C’est la guerre : le véritable hachoir à viande, ça commence maintenant

C’est la guerre :
le véritable hachoir à viande,
ça commence maintenant

Par Pepe Escobar

Une publication Strategic Culture Foundation


Terrorisme Guerre Géopolitique
Russie Ukraine États-Unis Royaume-Uni Yémen France Chine Europe Union européenne
Article

Traduit de l’anglais par EDB () • Langue originale : anglais


Terminé le jeu dans l’ombre. Ça se passe maintenant au grand jour. Tous les coups sont permis.

*

Pièce n° 1 : Vendredi 22 mars 2024. C’est la guerre. Le Kremlin, par l’intermédiaire de Peskov, l’admet enfin, officiellement.

La citation clé :

« La Russie ne peut pas permettre l’existence à ses frontières d’un État qui a l’intention avérée d’utiliser n’importe quelle méthode pour lui prendre la Crimée, sans parler du territoire des nouvelles régions.1 »

Traduction : le bâtard de Kiev fabriqué par l’Hégémon est condamné, d’une manière ou d’une autre. Le signal du Kremlin : le « Nous n’avons pas encore commencé » démarre maintenant.

Pièce n° 2 : Vendredi après-midi, quelques heures après Peskov. Confirmé par une source européenne sérieuse — et non russe. Premier contre-signal.

Des troupes régulières françaises, allemandes et polonaises sont arrivées, par voie ferroviaire et aérienne, à Tcherkassy, au sud de Kiev. Une force importante. Aucun chiffre n’a été divulgué. Elles sont logées dans des écoles. Concrètement, il s’agit d’une force de l’OTAN.

C’est le signal : « Que les jeux commencent. » Du point de vue russe, les cartes de visite de Monsieur Kinjal2 vont être très demandées.

Pièce n° 3 : Vendredi soir. Attaque terroriste au Crocus City, une salle de concert au nord-ouest de Moscou. Un commando très entraîné tire à vue, à bout portant, de sang-froid, puis met le feu à la salle de concert. Le contre-signal définitif : avec le désastre sur le champ de bataille [en Ukraine (NdT)], il ne reste plus que le terrorisme à Moscou.

Et au moment même où la terreur frappait Moscou, les États-Unis et le Royaume-Uni, en Asie du Sud-Ouest, bombardaient Sanaa, la capitale du Yémen, avec au moins cinq frappes.

Une belle coordination. Le Yémen vient de conclure un accord stratégique à Oman avec la Russie et la Chine pour une navigation sans encombre dans la mer Rouge, et figure parmi les principaux candidats à l’expansion des BRICS+ lors du sommet de Kazan en octobre prochain.

Non seulement les Houthis sont en train de vaincre la thalassocratie de manière spectaculaire, mais ils ont aussi le partenariat stratégique Russie-Chine de leur côté. Assurer à la Chine et à la Russie que leurs navires peuvent naviguer sans problème dans le Bab el-Mandeb, la mer Rouge et le golfe d’Aden s’échange contre un soutien politique total de la part de Pékin et de Moscou.

Les commanditaires restent les mêmes

Moscou, au cœur de la nuit, avant l’aube du samedi 23. Personne ou presque ne dort. Les rumeurs dansent comme des derviches sur les innombrables écrans. Bien sûr, rien n’a été confirmé — pour l’instant. Seul le FSB aura des réponses. Une vaste enquête est en cours.

La date du massacre de Crocus est assez intrigante. Un vendredi pendant le ramadan. Les vrais musulmans ne pourraient jamais songer à perpétrer un meurtre de masse de civils non armés en une occasion aussi sacrée. Comparez cela à la carte ISIS (État islamique) brandie frénétiquement par les suspects habituels.

C’est de la musique pop. Pour citer les Talking Heads : « This ain’t no party / This ain’t no disco / This ain’t no fooling around » (« Ce n’est pas une fête / Ce n’est pas une discothèque / Ce n’est pas un jeu d’enfant »). Oh non ; cela ressemble davantage à une opération psychologique américaine. ISIS, ce sont des mercenaires/sbires-crétins, de la caricature. Ce ne sont pas de vrais musulmans. Et tout le monde sait qui les finance et les arme.

Cela conduit au scénario le plus probable, avant que le FSB ne se prononce : des hommes de main d’ISIS importés du champ de bataille syrien — à ce stade, probablement des Tadjiks — entraînés par la CIA et le MI6, travaillant pour le compte du SBU ukrainien. Plusieurs témoins à Crocus ont parlé de « wahhabites » : comme quoi les tueurs du commando ne ressembleraient pas à des Slaves.

C’est au Serbe Aleksandar Vucic qu’il revient d’aller droit au but. Il a établi un lien direct entre les « avertissements » lancés début mars par les ambassades américaine et britannique à leurs ressortissants, les invitant à ne pas se rendre dans les lieux publics de Moscou, et le fait que les services de renseignement CIA/MI6 disposaient d’informations privilégiées sur d’éventuels actes terroristes et ne les avaient pas révélées à Moscou.

L’intrigue se corse lorsqu’il est établi que Crocus appartient aux Agalarov : une famille milliardaire, azerbaïdjanaise et russe, des amis très proches de…

…Donald Trump.

Voilà une cible toute désignée pour l’État profond.

Produits dérivés d’ISIS ou bandéristes : les commanditaires restent les mêmes. Le clownesque secrétaire du Conseil national de sécurité et de défense de l’Ukraine, Oleksiy Danilov, a été assez stupide pour confirmer virtuellement et indirectement qu’ils l’avaient fait, en déclarant à la télévision ukrainienne : « Nous allons leur donner [aux Russes] ce genre de plaisir plus souvent. »

Mais, c’est à Sergei Goncharov, un vétéran de l’unité d’élite antiterroriste Russia Alpha, qu’il revient de percer l’énigme : il a déclaré à Sputnik que le cerveau le plus probable est Kyrylo Budanov, le chef de la direction générale du renseignement du ministère de la Défense de l’Ukraine.

