Traduit de l’anglais par EDB () • Langue originale : anglais |
Les nouvelles règles proposées par Xi Jinping et qui s’expriment par les pratiques politico-économiques de la BRI sont exactement ce pour quoi les plus grands patriotes américains se sont battus, soutient Matthew Ehret.
Depuis l’élection de Donald Trump en 2016, des vagues de paradoxes étranges se sont présentées au monde. Avec la collaboration flagrante des forces nominalement « américaines » de la CIA, du FBI, de la NSA, du Pentagone et du MSM qui ont conspiré directement avec des agences internationales telles que les Five Eyes et le MI6 pour renverser Trump, il est devenu évident qu’il n’y a pas une seule Amérique, mais plutôt deux forces opposées au sein de l’Amérique agissant l’une contre l’autre. Alors, quelle est la « véritable » Amérique ? Lorsque Donald Trump appelle à une collaboration entre les États-Unis, la Chine et la Russie, s’agit-il simplement d’une anomalie ou est-ce que quelque chose de véritablement américain s’exprime ?
En passant en revue un peu d’histoire, vous pourriez être très surpris de découvrir que l’initiative « Ceinture et Route » (Belt and Road Initiative / BRI) est plus américaine que l’Amérique que le monde a appris à connaître au cours des 50 dernières années.
La Révolution américaine était une affaire internationale ; cela est mis en évidence par le fait que sans la collaboration des dirigeants de la Russie, de la France, ainsi que de nombreuses forces puissantes en Pologne, en Espagne et en Allemagne, cela n’aurait jamais pu réussir. Catherine la Grande dirigeait la Ligue de neutralité armée, garantissant armes et financement aux colonies rebelles, tandis que le grand général polonais Kosciusko, travaillant avec des officiers militaires allemands et français, était organisé pour aider à former et à diriger les fermiers américains pendant cette bataille.
Le soutien américain ne se limitait cependant pas à l’Europe, puisque la rébellion de Mysore, dans le sud de l’Inde, contre la Compagnie britannique des Indes orientales, était organisée par le leader musulman proaméricain Hyder Ali, qui empêchait les troupes britanniques d’être déployées en Amérique. Ali était tellement admiré que des poèmes américains ont été écrits à son sujet et, en 1780, un navire de guerre de seize canons, nommé Haidar Ali, est parti de Philadelphie pour livrer bataille à la marine britannique. En Afrique, sous la direction de l’empereur Sidi Mohammed, le Maroc fut la première nation à reconnaître l’indépendance américaine en 1777. La nation a également accueilli des navires américains, les protégeant des pirates barbaresques sous contrôle britannique ; George Washington écrivit plus tard des lettres de remerciement au sultan du Maroc.
Nombre de ces forces internationales ont été organisées pendant des décennies grâce à la brillante planification de Benjamin Franklin, qui a beaucoup écrit sur le fait que l’Amérique devait s’inspirer des meilleurs principes du confucianisme et a même plaidé pour que la fonction publique américaine s’inspire de la méritocratie chinoise. Les découvertes de Franklin en matière d’électricité étaient directement liées à sa conception du droit naturel et de l’État, ce qui lui valut la réputation de « Prométhée de l’Amérique ». Même les plus grands artistes européens tels que Mozart, Schiller et Beethoven ont été inspirés par l’idée que l’expérience américaine n’était que le précurseur d’un nouvel âge de la raison qui libérerait bientôt l’Europe des chaînes de l’oligarchie. Le grand poème de Schiller, l’Ode à la joie, n’est pas seulement un hommage à cet espoir d’une fraternité entre les hommes, mais aussi l’expression musicale qu’en fera Beethoven dans sa 9e symphonie.
Alors que certains loyalistes de l’Empire-Uni ont quitté les États-Unis d’Amérique pour créer le Canada anglophone (créant ainsi une tête de pont contrôlée par les Britanniques sur le continent américain), certains traîtres tels qu’Aaron Burr (vice-président de Jefferson) ont choisi de rester sur place et de travailler à miner l’Amérique de l’intérieur en tuant le fondateur du système américain, Alexander Hamilton, et en faisant de Wall Street un partenaire junior de la City de Londres. Ces réseaux sont les racines de l’État profond anglophile d’aujourd’hui.
