Problème public numéro un à l’université ? Depuis les déclarations de la ministre Frédérique Vidal face à Jean-Pierre Elkabbach autour des « universités en proie à “l’islamo-gauchisme” » (un des thèmes de « l’interview-tribune » de CNews), et ses velléités de commander une enquête sur le prétendu phénomène dans les facultés françaises, le sujet est traité partout dans les grands médias. Énième illustration de la capacité de ces derniers à co-construire un problème public en grossissant et déformant les faits convoqués en plus de balayer les positions du CNRS d’un revers de main, l’épisode nous invite à nous repencher sur une précédente séquence, ayant largement labouré le terrain de la cabale politico-médiatique actuelle : le « Manifeste des 100 » publié dans Le Monde en octobre 2020, et pour ce qui concerne Acrimed, ses dites « preuves à l’appui », composées majoritairement d’articles de presse.
L’attentat de Conflans-Sainte-Honorine a provoqué, dans de nombreux médias, un déferlement de propos racistes et d’amalgames dont nous avons donné un premier aperçu. Sur les chaînes d’info en continu, les commentateurs en vue ne se sont pas fait prier pour alimenter la surenchère. Quitte à faire, entre autres, la promotion des propositions du Rassemblement national ou encore le procès de l’État de droit… Retour sur le meilleur du pire des chaînes d’info.
Quelques jours après l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine et la mort de Samuel Paty,1 parmi le déferlement d’amalgames et de propos racistes, un mot d’ordre résonne dans de nombreux médias : haro sur les « islamo-gauchistes » ! Un vocable qui regroupe (entre autres) tantôt la Ligue des droits de l’homme (LDH), Mediapart, l’Observatoire de la laïcité, ou la France Insoumise… et parfois tous en même temps, dans une même accusation : celle de complicité avec le terrorisme. Une accusation grave portée en l’absence de toute preuve et de toute contradiction, proférée par des éditorialistes, des responsables politiques et une poignée de « personnalités » qui multiplient les apparitions à la télévision, à la radio ou dans la presse. Retour sur une séquence d’hystérie médiatique… aux allures de règlements de compte.
Bien au-delà du seul cas d’Éric Zemmour, on assiste ces dernières années à une banalisation et à un enracinement des discours d’extrême droite, islamophobes ou racistes dans les médias dominants. C’est tout particulièrement le cas sur les plateaux des talk-shows des chaînes d’info. Nous analysons ici les mécanismes qui, alliés à la complaisance (ou au militantisme) des éditorialistes, chroniqueurs, directeurs et patrons de chaînes, entretiennent ce climat délétère.1
En France, il est bien rare que l’Inde soit sous le feu des projecteurs médiatiques ; sinon pour évoquer des actualités qui correspondraient aux clichés exotiques que les rédactions se font du sous-continent. Il est encore plus rare d’évoquer la question du droit d’informer en Inde. Les journalistes y font pourtant face à de graves menaces.
« Dis-moi où tu habites, je te dirai qui tu es. » Si les médias dominants se ressemblent, une des explications consiste à dire que ceux qui les contrôlent et/ou dirigent se ressemblent et a minima ont des conditions matérielles d’existence et des intérêts objectifs similaires. Pour tenter d’analyser l’emprise que la classe dominante exerce sur les « grands » médias, nous avons observé la répartition des domiciles des PDG, directeurs généraux, membres des directoires et/ou des conseils d’administration et/ou de surveillance des établissements et entreprises audiovisuels de dimension nationale ainsi que de l’AFP qui a un rôle structurant dans la production de l’information.
Pour ce faire, en septembre 2018, nous nous sommes procurés auprès du « Greffe du Tribunal de Commerce » où chaque société est immatriculée, les extraits Kbis de chacune.1 Puis nous avons localisé sur des cartes — en les rendant anonymes —, les adresses des domiciles des individus recensés et des sièges des « grands » médias audiovisuels. Pour montrer quoi ? Que les dirigeants des grands médias vivent dans les mêmes quartiers, se croisent dans les mêmes boulangeries, emmènent leurs enfants dans les mêmes écoles, et qu’ils partagent, en somme, le même univers avec les mêmes œillères. Aussi, il n’est pas étonnant qu’ils impulsent des orientations similaires aux médias qu’ils dirigent…
Il était une fois un informaticien lanceur d’alerte qui, avec une poignée de cyberactivistes, avait fondé un média d’information — Wikileaks — révélant au monde entier des crimes de guerre, des intrigues géopolitiques et des stratégies d’espionnages de grande ampleur.
Parmi les questions qui traversent les débats publics contemporains, celle du « pouvoir des médias » est particulièrement mal et confusément posée. Derrière cette notion de « pouvoir des médias », jamais précisément définie, deux théories fondamentalement contradictoires du rôle et du poids des médias dans le monde social cohabitent au gré des conjonctures, sans s’affronter nécessairement, et coexistent parfois par bribes dans les mêmes discours.
La notion de « 4e pouvoir », devenue une expression consacrée, sous-entend que les médias exercent effectivement un pouvoir quasi institutionnel de pivot du fonctionnement démocratique. Dans le même temps, les éditocrates, qu’ils soient pris en flagrant délit de parti-pris ou simplement intoxiqués par leur propre idéologie professionnelle, considèrent que les « informations » qu’ils produisent sont de fidèles miroirs, absolument neutres vis-à-vis des réalités qu’ils reflètent en toute objectivité, et qu’elles ne sauraient donc exercer aucun pouvoir.
Tout à l’inverse, une longue tradition théorique tend à considérer « les médias » comme le deus ex machina des sociétés modernes, capables de faire les élections et de défaire les régimes, de modeler « l’opinion » en s’immisçant dans les consciences qu’ils sont censés informer.
Autant d’interprétations qui charrient leur lot d’idées fausses et d’idées reçues, ainsi que de représentations implicites de la profession journalistique qu’il s’agit de déconstruire pour comprendre de quel type de pouvoir peuvent réellement se prévaloir médias et journalistes. Produit de l’observation et de la sociologie critique des médias,1 cette analyse des causes et de la portée des dérives de l’information est un préalable indispensable à la transformation nécessaire du monde médiatique.
Qu’il s’agisse de permettre la mise en œuvre de stratégies de communication ou de les commenter (quand ce n’est pas les deux à la fois), très nombreux sont les articles et les émissions politiques des médias dominants qui relèvent du marketing politique.1 Il peut donc être utile de s’intéresser à l’histoire des relations entre le monde politique et l’industrie des relations publiques, et au rôle joué par les médias dans cette histoire. L’occasion nous en est donnée cette année, quelques semaines après l’élection d’un candidat sans programme adulé par nos grands médias,2 et un siècle après l’expérience qui aura fourni la preuve éclatante de l’efficacité des techniques de propagande aux élites politiques et économiques occidentales qui en useront massivement par la suite, et qui aura constitué une sorte d’acte de naissance pour ce qui est depuis devenu l’industrie des relations publiques.3
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