Le « chef des espions » qui se trouve être le principal agent de la CIA à Kiev.

Il faut continuer jusqu’au dernier Ukrainien

Les trois pièces présentées ci-dessus complètent ce que le chef du comité militaire de l’OTAN, Rob Bauer, a déclaré précédemment lors d’un forum sur la sécurité à Kiev : « Il faut plus que des grenades, il faut des gens pour remplacer les morts et les blessés. Et cela signifie qu’il faut se mobiliser. »

Traduction : l’OTAN précise qu’il s’agit d’une guerre menée jusqu’au dernier Ukrainien.

Et les « dirigeants » de Kiev n’ont toujours pas compris. L’ancien ministre des Infrastructures, Omelyan, a déclaré : « Si nous gagnons, nous paierons avec du pétrole, du gaz, des diamants et de la fourrure russes. Si nous perdons, il ne sera plus question d’argent : l’Occident réfléchira à la manière de survivre. »

Parallèlement, le chétif Borrell, Monsieur « jardin et jungle »,3 a admis qu’il serait « difficile » pour l’UE de trouver 50 milliards d’euros supplémentaires pour Kiev si Washington mettait fin à l’opération. Le dirigeant cocaïné en sweat-shirt [Zelensky (NdT)] pense en fait que Washington ne l’« aide » pas sous la forme de prêts, mais sous la forme de cadeaux ; que c’est gratuit. Il en va de même pour l’UE.

Le théâtre de l’Absurde est inégalable. La saucisse de foie, le chancelier allemand, croit réellement que les revenus des actifs russes volés « n’appartiennent à personne », et qu’ils peuvent donc être utilisés pour financer l’armement supplémentaire de Kiev.

Toute personne dotée d’un cerveau sait que l’utilisation des intérêts des actifs russes « gelés », en réalité volés, pour armer l’Ukraine est une impasse — à moins de voler tous les actifs de la Russie, soit environ 200 milliards de dollars, principalement déposés en Belgique et en Suisse : cela détruirait l’euro pour de bon, et l’ensemble de l’économie de l’UE par la même occasion.

Les eurocrates feraient mieux d’écouter Elvira Nabiullina, le principal « perturbateur » (selon la terminologie américaine) de la Banque centrale russe : la Banque de Russie prendra les « mesures appropriées » si l’UE fait quoi que ce soit au sujet des avoirs russes « gelés »/volés.

Il va sans dire que les trois pièces présentés plus haut réduisent à néant le cirque de « La Cage aux Folles » promu par le Petit Roi chétif, désormais connu dans ses terres françaises sous le nom de Macronapoléon.

La quasi-totalité de la planète, y compris le Nord global anglophone, s’était déjà moquée des « exploits » de son armée can-can Moulin Rouge.

Ainsi, des soldats français, allemands et polonais, dans le cadre de l’OTAN, se trouvent déjà dans le sud de Kiev. Le scénario le plus probable est qu’ils resteront loin, très loin des lignes de front — bien que traçables par les activités commerciales de Monsieur Kinjal.

Avant même l’arrivée de ce nouveau contingent de l’OTAN dans le sud de Kiev, la Pologne — qui sert de couloir principal pour le transit des troupes ukrainiennes — avait confirmé que des troupes occidentales se trouvaient déjà sur le terrain.

Il ne s’agit donc plus de mercenaires. La France n’est d’ailleurs qu’au 7e rang en termes de mercenaires sur le terrain, largement derrière la Pologne, les États-Unis et la Géorgie, par exemple. Le ministère russe de la Défense dispose de toutes les données précises.

En résumé, la guerre s’est déplacée de Donetsk, Avdeyevka et Belgorod à Moscou. Plus tard, elle ne s’arrêtera peut-être pas seulement à Kiev. Elle pourrait ne s’arrêter qu’à Lviv. Monsieur 87 %, bénéficiant d’une massive quasi-unanimité nationale,4 a maintenant le mandat pour aller jusqu’au bout. Surtout après Crocus.

Il est tout à fait possible que les tactiques terroristes des hommes de main de Kiev poussent finalement la Russie à ramener l’Ukraine à ses frontières initiales, enclavées, datant du XVIIe siècle : une Ukraine privée de la mer Noire, et avec la Pologne, la Roumanie et la Hongrie récupérant leurs anciens territoires.

Les Ukrainiens restants commenceront à se poser de sérieuses questions sur ce qui les a poussés à se battre — littéralement jusqu’à la mort — au nom de l’État profond américain, du complexe militaire et de BlackRock.

Dans l’état actuel des choses, le hachoir à viande de l’Autoroute de l’Enfer est appelé à atteindre sa vitesse maximale.

Sources :


  1. Donetsk, Lougansk, Zaporojié et Kherson (NdT) 

  2. Le Kinjal Kh-47М2 est un missile aérobalistique air-sol hypersonique à haute précision. Il fait partie des six nouvelles armes stratégiques russes dévoilées par le président russe, Vladimir Poutine, en 2018. (NdT) 

  3. Les termes « jungle » et « jardin » font référence aux propos tenus, en octobre 2022, par le responsable de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell : « Oui, l’Europe est un jardin. Nous avons construit un jardin […] La plus grande partie du reste du monde est une jungle, et la jungle pourrait envahir le jardin. » (NdT) 

  4. Vladimir Poutine a été réélu avec 87 % des voix à l’issue de la présidentielle russe 2024. (NdT) 

 

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