Traduit de l’anglais par EDB () • Langue originale : anglais |
Alors qu’il était en train de publier un autre démenti, qui n’en est pas vraiment un, à propos d’un article1 de Yahoo! News selon lequel la CIA a comploté pour kidnapper, extrader et assassiner le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, en 2017, l’ancien directeur de la CIA, Mike Pompeo, a déclaré que les 30 anciens responsables gouvernementaux sur lesquels la publication était basée « devraient tous être poursuivis pour avoir parlé d’activité classifiée au sein de la Central Intelligence Agency ».
Voici quelques passages de cet échange lors de la récente apparition de Pompeo au Megyn Kelly Show, avec l’aimable autorisation de Mediaite :
Kelly a interrogé Pompeo sur les allégations.
« Ça fait une assez bonne fiction, Megyn », a répondu Pompeo. « Ils devraient écrire un tel roman. »
Il a ajouté : « Quelles que soient ces 30 personnes qui ont prétendument parlé avec l’un de ces journalistes, elles devraient toutes être poursuivies pour avoir parlé d’activité classifiée au sein de la Central Intelligence Agency. »
Pompeo a qualifié Wikileaks de « service de renseignement hostile non étatique » qui « cherche activement à voler des informations classifiées américaines. »
« Vous niez le rapport ? » a demandé Kelly.
« Il y a des morceaux qui sont vrais », a répondu Pompeo. « Nous avons essayé de protéger les informations américaines de Julian Assange et de Wikileaks, absolument, oui. Est-ce que notre département de la Justice pensait avoir une réclamation valable qui aurait entraîné l’extradition de Julian Assange vers les États-Unis pour y être jugé ? Oui. J’ai soutenu cet effort, c’est certain. Ne nous sommes-nous jamais engagés dans des activités incompatibles avec la loi des États-Unis ?... La loi des États-Unis ne nous permet pas de mener des assassinats. Nous n’avons jamais agi d’une manière qui était incompatible avec cela. »
L’argument de Pompeo selon lequel « La loi américaine ne nous permet pas de mener des assassinats » n’est pas particulièrement convaincant compte tenu de la façon dont l’administration Trump a ouvertement assassiné le plus haut commandant militaire iranien Qassem Soleimani avec une frappe de drone l’année dernière, un geste que Pompeo a soutenu et défendu.
« Le président Trump et ceux d’entre nous qui font partie de son équipe de sécurité nationale sont en train de rétablir la dissuasion, une dissuasion réelle, contre la République islamique d’Iran », a jubilé Pompeo pour soutenir l’assassinat à l’époque.
Le pseudo-négationnisme de Pompeo est bien sûr encore mis à mal par sa position selon laquelle les anciens fonctionnaires qui ont parlé à la presse devraient tous être poursuivis pour avoir « parlé d’activité classifiée au sein de la Central Intelligence Agency ». Est-ce faux ou est-ce une « activité classifiée » ? Cela ne peut pas être les deux. Les deux choses que Pompeo a admises, essayer de « protéger les informations américaines » et travailler à l’extradition d’Assange, ne sont pas des informations classifiées. L’information classifiée pour laquelle il veut qu’ils soient poursuivis est donc autre chose.
Après de nombreuses tergiversations, Pompeo finit par apporter ce qui ressemble à un démenti concret avec une phrase curieusement formulée : « Je peux dire que nous n’avons jamais mené de projet visant à violer la loi des États-Unis ». Mais même cela ne serait pas un démenti des affirmations de l’article de Yahoo! News, car celui-ci parle surtout de la communauté du renseignement et de l’administration Trump qui essaient de trouver des échappatoires juridiques qui leur permettraient d’éliminer Assange.
Par exemple, cet extrait de l’article de Yahoo! News : « Une question primordiale pour les responsables étatsuniens était de savoir si tout plan de la CIA pour enlever ou potentiellement tuer Assange était légal ». Cela ne serait en aucun cas contredit par l’affirmation de Pompeo selon laquelle « nous n’avons jamais mené de projet visant à violer la loi américaine ». Cela signifierait qu’il y a eu des discussions et des plans concernant l’assassinat d’Assange au milieu de conversations et de débats sur la question de savoir s’il serait légal de le faire. Le fait qu’ils n’aient pas planifié de violer la loi des États-Unis ne signifie pas qu’ils n’ont pas planifié d’assassiner Assange s’ils pouvaient trouver une échappatoire légale pour le faire.
Cette déclaration fait suite à un précédent non démenti de Pompeo, de même nature, lors d’une interview avec le commentateur conservateur Glenn Beck. M. Pompeo souligne que l’un des auteurs de l’article était un russophile et déclare à propos des anciens fonctionnaires cités dans le rapport que « ces sources ne savaient pas ce que nous faisions ». Mais il ne le nie pas vraiment.
Si Pompeo n’avait pas été impliqué dans des complots visant à kidnapper, expulser et assassiner Julian Assange, il l’aurait simplement dit. Il ne se serait pas livré à toutes sortes de gymnastiques verbales pour se soustraire à une question difficile, et il ne demanderait certainement pas que ses accusateurs soient poursuivis au pénal pour avoir « parlé d’activité classifiée au sein de la Central Intelligence Agency ».
Mike Pompeo est un véritable psychopathe. Il s’amuse à mentir, tricher et voler avec la CIA. Il défend les sanctions meurtrières et admet ouvertement les utiliser pour fomenter la guerre civile dans les nations ciblées par l’empire. Il défend l’assassinat. Il a fortement laissé entendre que les États-Unis s’ingéreraient dans la politique britannique si Jeremy Corbyn devenait Premier ministre. Et pourtant, d’une manière ou d’une autre, il a échappé au traitement que les médias de masse ont fait subir à l’administration Trump en la méprisant autant ; il s’en est tiré sans aucune égratignure, sans que ces mêmes médias ne lui adressent la moindre critique.
Cela s’explique par le fait que Mike Pompeo, aussi rempli de mille-pattes et de progéniture démoniaque que peut l’être son énorme crâne, est très représentatif de l’establishment du pouvoir étatsunien dominant. Il est l’incarnation des valeurs de l’empire. Il n’est que l’un de ses représentants les moins subtils.
Kidnapping, assassinat et fusillade à Londres : les plans secrets de la guerre menée par la CIA contre WikiLeaks — L’article de Yahoo! News
par Caitlin Johnstone
Sources :
Illustration d’en-tête réalisée à partir des documents suivants :
Une traduction en français de l’article de Yahoo! News est proposée par Le Grand Soir : « Kidnapping, assassinat et fusillade à Londres : les plans de guerre secrets de la CIA contre WikiLeaks ». (NdT) ↩
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