Israël et la fabrication d’une version à échelle industrielle des canulars de viols de l’ère Jim Crow

Israël et la fabrication
d’une version
à échelle industrielle
des canulars de viols
de l’ère Jim Crow

Par Arun Gupta

Une publication Middle East Monitor


Propagande Médias Terrorisme Corruption Droits de l’homme Histoire
Palestine Israël États-Unis Occident
Article

Traduit de l’anglais par EDB () • Langue originale : anglais


Oubliez tout ce que vous avez lu sur l’accusation d’Israël selon laquelle le Hamas a mené une campagne préméditée de viol de masse le 7 octobre. Jusqu’à présent, tous les actes de viol ou de violence sexuelle qui auraient eu lieu ce jour-là ont été fabriqués de toutes pièces ou ne sont absolument pas corroborés. La véritable histoire, c’est plutôt celle des hauts responsables étatsuniens et israéliens qui diffusent de fausses accusations de viol pour couvrir un génocide, diaboliser tous les Palestiniens, convaincre la société israélienne que la guerre brutale est justifiée et dénigrer les Nations unies, lesquelles sont les seules à pouvoir demander des comptes à Israël pour l’occupation illégale de la Palestine et la guerre menée contre le peuple palestinien à Gaza.

Pour faire avancer son programme, Israël a utilisé le mouvement #MeToo, l’antisémitisme et le négationnisme de viol pour faire taire les critiques et les demandes de preuves. Avec les médias de son côté, l’État d’occupation a ensuite essayé de réduire au silence les experts de l’ONU qui documentent les violences sexuelles et à caractère sexiste que l’armée israélienne commet à l’encontre des femmes et des filles palestiniennes.

« Israël a ressuscité un stéréotype colonial tissé tout au long de l’histoire américaine : des hordes de sauvages menacent la pureté de la femme blanche. »

Après le 7 octobre, les officiels israéliens ont exigé que tout le monde condamne le Hamas comme étant des « barbares » et des « sauvages ». Cette exigence fait écho aux récits de captivité du XVIIIe siècle dans lesquels des autochtones diaboliques violaient des femmes blanches, aux paniques du XIXe siècle face à des esclaves rebelles et rapaces, à l’œuvre maîtresse d’Edward Saïd au XXe siècle, L’Orientalisme, qui décrivait comment l’Occident imaginait l’Orient comme barbare et arriéré, irrationnel et superstitieux, et à l’islamophobie exacerbée de la « guerre contre la terreur » du XXIe siècle. La caricature de la brute appliquée aux hommes de couleur comme « une bête monstrueuse, folle de désir », empoisonne le discours moderne, depuis la diabolisation de Willie Horton par George H. W. Bush jusqu’à Donald Trump qualifiant les Mexicains de « violeurs ».

Les accusations de viol sont la propagande la plus efficace d’Israël, qui a même réussi à toucher des féministes blanches comme Jill Filipovic et Katha Pollitt. Celles-ci se sont fait l’écho du canular d’Israël et de son recyclage d’accusations douteuses. L’argumentation d’Israël repose sur 12 personnes qui représentent la grande majorité des plaintes pour viol. Sur ces douze personnes, huit ont inventé d’autres histoires d’atrocités et toutes, sauf une, sont liées à l’armée ou à la police israélienne. L’unique source de Pollitt est un document vicié de Physicians for Human Rights Israel qui contient des lacunes graves et qui inclut huit de ces sources, tandis que Filipovic renvoie à sept sources médiatiques qui citent le même viol collectif grotesque et non prouvé.

Leur crédulité semble découler de leur adhésion à la caricature de la brute. « Est-il si absurde qu’un groupe qui a assassiné quelque 1 200 personnes, qui a diffusé certains de ces meurtres et qui semble se délecter de l’avilissement de ses victimes ait également commis des actes de violence sexuelle ? », a demandé Filipovic. Pollitt a répété ces propos presque à l’identique : « Pourquoi y aurait-il tant de doutes sur le fait que les combattants du Hamas — qui ont indéniablement tué de la manière la plus brutale qui soit quelque 1 200 personnes, dont des familles entières, des femmes, des enfants, des bébés et même des ouvriers agricoles thaïlandais — auraient également commis des viols ? »

