Traduit de l’anglais par EDB () • Langue originale : anglais |
Les élites dégénérées de l’Amérique courtisent une victoire insensée à la Pyrrhus sur la Chine. Elles devraient plutôt comparaître devant un tribunal de Nuremberg.
Les impérialistes feraient bien de prendre garde : lors de la guerre de Corée il y a 70 ans, une armée chinoise mal équipée et sans force aérienne a pu vaincre les États-Unis et leurs alliés bien armés.
La Chine ne permettra jamais aux États-Unis et à leurs alliés de gagner une guerre contre elle. La seule option de Washington est donc de recourir au nucléaire, ce qui revient à assassiner quasiment la planète entière, y compris une grande partie de la population étatsunienne.
La Chine vient d’annoncer publiquement qu’elle enverra bientôt des forces militaires dans la province chinoise de Taïwan, à moins que le gouvernement des États-Unis ne retire rapidement celles qu’il y a récemment expédiées ; non seulement parce que celui-ci a secrètement envoyé des « forces d’opérations spéciales », mais aussi parce que, « depuis que les États-Unis ont révélé la nouvelle par l’intermédiaire de fonctionnaires anonymes, ils ont franchi une étape pour saper, d’abord clandestinement et maintenant plus ou moins ouvertement, les conditions essentielles à l’établissement de relations diplomatiques entre la Chine continentale et les États-Unis ». Cette déclaration — menaçant de couper les relations diplomatiques avec les États-Unis — provient du journal du Parti communiste chinois, le Global Times, du 8 octobre. Ses éditoriaux parlent au nom du gouvernement chinois, au moins autant que les déclarations de la Maison-Blanche parlent au nom du gouvernement des États-Unis.
L’éditorial chinois poursuit en expliquant ceci :
« Le continent doit répondre aux nouvelles provocations des États-Unis pour que Washington et l’île de Taïwan prennent pleinement conscience de la gravité de leur collusion. Sinon, à l’étape suivante, le personnel militaire étatsunien pourrait se montrer sur l’île de Taïwan en portant publiquement des uniformes, et leur nombre pourrait passer de dizaines à des centaines, voire plus, pour former une garnison US de facto sur l’île. »
En d’autres termes : Les « forces d’opérations spéciales » des États-Unis pourraient être tuées lorsque la Chine enverra ses propres forces militaires à Taïwan pour faire face à l’insurrection qui se produit en ce moment dans cette province. La Chine affirme qu’elle enverra ces troupes et ces avions sur l’île avant que les États-Unis ne l’envahissent ouvertement et publiquement, afin d’être en meilleure position pour faire face à la situation si elle se produisait et quand elle se produira. La Chine vise clairement à éviter qu’il y ait « une garnison US de facto sur l’île ». Si elle va tuer des troupes US, elle veut seulement tuer ces quelques membres des « forces d’opérations spéciales », et NON une « garnison ». Elle souhaite ainsi minimiser les dommages.
Le gouvernement des États-Unis a officiellement reconnu que Taïwan est — comme le dit le gouvernement chinois lui-même — une province de la Chine, et non une nation distincte. Par conséquent, ce que fait actuellement l’administration Biden est en fait une violation de la politique officielle (officielle et de longue date) du gouvernement des États-Unis en la matière.
Comme je l’avais rapporté le 14 septembre, sous le titre « La Chine et les États-Unis sont au bord de la guerre » :
« À l’heure actuelle, les néoconservateurs dont Biden s’est entouré menacent de l’accuser d’avoir “perdu Taïwan” s’il revenait sur ses nombreuses menaces à l’égard de la Chine, menaces qui évoquent une volte-face par rapport à la politique d’“une seule Chine” qui est en vigueur depuis le “Communiqué de Shanghai” du 28 février 1972, lorsque le gouvernement des États-Unis a signé avec la Chine la promesse et l’engagement suivants : “Les États-Unis reconnaissent que tous les Chinois des deux côtés du détroit de Taïwan soutiennent qu’il n’y a qu’une seule Chine et que Taïwan fait partie de la Chine. Le gouvernement des États-Unis ne conteste pas cette position. Il réaffirme son intérêt pour un règlement pacifique de la question de Taïwan par les Chinois eux-mêmes.” »
Discrètement, mais graduellement, le gouvernement des États-Unis, au cours de ces dernières années, a donné des signes toujours plus nombreux de sa volonté d’abroger cette politique et d’accorder à Taïwan une reconnaissance officielle et une ambassade à Washington. Ce faisant, il s’opposerait de manière flagrante non seulement au « Communiqué de Shanghai » du 28 février 1972, mais aussi à d’autres politiques officielles des États-Unis.
