Traduit de l’anglais par EDB ()
• Langue originale : anglais
Vous l’avez entendu. Les médias ont décidé que cette attaque était « non provoquée », laissant de côté des décennies d’occupation et d’oppression qui ont fait de Gaza le plus grand camp de concentration et la plus grande prison à ciel ouvert du monde.
En réalité, cette attaque a été largement provoquée. Et la violence n’a pas commencé le 7 octobre.
[MintPress News / Behind The Headlines / 2023-10-13]
Pour être clair, Israël et Gaza ne sont pas deux pays en guerre. Gaza est un territoire assiégé où Israël contrôle tous les aspects de la vie. Les Palestiniens n’ont pas franchi une « frontière » pour entrer en Israël. Ils ont détruit une clôture qui les séparait des maisons dont ils avaient été chassés.
Plus de 75 % des Palestiniens de Gaza sont des réfugiés et ont été chassés de leurs maisons où des colons israéliens vivent désormais dans des colonies voisines illégales.
Les deux millions de Palestiniens qui vivent à Gaza sont assiégés ; ils vivent dans une cage — littéralement, dans la plus grande prison à ciel ouvert du monde — et sont constamment surveillés depuis le ciel par des drones israéliens, harcelés et terrorisés par les forces israéliennes.
Depuis plus de 15 ans, le blocus israélien illégal empêche la nourriture, les médicaments et d’autres biens essentiels d’entrer et empêche les habitants de Gaza de sortir, même pour recevoir des soins médicaux vitaux. En conséquence, 97 % des habitants de Gaza n’ont pas accès à l’eau potable, 45 % sont au chômage et presque tous les enfants ont subi de graves dommages émotionnels à cause des bombardements réguliers.
Israël a même soumis Gaza à un régime strict en comptant les calories pour limiter l’entrée de nourriture pendant le blocus, contribuant ainsi à la famine et à la malnutrition de la population.
Et comme 50 % des Palestiniens vivant à Gaza sont des enfants, ce sont les plus jeunes qui ont le plus souffert.
En 2018, les Nations unies ont déclaré Gaza « invivable » après des années d’opérations militaires israéliennes détruisant la plupart des infrastructures avec des tonnes de bombes qui ont visé des écoles, des hôpitaux, des maisons résidentielles, des routes, des réseaux électriques, des installations de traitement de l’eau et des marchés.
Une famille palestinienne, privée d’électricité, se réchauffe près d’un feu à la périphérie d’un camp de réfugiés à Gaza, le 19 janvier 2022.
[Khalil Hamra / Associated Press]
Aujourd’hui, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a déclaré son intention d’asphyxier totalement Gaza.
Rien que le premier jour, Israël a largué plus de 700 tonnes de bombes sur la bande de Gaza, rasant des quartiers entiers et massacrant des familles entières. L’assaut a visé des mosquées, des hôpitaux, des écoles et d’autres infrastructures civiles essentielles.
Mais, il faut remonter plus loin, à la création d’Israël en 1948, lorsque des milices sionistes lourdement armées ont procédé à un nettoyage ethnique des trois quarts d’un million de Palestiniens, détruisant près de 600 villes et villages palestiniens, tuant au moins 15 000 Palestiniens et commettant plus de 70 massacres.
De nombreux habitants du sud de la Palestine ont fui vers Gaza, où ils sont depuis lors enfermés et empêchés de partir. Les colons israéliens ont pris possession de leurs villes et villages et ont volé leurs maisons. Par conséquent, l’action à laquelle nous avons assisté ce mois-ci n’était pas le fait de Palestiniens qui franchissaient une frontière pour entrer en Israël. Au contraire, ils ont détruit une clôture qui les séparait des maisons dont ils avaient été chassés.
Depuis 1948, Israël n’a cessé d’occuper davantage de terres palestiniennes, de déposséder davantage de personnes de leurs maisons et d’imposer un système brutal à deux vitesses, accordant plus de droits aux Juifs qu’aux Palestiniens musulmans et chrétiens. Il n’a cessé non plus de construire des colonies sur des terres palestiniennes volées — colonies explicitement illégales au regard du droit international, ce qui signifie que chaque colon israélien enfreint la loi.
De nombreux organismes internationaux, de l’ONU à Amnesty International et Human Rights Watch, ont qualifié cette situation d’apartheid, tout comme de nombreux hommes politiques israéliens de premier plan.