Ce qu’elles disent, c’est que nous n’avons pas besoin de preuves pour conclure qu’un viol a eu lieu le 7 octobre parce que nous savons que les Palestiniens sont des brutes. Pollitt et Filipovic s’inscrivent dans une tradition sordide. Les canulars de viols et d’agressions sexuelles étaient monnaie courante durant l’ère Jim Crow.1 Ils ont conduit au meurtre d’Emmett Till, à la condamnation à mort de huit des Scottsboro Boys et à l’assassinat de deux jeunes hommes des Groveland Four. Des canulars de viols ont incité des foules blanches à massacrer des communautés noires à Atlanta (Géorgie) en 1906 et à Rosewood (Floride) en 1923.

Les médias ont attisé ces atrocités. En 1921, des foules blanches ont assassiné jusqu’à 300 Afro-Américains en démolissant le Black Wall Street de Tulsa, après avoir été rendues folles par des articles de journaux relatant l’agression d’une femme blanche par un Noir.

Peu de choses ont changé. Les médias ont incité au génocide israélien en affirmant que le Hamas : avait violé des enfants jusqu’à ce que leur bassin soit brisé ; avait brûlé et décapité des bébés ; avait torturé et exécuté des parents et des petits enfants ; avait attaché des femmes nues et mutilées à des arbres ; avait massacré une mère enceinte et son fœtus ; avait violé et assassiné collectivement cinq femmes ; avait découpé des parties de leur corps ; avait décapité trois autres femmes ; et avait eu des relations sexuelles avec des têtes coupées.

« Ces histoires sont toutes des fabrications. Mais, les médias les ont quand même traitées comme des faits, sans aucune preuve ni aucun témoin à l’appui. »

Les canulars de viols renversent le contexte de la violence sexuelle. Au nom de Dieu, de l’Église et du roi, les conquistadors avaient le droit de violer les femmes autochtones. En vertu de la loi, les esclavagistes blancs violaient les femmes noires pour le plaisir, le tourment ou l’augmentation du nombre d’esclaves. Durant l’ère Jim Crow, le viol des femmes noires, brunes et autochtones était une arme dans l’arsenal de la terreur raciale légalisée. Lorsque l’empire américain est parti à l’étranger, il a perpétré des actes d’exploitation et de violence sexuelles dans les pays occupés qu’étaient le Japon, la Corée et le Vietnam. L’occupation dévastatrice de l’Irak par les États-Unis a contraint 50 000 femmes et filles irakiennes à se soumettre au trafic sexuel à un moment donné.

Le viol a toujours été une arme de guerre, mais Israël a créé un canular à une échelle industrielle pour couvrir le génocide et détourner l’attention des violences sexuelles commises contre les Palestiniens. Israël jouit d’une telle impunité qu’il ne cache pas ses intentions. L’Afrique du Sud a documenté quelque 70 expressions d’intentions génocidaires de la part de hauts responsables militaires et politiques, ainsi que de l’ensemble de la société israélienne, dans le cadre de son action devant la Cour internationale de justice qui accuse Israël de génocide. Plus récemment, Israël a déclaré à la CIJ qu’il devait être autorisé à poursuivre sa campagne génocidaire contre Gaza en raison des violences sexuelles commises à l’encontre des otages israéliens détenus à Gaza. Des responsables étatsuniens ont inventé des accusations de viol pour rendre le Hamas responsable de la guerre dévastatrice menée par Israël. Biden a faussement prétendu que les dirigeants du Hamas avaient fait échouer un bref cessez-le-feu en novembre dernier parce qu’ils ne voulaient pas libérer les femmes otages qui avaient été violées.