Prenons par exemple le cas de la Crimée, dont le gouvernement des États-Unis exige qu’elle fasse partie de l’Ukraine et non de la Russie. La Crimée était une province de la Russie entre 1783 et 1954, mais a ensuite été soudainement et arbitrairement transférée à l’Ukraine par le dirigeant soviétique Khrouchtchev en 1954. En ce qui concerne la relation entre la Crimée et l’Ukraine, le gouvernement des États-Unis exige donc que la Crimée soit ce que Khrouchtchev a arbitrairement décidé qu’elle devienne en 1954 : une partie de l’Ukraine. Le gouvernement des États-Unis maintient cette politique, bien que les sondages d’opinion publique qu’il a lui-même commandés sur les habitants de la Crimée en 2013, avant le coup d’État de février 2014 en Ukraine, et même après, aient montré que les habitants soutenaient massivement la restitution de leur région à la Russie, et non plus à l’Ukraine (comme c’était le cas depuis 1954). Le gouvernement des États-Unis exige que les Criméens — qui préfèrent à plus de 90 % faire partie de la Russie plutôt que de l’Ukraine — n’aient pas le droit de déterminer leur nationalité, mais que les Taïwanais (qui pourraient en majorité vouloir ne pas faire partie de la Chine) aient le droit de déterminer quel sera leur nationalité. Le gouvernement des États-Unis exige que la Crimée soit restituée à l’Ukraine, ce à quoi les habitants de la Crimée se sont toujours opposés (et s’opposent toujours), mais il exige maintenant et en même temps que Taïwan NE soit PAS restituée à la Chine (Taïwan faisait partie de la Chine depuis 1683 et jusqu’à ce que le Japon la conquière en 1895 et la conserve, avant d’être finalement restituée à la Chine en 1945).
Les prétentions de l’Amérique à soutenir la démocratie dans les affaires internationales sont une fraude manifeste pour poursuivre l’empire qui a été établi après la Seconde Guerre mondiale au moyen de multiples sanctions, coups d’État et invasions.
Andrew Bacevich, président de l’Institut Quincy pour la gouvernance responsable, titrait le 30 septembre : « Une terrible erreur : se remettre des illusions impériales de l’Amérique » ; et il a écrit :
« Plutôt que de prendre parti dans les conflits régionaux — Arabie saoudite contre Iran, Israël contre Hamas et Hezbollah — les États-Unis devraient se repositionner comme un médiateur véritablement honnête. Plutôt que de critiquer certaines nations pour leurs violations des droits de l’homme et d’en épargner d’autres, ils devraient exiger de toutes ces nations (et d’eux-mêmes) une norme commune. Plutôt que d’inonder la région d’armes de pointe, ils devraient user de leur influence pour réduire les transferts d’armes. Plutôt que de s’opposer de manière sélective à la prolifération nucléaire, ils devraient le faire de manière cohérente et généralisée. Au lieu de disséminer les forces étatsuniennes à travers la région, ils devraient réduire radicalement le nombre de bases qu’ils y maintiennent. Au maximum, deux devraient suffire : une base aérienne au Qatar et une installation navale à Bahreïn. »
Il en va de même pour des questions telles que Taïwan ou la Crimée. Bacevich conclut (en se référant à l’exemple de l’Afghanistan) que :
« L’ultime “terrible erreur”, pour reprendre l’expression du secrétaire à la Défense Austin, date de l’immédiat après guerre froide, lorsque les États-Unis ont succombé à une forme d’auto-intoxication : des illusions impériales alimentées par un engouement pour la puissance militaire. »
Les sanctions, les coups d’État et les invasions militaires de l’Amérique doivent cesser. Comme l’Institut Quincy pour la gouvernance responsable pourrait le dire (s’il était plus direct) : ce que le gouvernement des États-Unis fait depuis 1945 n’est pas une « gestion responsable par un État ». Ces sanctions, coups d’État et invasions militaires sont, au contraire, des « illusions impériales », comme le dit Bacevich.
