Mais le New York Times a rejeté tout cela comme une folle « théorie du complot ».

Mearsheimer a en fait réitéré son analyse lors d’une présentation le 2 mars 2022, en soulignant le rôle des États-Unis et de l’OTAN dans la cause de la guerre en Ukraine qui a été intensifiée par l’invasion de la Russie le 24 février.

Mearsheimer explique que la crise « a été précipitée en grande partie par un coup d’État soutenu par les États-Unis qui a eu lieu en Ukraine et qui a abouti au renversement d’un dirigeant prorusse, le président Ianoukovytch, remplacé par un Premier ministre proaméricain. »

Mearsheimer a été rejoint lors de cet événement du 2 mars par l’ancien analyste de longue date de la CIA, Ray McGovern, spécialiste des affaires russes. McGovern a convenu que le gouvernement des États-Unis a parrainé le coup d’État de 2014 en Ukraine, soulignant le tristement célèbre enregistrement téléphonique de Nuland et Pyatt.

Les sténographes du gouvernement des États-Unis au New York Times voudraient faire croire à leurs lecteurs que ces faits indéniables sont une « théorie du complot » farfelue, et que quiconque les mentionne est coupable de régurgiter la « propagande d’État chinoise et russe. »

Mais de nombreux pays du Sud reconnaissent le rôle des États-Unis et de l’OTAN dans le déclenchement de la guerre en Ukraine.

Le président de l’Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa, a tenu l’OTAN pour responsable de la violence en Ukraine, dans des propos prononcés devant le parlement de son pays, le 17 mars : « La guerre aurait pu être évitée si l’OTAN avait tenu compte des avertissements lancés par ses propres dirigeants et responsables au fil des années, selon lesquels son expansion vers l’est entraînerait une plus grande, et non une moindre, instabilité dans la région. »

Reuters : « Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a imputé à l’OTAN la responsabilité de la guerre en Ukraine et a déclaré qu’il résisterait aux appels à condamner la Russie, dans des commentaires qui ont jeté le doute sur le fait qu’il soit accepté par l’Ukraine ou l’Occident en tant que médiateur reut.rs/36uPdKh »

L’ancien président bolivien Evo Morales, qui a lui-même été renversé par un coup d’État d’extrême droite soutenu par les États-Unis en 2019, a déclaré publiquement que « les États-Unis utilisent l’Ukraine pour attaquer militairement, politiquement et économiquement le peuple russe ». Il a condamné « l’expansionnisme interventionniste de l’OTAN et des États-Unis », avertissant que leur « hégémonie des armes et de l’impérialisme met en danger la paix mondiale ».

Le Parti des travailleurs, parti de gauche brésilien, a fait des commentaires similaires. Et le Guardian a reconnu à contrecœur que de nombreux dirigeants à travers l’Afrique « appellent à la paix, mais rendent l’expansion vers l’est de l’OTAN responsable de la guerre [en Ukraine], se plaignent du “deux poids, deux mesures” occidental et résistent à tous les appels à critiquer la Russie ».

Selon le New York Times, toutes ces nations du Sud sont engagées dans une « théorie du complot » élaborée.

On pourrait peut-être même accuser l’actuel directeur de la CIA, William Burns, d’être complice de cette « théorie du complot ».

En 2008, alors qu’il était ambassadeur des États-Unis en Russie, Burns a publié un câble diplomatique confidentiel dans lequel il prévenait que l’expansion de l’OTAN en Ukraine franchirait les « lignes rouges » de sécurité de Moscou et « pourrait potentiellement diviser le pays en deux, entraînant des violences ou même, selon certains, une guerre civile, ce qui forcerait la Russie à décider si elle doit intervenir ».

L’ancien ambassadeur des États-Unis en Russie et actuel directeur de la CIA était-il coupable de répandre la « désinformation poutiniste » en reconnaissant que Moscou pourrait devoir répondre à l’encerclement militaire occidental ?

(Il convient de souligner que nous ne disposons de ce document que grâce à la publication des journalistes et lanceurs d’alerte de WikiLeaks, dont le fondateur et rédacteur en chef de longue date Julian Assange est un prisonnier politique, persécuté par le gouvernement des États-Unis pour avoir osé dénoncer ses crimes. Le New York Times a été complice de la campagne de guerre de l’information menée par Washington pour diffamer Assange et justifier cette horrible opération de persécution politique.)

L’ancien ambassadeur des États-Unis en Russie, William Burns, actuel directeur de la CIA, avertit dans un câble de 2008 que l’expansion de l’OTAN en Ukraine pourrait forcer la Russie à intervenir.

En dehors de la bulle du chauvinisme occidental — le New York Times existe pour la renforcer —, la grande majorité de la population mondiale voit clairement que les États-Unis et l’OTAN sont responsables de la guerre en Ukraine.

Mais je vois moi-même très clairement quel était l’objectif du Times dans son papier mensonger du 11 avril 2022 : en m’incluant dans cet article sur la soi-disant « désinformation » supposée être diffusée par les médias chinois et russes, le journal de référence des États-Unis tente de me faire interdire sur les réseaux sociaux.

Au fil des années de travail, j’ai réussi à construire une plateforme relativement importante pour mon journalisme indépendant. Les grands groupes comme le New York Times, qui collaborent volontiers avec le gouvernement des États-Unis, voient en moi et en d’autres journalistes indépendants une menace pour leur mainmise sur les médias.

Ces publications traditionnelles veulent donc créer une sorte de justification pour que Twitter, Facebook et YouTube m’éliminent, moi et les autres journalistes indépendants qui dénoncent le rôle de Washington dans la guerre en Ukraine.

Leur objectif est autoritaire : ils veulent contrôler tous les médias, avoir une main de fer sur l’accès des gens à l’information. Ils ne croient pas en la liberté de la presse ou d’expression ; ils pensent que les journalistes ou les médias qui révèlent des faits dérangeants sur le gouvernement des États-Unis doivent être réduits au silence et détruits.

Ils sont coupables des mêmes crimes autoritaires qu’ils projettent sur les adversaires géopolitiques de Washington.

Le comité éditorial du Washington Post a explicité cet objectif dans un article publié le même jour, le 11 avril, appelant les plateformes de réseaux sociaux à interdire les médias chinois, soi-disant pour avoir amplifié la « désinformation » russe.

Comme le New York Times, le Washington Post entretient une relation étroite avec le gouvernement des États-Unis. Il se trouve également être la propriété de l’oligarque cent fois milliardaire, Jeff Bezos, dont la société Amazon a des contrats massifs avec la CIA, le Pentagone et d’autres agences qui constituent l’État de sécurité nationale des États-Unis.

Les campagnes néo-mcarthystes extrêmes menées par le Times, le Post et bien d’autres médias d’entreprise montrent comment la presse mainstream est un instrument clé de la guerre de l’information menée par Washington.

Alors que les États-Unis intensifient leur nouvelle guerre froide contre la Chine et la Russie, les principaux journaux abandonnent toute prétention à la fidélité aux principes journalistiques de base et s’enrôlent comme de fidèles fantassins dans la guerre de l’information. Ceux d’entre nous qui sont des journalistes indépendants et qui refusent de suivre consciencieusement la ligne du régime des États-Unis sont dans leur ligne de mire.

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