Le seul cas crédible d’agression sexuelle d’une femme israélienne par un membre du Hamas met en évidence le mensonge de Biden, puisqu’il s’agit d’une femme otage qui a été libérée vivante. En mars, le New York Times a rapporté qu’Amit Soussanna avait été « agressée sexuellement et torturée » après avoir été kidnappée. Elle a décrit les violences physiques et la terreur, les semaines de comportement obsessionnel du garde qui l’a agressée, et l’agression sexuelle à Gaza. Les médecins auxquels elle a parlé après sa libération ont corroboré son histoire, de même qu’un otage libéré près de deux mois avant que son histoire ne soit rendue publique. En étant tout à fait crédible, Soussanna montre pourquoi d’autres affirmations israéliennes sont invraisemblables. Les violences sexuelles se produisent généralement lorsque des envahisseurs contrôlent un peuple pendant des mois ou des années, et non en quelques heures le 7 octobre, comme le prétend Israël, au cours de fusillades qui ont tué près de trois mille personnes. D’autres allégations israéliennes manquent également de survivantes, de récits détaillés ou de sources corroborantes qui rendent Soussanna crédible.

Le fait que Soussanna ait survécu et parlé de son traumatisme contredit les affirmations israéliennes selon lesquelles il faudra des « années » pour que les survivantes parlent, et selon lesquelles la « grande majorité » ou « toutes les victimes ont été tuées ». Cette dernière affirmation aurait dû être rejetée d’emblée, car comment peut-on savoir que la plupart ou toutes les victimes ont été tuées quand il n’y a pas de preuve médico-légale ou photographique, ni de témoin oculaire crédible d’une quelconque violence sexuelle ?

Instrumentaliser le féminisme

Les féministes israéliennes ont attaqué les organisations de femmes en les qualifiant de négationnistes de viol lorsqu’elles ont demandé des preuves que le Hamas avait commis des viols le 7 octobre. Cochav Elkayam-Levy, fondatrice de la « Commission civile [israélienne] sur les crimes commis le 7 octobre par le Hamas contre les femmes et les enfants », a assimilé les demandes de preuves médico-légales des groupes de femmes de l’ONU aux « mêmes mécanismes de déni […] de viol ». Elle a déclaré que les groupes de l’ONU devraient croire sa commission parce qu’il s’agit de « femmes respectées ». C’est l’autre face de la caricature de la brute : les femmes blanches doivent toujours être crues, quelles que soient leurs affirmations grotesques, tandis que les sauvages ne sont jamais dignes de confiance, quelle que soit leur crédibilité. Les commentateurs des médias ont suivi le mouvement, notamment Pollitt et Filipovic, accusant les sceptiques d’être des négationnistes de viol. Les grands médias ont amplifié ces calomnies, tandis que certains médias alternatifs m’ont avoué qu’ils ne traiteraient pas le sujet de peur d’être traités de négationnistes de viol.

La commission a pour mission de collecter et de préserver les preuves numériques et médico-légales et de rédiger un rapport. Un long portrait publié par Haaretz indique qu’elle a rassemblé « des photos, des fichiers audio, des vidéos, des témoignages et des articles de journaux » qui « ne laissent aucune place au doute […] Le Hamas a mené une campagne de viols et d’abus sexuels ».

Mais, Elkayam-Levy, qui a joué un rôle prépondérant en influençant les médias, s’indigne qu’elle doive fournir des preuves de viol :

« Est-ce moi qui dois fournir les preuves des actes des terroristes ? Quel genre de parodie est-ce là pour qu’ils m’imposent la charge de la preuve ? » Elle a déclaré que les preuves de violences sexuelles commises le 7 octobre « constituent l’ensemble d’horreurs le plus documenté que l’humanité ait connu ». Cependant, elle a également affirmé que les preuves étaient « totalement secondaires » et a refusé de coopérer avec les journalistes, déclarant : « Vous êtes des journalistes, faites votre travail. Ne me demandez pas ce qui s’est passé et comment cela s’est passé. » Elle refuse d’estimer le nombre de victimes : « Même si on me demande des chiffres, je ne coopère pas. » Elkayam-Levy dit qu’elle ne « participera pas à ce jeu » consistant à déterminer la fiabilité des témoins et rejette l’examen des cas individuels.

Dire qu’aucune preuve n’est nécessaire est une manipulation de #MeToo, qui signifie croire les survivantes de violences sexuelles. Mais, lorsqu’il s’agit du 7 octobre, il n’y a pas de survivantes, seulement de la propagande et des médias non critiques. Le pipeline de la propagande israélienne qui va jusqu’aux actualités des médias était bien visible lors d’une présentation à l’ONU le 4 décembre de l’année dernière. Le cri de ralliement était de croire au corps des femmes lors de l’événement médiatique organisé par la mission israélienne auprès de l’ONU et par Sheryl Sandberg, magnat de la technologie.