Cependant, les milliardaires de l’Amérique, dont les dons déterminent quels candidats seront politiquement compétitifs pour avoir ne serait-ce qu’une chance d’être nommés afin d’avoir ensuite une chance d’être élus à des postes publics au sein du gouvernement fédéral des États-Unis, sont par nature tous favorables à leur complexe militaro-industriel qui est le domaine le plus rentable dans lequel ils peuvent investir. Par conséquent, le néoconservatisme — qui est l’impérialisme des États-Unis — est bipartisan et dominant dans les deux partis politiques du pays, chacun étant financé par un groupe différent de milliardaires. Ces deux partis sont virtuellement en faveur de l’impérialisme en votant massivement au Congrès pour l’impérialisme des États-Unis — qui est à peu près la seule chose qu’ils soutiennent de manière bipartisane — parce que c’est rentable pour les milliardaires qui les financent. C’est pourquoi Joe Biden poursuit et, de manière générale, intensifie les politiques étrangères de Donald Trump, et c’est pourquoi Donald Trump avait poursuivi et, de manière générale, intensifié les politiques étrangères de Barack Obama ; tous les présidents récents des États-Unis ont été (et l’actuel est) néoconservateurs (ou impérialistes), quoi qu’ils puissent être par ailleurs. Un exemple : le 10 janvier 2021, juste avant la fin de la présidence Trump, Zero Hedge titrait « La politique de Washington d’“une seule Chine” est morte alors que Pompeo lève les restrictions sur les relations entre les États-Unis et Taïwan ». Biden ne fait qu’intensifier la politique de Trump à l’égard de la Chine.
En fait, tout cet impérialisme a été énormément profitable aux milliardaires des États-Unis, et en particulier à ceux qui ont le plus investi dans les industries de la « défense ». Cela a été le cas, de la façon la plus claire et la plus flagrante qui soit, après que la « justification » « idéologique » (l’anticommunisme) de Truman et Eisenhower, en 1945 au début de la guerre froide, ait pris fin en 1991. À partir de 1990 environ — la même période quand G.H.W. Bush a commencé à donner des instructions secrètes aux « alliés » de l’Amérique pour que la guerre froide se poursuive du côté des États-Unis malgré l’éclatement de l’Union soviétique, la fin de son communisme et celle de la guerre froide Est-Ouest —, les « rendements cumulatifs, indexés sur 1951 » pour le « Marché » global des actions vs pour les « Industrielles » vs pour la « Défense », ces trois segments qui avaient auparavant évolué en tandem entre eux, ont brusquement divergé, de sorte que le secteur de la défense est monté en flèche, beaucoup plus rapidement que les deux autres (le marché et les produits industriels) qui ont continué à évoluer en tandem entre eux. C’est pendant cette année 1990 que les valorisations boursières des producteurs d’armement étatsuniens ont soudainement décollé, laissant le reste de l’économie de plus en plus à la traîne. C’est ce que montre ce graphique. Cela signifie que la décision de George Herbert Walker Bush d’aller chercher du sang, au lieu de répondre aux besoins du peuple, a été largement profitable à l’aristocratie des États-Unis. Il est également intéressant de noter que la période qui a suivi 1990 a été celle où le gouvernement s’est de plus en plus impliqué dans l’invasion du Moyen-Orient. Le marché de l’armement s’est développé à grande vitesse. Cependant, après 2020, les régimes étatsuniens et alliés semblent se recentrer à nouveau sur la « compétition entre grandes puissances » (y compris les sanctions et autres opérations visant à promouvoir un « changement de régime » contre tout gouvernement qui ne coopère pas avec les efforts du régime des États-Unis contre ce que celui-ci déclare être « les ennemis de l’Amérique »). Ils assimilent maintenant ouvertement la « concurrence » économique contre de telles cibles comme étant quelque chose qu’il est légitime de traiter même par des moyens militaires. Ils présument ouvertement que l’armée doit servir leurs milliardaires et non plus la défense « nationale » (c’est-à-dire publique). Ils présument ouvertement que l’impérialisme est juste, et qu’il est normal que les nations se battent entre elles afin d’enrichir davantage leurs aristocraties respectives.
