Assange est libre, mais la justice n’a pas été rendue

Assange est libre,
mais la justice
n’a pas été rendue

Par Caitlin Johnstone


Julian Assange Propagande Médias Répression Impérialisme
États-Unis Royaume-Uni Occident
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Traduit de l’anglais par EDB () • Langue originale : anglais


Julian Assange est libre. À l’heure où ces lignes sont écrites, il est en route pour les îles Mariannes du Nord — un territoire des États-Unis situé dans le Pacifique occidental — afin de finaliser un accord avec le gouvernement US qui lui vaudra d’être condamné au temps déjà passé à la prison de Belmarsh. À moins que l’empire ne se livre à des manigances louches au cours du processus, Assange retournera ensuite dans son pays d’origine, l’Australie, en homme libre.

Il est important de noter que, selon les experts que j’ai vus commenter ce nouveau et surprenant développement, il ne semble pas que son accord de plaidoyer établira de nouveaux précédents juridiques qui seront préjudiciables aux journalistes à l’avenir. Joe Lauria rapporte ce qui suit pour Consortium News :

« Bruce Afran, un avocat constitutionnel aux États-Unis, a déclaré à Consortium News qu’un accord sur le plaidoyer ne crée pas de précédent juridique. Par conséquent, ce n’est pas parce qu’Assange a accepté une telle accusation que cet accord mettrait en danger les journalistes qui seraient poursuivis à l’avenir pour avoir accepté et publié des informations classifiées provenant d’une source. »

Je suis évidemment très émue à propos de tout cela, ayant suivi cette importante affaire de si près pendant si longtemps et ayant consacré tant d’efforts à l’écrire. Il reste encore beaucoup, beaucoup de travail à faire dans notre lutte collective pour libérer le monde des griffes de la machine à tuer impériale, mais je suis très heureuse pour Assange et sa famille, et cela fait du bien de remporter une victoire solide dans ce combat.

Cependant, rien de tout cela n’efface le mal impardonnable que l’empire a infligé en persécutant Julian Assange, ni ne répare les préjudices au niveau mondial qui ont été causés en faisant de lui un exemple public pour montrer ce qui arrive à un journaliste qui dit des vérités dérangeantes sur le gouvernement le plus puissant du monde.

Ainsi, même si Assange est libre, nous ne pouvons pas dire à juste titre que justice a été rendue.

La justice consisterait à accorder à Assange un pardon total et inconditionnel et à recevoir des millions de dollars de compensation de la part du gouvernement des États-Unis pour les tourments qu’il a subis en raison de son emprisonnement à Belmarsh à partir de 2019, de son emprisonnement de facto à l’ambassade d’Équateur à partir de 2012, et de son emprisonnement et son assignation à résidence à partir de 2010.

La justice consisterait pour les États-Unis à apporter des changements juridiques et politiques concrets garantissant que Washington ne pourra plus jamais utiliser son pouvoir et son influence à l’échelle mondiale pour détruire la vie d’un journaliste étranger qui a rapporté des faits dérangeants à son sujet, et à présenter des excuses officielles à Julian Assange et sa famille.

La justice consisterait à arrêter et à poursuivre les personnes dont Assange a révélé les crimes de guerre, et à arrêter et poursuivre tous ceux qui ont contribué à ruiner sa vie pour avoir révélé ces crimes. Cela inclurait toute une série d’agents et de responsables gouvernementaux dans de nombreux pays, ainsi que plusieurs présidents des États-Unis.

La justice consisterait en un accueil et des honneurs de héros de la part de l’Australie à son arrivée, et en une révision sérieuse des relations obséquieuses de Canberra avec Washington.

La justice consisterait à présenter des excuses officielles auprès d’Assange et de sa famille de la part des comités de rédaction de tous les organes de presse grand public qui ont consenti à sa persécution odieuse — y compris et surtout The Guardian —, et à détruire complètement la réputation de tous les journalistes sans scrupules qui ont contribué à le dénigrer au fil des années.

Si ces choses se produisaient, nous pourrions peut-être affirmer que la justice a été rendue dans une certaine mesure. Pour l’heure, tout ce que nous avons, c’est la cessation d’un seul acte de dépravation de la part d’un empire qui ne recule que pour mieux s’adonner à de nouvelles dépravations plus importantes encore. Nous continuons tous à vivre sous la coupe d’une structure de pouvoir planétaire qui a montré au monde entier qu’elle détruira votre vie si vous dénoncez ses crimes, et on appelle ça fièrement la justice.

Pour ma part, je pense que je vais juste accepter cette petite victoire, adresser un rapide « merci » au ciel et me remettre au travail. Il y a encore tant à faire, et très peu de temps pour le faire.

Le combat continue.

Sources :

 

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