Lors de cet événement, Simcha Greiniman, responsable des opérations de recherche et de sauvetage au sein de ZAKA, a affirmé avoir trouvé des cadavres de femmes nues ayant subi des violences sexuelles. Il a déclaré aux journalistes présents à la présentation de l’ONU, qui était bondée, qu’il fallait « entendre les voix de ces femmes qui ne peuvent pas se tenir à côté de nous maintenant et être là pour crier ce qui leur est arrivé ». Auparavant, il avait raconté de fausses histoires sur la découverte de combattants étrangers lors des attaques du 7 octobre et sur les corps nus de femmes attachées à des arbres.

Greiniman a repris les propos d’un autre fabuliste de ZAKA, Yossi Landau, qui s’est vanté à maintes reprises d’avoir inventé des atrocités. « Lorsque nous entrons dans une maison et que nous faisons appel à notre imagination, les corps nous racontent les histoires qui leur sont arrivées. » [sic]

Sandberg a repris le flambeau en demandant à l’ONU : « Croyons-nous » le Hamas ou « croyons-nous les femmes dont les corps nous racontent comment elles ont passé les dernières minutes de leur vie ? »

Les médias ont ensuite amplifié l’affabulation.

Deux jours après la présentation de l’ONU, NBC News titrait : « Leurs corps racontent leurs histoires. Elles ne sont pas en vie pour parler d’elles-mêmes. »

Elkayam-Levy a servi dans l’unité du porte-parole de l’armée israélienne et a fondé un institut qui entretient des liens étroits avec le Conseil de sécurité nationale du Premier ministre Benyamin Netanyahou, selon Mondoweiss. « Experte » en droits de l’homme, elle est l’auteure d’un article de 49 pages publié dans le Harvard International Law Journal pour justifier l’alimentation forcée des prisonniers palestiniens en grève de la faim, un acte qui constitue une violation du droit humanitaire international.

Elle apporte ce background à la commission, dont la tâche principale est d’annuler les critiques. « En plus de faire tomber le masque des organisations de femmes associées à l’ONU », écrit Haaretz, « Elkayam-Levy et ses collègues ont participé » à la campagne visant à licencier le directeur d’un centre d’aide aux victimes d’agressions sexuelles au Canada pour avoir signé une lettre ouverte affirmant que les rapports de viols étaient des « accusations non vérifiées ». La « cible suivante » a été Reem Alsalem, rapporteure spéciale de l’ONU sur la violence à l’égard des femmes, apparemment parce qu’elle a un « background jordano-palestinien ». La commission n’a toutefois pas produit le rapport promis sur les « crimes sexuels du Hamas » et elle semble aussi douteuse financièrement que ZAKA. Elkayam-Levy est sous le feu des critiques pour avoir monopolisé l’attention, propagé de fausses atrocités comme celle de la mère enceinte massacrée, et essayé d’engranger 8 millions de dollars en 2024 pour cette commission qui est devenue un one-woman-show.

Atrocités au pays des merveilles

Plutôt que de rejeter la position d’Elkayam-Levy selon laquelle les preuves n’ont pas d’importance, les médias se sont inspirés d’elle. Les rédacteurs en chef sont comme Alice au pays des merveilles, croyant six choses impossibles avant le petit-déjeuner. Les médias disent qu’il y a des survivantes des viols du 7 octobre, mais personne ne sait qui elles sont ni n’a parlé avec elles. Les médias disent aussi qu’il n’y a pas de survivantes, parfois dans le même article. Ils affirment qu’il existe des preuves accablantes ou des preuves de plus en plus nombreuses, puis trouvent des excuses pour expliquer pourquoi il n’y a pas de preuves réelles. Le New York Times écrit que « de nombreuses preuves ont été recueillies » et renvoie à son propre reportage qui indique qu’« il a été extrêmement difficile de recueillir des preuves ». Des médias comme la BBC, NBC et le Washington Post rendent leurs sources anonymes. Les sources sont faciles à identifier parce qu’il y a très peu d’allégations, mais le fait de les rendre anonymes donne l’impression qu’il y a beaucoup plus de cas de violence sexuelle. Délibérées ou non, ces méthodes reproduisent le refus d’Elkayam-Levy de fournir des témoins, des preuves ou des survivantes.

