Avant tout, il nous faut considérer l’essence de tout débat : ce qu’il s’y déroule réellement.
Notre adversaire a posé une thèse (ou bien nous-mêmes en avons formulé une, cela revient au même). Pour la réfuter, il existe deux modes et deux moyens.
Les modes sont :
Les moyens sont :
La directe attaque la thèse sur ses raisons, l’indirecte sur ses conséquences : la directe montre qu’une thèse n’est pas vraie, l’indirecte qu’elle ne peut pas être vraie.
Par la réfutation indirecte, nous faisons usage soit de diversion, soit d’instance.
Telle est la structure basique, le squelette de tout débat, car tout débat repose dessus. Mais la controverse peut se baser là-dessus ou seulement en donner l’impression et peut utiliser de véritables arguments comme de faux. C’est parce qu’il n’est pas aisé de discerner la vérité que les débats sont si longs et obstinés. Nous ne pouvons pas non plus séparer la vérité apparente de la véritable vérité, car même les débatteurs eux-mêmes n’en sont pas certains. Je vais donc décrire les différents stratagèmes sans m’occuper du vrai ou du faux puisque la distinction ne peut être faite et que personne ne connaît la vérité objective et absolue. En outre, dans tout débat ou dispute sur n’importe quel sujet, il nous faut être d’accord sur quelque chose, et en principe, chacun doit bien vouloir porter un jugement sur ce dont il est question : contra negantem principia non est disputandum.
Si elle est en contradiction directe avec une vérité indubitable, nous aurons alors mené notre adversaire ad absurdum. ↩
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