Pendant l’apartheid sud-africain, les populations indigènes opprimées ont riposté, souvent en recourant à la violence, ce qui était tout à fait légitime en vertu du droit international. À l’époque, le leader révolutionnaire antiapartheid Nelson Mandela, aujourd’hui célébré, était considéré comme un terroriste.
Les Nations unies ont affirmé ce qu’elles appellent « la légitimité de la lutte des peuples pour l’indépendance, l’intégrité territoriale, l’unité nationale et la libération de la domination coloniale, de l’apartheid et de l’occupation étrangère par tous les moyens disponibles, y compris la lutte armée ».
Gaza a toujours été une cible particulière d’Israël.
En 2008, Israël a lancé l’opération « Plomb durci » : une invasion gratuite de Gaza pendant trois semaines qui a tué plus de 1 100 Palestiniens.
Six ans plus tard, en 2014, a été lancée l’opération « Bordure protectrice » qui a vu Israël pilonner des cibles civiles dans toute la bande densément peuplée, transformant des écoles et des hôpitaux en décombres. Plus de 2 300 personnes ont été tuées et plus de 10 000 blessées.
Lorsque les habitants de Gaza ont tenté de manifester pacifiquement contre leur emprisonnement lors de la Grande marche du retour de 2018, les snipers israéliens ont ouvert le feu sans discrimination, prenant pour cible des femmes, des enfants et des travailleurs médicaux.
Des soldats israéliens ont même admis avoir reçu l’ordre de viser les jambes et les chevilles des manifestants afin de rendre les Palestiniens handicapés.
Des Palestiniens blessés aux jambes par les forces israéliennes lors de la Grande marche du retour attendent d’être soignés dans une clinique de Médecins sans frontières (MSF) à Gaza.
[Felipe Dana / Associated Press]
Lors de la Grande marche du retour, des snipers israéliens ont abattu l’infirmière Razan Najjar et le journaliste Yasser Murtaja, des noms qu’on n’oubliera pas.
Les Palestiniens de Gaza ont tenté à plusieurs reprises d’opposer une résistance non violente, avant d’être abattus en masse par les snipers israéliens chaque fois qu’ils manifestaient pour la levée du siège.
L’Égypte voisine collabore également avec Israël pour contrôler les déplacements des Palestiniens à Gaza et veiller à ce que personne ne puisse partir.
La décolonisation n’est pas facile, et briser les chaînes de l’oppression se fait rarement sans effusion de sang. Pourtant, les médias et les hommes politiques occidentaux ne prêtent attention et ne feignent l’indignation que lorsque des Israéliens sont tués.
Les commentateurs experts accusent souvent les Palestiniens d’être responsables de leur propre mort.
Lorsque des Israéliens tuent des Palestiniens, c’est comme si de rien n’était — et pourquoi les médias réagiraient-ils différemment alors que les États-Unis fournissent à Israël une aide militaire de 3,8 milliards de dollars par an, alimentant ainsi les bénéfices de fabricants d’armes tels que Lockheed Martin et Raytheon ?
Loin d’être non provoquée, comme le prétendent ces médias, la vague de violence actuelle était presque inévitable.
Dans cette optique, le problème n’est donc pas le Hamas.
Il s’agit plutôt d’un projet d’apartheid colonial de plusieurs décennies auquel Israël a soumis la Palestine, rendant ainsi inévitable une explosion de violence.
Facebook et Instagram continuent de supprimer de mes pages personnelles mon explication sur l’histoire de Gaza en tant que camp de concentration qui a conduit à la crise que nous connaissons aujourd’hui, et ne me laissent pas la téléverser. Ils affirment qu’elle viole les normes de la communauté en faisant l’apologie de la violence. C’est absolument ridicule, car ma vidéo ne fait pas cela, mais je suis sûr que Facebook et Instagram n’ont aucun problème avec le fait que le gouvernement israélien publie ses vidéos où il se vante de bombarder des logements résidentiels à Gaza.
Heureusement, ma vidéo est toujours disponible sur Twitter. Mettez-la dans vos favoris, téléchargez-la et partagez-la avec tous ceux qui ne comprennent pas bien la crise, qui pensent qu’il s’agit d’un affrontement religieux ou qui ont simplement besoin de plus d’informations. J’y démystifie tous les arguments avancés par Israël pour justifier ses attaques contre Gaza.