Sa collègue de la Commission civile, la professeure Ruth Halperin-Kaddari, une habituée des médias étatsuniens, a blâmé les organisations de femmes de l’ONU pour avoir « non seulement manqué à leur devoir envers les femmes israéliennes, mais aussi pour avoir […] donné des munitions aux négationnistes ». L’implication est claire : quiconque demande des preuves pour vérifier les accusations — l’essence même du journalisme — est un négationniste et un antisémite.

La campagne bien financée2 #MeToo_Unless_Ur_A_Jew (« #MeToo, sauf si vous êtes une Juive ») est venue s’y ajouter. Sa stratège a déclaré qu’elle « visait l’ONU Femmes en tant que sous-organisation de l’ONU ». La campagne a déployé un grotesque théâtre de viol, en partie financé par le gouvernement israélien, qui tourne en dérision la violence sexuelle. Pourquoi cibler un groupe de l’ONU qui est impuissant à enquêter sur les crimes sexuels ?

Depuis le 7 octobre, l’ONU Femmes a régulièrement fait état des violences sexuelles et à caractère sexiste qu’Israël a infligées aux femmes et aux filles palestiniennes. Cela inclut la famine de masse, un million de personnes déplacées, plus de 7 000 mères décédées, 3 000 nouvelles veuves, 17 000 orphelins et la destruction de l’électricité, de la santé, de l’eau et des infrastructures sanitaires qui ont entraîné la mort de « centaines de bébés », décimé l’hygiène menstruelle, rendu l’allaitement « souvent impossible » pour près de 100 000 femmes allaitantes, fait de la grossesse un cauchemar et entraîné des centaines de complications à l’accouchement chaque semaine.

Et ce n’est pas tout. Le 19 février, quatre expertes et deux rapporteures spéciales des Nations unies ont fait état d’« allégations crédibles de violations flagrantes des droits de l’homme », telles que « l’exécution extrajudiciaire de femmes et d’enfants palestiniens », la détention arbitraire de centaines de femmes et de filles palestiniennes dans des conditions inhumaines et dégradantes, incluant de sévères passages à tabac, et la détention de femmes gazaouies dans des cages « sous la pluie et dans le froid, sans nourriture ». Les experts ont exprimé leur désarroi face aux rapports faisant état de femmes et de filles « soumises à de multiples formes d’agression sexuelle, comme le fait d’être déshabillées et fouillées par des officiers masculins de l’armée israélienne. Au moins deux détenues palestiniennes auraient été violées et d’autres auraient été menacées de viol et de violence sexuelle ».

Plutôt que de croire les femmes palestiniennes, Elkayam-Levy affirme que les groupes de femmes de l’ONU sont engagés dans « l’appropriation des événements du 7 octobre à la souffrance palestinienne » en documentant les crimes sexuels commis par les forces israéliennes.

Les suspects habituels se sont joints à l’attaque contre l’ONU :

Le Congrès des États-Unis, le New York Times, NBC News, la NPR, CNN et de nombreux autres médias ont fait pression sur l’ONU Femmes pour qu’elle entérine les accusations de viol non fondées d’Israël. Un agent s’est attribué le mérite d’avoir réussi, même si l’ONU Femmes a seulement admis avoir été « alarmée par de nombreux témoignages » de violence sexuelle.

Cela signifie-t-il qu’Israël se félicite de l’enquête des Nations unies sur les violences sexuelles commises le 7 octobre ? Loin de là. Les Nations unies ont chargé la Commission d’enquête internationale indépendante sur le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et Israël (connue sous le nom de COI), d’enquêter sur les violations des droits de l’homme dans la région. La COI a condamné les attaques du Hamas et d’Israël trois jours après le 7 octobre. Sa présidente, Navi Pillay, l’une des juristes les plus respectées au monde en matière de droits de l’homme, a déclaré à l’Assemblée générale des Nations unies le 24 octobre que la COI « condamnait sans équivoque » le meurtre de civils israéliens et la prise d’otages, et qu’elle accorderait « une attention particulière aux allégations de crimes graves, en mettant l’accent sur les meurtres, les viols et les autres formes de violence sexuelle ».