C’est à cela que sert en réalité le soutien du régime des États-Unis à Taïwan pour que celui-ci devienne un pays indépendant : rendre les milliardaires des États-Unis encore plus riches.
L’article de Gideon Rachman paru dans le Financial Times du 12 octobre 2021, intitulé « Le moment de vérité sur Taïwan approche », fournit une excellente documentation sur le fait que le régime des États-Unis (y compris ses médias) a extrêmement bien réussi ces dernières années à accroître la mauvaise image que l’opinion publique étatsunienne a du gouvernement chinois ; ce succès a augmenté la pression exercée sur le président Biden pour qu’il entre en guerre contre la Chine. Cependant, Rachman a omis de noter que le 26 juillet 2021, le site d’information militaire étatsunien DefenseOne avait titré, à propos des jeux de guerre des États-Unis qui venaient de se terminer contre la Chine, « Ce fut un échec misérable : après une défaite aux jeux de guerre, les chefs d’état-major remanient la façon dont l’armée US combattra » ; l’article mentionne que si le « remaniement » des chefs d’état-major est couronné de succès, ce ne sera pas avant 2030, au plus tôt. Ainsi, si les États-Unis envahissent prochainement la Chine, leurs forces armées perdront probablement cette guerre et la pression exercée sur Biden pour qu’il utilise l’arme nucléaire deviendra alors énorme afin de transformer cette défaite en « victoire ». Peut-être que la propagande anti-chinoise des États-Unis a eu trop de succès et qu’elle entraînera un anéantissement nucléaire. Peut-être que les propriétaires d’entreprises telles que Lockheed Martin et de sociétés telles que CNN — les personnes qui ont, en fait, placé les dirigeants « élus » de l’Amérique au pouvoir — s’avéreront avoir été trop efficaces dans ce qu’ils font. Pour l’instant, cette situation ressemble à un train fou qui se dirige vers un crash catastrophique.
La question qui se pose aujourd’hui est peut-être la suivante : dans quelle mesure les milliardaires étatsuniens insistent-ils vraiment pour que leur gouvernement devienne le tout premier empire 100 % planétaire, dictant sa loi à toutes les autres nations ? Sont-ils prêts à risquer l’anéantissement nucléaire pour cet objectif suprématiste suprême ? Après le coup d’État réussi des États-Unis contre l’Ukraine en 2014, ils ont acheté de luxueux bunkers souterrains profonds pour se préparer à cela (la Troisième Guerre mondiale). Mais est-ce vraiment le type de monde dans lequel ils veulent vivre… et mourir ? Telle est la question.
Sources :
Source de la photographie d’en-tête : Official U.S. Navy Page
• USS John S. McCain (DDG 56) conducts routine underway operations in support of stability and security for a free and open Indo-Pacific. [taken on December 30, 2020]
• TAIWAN STRAIT (Dec. 30, 2020) The guided-missile destroyer USS John S. McCain (DDG 56) conducts routine underway operations in support of stability and security for a free and open Indo-Pacific. Sea control is foundational for all other naval missions that support the Joint Force, including power projection. (U.S. Navy photo by Mass Communication Specialist 2nd Class Markus Castaneda) 201230-N-WI365-1061
https://www.flickr.com/photos/usnavy/50783643256/
[ Creative Commons — CC BY 2.0 ]
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