Alors que l’esprit du républicanisme américain était écrasé en Europe sous la Terreur jacobine parrainée par les Britanniques, les guerres napoléoniennes, puis la main de fer du monarchisme avec le Congrès de Vienne de 1815, les marionnettes de l’État profond britannique dominaient de plus en plus l’Amérique, faisant avancer un programme de pensée impériale et esclavagiste tout au long des années 1830-1850, menant à la guerre civile. L’un des principaux partisans du véritable esprit américain est William Gilpin, garde du corps de Lincoln, qui a joué un rôle déterminant en tant que gouverneur du Colorado pendant la guerre civile. Avec une vision du chemin de fer transcontinental de Lincoln étendu jusqu’en Asie, Gilpin a prononcé ces paroles célèbres :
« […] le salut doit venir en Amérique depuis la Chine, et il consiste en l’introduction de la “constitution chinoise”, c’est-à-dire de la “démocratie patriarcale du Céleste Empire”. La vie politique des États-Unis est, par les influences européennes, dans un état de complète démoralisation, et seule la Constitution chinoise contient les éléments de régénération. C’est pourquoi un chemin de fer vers le Pacifique est d’une si grande importance, puisque par son moyen le commerce chinois sera conduit directement à travers le continent nord-américain. Ce commerce doit apporter dans son sillage la civilisation chinoise. Tout ce que l’on prétend habituellement contre la Chine n’est que calomnie répandue à dessein, tout comme les calomnies qui circulent en Europe à propos des États-Unis. »
Le « père fondateur » de la Chine, Sun Yat-sen, un adepte déclaré d’Abraham Lincoln, a rédigé son « Développement international de la Chine » (1920), qui préconise la construction internationale de voies ferrées, de ports et de ressources à partir de la Chine, dans toute l’Eurasie, pour relier l’Europe et la Russie (un précurseur de l’actuelle BRI). Dans son ouvrage, il se fait l’écho de la vision de Gilpin en déclarant : « Les nations qui prendront part à ce développement en tireront d’immenses avantages. En outre, une coopération internationale de ce type ne peut que contribuer à renforcer la fraternité entre les hommes. »
Dans le sillage de la guerre civile (et de l’assassinat de Lincoln orchestré par les Britanniques depuis Montréal, au Canada), Gilpin et d’autres alliés de Lincoln, tels que William Sumner et Ulysses S. Grant se sont battus pour diffuser le « Système américain d’économie politique » dans le monde entier et ont presque réussi à accomplir ce que la Révolution américaine n’avait pas réussi à réaliser : Alexandre II de Russie a appliqué ce système pour construire le Transsibérien, des hommes d’État américains ont aidé à construire le chemin de fer et le crédit national sous la restauration de Meiji au Japon, et des forces proaméricaines en Allemagne, en France et ailleurs se sont industrialisées grâce au chemin de fer, au crédit national, aux tarifs protecteurs et aux programmes de croissance industrielle. Gilpin est allé le plus loin dans l’illustration de ce grand dessein avec son livre de 1890, « The Cosmopolitan Railway », unissant tous les continents par des chemins de fer et appelant à quelque chose qui ressemble beaucoup à l’initiative « Ceinture et Route » d’aujourd’hui.
Envisageant ce nouvel ordre mondial avec seulement des républiques souveraines coopérant aux objectifs communs de l’humanité, Gilpin écrit : « Les masses civilisées du monde se rencontrent ; elles s’éclairent mutuellement et fraternisent pour reconstituer les relations humaines en harmonie avec la nature et avec Dieu. Le monde cesse d’être un camp militaire, nourri uniquement par les principes militaires de la force arbitraire et de la soumission abjecte. Un ordre nouveau et grandiose dans les affaires humaines s’inaugure à partir de ces immenses découvertes et événements simultanés. »
Les assassinats et les guerres orchestrés par les Britanniques ont cependant empêché la naissance de cette nouvelle ère. Le XXe siècle a été façonné par une bataille entre des forces opposées au sein de l’Amérique. D’un côté, il y avait les véritables patriotes qui se battaient pour revenir à la vision globale de la coopération gagnant-gagnant et de l’autre, les traîtres anglophiles de l’État profond.
Bien que John F. Kennedy, Charles de Gaulle et plus tard Robert Kennedy aient déployé de vaillants efforts pour mettre fin à la guerre froide et inaugurer ce nouveau paradigme, l’alliance anglo-américaine s’est développée sur leurs cadavres et une croissance infernale de l’empire a eu lieu à partir de 1968. Si des leaders nationalistes d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine ont parfois manifesté une opposition audacieuse à ce nouveau désordre mondial, très peu de choses ont été faites pour entretenir le flambeau au sein même de l’Amérique, en dehors des efforts considérables de l’économiste américain Lyndon LaRouche. Alors que l’État profond britannique dominait le monde transatlantique pendant les années 1990 de l’ALENA1 et après le 11 septembre, un nouveau système s’est tranquillement formé pour finaliser ce que la Révolution américaine avait cherché à réaliser en 1776.
Étonnamment, c’est à l’une des heures les plus sombres de l’histoire de l’humanité que ce nouvel espoir a commencé à montrer toute sa puissance. Alors que l’effondrement de la bulle du système bancaire contraignait une élite désespérée à risquer une guerre nucléaire avec l’alliance nouvellement formée de la Russie et de la Chine, la nouvelle route de la soie (l’initiative « Ceinture et Route ») a été annoncée, offrant une incroyable opportunité d’éviter l’extinction thermonucléaire en changeant les « règles du jeu ». Faisant écho à l’esprit de William Gilpin et de Sun Yat-sen, le président chinois Xi Jinping a récemment déclaré :
« Pour répondre à l’appel de l’époque, la Chine se donne pour mission d’apporter une contribution nouvelle et encore plus grande à l’humanité. La Chine travaillera avec d’autres pays pour construire une communauté avec un avenir commun pour l’humanité, forger des partenariats à travers le monde, renforcer l’amitié et la coopération, et explorer une nouvelle voie de relations croissantes d’État à État basées sur le respect mutuel, l’équité, la justice et la coopération gagnant-gagnant. Notre objectif est de faire du monde un lieu de paix et de stabilité et de rendre la vie plus heureuse et plus satisfaisante pour tous. »
Ces nouvelles règles proposées par Xi Jinping et qui s’expriment par les pratiques politico-économiques de la BRI sont exactement ce pour quoi les plus grands patriotes américains se sont battus, et la question devient donc : l’Amérique ira-t-elle au bout de l’intention de la Révolution américaine en rejoignant la nouvelle route de la soie, ou échouera-t-elle à reconnaître son propre destin ?
Sources :
Source de la photographie d’en-tête : The Metropolitan Museum of Art
Washington Crossing the Delaware
Peinture réalisée par Emanuel Leutze (1816-1868)
https://www.metmuseum.org/art/collection/search/20011777
[ Public domain ]
Accord de libre-échange nord-américain (en anglais, North American Free Trade Agreement, NAFTA) (NdT) ↩
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