Les déclarations de la COI contredisent les affirmations israéliennes selon lesquelles l’ONU est restée silencieuse sur les violences sexuelles. Pillay a demandé à ce que l’on permette aux enquêteurs d’entrer dans le pays « dès que possible », mais Israël a refusé, qualifiant la COI d’antisémite et interdisant aux travailleurs de la santé du système national de coopérer à l’enquête. L’hostilité d’Israël est probablement due au fait que la COI qualifie l’occupation israélienne des territoires palestiniens d’illégale et que Pillay affirme qu’Israël a commis des crimes de guerre après le 7 octobre.

Tout en bloquant la COI, Israël a autorisé la présence de Pramila Patten, une représentante spéciale de l’ONU qui n’a aucun pouvoir d’enquête. Patten agit en tant qu’« avocate » en collectant et en diffusant des informations. Dans la pratique, cela signifie amplifier la propagande. Par exemple, en 2022, Pramila Patten a diffusé de fausses informations selon lesquelles la « stratégie militaire » de la Russie consistait à donner du Viagra aux soldats pour qu’ils violent les femmes et les jeunes filles ukrainiennes.

Même avec ces accidents de parcours, Patten n’a pas approuvé les accusations de viols de masse d’Israël dans son rapport publié le 4 mars. Faisant preuve d’un manque de compréhension élémentaire dans sa lecture, le Washington Post, l’Associated Press, le Financial Times, CBS News, ABC News et le Guardian ont tous affirmé que le rapport de l’ONU indiquait que le Hamas avait commis des viols. Ce n’est pas le cas. Le rapport indique qu’il « n’a pas […] tiré de conclusions sur l’attribution des violations présumées à des groupes armés spécifiques » en raison du manque de pouvoir d’investigation. Ironiquement, le New York Times, malgré son penchant pour la propagande d’atrocités, a noté à juste titre que le rapport n’attribuait les crimes allégués à aucune organisation.

Les médias se sont concentrés sur l’une des conclusions de Patten, selon laquelle « il existe des motifs raisonnables de croire » que des violences sexuelles ont été commises lors des attaques du 7 octobre, « incluant le viol et le viol collectif, dans au moins trois lieux ». Mais, les médias ont généralement ignoré tous les cas où Patten a rejeté les accusations israéliennes qui avaient été claironnées comme étant des preuves de viols.

Par exemple, Patten a déclaré que dans le kibboutz de Be’eri, qui a été dévasté lors des attaques du 7 octobre, « deux allégations de violence sexuelle largement répétées dans les médias étaient sans fondement ». Il s’agit notamment de l’histoire de Yossi Landau selon laquelle une femme enceinte et son fœtus ont été massacrés. Le second incident est le fait d’un secouriste anonyme de l’unité 669, une unité d’élite de l’armée israélienne (le rapport de l’ONU ne précise pas ce détail). Les médias ont largement diffusé son histoire selon laquelle il aurait trouvé une adolescente morte portant des traces de viol, mais Patten dément que cela se soit produit. Le secouriste est l’une des 12 sources les plus souvent citées par les médias. Avec Landau, il est également l’une des six sources qui ont inventé l’histoire du « bébé mort ».

De nouvelles preuves révèlent que Landau et le secouriste sont des imposteurs et que le New York Times a fait preuve d’une négligence criminelle. Landau a déclaré au journal : « Je n’ai pas pris de photos parce que nous n’avons pas le droit d’en prendre », par respect religieux « profond » pour les morts. Pourtant, dans un nouveau documentaire d’Al Jazeera English du 7 octobre, il a montré des photos d’atrocités à un intervieweur, affirmant qu’il s’agissait du fœtus mort. Cependant, le narrateur a déclaré que ce matériel inédit ne montrait qu’un « morceau non identifiable de chair carbonisée ».

« D’un seul coup, Landau a été démasqué comme ayant menti deux fois. »

Quant au secouriste de l’unité 669, les habitants du kibboutz de Be’eri ont déclaré que son récit selon lequel deux adolescentes avaient été violées et assassinées était « faux », car une vidéo a ensuite fait surface, montrant « les corps de trois victimes de sexe féminin, entièrement vêtus et ne présentant aucun signe apparent de violence sexuelle », selon le New York Times. Il y avait pourtant des raisons de rejeter les affirmations du secouriste, étant donné qu’il avait déjà inventé d’autres atrocités, modifié le nombre de victimes et le lieu à plusieurs reprises, et, des semaines après le 7 octobre, les médias ont rapporté que les trois victimes, une mère et deux filles, avaient été retrouvées « blotties l’une contre l’autre ».

Dans une conclusion encore plus explosive, l’équipe de Patten a déclaré que les récits de « viols collectifs », le long de la route 232, « n’ont pas pu être vérifiés durant le temps imparti ». La route 232 a servi de voie d’évacuation du festival de musique Supernova, où deux personnes ont affirmé avoir été témoins d’un viol collectif : Raz Cohen et Sapir, alias le témoin « S ». Leurs récits ont été cités par la quasi-totalité des 13 enquêtes des médias et des rapports de la société civile comme des preuves de viol. La déclaration de Patten met à mal, une fois de plus, les accusations des Israéliens et des médias selon lesquelles un viol de masse a eu lieu le 7 octobre.

Patten n’a trouvé « aucun schéma perceptible » de ciblage des organes sexuels par des tirs ou de preuves de mutilations génitales, deux autres atrocités dont le New York Times affirme qu’elles se sont produites. Patten a également considéré comme « non vérifiées » les accusations d’un viol à Kfar Aza, de violence sexuelle sur la base militaire de Nahal Oz et d’objets insérés dans les organes sexuels. Enfin, le rapport a rejeté les affirmations israéliennes selon lesquelles des preuves évidentes de violences sexuelles ont été publiées sur les réseaux sociaux, puis ont disparu, car « elles auraient probablement été découvertes » avant d’être effacées.

En résumé, le rapport de Patten et l’enquête du magazine YES! ont démenti presque toutes les accusations de violence sexuelle contenues dans l’enquête du New York Times et dans le papier de Physician for Human Rights – Israel (PHRI).

Quant aux allégations que Patten a confirmées, l’équipe de l’ONU n’en a vérifié aucune de manière indépendante et presque toutes ses sources provenaient du gouvernement israélien. De plus, les « motifs raisonnables » constituent un niveau de preuve peu élevé selon les critères de l’ONU, et ils sont flexibles, basés sur les informations auxquelles l’équipe d’enquête peut avoir accès. En Ukraine, cela signifiait que Patten approuvait les fausses histoires de Russes avides de Viagra. En Israël, Patten a approuvé des histoires ridicules de femmes nues attachées à des arbres provenant de « sources crédibles » telles que Simcha Greiniman et une nouvelle source, Rami Davidian, qui n’a jamais mentionné de corps attachés à des arbres dans aucune des interviews qu’il a réalisées précédemment.

Filipovic a toutefois raison sur un point : « Les affirmations non corroborées qui s’avèrent exagérées ou fausses peuvent ébranler la confiance du public dans les journalistes et, plus généralement, dans la véracité des accusations de violence sexuelle. » Il est donc important de rejeter le canular israélien sur le viol parce qu’il est utilisé pour justifier un génocide et qu’il causera des dommages durables, tant aux Palestiniens qu’aux victimes de viol. À l’avenir, les gouvernements et les groupes armés qui utilisent le viol comme arme de guerre pourraient prétendre que les accusations auxquelles ils sont confrontés sont fausses, tout comme il a été prouvé que celles d’Israël le sont.

Opération « Déluge d’Al-Aqsa » (7 octobre 2023)


  1. « Les lois Jim Crow (Jim Crow Laws, en anglais) sont des lois nationales et locales issues des Black Codes imposant la ségrégation raciale aux États-Unis et promulguées par les législatures des États du Sud de 1877 à 1964. Ces lois ont été mises en place pour entraver l’exercice des droits constitutionnels des Afro-Américains acquis au lendemain de la guerre de Sécession […]. » (NdT)
    [Source : article de Wikipédia, version du 16 juillet 2024 à 16 h 45] 

  2. Jeu de mots : « bien financée » vs « bien fondée » (« well funded » vs « well founded ») (NdT) 

 

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